Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1859 15 mars 1859
Description : 1859/03/15 (A4,N66). 1859/03/15 (A4,N66).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529501w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
MARDI 15 MARS. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 95
nobstant cela, nous avons huit communes, dont un
quart, ou environ 2,000 hectares sont affermés par baux
authentiques, non 240 fr. mais 300 et 340 fr.; et notez
que notre ciel inclément et froid nous refuse la culture
des riches produits du sol. Donc, et vous avez raison de
l'affirmer, Monsieur, votre estimation de 240 fr. n'est
pas exagérée.
Plusieurs armateurs sont actionnaires ; quant à ceux-
là, il est évident qu'ils ne doubleront pas le cap; mais
comme leur voyage sera plus court et moins dange-
reux, et leur retour plus prompt et plus fructueux, il
en résultera nécessairement une concurrence obliga-
toire, pour les autres armateurs, d'imiter les premiers,
et ainsi, de proche en proche pour tous, et cela non-
seulement dans notre pays, mais jusque dans la récal-
citrante Angleterre, quoiqu'elle n'ait pris que pour 5 ou
6 millions d'actions.
Agréez, etc.
HENRY MOINIER.
DE L'OPHTHALIIE EN ÉGYPTE.
A Monsieur le rédacteur en chef du journal
L'ISTHME DE SUEZ, à Paris.
Alexandrie d'Egypte, 5 février 1859.
Monsieur le Rédacteur,
La note sur la salubrité de l'Isthme, insérée dans vo-
tre numéro du 15 janvier, est on ne peut plus exacte et
véridique ; elle émane, du reste, d'un médecin d'autant
plus compétent, qu'il parle en connaissance de cause,
ayant habité l'Egypte pendant plusieurs années. Tou-
tefois, j'ai remarqué dans cette note une lacune qu'il
importe de combler, afin de ne laisser dans l'esprit des
hommes de bonne foi, ni doute ni appréhension, même
dans les questions de détail.
Je veux parler de l'ophthalmie dite égyptienne, à la-
quelle on ne pense en Europe, et plus particulièrement
en France, qu'avec une sorte d'effroi; c'est au point que
tel qui viendrait en Egypte sans souci de la peste, du
choléra, de la dyssenterie, etc., etc., reculerait peut-être
devant la sombre perspective d'une cécité prématurée.
Examinons donc si cette frayeur est légitime, et si elle
ne serait pas un fantôme qui s'évanouit quand on s'en
approche.
On ne découvre aucune trace de l'ophthalmie dite
d'Egypte, ni sous les Pharaons, ni aux époques grecque
et romaine. Il est donc permis de supposer que ce tléau
n'a dû prendre naissance que bien postérieurement
même aux croisades, au moins comme endémique, alors
que le génie arabe, énervé par les jouissances de la
conquête, s'endormit dans un abrutissant fatalisme.
A cette époque, on voit, en effet, le régime tout parti
culier des eaux de l'Égypte, si admirablement entre-
tenu jusque-là, devenir, par l'incurie des gouvernants,
une cause multiple d'insalubrité et de dépopulation
pour un pays dont il avait fait un véritable Eden.
On n'entend guère parler de cette ophthalmie qu'à
l'époque de l'expédition française de 1798; car on ne sau-
rait arguer de la fondation, à Paris, de l'hospice des
Quinze-Vingts, après la cinquième croisade, c'est-à-dire
vers le milieu du xiiio siècle, puisque le sire de Joinville
dit expressément que cet établissement fut créé pour
servir d'asile à trois cents gentilshommes auxquels les
Sarrasins avaient crevé les yeux.
Il est facile de comprendre combien les récits même
des médecins en chef de l'armée française, malgré leur
mérite bien reconnu, ont dû propager d'erreurs, tant
sous le rapport de la cause que sous celui de la nature
et du traitement de cette affection ; car un fait patho-
logique de quelque importance, qui surgit pour la pre-
mière fois, est comme un objet mal éclairé, dont on ne
parvient qu'à la longue à déterminer la forme et l'es-
sence. Toutefois, par suite de la progressivité de l'esprit
humain, les erreurs mêmes des devanciers servent la
scienc3, étant comme des jalons ou des points de re-
père dans la voie de l'observation et de l'induction.
La nature de votre estimable feuille excluant tout
débat médical, je me bornerai, monsieur le rédacteur, à
exposer à la manière dogmatique les faits qui résultent
et de l'expérience de mes maîtres et de la mienne
propre.
