Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1859 01 avril 1859
Description : 1859/04/01 (A4,N67). 1859/04/01 (A4,N67).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295029
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
lOlt L'ISTHME DE SUEZ, 1ER AVRIL.
C'est sur ces considérations que la Chambre des
communes accorda au cabinet, sur la motion Roebuck,
un vote d'ajournement et non pas de rejet ; mais avant
ce vote, un membre très-important de la Chambre,
lord John Russell, que l'opinion et les circonstances
appellent en ce moment aux affaires et qui, dans notre
profonde conviction, sera le ministre dirigeant de
l'Angleterre avant six mois, ne crut pas, malgré les
explications atténuatives du Cabinet, devoir se prêter
à la combinaison de M. Disraéli. Il se prononça im-
médiatement de la manière la plus explicite contre
toute résistance à l'exécution du canal de Suez. Il
prouva que toutes les craintes qu'on affectait à ce
sujet étaient mal fondées et chimériques, et aujour-
d'hui plus que jamais il est utile, il est essentiel de
reproduire les paroles par lesquelles ce futur et pro-
chain ministre de la Grande-Bretagne, ce chef du
parti réformiste, s'est exprimé sur la question.
a Je ne puis pas concevoir qu'une nouvelle facilité
» du commerce, que l'exécution d'une grande route
» nouvelle entre les différentes parties du monde
» puisse être dommageable à l'Angleterre. Si l'on
« m'objecte que de certains ports de France et d'au-
» tres contrées continentales sont plus près de l'Egypte
» que l'Angleterre, et qu'ils auront de grands avan-
» tages commerciaux par l'établissement du canal,
» je réponds que notre principe c'est de rendre le
» commerce aussi libre que possible (écoutez! écou-
» tez) ! C'est notre politique depuis ces dernières an-
» nées : c'est une politique juste et généreuse. Mais
» je crois en même temps que c'est la politique la
» plus utile à notre pays de nous résigner nous-
» mêmes à la concurrence qui doit accroître le com-
n merce du globe, et j',ai la pleine confiance quel'An-
» gleterre n'aura pas le moins du monde à souffrir
» de cette concurrence (écoutez! écoutez!). Si des
» denrées de quelque genre que ce soit peuvent être
» exportées par la France, la Suisse et l'Italie, et peu-
- » vent être données dans l'Inde aux sujets de la reine
» à plus bas prix que les denrées anglaises de même
» qualité ou de qualité inférieure, de quel droit le
» pouvoir exécutif en Angleterre viendrait-il priver
» les sujets de la reine des avantages qui pourraient
» leur être offerts de cette façon. »
Et en terminant, le noble lord ajoutait :
Il J'apprécie très-haut la force de l'argument qu'a
» développé le très-honorable représentant de l'Uni-
» versité d'Oxford (M. Gladstone). L'opposition faite à
Il ce projet est de nature à entretenir l'opinion trop
» répandue sur le continent de l'Europe, que poussés
» par nos intérêts ég'oïstes et notre jalousie commer-
» ciale, nous sommes prêts à sacrifier ou à entraver
- * le commerce de toutes les autres nations. Je crois
}'_!),!'t.- Ue cette accusation n'est pas juste, mais je ne
0 Id rais pas qu'elle pût le devenir, et j'ai la con-
e que la Chambre adoptera la motion de l'ho-
M norable et docte membre (M. Roebuck), et en l'a-
» doptant, nous montrerons que pour ce sujet du
» moins nous sommes prêts à nous entendre avec le
» reste du monde, et que nous ne cherchons point à
» satisfaire des vues égoïstes. »
On le voit, tous les hommes qui, aujourd'hui, exer-
cent en Angleterre une influence prépondérante, et
parmi eux nous devons ranger M. Bright, qui prit
aussi part au débat, se sont prononcés avec une
énergie qui fait honneur également à leur discerne-
ment et à leur moralité, contre toute intrigue secrète
ou toute influence publique ayant pour objet d'em-
pêcher l'exécution du canal de Suez. C'est dans ces
hommes qu'est l'avenir de l'Angleterre, c'est là qu'est
sa force ; c'est là qu'est l'opinion du pays, et avant
longtemps nous la verrons marcher dans ces voies de
la justice et de l'intelligence politique si bien définies
par M. Gladstone et par lord John Russell.
