Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1859 01 avril 1859
Description : 1859/04/01 (A4,N67). 1859/04/01 (A4,N67).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295029
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
98 L'ISTHME DE SUEZ, 1" AVRIL.
la chaîne des montagnes arabiques, d'où ils tireront des
matériaux en abondance; ils parcourront le désert et
détermineront la situation de l'étendue du port de Pé-
luse. Ce sont là des travaux préparatoires indispensa-
bles. »
D'autres lettres d'une date plus récente nous ont
appris qu'après un court séjour au Caire d'où le vice-
roi lui-même était parti pour la Basse-Egypte, M. de
Lesseps s'était rendu sur le terrain du canal avec les
administrateurs qui l'accompagnent, l'ingénieur en
chef M. Mougel-Bey et M. Hardon, entrepreneur gé-
néral des travaux. Il y va disposer tous les prélimi-
naires indispensables à la poursuite de l'exécution de
l'entreprise. Nous croyons savoir que les carrières
situées dans la chaîne de l'Attaka, tout près de Suez,
ont été déjà l'objet d'une exploration attentive et
pratique, et que quelques essais ont été commencés.
Tout s'annonce sous les meilleurs auspices, et, malgré
les quelques intrigues qui s'agitent, nous avons lieu
de compter que le voyage de M. de Lesseps aura tous
les résultats qu'il s'en est promis.
ERNEST DESPLACES.
LE CANAL DE SUEZ
Salut de l'Angleterre
Nous n'avons jamais été de ceux qui, soit en France,
soit sur le continent, soit en Angleterre, ont pensé que
le percement de l'isthme de Suez serait un coup porté
à la puissance britannique. Nous avons toujours sou-
tenu, nous avons toujours cru le contraire.
Dans cette opinion, nous avons de notre côté toutes
les classes commerciales, manufacturières et mari-
times du Royaume-Uni. Comme on l'a dit si souvent
et si justement dans la presse et dans les meetings, il
n'est pas possible qu'une route qui abrégera de moitié
la distance entre l'Orient et l'Occident soit défavorable
aux intérêts de la nation qui fait les plus grandes
affaires dans ces régions éloignées. Il n'est pas pos-
sible que la Grande-Bretagne n'ait un immense bé-
néfice à retirer du bon marché résultant de l'abré-
viation du chemin pour les matières premières et
les denrées alimentaires si nombreuses qu'elle tire
de l'Inde, de la Chine, etc., et qui sont d'une si haute
importance et pour ses consommations et pour son
industrie.
Toutefois, deux écoles ou plutôt deux systèmes
sont en présence dans le Parlement : d'un côté les
hommes qui ont pris au sérieux la liberté commer-
ciale, de l'autre les vieilles idées qui, enracinées dans
les passions rétrospectives de 1808, rêvent pour la
Grande-Bretagne l'accaparement de tous les mar-
chés, à l'exclusion de toutes les autres nations du
globe ; d'un côté la politique de conciliation avec le
monde, de l'autre la politique de l'antagonisme illi-
mité; d'un côté les chefs de l'opinion publique, lord
John Russell, MM. Gladstone, Roebuck, Milner Gibson,
Bright. sir Sidney. Herbert, sir James Graham, etc.,
l'élite de l'éloquence, de la capacité et de la popula-
rité des Trois-Royaumes ; de l'autre lord Palmerston,
timidement épaulé par le ministère tory, toujours
fidèle aux traditions surannées de Chatham et de
Castlereagh.
Tel est dans notre conscience, et selon le résultat
des faits observés, le tableau exact des partis qui se
partagent l'opinion gouvernementale à l'égard de la
question de Suez. Lequel des deux entend le mieux les
véritables intérêts, les intérêts actuels de l'Angle-
terre ?
