Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1859 15 avril 1859
Description : 1859/04/15 (A4,N68). 1859/04/15 (A4,N68).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529503q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
15 AVRIL. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 125
g-ines du Nil, dont les journaux de Paris annonçaient ré-
cemment le départ, a passé jeudi dernier dans notre
ville, se rendant à Marseille, où il va s'embarquer pour
l'Egypte. Parmi les hommes intrépides qui, sous sa
conduite, vont tenter cette périlleuse exploration, se
trouvent deux de nos compatriotes, M. Amédée Poussel,
auquel M Miani a confié les fonctions de secrétaire de
l'expédition, et M. Dumas, qui abandonne pour l'accom-
pagner en qualité de dessinateur, une position artistique
conquise à force de travail et de talent. Ils partent tous
deux pleins de foi dans l'avenir, avec cette insouciance
du danger que donne à deux caractères énergiques une
résolution fermement arrêtée. Et cependant le but au-
quel ils veulent parvenir a déjoué jusqu'à présent les
efforts de tous ceux qui ont essayé de l'atteindre, et dont
la plupart, hélas ! ont payé de leur vie leur généreuse
imprudence. Aussi M. Miani, éclairé par l'expérience de
ses devanciers, a-t il adopté un plan qui diffère essen-
tiellement de celui qu'on a suivi jusqu'à présent.
» Fixé depuis dix ans en Égypte, M. Miani a employé
ces longues années d'exil à parcourir et étudier les pays
dont il a fait sa nouvelle patrie C'est dans le cours de
ces nombreux voyages, que, comparant les renseigne
ments recueillis auprès des indigènes, à ses observations
personnelles, il est arrivé à se former la conviction que
le Nil et les rivières du Zanguebar ont une origine
commune, origine qui n'est autre qu'un grand lac situé
sous l'équateur même, dans les montagnes volcaniques
de l'Afrique centrale. Ce lac, auquel M. Miani donne le
nom de Guébel-Reghief, déverserait chaque année, au
moment des pluies périodiques de l'équateur, une partie
du trop plein de ses eaux dans le Nil, et produirait ainsi
la crue annuelle de ce fleuve.
» Partant de cette donnée, dont tout semble confirmer
l'exactitude, M. Miani a résolu d'arriver à ce grand lac,
non plus en suivant directement le cours du Nil, qui a
présenté d'invincibles obstacles à tous ses prédécesseurs,
mais en remontant l'une des rivières du Zanguebar, où
il espère rencontrer des difficultés moins insurmonta-
bles. On aurait, en effet, en suivant cet itinéraire, une
distance bien moins grande à parcourir; car, d'après
M. Miani, le Guébel-Reghief serait à peu près à 200 lieues
seulement de la côte du Zanguebar. Arrivé au Guébel-
Reghief, l'on descendrait alors le Nil à partir de son
origine en profitant du moment de la crue des eaux, ce
qui faciliterait beaucoup le retour en Égypte.
» Ce plan, à l'appui duquel M. Miani adressé sa belle
carte du Nil, et qu'il a exposé lui-même devant la So-
ciété de géographie, a été accueilli avec la plus vive
faveur par ctette savante Société, et en général par tous
les hommes spéciaux. Il a valu à son auteur, en dehors
même du monde scientifique, de puissants encourage-
ments et de hautes protections.
» M. le ministre des affaires étrangères a donné à
M. Miani toutes les recommandations qui peuvent lui
assurer l'appui moral du gouvernement français ; et
M. le maréchal Vaillant, se conformant à des ordres su-
périeurs, lui a fait livrer par les arsenaux de l'État
toutes les armes et munitions de guerre nécessaires à
l'expédition.
» Le côté pratique d'une idée à la fois si simple et si
nouvelle ne pouvait échapper aux Anglais, qui portent
un si vif intérêt à toutes les questions de découverte
géographique ; aussi deux de leurs voyageurs, dont
l'un, le lieutenant Burton, s'est déjà fait connaître par de
remarquables découvertes dans l'Asie centrale, ont-ils
essayé d'enlever à M. Miani l'honneur de vérifier lui-
même l'exactitude de son ingénieuse hypothèse. Mais
leur expédition, entreprise avec des moyens d'exécution
insuffisants et des renseignements incomplets, a été
arrêtée dès les premiers pas.
» Leur échec est loin d'avoir découragé M. Miani. Après
plus d'une année employée à disposer les divers élé-
ments de son expédition, à en choisir le personnel scien-
tifique, à réunir les sommes considérables qui lui sont
nécessaires; libre enfin des mille obstacles qui sur-
gissent à chaque pas au milieu de pareils préparatifs;
sûr désormais de n'avoir plus à lutter que contre les
difficultés inhérentes à la nature même de l'entreprise,
il part enfin avec l'espoir de mettre bientôt a exécution
un projet dont il a fait la grande affaire de sa vie.