Je dis donc : l'ophthalmie que l'on observe en Égypte
n'est pas due à un virus particulier.
Cette ophthalmie n'est pas d'une autre nature que
celle que l'on rencontre dans l'armée belge et dans
quelques corps de troupes allemandes.
C'est la même ophthalmie qui sévit en Europe, tant
sur les adultes que chez les enfants, et surtout chez les
nouveau-nés, lorsque les uns et les autres sont soumis
aux conditions dont nous parlerons tout à l'heure.
Enfin, c'est un catarrhe de la muqueuse palpébro-ocu-
laire dû à de brusques variations de température, et qui
est produit, dans la plupart des cas, par le même mé-
canisme que le coryza, la bronchite, la pneumo-
nie, etc., etc., etc., c'est-à-dire par une suppression su-
bite de transpiration.
L'action de ces variations de température sur la
muqueuse des yeux parait d'autant plus puissante
que l'air ambiant est plus chargé d'humidité.
En vain, voudrait-on s'étayer, pour contester l'iden-
tité de nature de cette ophthalmie avec le coryza, la
bronchite, etc., etc., etc., sur la non-transmissibilité de
ces affections, tandis qu'il est évident que la première
(l'ophthalmie) est essentiellement communicable ; car il
est de notoriété publique en médecine que la blennor-
rhagie-uréthrale non-virulente, qui est aussi une affection
catarrhale, se transmet à un individu sain, dans certaines
conditions de contact.
C'est également une grande erreur d'attribuer cette
ophthalmie, soit à l'intensité de la lumière, soit à sa ré-
verbération sur les sables, etc , etc. ; car ce fluide impon-
dérable n'a d'action que sur deux des membranes in-
ternes de l'œil, l'iris et la rétine, et n'affecte nullement
sa muqueuse.
Quant à l'action d'une vive clarté, elle peut amener,
il est vrai, des phénomènes d'amaurose plus ou moins
complète (l'amaurose est la paralysie du nerf optique);
mais c'est quand elle frappe inopinément l'organe visuel,
comme dans l'éclair, ou qu'on la concentre habituelle-
ment sur des objets qu'il faut examiner minutieusement,
comme il arrive aux horlogers, bijoutiers, graveurs,
nobstant cela, nous avons huit communes, dont un
quart, ou environ 2,000 hectares sont affermés par baux
authentiques, non 240 fr. mais 300 et 340 fr.; et notez
que notre ciel inclément et froid nous refuse la culture
des riches produits du sol. Donc, et vous avez raison de
l'affirmer, Monsieur, votre estimation de 240 fr. n'est
pas exagérée.
Plusieurs armateurs sont actionnaires ; quant à ceux-
là, il est évident qu'ils ne doubleront pas le cap; mais
comme leur voyage sera plus court et moins dange-
reux, et leur retour plus prompt et plus fructueux, il
en résultera nécessairement une concurrence obliga-
toire, pour les autres armateurs, d'imiter les premiers,
et ainsi, de proche en proche pour tous, et cela non-
seulement dans notre pays, mais jusque dans la récal-
citrante Angleterre, quoiqu'elle n'ait pris que pour 5 ou
6 millions d'actions.
Agréez, etc.
HENRY MOINIER.
DE L'OPHTHALIIE EN ÉGYPTE.
A Monsieur le rédacteur en chef du journal
L'ISTHME DE SUEZ, à Paris.
Alexandrie d'Egypte, 5 février 1859.
Monsieur le Rédacteur,
La note sur la salubrité de l'Isthme, insérée dans vo-
tre numéro du 15 janvier, est on ne peut plus exacte et
véridique ; elle émane, du reste, d'un médecin d'autant
plus compétent, qu'il parle en connaissance de cause,
ayant habité l'Egypte pendant plusieurs années. Tou-
tefois, j'ai remarqué dans cette note une lacune qu'il
importe de combler, afin de ne laisser dans l'esprit des
hommes de bonne foi, ni doute ni appréhension, même
dans les questions de détail.
Je veux parler de l'ophthalmie dite égyptienne, à la-
quelle on ne pense en Europe, et plus particulièrement
en France, qu'avec une sorte d'effroi; c'est au point que
tel qui viendrait en Egypte sans souci de la peste, du
choléra, de la dyssenterie, etc., etc., reculerait peut-être
devant la sombre perspective d'une cécité prématurée.
