Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1859 01 avril 1859
Description : 1859/04/01 (A4,N67). 1859/04/01 (A4,N67).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295029
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
ler AVRIL. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 111
Arrivèrent les grandes crises de 1839 et la confisca-
tion de l'opium, que cette première guerre fit payer
si cher aux Chinois, bien qu'à la paix il n'ait pas été
proféré un mot de la régularisation de ce commerce,
qu'à tout prix il fallait continuer dans l'intérêt an-
glais.
Nous avons sous les yeux le rapport d'octobre
1844. La récolte avait été estimée à 22,000 caisses
d'opium du Bengale (Patna, Bénarès), et 26,000 de
Malwa, faisant un total de 48,000 caisses et non de
40,000 comme il a été dit. Aujourd'hui, après une
seconde guerre, ce commerce est de 70,000 caisses,
qui, à 3,800 fr., donnent un total de 226,000,000 de
francs. On sait le reste, et les communications qui
viennent d'être ouvertes dans la province de Canton
et sur le Yang-tze-Kyang ne peuvent que devenir
très-productives. Comment l'Angleterre pourrait-elle
abandonner des revenus si considérables, quand Son
Excellence sir Henry Pottinger (1844), à Bombay,
has corne out in javour of the trade of opium ?
Nous Anglais sommes pour le moment bien établis
en Chine, mais nous ne renonçons pas à nous y affer-
mir davantage. Notre désir est que l'Angleterre, la
France, la Russie, les États-Unis d'Amérique, la Hol.
lande et même l'Espagne envoient (comme nous le
demandions en 1840), puisque nos vœux ont été en
partie accueillis, leurs représentants dans le Yang-tsze-
Keang, ou à Tient si n, et qu'ils restent là (stay there),
jusqu'à ce que l'on ait déféré à notre demande, et
nous le répétons même comme à l'époque antérieure :
The remit would be a new era, an era happy for us,
happy for oltr nations, and above ail happy for China!
Le résultat sera une ère nouvelle, une ère heureuse
pour nous, heureuse pour les nations, et surtout heu-
reuse pour la Chine!
Mais revenons à nos clippers, car ils ont fait de
la toile pendant notre entretien, et ils n'ont pas tous
sombré ; les uns venant du Bengale avec leurs
bénares et leur patna, ayant descendu l'Ougly ;
les autres ayant fait voile de Bombay ou du port de
Daman, chargés du malwa qu'on récolte en si grande
abondance dans cette province. Ils mouillaient da-
bord à Lintin, à Lantao, au large même, après
la prohibition, et se déchargeaient sur des bâtiments
à l'ancre et que l'on appelait des navires magasins
(receving ships). Il y en eut aussi qui s'approchèrent à
quelques heures de Canton. C'est là surtout qu'em-
ployés du gouvernement chinois et spéculateurs du
commerce venaient faire leurs provisions, pour spé-
culer ensuite dans le centre de l'empire.
Mais quel est donc la dimension d'une caisse d'o-
pium? La même que celle des grandes caisses à thé
que tout le monde est à même de voir dans les ma-
gasins. On en compte environ 8 à 10 au tonneau
de 40 pieds cubes.
Le poids de la caisse est variable aussi; celle de
Malwa est d'environ 134 livres, et les autres de 116
et quelquefois 140 : on en admettait de 60 catties en-
viron. Quel est le prix de revient à la Compagnie?
250 siera roupies valant 2 schellings sterling cha-
cune, ou un total de 600 francs ou 100 piastres, selon
le change. Cherchez donc un article de commerce
ayant coûté 100 piastres et qui puisse être vendu,
comme l'opium, de 700 à 1,200 piastres?
Mais une fois entre les mains des Chinois, le prix
de l'opium n'a plus de bornes ; ils façonnent cette
drogue de différentes manières, soit pour les mangeurs
d'opium, soit pour les fumeurs. Ils le sophistiquent
avec plusieurs substances, et bien qu'il perde son
odeur, il n'en conserve pas moins toute sa force. On le
mêle avec du tabac, avec du thé et beaucoup d'au-
tres substances, afin d'en avoir à la disposition du
riche comme du pauvre : celui-ci le fume dans cer-
taines maisons isolées affectées à cet usage ; la classe
haut placée, dans un petit salon particulier de son
habitation.
On prépare l'opium de deux manières avant qu'il
soit bon à fumer. A Penang, le fermier de cette dro-
gue préfère le bénarès pour en obtenir le elwndoo, à
cause de son poids et de son meilleur marché;
mais les consommateurs aisés choisissent le patna,
parce qu'il a une odeur plus agréable, qu'il est plus
fort et que ses effets sont plus durables. - Laissons
Pulo-Penang et ses fumeries en bambous où se ren-
dent publiquement le bas peuple et surtout les Chi-
nois et les métis portugais, plus amateurs que les
natifs eux-mêmes, et revenons en Chine.
La méthode chinoise pour le raffinement des pains
et des boules d'opium qu'ils ont achetés à grands
frais est très-compliquée ; elle est le résultat d'une
série d'opérations étendues et concentrées sur le feu,
de filtrages à chaud et de nouvelles concentrations.
Il s'en forme des espèces différentes et un titrage dont
les consommateurs apprécient l'importance ; ils en
recherchent les types les plus riches, possédant des
propriétés plus douces, moins inoffensives, sans per-
dre son influence agréable. Il faudrait consacrer bien
des lignes à l'explication de toutes les manipulations
auxquelles l'opium est soumis pour le faire arriver
théoriquement à cette apparence de thériaque, à cet
aspect noir et à cette consistance du tar qu'il doit
obtenir avant d'être livré à l'amateur. Nous en reste-
rons ici à ce sujet.
APPLICATION A L'ÉGYPTE.
