Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1859 01 avril 1859
Description : 1859/04/01 (A4,N67). 1859/04/01 (A4,N67).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295029
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
100 L'ISTHME DE SUEZ, 1er AVRIL.
Espérance. C'était éloigner les importuns de sa voie;
c'était travailler pour elle seule. A présent ce serait
travailler contre elle-même pour la Russie ; ce serait
vouloir accumuler à plaisir les difficultés qui lui font
envisager cette concurrence imprévue avec tant d'a-
larme et de terreur.
Le canal de Suez, quoi qu'on en ait pensé en 1834,
est devenu désormais, et en présence de ces circons-
tances, l'instrument indispensable du maintien de
l'influence anglaise en Asie. Au point de vue com-
mercial, la question est unanimement jugée de l'autre
côté du détroit; elle ne peut manquer de l'être aussi
bientôt au point de vue politique. La lettre du Times
est à cet égard le plus persuasif plaidoyer que nous
puissions présenter à l'Angleterre. Le danger com-
mercial, le danger politique, le danger militaire, il
est aujourd'hui dans les mers au delà de l'Inde et
non plus en deçà. Le danger commercial, le Times
nous le dépeint en traits assez énergiques. Il n'est
pas moins saisissant quand il parle du danger poli-
tique et militaire. Ce danger, comme il l'a dit, il est
dans la combinaison d'une flotte américaine partant
des ports de la Californie, et d'une flotte russe partant
des bouches de l'Amour et venant se ranger entre
les Indes et la Chine pour intercepter ces vastes mers.
Il est ailleurs encore ; il est dans les ferments de ré-
volte et de haine si abondamment semés dans l'Inde ;
il est dans l'insurrection des Cipayes; il est dans
l'orgueil des Sicks se vantant tout haut que les
Anglais leur doivent le salut de leur empire ; il est
dans la marche rapide de la Russie vers les hauts
plateaux de l'Asie, dans son influence sur la Perse,
dans son avance progressive vers l'Indoustan. Contre
tous ces périls, l'Angleterre n'a qu'un recours possi-
ble : abréger, abréger le plus possible la distance qui
la sépare du théâtre de ces luttes, de l'action de ces
compétiteurs, et pousser à l'exécution du canal de
Suez avec autant d'ardeur et de sollicitude que quel-
ques-uns de ses hommes d'État aveugles et arriérés
en ont mis à l'empêcher.
Les circonstances pressent et le temps va vite au-
jourd'hui. Nous ne craignons pas d'amrmer que si,
dans leurs passions surannées, les adversaires du ca-
nal de Suez venaient à bout de suspendre encore
l'achèvement de cette œuvre, ils auraient avant long-
temps un compte redoutable à rendre à leur pays et
ils ménageraient d'amers remords à leur patrio-
tisme. Ils auront aidé la Russie à constituer, et contre
l'Europe, et contre l'Angleterre, un monopole quasi-
naturel et qui ne peut lui être enlevé que par la
combinaison des ressources et de toute l'activité de
l'Occident agissant de concert. Voilà ce qu'avaient com-
pris les hommes dEtat si considérables qui ont, dans
le Parlement, si bien défendu la cause du canal. A eux
la justice ! à eux la prévoyance ! à eux la portée po-
litique 1 De l'autre côté, le préjugé mesquin, la haine
inextinguible, la vue troublée qui se fixe sur un dan-
ger qui n'existe pas et ne l'aperçoit pas où il est. Aussi
ces représentants d'une politique immobile voient-ils
rapidement décliner leur ascendant, et le jour s'ap-
proche où la politique nouvelle, libérale et morale
des grands orateurs dont le canal de Suez a l'hon-
neur d'avoir l'unanime adhésion, rendra à l'Angleterre
sa moralité dans le monde et son rang fraternel dans
la communauté des nations.
ERNEST DESPLACES.
LE CAIRE ET LONDRES.