Nous avons soumis au public de larges extraits de
l'enquête de 1834. Nous y avons principalement re-
cueilli les opinions au nom desquelles on repoussait le
percement de l'isthme. On se rappelle que le général
Chesney, tout en reconnaissant la grandeur et l'utilité
de cette entreprise « pour le monde entier, » la jugeait
proportionnellement moins avantageuse au commerce
britannique et lui préférait la route par la vallée de
l'Euphrate. Un autre explorateur distingué, le major
Head, déclarait que l'Angleterre devait envisager ce
projet avec jalousie, tant qu'elle ne serait pas maî-
tresse de l'Egypte. Et enfin, pour dernière explica-
tion, le général Chesney donnait pour motif à sa ré-
pugnance pour un canal de la Méditerranée à la mer
Rouge, et à sa préférence pour la route par l'Euphrate,
que la première de ces routes servirait à tous les
peuples, et que la seconde serait, en fait, exclusive-
ment exploitée par le commerce anglais.
C'était donc en 1834 la pensée d'un monopole bri-
tannique sur toute l'étendue des mers orientales qui
inspirait la politique opposée au canal de Suez. C'est
encore évidemment cette pensée qui dicte la résis-
tance du vieux parti traditionel de l'antagonisme
contre le continent. Mais les circonstances sont-elles
les mêmes ? Rien n'est-il changé dans la situation du
monde, dans les pays qu'il s'agit d'exploiter et autour
de l'Angleterre. A part l'immoralité et l'égoïsme ef-
frayant qui existe au fond de cette politique, nous
pouvons admettre que si elle était machiavélique jus-
qu'à l'excès, elle pouvait être du moins alors dans la
mesure et dans la logique du moment. Mais de cette
date à la nôtre vingt-cinq ans se sont écoulés, et
vingt-cinq ans dans notre temps, c'est un des siècles
du vieux monde.
Quelle était, en effet, la situation en 1834, et quelle
est-elle en 1859 ? En 1834 les mers orientales étaient,
pour ainsi dire, des mers fermées ; les grandes puis-
sances maritimes n'y pouvaient pénétrer que par le
cap de Bonne-Espérance, dont la clef était entre les
mains de l'Angleterre; l'empire britannique des Indes
semblait à l'abri de toute secousse comme de tout
danger. La Chine, le Japon, l'Australie étaient des
pays relégués en quelque sorte aux extrémités du
la chaîne des montagnes arabiques, d'où ils tireront des
matériaux en abondance; ils parcourront le désert et
détermineront la situation de l'étendue du port de Pé-
luse. Ce sont là des travaux préparatoires indispensa-
bles. »
D'autres lettres d'une date plus récente nous ont
appris qu'après un court séjour au Caire d'où le vice-
roi lui-même était parti pour la Basse-Egypte, M. de
Lesseps s'était rendu sur le terrain du canal avec les
administrateurs qui l'accompagnent, l'ingénieur en
chef M. Mougel-Bey et M. Hardon, entrepreneur gé-
néral des travaux. Il y va disposer tous les prélimi-
naires indispensables à la poursuite de l'exécution de
l'entreprise. Nous croyons savoir que les carrières
situées dans la chaîne de l'Attaka, tout près de Suez,
ont été déjà l'objet d'une exploration attentive et
pratique, et que quelques essais ont été commencés.
Tout s'annonce sous les meilleurs auspices, et, malgré
les quelques intrigues qui s'agitent, nous avons lieu
de compter que le voyage de M. de Lesseps aura tous
les résultats qu'il s'en est promis.
ERNEST DESPLACES.
LE CANAL DE SUEZ
Salut de l'Angleterre
Nous n'avons jamais été de ceux qui, soit en France,
soit sur le continent, soit en Angleterre, ont pensé que
le percement de l'isthme de Suez serait un coup porté
à la puissance britannique. Nous avons toujours sou-
tenu, nous avons toujours cru le contraire.