De tout ce qui précède, que nous avons dû exposer
le plus brièvement possible, et d'une manière insuf-
fisante, car il y a matière à un long mémoire si l'on
voulait traiter ce sujet convenablement, il résulte
Arrivèrent les grandes crises de 1839 et la confisca-
tion de l'opium, que cette première guerre fit payer
si cher aux Chinois, bien qu'à la paix il n'ait pas été
proféré un mot de la régularisation de ce commerce,
qu'à tout prix il fallait continuer dans l'intérêt an-
glais.
Nous avons sous les yeux le rapport d'octobre
1844. La récolte avait été estimée à 22,000 caisses
d'opium du Bengale (Patna, Bénarès), et 26,000 de
Malwa, faisant un total de 48,000 caisses et non de
40,000 comme il a été dit. Aujourd'hui, après une
seconde guerre, ce commerce est de 70,000 caisses,
qui, à 3,800 fr., donnent un total de 226,000,000 de
francs. On sait le reste, et les communications qui
viennent d'être ouvertes dans la province de Canton
et sur le Yang-tze-Kyang ne peuvent que devenir
très-productives. Comment l'Angleterre pourrait-elle
abandonner des revenus si considérables, quand Son
Excellence sir Henry Pottinger (1844), à Bombay,
has corne out in javour of the trade of opium ?
Nous Anglais sommes pour le moment bien établis
en Chine, mais nous ne renonçons pas à nous y affer-
mir davantage. Notre désir est que l'Angleterre, la
France, la Russie, les États-Unis d'Amérique, la Hol.
lande et même l'Espagne envoient (comme nous le
demandions en 1840), puisque nos vœux ont été en
partie accueillis, leurs représentants dans le Yang-tsze-
Keang, ou à Tient si n, et qu'ils restent là (stay there),
jusqu'à ce que l'on ait déféré à notre demande, et
nous le répétons même comme à l'époque antérieure :
The remit would be a new era, an era happy for us,
happy for oltr nations, and above ail happy for China!
Le résultat sera une ère nouvelle, une ère heureuse
pour nous, heureuse pour les nations, et surtout heu-
reuse pour la Chine!
Mais revenons à nos clippers, car ils ont fait de
la toile pendant notre entretien, et ils n'ont pas tous
sombré ; les uns venant du Bengale avec leurs
bénares et leur patna, ayant descendu l'Ougly ;
les autres ayant fait voile de Bombay ou du port de
Daman, chargés du malwa qu'on récolte en si grande
abondance dans cette province. Ils mouillaient da-
bord à Lintin, à Lantao, au large même, après
la prohibition, et se déchargeaient sur des bâtiments
à l'ancre et que l'on appelait des navires magasins
(receving ships). Il y en eut aussi qui s'approchèrent à
quelques heures de Canton. C'est là surtout qu'em-
ployés du gouvernement chinois et spéculateurs du
commerce venaient faire leurs provisions, pour spé-
culer ensuite dans le centre de l'empire.
Mais quel est donc la dimension d'une caisse d'o-
pium? La même que celle des grandes caisses à thé
que tout le monde est à même de voir dans les ma-
gasins. On en compte environ 8 à 10 au tonneau
de 40 pieds cubes.
Le poids de la caisse est variable aussi; celle de
Malwa est d'environ 134 livres, et les autres de 116
et quelquefois 140 : on en admettait de 60 catties en-
viron. Quel est le prix de revient à la Compagnie?
250 siera roupies valant 2 schellings sterling cha-
cune, ou un total de 600 francs ou 100 piastres, selon
le change. Cherchez donc un article de commerce
ayant coûté 100 piastres et qui puisse être vendu,
comme l'opium, de 700 à 1,200 piastres?
Mais une fois entre les mains des Chinois, le prix
de l'opium n'a plus de bornes ; ils façonnent cette
drogue de différentes manières, soit pour les mangeurs
d'opium, soit pour les fumeurs. Ils le sophistiquent
avec plusieurs substances, et bien qu'il perde son
odeur, il n'en conserve pas moins toute sa force. On le
mêle avec du tabac, avec du thé et beaucoup d'au-
tres substances, afin d'en avoir à la disposition du
riche comme du pauvre : celui-ci le fume dans cer-
taines maisons isolées affectées à cet usage ; la classe
haut placée, dans un petit salon particulier de son
habitation.
On prépare l'opium de deux manières avant qu'il
soit bon à fumer. A Penang, le fermier de cette dro-
gue préfère le bénarès pour en obtenir le elwndoo, à
cause de son poids et de son meilleur marché;
mais les consommateurs aisés choisissent le patna,
parce qu'il a une odeur plus agréable, qu'il est plus
fort et que ses effets sont plus durables. - Laissons
Pulo-Penang et ses fumeries en bambous où se ren-
dent publiquement le bas peuple et surtout les Chi-
nois et les métis portugais, plus amateurs que les
natifs eux-mêmes, et revenons en Chine.
La méthode chinoise pour le raffinement des pains
et des boules d'opium qu'ils ont achetés à grands
frais est très-compliquée ; elle est le résultat d'une
série d'opérations étendues et concentrées sur le feu,
de filtrages à chaud et de nouvelles concentrations.
Il s'en forme des espèces différentes et un titrage dont
les consommateurs apprécient l'importance ; ils en
recherchent les types les plus riches, possédant des
propriétés plus douces, moins inoffensives, sans per-
dre son influence agréable. Il faudrait consacrer bien
des lignes à l'explication de toutes les manipulations
auxquelles l'opium est soumis pour le faire arriver
théoriquement à cette apparence de thériaque, à cet
aspect noir et à cette consistance du tar qu'il doit
obtenir avant d'être livré à l'amateur. Nous en reste-
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