» L'avant-garde de l'expédition a déjà quitté le Caire
sous les ordres de M. le baron d'Aspod, jeune Hongrois,
qui préfère aux tranquilles jouissances d'une fortune
princière et d'une haute position, l'espoir d'attacher à
un nom déjà illustre l'éclat d'une grande découverte
scientifique. Le rendez-vous général est fixé à Corosko,
d'où l'expédition tout entière se dirigera vers Kortoum.
Là M. Miani prendra ses dernières dispositions, organi-
sera son escorte armée, qui sera composée de nègres
ayant déjà servi dans les régiments noirs du vice-roi.
L'expédition se divisera alors en deux parties : l'une
continuera à s'avancer directement en remontant le Nil,
tant qu'elle ne rencontrera pas d'infranchissables obs -
tables. Elle trouvera sur sa route la mission autrichienne
de Bellena, située par le quatrième degré de latitude,
c'est-à-dire à une centaine de lieues seulement en ligne
directe du point où M. Miani place dans son hypothèse
les origines du Nil. L'autre partie, commandée par
M. Miani lui-même , qu'accompagneront M Dumas et
M. Poussel, traversera le désert, ira s'embarquer à
Saouakim, sur la mer Rouge, pour gagner Aden , et de
là Zanzibar. Une fois sur le continent africain, elle re-
montera une des rivières du Zanguebar, traversera
d'abord les pays déjà explorés par les missionnaires pro-
testants, Graft Erarhd, Rebmann, qui se sont avancés
à plus de 100 lieues dans l'intérieur des terres; s'enga-
geant enfin dans ces contrées que n'ont encore foulées
les pas d'aucun Européen, elle essaiera d'arriver jusqu'au
lac Guébel-Reghief, où, comme nous l'avons déjà dit,
M. Miani place l'origine commune des rivières du Zan-
guebar et du Nil. S'aidant alors de la crue des eaux pour
descendre ce dernier fleuve, elle s'efforcera de rejoindre
la première partie de l'expédition avec laquelle elle re-
viendra vers Kartoum.
) Avant d'arriver à ce résultat, les compagnons de
M. Miani auront, dans cette course à travers des diffi-
cultés à vaincre, bien des dangers à courir : dangers
plus terribles que ceux du champ de bataille, car il faut
pour les affronter cette froide résolution qui n'emprunte
rien à l'ivresse de la lutte, et que donne seule une na-
ture fortement trempée. Ils auront, il est vrai, pour les
g-ines du Nil, dont les journaux de Paris annonçaient ré-
cemment le départ, a passé jeudi dernier dans notre
ville, se rendant à Marseille, où il va s'embarquer pour
l'Egypte. Parmi les hommes intrépides qui, sous sa
conduite, vont tenter cette périlleuse exploration, se
trouvent deux de nos compatriotes, M. Amédée Poussel,
auquel M Miani a confié les fonctions de secrétaire de
l'expédition, et M. Dumas, qui abandonne pour l'accom-
pagner en qualité de dessinateur, une position artistique
conquise à force de travail et de talent. Ils partent tous
deux pleins de foi dans l'avenir, avec cette insouciance
du danger que donne à deux caractères énergiques une
résolution fermement arrêtée. Et cependant le but au-
quel ils veulent parvenir a déjoué jusqu'à présent les
efforts de tous ceux qui ont essayé de l'atteindre, et dont
la plupart, hélas ! ont payé de leur vie leur généreuse
imprudence. Aussi M. Miani, éclairé par l'expérience de
ses devanciers, a-t il adopté un plan qui diffère essen-
tiellement de celui qu'on a suivi jusqu'à présent.
» Fixé depuis dix ans en Égypte, M. Miani a employé
ces longues années d'exil à parcourir et étudier les pays
dont il a fait sa nouvelle patrie C'est dans le cours de
ces nombreux voyages, que, comparant les renseigne
ments recueillis auprès des indigènes, à ses observations
personnelles, il est arrivé à se former la conviction que
le Nil et les rivières du Zanguebar ont une origine
commune, origine qui n'est autre qu'un grand lac situé
sous l'équateur même, dans les montagnes volcaniques
de l'Afrique centrale. Ce lac, auquel M. Miani donne le
nom de Guébel-Reghief, déverserait chaque année, au
moment des pluies périodiques de l'équateur, une partie
du trop plein de ses eaux dans le Nil, et produirait ainsi
la crue annuelle de ce fleuve.
» Partant de cette donnée, dont tout semble confirmer
l'exactitude, M. Miani a résolu d'arriver à ce grand lac,
non plus en suivant directement le cours du Nil, qui a
présenté d'invincibles obstacles à tous ses prédécesseurs,
mais en remontant l'une des rivières du Zanguebar, où
il espère rencontrer des difficultés moins insurmonta-
bles. On aurait, en effet, en suivant cet itinéraire, une
distance bien moins grande à parcourir; car, d'après
M. Miani, le Guébel-Reghief serait à peu près à 200 lieues
seulement de la côte du Zanguebar. Arrivé au Guébel-
Reghief, l'on descendrait alors le Nil à partir de son
origine en profitant du moment de la crue des eaux, ce
qui faciliterait beaucoup le retour en Égypte.