Mais enfin, de ce grand débat il résulte que le ca-
binet Derby ne peut, sans manquer à. ses promesses
les plus solennelles, avoir autorisé le consul an-
glais d'Alexandrie à peser par l'intimidation, bien
plus, par la menace d'une guerre, sur les résolutions
connues du vice-roi, sur ces résolutions applaudies
et honorées par les voix les plus honnêtes, les plus
patriotiques et les plus indépendantes de la Chambre
des Communes. Aussi, et il est essentiel de le rappe-
ler, lorsque les premières démarches du consul Green
et sa première et célèbre entrevue avec le vice-roi
d'Égypte furent annoncées par la presse européenne,
la presse anglaise s'empressa-t-elle de démentir ces
récits. C'était là un acte d'hypocrisie révoltant ou
un écrasant désaveu. Il n'est pas possible que l'An-
gleterre démente tout haut ce qu'elle fait tout bas.
Le Times, il y a quelques jours, donnait au gouver-
nement français des leçons de loyauté politique. Si
M. Green agit en réalité avec l'autorisation du gou-
vernement anglais, le Times ne pourrait-il pas com-
mencer à réciter sa leçon à ce gouvernement lui-
même? Et quel spectacle pour l'Europe que celui
d'un gouvernement rougissant de ses propres actes
et n'osant point les avouer!
Nous aimons donc mieux supposer que M. Green
agit sous ses propres inspirations ou sous des inspi-
rations que ses illusions lui représentent comme de-
vant bientôt prendre la direction des affaires. Mais,
en ce cas, quelle est la dignité et la consistance d'un
cabinet qui se laisse ainsi compromettre et déconsi-
dérer par son propre agent, assez hardi pour se sous-
traire par sa conduite aux engagements les plus for-
mels pris par son gouvernement, et usurpant, pour
le service de ses caprices ou de ses idées personnelles,
le nom, l'autorité et le crédit de son pays.
11 faut nécessairement que cette situation se dénoue.
Il n'est plus possible de douter désormais de l'attitude
prise par le consul britannique auprès du gouverne-
C'est sur ces considérations que la Chambre des
communes accorda au cabinet, sur la motion Roebuck,
un vote d'ajournement et non pas de rejet ; mais avant
ce vote, un membre très-important de la Chambre,
lord John Russell, que l'opinion et les circonstances
appellent en ce moment aux affaires et qui, dans notre
profonde conviction, sera le ministre dirigeant de
l'Angleterre avant six mois, ne crut pas, malgré les
explications atténuatives du Cabinet, devoir se prêter
à la combinaison de M. Disraéli. Il se prononça im-
médiatement de la manière la plus explicite contre
toute résistance à l'exécution du canal de Suez. Il
prouva que toutes les craintes qu'on affectait à ce
sujet étaient mal fondées et chimériques, et aujour-
d'hui plus que jamais il est utile, il est essentiel de
reproduire les paroles par lesquelles ce futur et pro-
chain ministre de la Grande-Bretagne, ce chef du
parti réformiste, s'est exprimé sur la question.