On lit dans le Morning-Star du 26 mars :
« M. Lange a reçu de M. de Lesseps une lettre
datée d'Alexandrie, 9 mars 1859, contenant d'impor-
tantes informations. Elle s'exprime en ces termes :
« Mon cher collègue, j'ai trouvé S. A. le vice-
» roi d'Egypte aussi bien disposé que jamais à conti-
» nuer de favoriser par tous les moyens en son
» pouvoir l'entreprise du canal de Suez. S. A. m'a
» confirmé l'exactitude des récits qui ont paru dans
» les journaux, relativement à l'entrevue que S. A. a
» eue, il y a deux mois, au sujet du canal, avec
» M. Green, le consul d'Angleterre. S. A. a ajouté
» que depuis cette époque, et encore trés-récemmert,
» le consul anglais a continué ses tentatives d'oppo-
» sition à l'exécution du canal, même au moment où
» l'Angleterre exprimait ses sentiments de recon-
» naissance à S. A. pour l'achèvement du chemin de
Il fer du Caire à Suez, qui, selon les expressions con-
» tenues dans une adresse de la Compagnie péninsu-
» laire et orientale de navigation à vapeur, réalise
» si entièrement au profit des intérêts britanniques
» la communication désirée entre la Méditerranée et
» la mer Rouge.
» Dans la vérité, il est maintenant hors de doute
» que l'exécution du canal de Suez ne rencontre au -
» cun obstacle de la part de la Porte, mais que l'op
» position émane uniquement du consul anglais, qui
» vient d'aller jusqu'à menacer le vice-roi d'Egypte
» de l'alternative d'un casus belli, dans le cas où le
» canal de Suez, entreprise commerciale, poursuivrait
» ses travaux.
» Comment ces démarches coërcitives peuvent-
» elles se concilier avec les déclarations faites par le
« chancelier de l'Echiquier dans la séance de la
» Chambre des Communes du 1er juin 1858, à pro-
» pos du débat sur ce sujet, et dans lequel plusieurs
» des membres les plus considérables de la Chambre
» des Communes prirent une part si prééminente, dé-
» nonçant l'opposition du gouvernement comme une
» politique « égoïste, illégitime, insoutenable, » et de
» plus, comme « déshonorante ) pour l'Angleterre.
Les ministres de la Porte ont déclaré qu'en tant à
Espérance. C'était éloigner les importuns de sa voie;
c'était travailler pour elle seule. A présent ce serait
travailler contre elle-même pour la Russie ; ce serait
vouloir accumuler à plaisir les difficultés qui lui font
envisager cette concurrence imprévue avec tant d'a-
larme et de terreur.
Le canal de Suez, quoi qu'on en ait pensé en 1834,
est devenu désormais, et en présence de ces circons-
tances, l'instrument indispensable du maintien de
l'influence anglaise en Asie. Au point de vue com-
mercial, la question est unanimement jugée de l'autre
côté du détroit; elle ne peut manquer de l'être aussi
bientôt au point de vue politique. La lettre du Times
est à cet égard le plus persuasif plaidoyer que nous
puissions présenter à l'Angleterre. Le danger com-
mercial, le danger politique, le danger militaire, il
est aujourd'hui dans les mers au delà de l'Inde et
non plus en deçà. Le danger commercial, le Times
nous le dépeint en traits assez énergiques. Il n'est
pas moins saisissant quand il parle du danger poli-
tique et militaire. Ce danger, comme il l'a dit, il est
dans la combinaison d'une flotte américaine partant
des ports de la Californie, et d'une flotte russe partant
des bouches de l'Amour et venant se ranger entre
les Indes et la Chine pour intercepter ces vastes mers.
Il est ailleurs encore ; il est dans les ferments de ré-
volte et de haine si abondamment semés dans l'Inde ;
il est dans l'insurrection des Cipayes; il est dans
l'orgueil des Sicks se vantant tout haut que les
Anglais leur doivent le salut de leur empire ; il est
dans la marche rapide de la Russie vers les hauts
plateaux de l'Asie, dans son influence sur la Perse,
dans son avance progressive vers l'Indoustan. Contre
tous ces périls, l'Angleterre n'a qu'un recours possi-
ble : abréger, abréger le plus possible la distance qui
la sépare du théâtre de ces luttes, de l'action de ces
compétiteurs, et pousser à l'exécution du canal de
Suez avec autant d'ardeur et de sollicitude que quel-
ques-uns de ses hommes d'État aveugles et arriérés
en ont mis à l'empêcher.