» Ce plan, à l'appui duquel M. Miani adressé sa belle
carte du Nil, et qu'il a exposé lui-même devant la So-
ciété de géographie, a été accueilli avec la plus vive
faveur par ctette savante Société, et en général par tous
les hommes spéciaux. Il a valu à son auteur, en dehors
même du monde scientifique, de puissants encourage-
ments et de hautes protections.
» M. le ministre des affaires étrangères a donné à
M. Miani toutes les recommandations qui peuvent lui
assurer l'appui moral du gouvernement français ; et
M. le maréchal Vaillant, se conformant à des ordres su-
périeurs, lui a fait livrer par les arsenaux de l'État
toutes les armes et munitions de guerre nécessaires à
l'expédition.
» Le côté pratique d'une idée à la fois si simple et si
nouvelle ne pouvait échapper aux Anglais, qui portent
un si vif intérêt à toutes les questions de découverte
géographique ; aussi deux de leurs voyageurs, dont
l'un, le lieutenant Burton, s'est déjà fait connaître par de
remarquables découvertes dans l'Asie centrale, ont-ils
essayé d'enlever à M. Miani l'honneur de vérifier lui-
même l'exactitude de son ingénieuse hypothèse. Mais
leur expédition, entreprise avec des moyens d'exécution
insuffisants et des renseignements incomplets, a été
arrêtée dès les premiers pas.
» Leur échec est loin d'avoir découragé M. Miani. Après
plus d'une année employée à disposer les divers élé-
ments de son expédition, à en choisir le personnel scien-
tifique, à réunir les sommes considérables qui lui sont
nécessaires; libre enfin des mille obstacles qui sur-
gissent à chaque pas au milieu de pareils préparatifs;
sûr désormais de n'avoir plus à lutter que contre les
difficultés inhérentes à la nature même de l'entreprise,
il part enfin avec l'espoir de mettre bientôt a exécution
un projet dont il a fait la grande affaire de sa vie.
» L'avant-garde de l'expédition a déjà quitté le Caire
sous les ordres de M. le baron d'Aspod, jeune Hongrois,
qui préfère aux tranquilles jouissances d'une fortune
princière et d'une haute position, l'espoir d'attacher à
un nom déjà illustre l'éclat d'une grande découverte
scientifique. Le rendez-vous général est fixé à Corosko,
d'où l'expédition tout entière se dirigera vers Kortoum.
Là M. Miani prendra ses dernières dispositions, organi-
sera son escorte armée, qui sera composée de nègres
ayant déjà servi dans les régiments noirs du vice-roi.
L'expédition se divisera alors en deux parties : l'une
continuera à s'avancer directement en remontant le Nil,
tant qu'elle ne rencontrera pas d'infranchissables obs -
tables. Elle trouvera sur sa route la mission autrichienne
de Bellena, située par le quatrième degré de latitude,
c'est-à-dire à une centaine de lieues seulement en ligne
directe du point où M. Miani place dans son hypothèse
les origines du Nil. L'autre partie, commandée par
M. Miani lui-même , qu'accompagneront M Dumas et
M. Poussel, traversera le désert, ira s'embarquer à
Saouakim, sur la mer Rouge, pour gagner Aden , et de
là Zanzibar. Une fois sur le continent africain, elle re-
montera une des rivières du Zanguebar, traversera
d'abord les pays déjà explorés par les missionnaires pro-
testants, Graft Erarhd, Rebmann, qui se sont avancés
à plus de 100 lieues dans l'intérieur des terres; s'enga-
geant enfin dans ces contrées que n'ont encore foulées
les pas d'aucun Européen, elle essaiera d'arriver jusqu'au
lac Guébel-Reghief, où, comme nous l'avons déjà dit,
M. Miani place l'origine commune des rivières du Zan-
guebar et du Nil. S'aidant alors de la crue des eaux pour
descendre ce dernier fleuve, elle s'efforcera de rejoindre
la première partie de l'expédition avec laquelle elle re-
viendra vers Kartoum.
) Avant d'arriver à ce résultat, les compagnons de
M. Miani auront, dans cette course à travers des diffi-
cultés à vaincre, bien des dangers à courir : dangers
plus terribles que ceux du champ de bataille, car il faut
pour les affronter cette froide résolution qui n'emprunte
rien à l'ivresse de la lutte, et que donne seule une na-
ture fortement trempée. Ils auront, il est vrai, pour les
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 13/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529503q/f13.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529503q/f13.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529503q/f13.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529503q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529503q
Facebook
Twitter