Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1859 01 avril 1859
Description : 1859/04/01 (A4,N67). 1859/04/01 (A4,N67).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295029
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
106 L'ISTHME DE SUEZ, 1er AVRIL.
cement de l'isthme de Suez, dans ses rapports avec
l'industrie de la soie. Nous regrettons que l'abon-
dance des matières ne nous permette pas la repro-
duction intégrale de ce troisième travail, aussi re-
marquable que les deux précédents. Mais nous ne
résisterons pas au désir d'en extraire au moins une
des parties les plus brillantes, dans laquelle l'écri-
vain nous montre l'avenir que le canal des deux
mers prépare à l'industrie séricicole, et les vastes
marchés dont il lui ouvre l'accès. Voici ce morceau
distingué.
PAUL BorDET.
« Il est évident que la disette de soie sur nos mar-
chés doit finir par forcer la France à faire ce que font,
depuis deux siècles, la Hollande et l'Angleterre, qui
tirent de la Chine et de l'Inde la presque totalité des
soies nécessaires à l'alimentation de leurs fabriques. La
France doit faire davantage : elle est un pays produc-
teur de soie; elle doit, avec les graines de vers à soie de
Chine, essayer de régénérer nos races abâtardies et
maladives.
» Mais ce n'est pas tout encore. Sans doute, l'indus-
trie de la soie devra beaucoup, presque la vie, au canal
maritime de Suez en lui devant la possibilité d'un ap-
provisionnement permanent de graines de vers à soie,
de cocons et de soies de Chine; mais elle lui devra en-
core de nouveaux et nombreux débouchés pour l'écou-
lement de ses propres produits.
» 11 est certain que le malaise périodique de nos fa-
briques vient peut-être autant de l'encombrement des
magasins que de l'insuffisance des récoltes et du haut
prix des matières premières. La nécessité de se créer
des débouchés est donc presque aussi impérieuse que
celle de rechercher de nouveaux pays où l'on puisse
s'approvisionner de la plus grande quantité possible et
au plus bas prix possible.
» La France, donc, devenue, par Marseille, la maîtresse
ou si on aime mieux, la protectrice du grand lac médi-
terranéen, nous verrons, en même temps qu'on aura
percé l'isthme de Suez, l'Italie sortir de son mauvais
sommeil pour entrer dans le vaste mouvement indus-
triel de notre temps. Florence, Gênes, Venise, et Rome
elle même, reviendront, non plus à leur splendeur do-
minatrice et absorbante d'autrefois, mais à une vie d'ex-
pansion et d'activité sans lesquelles toute nation dispa-
raît dans notre monde laborieux. Nous verrons le Le-
vant se peupler, la Syrie et l'Egypte reprendre ce mou-
vement commercial qui fit, au moyen âge et sous la
renaissance, la fortune de nos provinces de Gascogne,
du Languedoc et de la Provence; puis, sous cette in-
fluence civilisatrice, des voies ferrées, des canaux et
des lignes télégraphiques sillonner l'Orient pour aller
attaquer par le commerce le mystérieux empire chinois,
trop longtemps réfractaire à la civilisation.
» Alors, pendant que s'accompliront ces événements,
nous serons dans la voie qui conduit à la solution du
difficile problème de la conservation de l'industrie de
la soie en France. Par la direction vers l'Orient du trop
plein des populations européennes, le danger que nous
redoutons disparaîtra, la production étant en rapport
avec la consommation. Nos fabriques, depuis un demi-
siècle, manquent de débouchés avantageux ; le jour où
elles n'en manqueront plus, elles reprendront aussi le
sentiment de l'art qui, depuis quelque temps, semble
devoir nous quitter. Lorsqu'on est tenu de satisfaire les
goûts et les besoins d'un très grand nombre d'acheteurs
différents, il faut répondre à toutes leurs aspirations. Ce
qui a fait le plus de tort à l'industrie de la soie en
France, ce n'est ni la mode, ni les draps, c'est la ruine
totale de l'Orient. Ces peuples, dont l'imagination est
vive, aiment les couleurs brillantes, riches, l'or et le ve-
lours, l'azur et l'argent, le vermillon et l'émerau ie;
enfin les dessins ingénieux et les riches broderies : ces
gens-là sont artistes. On ne retrouve pas ces qualités
(l'Exposition universelle l'a démontré sans réplique) dans
la race anglo-américaine; au contraire, ces peuples ten-
dent à prendre des costumes et des modes de plus en
plus simples, sous l'influence du protestantisme et de
ses nombreuses sectes.