Dans cette opinion, nous avons de notre côté toutes
les classes commerciales, manufacturières et mari-
times du Royaume-Uni. Comme on l'a dit si souvent
et si justement dans la presse et dans les meetings, il
n'est pas possible qu'une route qui abrégera de moitié
la distance entre l'Orient et l'Occident soit défavorable
aux intérêts de la nation qui fait les plus grandes
affaires dans ces régions éloignées. Il n'est pas pos-
sible que la Grande-Bretagne n'ait un immense bé-
néfice à retirer du bon marché résultant de l'abré-
viation du chemin pour les matières premières et
les denrées alimentaires si nombreuses qu'elle tire
de l'Inde, de la Chine, etc., et qui sont d'une si haute
importance et pour ses consommations et pour son
industrie.
Toutefois, deux écoles ou plutôt deux systèmes
sont en présence dans le Parlement : d'un côté les
hommes qui ont pris au sérieux la liberté commer-
ciale, de l'autre les vieilles idées qui, enracinées dans
les passions rétrospectives de 1808, rêvent pour la
Grande-Bretagne l'accaparement de tous les mar-
chés, à l'exclusion de toutes les autres nations du
globe ; d'un côté la politique de conciliation avec le
monde, de l'autre la politique de l'antagonisme illi-
mité; d'un côté les chefs de l'opinion publique, lord
John Russell, MM. Gladstone, Roebuck, Milner Gibson,
Bright. sir Sidney. Herbert, sir James Graham, etc.,
l'élite de l'éloquence, de la capacité et de la popula-
rité des Trois-Royaumes ; de l'autre lord Palmerston,
timidement épaulé par le ministère tory, toujours
fidèle aux traditions surannées de Chatham et de
Castlereagh.
Tel est dans notre conscience, et selon le résultat
des faits observés, le tableau exact des partis qui se
partagent l'opinion gouvernementale à l'égard de la
question de Suez. Lequel des deux entend le mieux les
véritables intérêts, les intérêts actuels de l'Angle-
terre ?
Nous avons soumis au public de larges extraits de
l'enquête de 1834. Nous y avons principalement re-
cueilli les opinions au nom desquelles on repoussait le
percement de l'isthme. On se rappelle que le général
Chesney, tout en reconnaissant la grandeur et l'utilité
de cette entreprise « pour le monde entier, » la jugeait
proportionnellement moins avantageuse au commerce
britannique et lui préférait la route par la vallée de
l'Euphrate. Un autre explorateur distingué, le major
Head, déclarait que l'Angleterre devait envisager ce
projet avec jalousie, tant qu'elle ne serait pas maî-
tresse de l'Egypte. Et enfin, pour dernière explica-
tion, le général Chesney donnait pour motif à sa ré-
pugnance pour un canal de la Méditerranée à la mer
Rouge, et à sa préférence pour la route par l'Euphrate,
que la première de ces routes servirait à tous les
peuples, et que la seconde serait, en fait, exclusive-
ment exploitée par le commerce anglais.
C'était donc en 1834 la pensée d'un monopole bri-
tannique sur toute l'étendue des mers orientales qui
inspirait la politique opposée au canal de Suez. C'est
encore évidemment cette pensée qui dicte la résis-
tance du vieux parti traditionel de l'antagonisme
contre le continent. Mais les circonstances sont-elles
les mêmes ? Rien n'est-il changé dans la situation du
monde, dans les pays qu'il s'agit d'exploiter et autour
de l'Angleterre. A part l'immoralité et l'égoïsme ef-
frayant qui existe au fond de cette politique, nous
pouvons admettre que si elle était machiavélique jus-
qu'à l'excès, elle pouvait être du moins alors dans la
mesure et dans la logique du moment. Mais de cette
date à la nôtre vingt-cinq ans se sont écoulés, et
vingt-cinq ans dans notre temps, c'est un des siècles
du vieux monde.
Quelle était, en effet, la situation en 1834, et quelle
est-elle en 1859 ? En 1834 les mers orientales étaient,
pour ainsi dire, des mers fermées ; les grandes puis-
sances maritimes n'y pouvaient pénétrer que par le
cap de Bonne-Espérance, dont la clef était entre les
mains de l'Angleterre; l'empire britannique des Indes
semblait à l'abri de toute secousse comme de tout
danger. La Chine, le Japon, l'Australie étaient des
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