Les circonstances pressent et le temps va vite au-
jourd'hui. Nous ne craignons pas d'amrmer que si,
dans leurs passions surannées, les adversaires du ca-
nal de Suez venaient à bout de suspendre encore
l'achèvement de cette œuvre, ils auraient avant long-
temps un compte redoutable à rendre à leur pays et
ils ménageraient d'amers remords à leur patrio-
tisme. Ils auront aidé la Russie à constituer, et contre
l'Europe, et contre l'Angleterre, un monopole quasi-
naturel et qui ne peut lui être enlevé que par la
combinaison des ressources et de toute l'activité de
l'Occident agissant de concert. Voilà ce qu'avaient com-
pris les hommes dEtat si considérables qui ont, dans
le Parlement, si bien défendu la cause du canal. A eux
la justice ! à eux la prévoyance ! à eux la portée po-
litique 1 De l'autre côté, le préjugé mesquin, la haine
inextinguible, la vue troublée qui se fixe sur un dan-
ger qui n'existe pas et ne l'aperçoit pas où il est. Aussi
ces représentants d'une politique immobile voient-ils
rapidement décliner leur ascendant, et le jour s'ap-
proche où la politique nouvelle, libérale et morale
des grands orateurs dont le canal de Suez a l'hon-
neur d'avoir l'unanime adhésion, rendra à l'Angleterre
sa moralité dans le monde et son rang fraternel dans
la communauté des nations.
ERNEST DESPLACES.
LE CAIRE ET LONDRES.
On lit dans le Morning-Star du 26 mars :
« M. Lange a reçu de M. de Lesseps une lettre
datée d'Alexandrie, 9 mars 1859, contenant d'impor-
tantes informations. Elle s'exprime en ces termes :
« Mon cher collègue, j'ai trouvé S. A. le vice-
» roi d'Egypte aussi bien disposé que jamais à conti-
» nuer de favoriser par tous les moyens en son
» pouvoir l'entreprise du canal de Suez. S. A. m'a
» confirmé l'exactitude des récits qui ont paru dans
» les journaux, relativement à l'entrevue que S. A. a
» eue, il y a deux mois, au sujet du canal, avec
» M. Green, le consul d'Angleterre. S. A. a ajouté
» que depuis cette époque, et encore trés-récemmert,
» le consul anglais a continué ses tentatives d'oppo-
» sition à l'exécution du canal, même au moment où
» l'Angleterre exprimait ses sentiments de recon-
» naissance à S. A. pour l'achèvement du chemin de
Il fer du Caire à Suez, qui, selon les expressions con-
» tenues dans une adresse de la Compagnie péninsu-
» laire et orientale de navigation à vapeur, réalise
» si entièrement au profit des intérêts britanniques
» la communication désirée entre la Méditerranée et
» la mer Rouge.
» Dans la vérité, il est maintenant hors de doute
» que l'exécution du canal de Suez ne rencontre au -
» cun obstacle de la part de la Porte, mais que l'op
» position émane uniquement du consul anglais, qui
» vient d'aller jusqu'à menacer le vice-roi d'Egypte
» de l'alternative d'un casus belli, dans le cas où le
» canal de Suez, entreprise commerciale, poursuivrait
» ses travaux.
» Comment ces démarches coërcitives peuvent-
» elles se concilier avec les déclarations faites par le
« chancelier de l'Echiquier dans la séance de la
» Chambre des Communes du 1er juin 1858, à pro-
» pos du débat sur ce sujet, et dans lequel plusieurs
» des membres les plus considérables de la Chambre
» des Communes prirent une part si prééminente, dé-
» nonçant l'opposition du gouvernement comme une
» politique « égoïste, illégitime, insoutenable, » et de
» plus, comme « déshonorante ) pour l'Angleterre.
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