Examinons donc si cette frayeur est légitime, et si elle
ne serait pas un fantôme qui s'évanouit quand on s'en
approche.
On ne découvre aucune trace de l'ophthalmie dite
d'Egypte, ni sous les Pharaons, ni aux époques grecque
et romaine. Il est donc permis de supposer que ce tléau
n'a dû prendre naissance que bien postérieurement
même aux croisades, au moins comme endémique, alors
que le génie arabe, énervé par les jouissances de la
conquête, s'endormit dans un abrutissant fatalisme.
A cette époque, on voit, en effet, le régime tout parti
culier des eaux de l'Égypte, si admirablement entre-
tenu jusque-là, devenir, par l'incurie des gouvernants,
une cause multiple d'insalubrité et de dépopulation
pour un pays dont il avait fait un véritable Eden.
On n'entend guère parler de cette ophthalmie qu'à
l'époque de l'expédition française de 1798; car on ne sau-
rait arguer de la fondation, à Paris, de l'hospice des
Quinze-Vingts, après la cinquième croisade, c'est-à-dire
vers le milieu du xiiio siècle, puisque le sire de Joinville
dit expressément que cet établissement fut créé pour
servir d'asile à trois cents gentilshommes auxquels les
Sarrasins avaient crevé les yeux.
Il est facile de comprendre combien les récits même
des médecins en chef de l'armée française, malgré leur
mérite bien reconnu, ont dû propager d'erreurs, tant
sous le rapport de la cause que sous celui de la nature
et du traitement de cette affection ; car un fait patho-
logique de quelque importance, qui surgit pour la pre-
mière fois, est comme un objet mal éclairé, dont on ne
parvient qu'à la longue à déterminer la forme et l'es-
sence. Toutefois, par suite de la progressivité de l'esprit
humain, les erreurs mêmes des devanciers servent la
scienc3, étant comme des jalons ou des points de re-
père dans la voie de l'observation et de l'induction.
La nature de votre estimable feuille excluant tout
débat médical, je me bornerai, monsieur le rédacteur, à
exposer à la manière dogmatique les faits qui résultent
et de l'expérience de mes maîtres et de la mienne
propre.
Je dis donc : l'ophthalmie que l'on observe en Égypte
n'est pas due à un virus particulier.
Cette ophthalmie n'est pas d'une autre nature que
celle que l'on rencontre dans l'armée belge et dans
quelques corps de troupes allemandes.
C'est la même ophthalmie qui sévit en Europe, tant
sur les adultes que chez les enfants, et surtout chez les
nouveau-nés, lorsque les uns et les autres sont soumis
aux conditions dont nous parlerons tout à l'heure.
Enfin, c'est un catarrhe de la muqueuse palpébro-ocu-
laire dû à de brusques variations de température, et qui
est produit, dans la plupart des cas, par le même mé-
canisme que le coryza, la bronchite, la pneumo-
nie, etc., etc., etc., c'est-à-dire par une suppression su-
bite de transpiration.
L'action de ces variations de température sur la
muqueuse des yeux parait d'autant plus puissante
que l'air ambiant est plus chargé d'humidité.
En vain, voudrait-on s'étayer, pour contester l'iden-
tité de nature de cette ophthalmie avec le coryza, la
bronchite, etc., etc., etc., sur la non-transmissibilité de
ces affections, tandis qu'il est évident que la première
(l'ophthalmie) est essentiellement communicable ; car il
est de notoriété publique en médecine que la blennor-
rhagie-uréthrale non-virulente, qui est aussi une affection
catarrhale, se transmet à un individu sain, dans certaines
conditions de contact.
C'est également une grande erreur d'attribuer cette
ophthalmie, soit à l'intensité de la lumière, soit à sa ré-
verbération sur les sables, etc , etc. ; car ce fluide impon-
dérable n'a d'action que sur deux des membranes in-
ternes de l'œil, l'iris et la rétine, et n'affecte nullement
sa muqueuse.
Quant à l'action d'une vive clarté, elle peut amener,
il est vrai, des phénomènes d'amaurose plus ou moins
complète (l'amaurose est la paralysie du nerf optique);
mais c'est quand elle frappe inopinément l'organe visuel,
comme dans l'éclair, ou qu'on la concentre habituelle-
ment sur des objets qu'il faut examiner minutieusement,
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