a Je ne puis pas concevoir qu'une nouvelle facilité
» du commerce, que l'exécution d'une grande route
» nouvelle entre les différentes parties du monde
» puisse être dommageable à l'Angleterre. Si l'on
« m'objecte que de certains ports de France et d'au-
» tres contrées continentales sont plus près de l'Egypte
» que l'Angleterre, et qu'ils auront de grands avan-
» tages commerciaux par l'établissement du canal,
» je réponds que notre principe c'est de rendre le
» commerce aussi libre que possible (écoutez! écou-
» tez) ! C'est notre politique depuis ces dernières an-
» nées : c'est une politique juste et généreuse. Mais
» je crois en même temps que c'est la politique la
» plus utile à notre pays de nous résigner nous-
» mêmes à la concurrence qui doit accroître le com-
n merce du globe, et j',ai la pleine confiance quel'An-
» gleterre n'aura pas le moins du monde à souffrir
» de cette concurrence (écoutez! écoutez!). Si des
» denrées de quelque genre que ce soit peuvent être
» exportées par la France, la Suisse et l'Italie, et peu-
- » vent être données dans l'Inde aux sujets de la reine
» à plus bas prix que les denrées anglaises de même
» qualité ou de qualité inférieure, de quel droit le
» pouvoir exécutif en Angleterre viendrait-il priver
» les sujets de la reine des avantages qui pourraient
» leur être offerts de cette façon. »
Et en terminant, le noble lord ajoutait :
Il J'apprécie très-haut la force de l'argument qu'a
» développé le très-honorable représentant de l'Uni-
» versité d'Oxford (M. Gladstone). L'opposition faite à
Il ce projet est de nature à entretenir l'opinion trop
» répandue sur le continent de l'Europe, que poussés
» par nos intérêts ég'oïstes et notre jalousie commer-
» ciale, nous sommes prêts à sacrifier ou à entraver
- * le commerce de toutes les autres nations. Je crois
}'_!),!'t.- Ue cette accusation n'est pas juste, mais je ne
0 Id rais pas qu'elle pût le devenir, et j'ai la con-
e que la Chambre adoptera la motion de l'ho-
M norable et docte membre (M. Roebuck), et en l'a-
» doptant, nous montrerons que pour ce sujet du
» moins nous sommes prêts à nous entendre avec le
» reste du monde, et que nous ne cherchons point à
» satisfaire des vues égoïstes. »
On le voit, tous les hommes qui, aujourd'hui, exer-
cent en Angleterre une influence prépondérante, et
parmi eux nous devons ranger M. Bright, qui prit
aussi part au débat, se sont prononcés avec une
énergie qui fait honneur également à leur discerne-
ment et à leur moralité, contre toute intrigue secrète
ou toute influence publique ayant pour objet d'em-
pêcher l'exécution du canal de Suez. C'est dans ces
hommes qu'est l'avenir de l'Angleterre, c'est là qu'est
sa force ; c'est là qu'est l'opinion du pays, et avant
longtemps nous la verrons marcher dans ces voies de
la justice et de l'intelligence politique si bien définies
par M. Gladstone et par lord John Russell.
Mais enfin, de ce grand débat il résulte que le ca-
binet Derby ne peut, sans manquer à. ses promesses
les plus solennelles, avoir autorisé le consul an-
glais d'Alexandrie à peser par l'intimidation, bien
plus, par la menace d'une guerre, sur les résolutions
connues du vice-roi, sur ces résolutions applaudies
et honorées par les voix les plus honnêtes, les plus
patriotiques et les plus indépendantes de la Chambre
des Communes. Aussi, et il est essentiel de le rappe-
ler, lorsque les premières démarches du consul Green
et sa première et célèbre entrevue avec le vice-roi
d'Égypte furent annoncées par la presse européenne,
la presse anglaise s'empressa-t-elle de démentir ces
récits. C'était là un acte d'hypocrisie révoltant ou
un écrasant désaveu. Il n'est pas possible que l'An-
gleterre démente tout haut ce qu'elle fait tout bas.
Le Times, il y a quelques jours, donnait au gouver-
nement français des leçons de loyauté politique. Si
M. Green agit en réalité avec l'autorisation du gou-
vernement anglais, le Times ne pourrait-il pas com-
mencer à réciter sa leçon à ce gouvernement lui-
même? Et quel spectacle pour l'Europe que celui
d'un gouvernement rougissant de ses propres actes
et n'osant point les avouer!
Nous aimons donc mieux supposer que M. Green
agit sous ses propres inspirations ou sous des inspi-
rations que ses illusions lui représentent comme de-
vant bientôt prendre la direction des affaires. Mais,
en ce cas, quelle est la dignité et la consistance d'un
cabinet qui se laisse ainsi compromettre et déconsi-
dérer par son propre agent, assez hardi pour se sous-
traire par sa conduite aux engagements les plus for-
mels pris par son gouvernement, et usurpant, pour
le service de ses caprices ou de ses idées personnelles,
le nom, l'autorité et le crédit de son pays.
11 faut nécessairement que cette situation se dénoue.
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