» Ainsi, à ce point de vue encore, le percement de
l'isthme de Suez réalise un progrès : c'est la renais-
sance de l'Orient; c'est la renaissance de l'art pour nos
fabriques ; c'est un débouché sans limites ouvert désor-
mais à leurs produits, c'est la mer Rouge attirant à elle
la côte orientale d'Afrique, Madagascar, les Indes Orien-
tales, et une grande partie du commerce actuel de l'Eu-
rope avec les Indes Occidentales ; c'est l'ancien monde
reportant dès lors sur lui-même des forces et des capi-
taux qu'il répand sur le nouveau, et, par conséquence
naturelle, ces émigrations des peuples se frayant des
routes jusqu'à présent peu connues; c'est l'esprit des
expéditions lointaines se développant chez nous, lorsque
devançant en Orient ceux qui nous y devancent aujour-
d'hui, nous serons affranchis des gênes, des incerti-
tudes et des dangers des voyages actuels ; c'est tout un
hémisphère, théâtre autrefois des plus grands progrès
de la société, rentrant dans le domaine de la civilisation;
c'est la voie la plus économique entre 300 millions d'Oc-
cidentaux qui possèdent la science, l'industrie, l'opu-
'lence, et 600 millions d'Orientaux auxquels la nature et
l'art ont donné : en Australie, la laiue et l'or ; en Ara-
bie, les aromates ; en Océanie, les épices; en Chine, le
thé, la soie et la porcelaine ; dans l'Inde, le coton; c'est
enfin l'ouverture du marché chinois, peut-être le plus
grand événement que verra ce siècle.
» Le canal de Suez, c'est donc tout cela! mais c'est
surtout, pour ne pas m'écarter du sujet qui m'occupe,
c'est surtout la conservation de l'industrie de la soie en
France.
EXPLORATION DE LA MER ROUGE.
On écrit de Paris, sous la date du 4 mars, au Cour-
rier de Marseille :
« Le ministre de la marine vient de commander une
» mission hydrographique dans la mer Rouge.
cement de l'isthme de Suez, dans ses rapports avec
l'industrie de la soie. Nous regrettons que l'abon-
dance des matières ne nous permette pas la repro-
duction intégrale de ce troisième travail, aussi re-
marquable que les deux précédents. Mais nous ne
résisterons pas au désir d'en extraire au moins une
des parties les plus brillantes, dans laquelle l'écri-
vain nous montre l'avenir que le canal des deux
mers prépare à l'industrie séricicole, et les vastes
marchés dont il lui ouvre l'accès. Voici ce morceau
distingué.
PAUL BorDET.
« Il est évident que la disette de soie sur nos mar-
chés doit finir par forcer la France à faire ce que font,
depuis deux siècles, la Hollande et l'Angleterre, qui
tirent de la Chine et de l'Inde la presque totalité des
soies nécessaires à l'alimentation de leurs fabriques. La
France doit faire davantage : elle est un pays produc-
teur de soie; elle doit, avec les graines de vers à soie de
Chine, essayer de régénérer nos races abâtardies et
maladives.
» Mais ce n'est pas tout encore. Sans doute, l'indus-
trie de la soie devra beaucoup, presque la vie, au canal
maritime de Suez en lui devant la possibilité d'un ap-
provisionnement permanent de graines de vers à soie,
de cocons et de soies de Chine; mais elle lui devra en-
core de nouveaux et nombreux débouchés pour l'écou-
lement de ses propres produits.
» 11 est certain que le malaise périodique de nos fa-
briques vient peut-être autant de l'encombrement des
magasins que de l'insuffisance des récoltes et du haut
prix des matières premières. La nécessité de se créer
des débouchés est donc presque aussi impérieuse que
celle de rechercher de nouveaux pays où l'on puisse
s'approvisionner de la plus grande quantité possible et
au plus bas prix possible.
» La France, donc, devenue, par Marseille, la maîtresse
ou si on aime mieux, la protectrice du grand lac médi-
terranéen, nous verrons, en même temps qu'on aura
percé l'isthme de Suez, l'Italie sortir de son mauvais
sommeil pour entrer dans le vaste mouvement indus-
triel de notre temps. Florence, Gênes, Venise, et Rome
elle même, reviendront, non plus à leur splendeur do-
minatrice et absorbante d'autrefois, mais à une vie d'ex-
pansion et d'activité sans lesquelles toute nation dispa-
raît dans notre monde laborieux. Nous verrons le Le-
vant se peupler, la Syrie et l'Egypte reprendre ce mou-
vement commercial qui fit, au moyen âge et sous la
renaissance, la fortune de nos provinces de Gascogne,
du Languedoc et de la Provence; puis, sous cette in-
fluence civilisatrice, des voies ferrées, des canaux et
des lignes télégraphiques sillonner l'Orient pour aller
attaquer par le commerce le mystérieux empire chinois,
trop longtemps réfractaire à la civilisation.
» Alors, pendant que s'accompliront ces événements,
nous serons dans la voie qui conduit à la solution du
difficile problème de la conservation de l'industrie de
la soie en France. Par la direction vers l'Orient du trop
plein des populations européennes, le danger que nous
redoutons disparaîtra, la production étant en rapport
avec la consommation. Nos fabriques, depuis un demi-
siècle, manquent de débouchés avantageux ; le jour où
elles n'en manqueront plus, elles reprendront aussi le
sentiment de l'art qui, depuis quelque temps, semble
devoir nous quitter. Lorsqu'on est tenu de satisfaire les
goûts et les besoins d'un très grand nombre d'acheteurs
différents, il faut répondre à toutes leurs aspirations. Ce
qui a fait le plus de tort à l'industrie de la soie en
France, ce n'est ni la mode, ni les draps, c'est la ruine
totale de l'Orient. Ces peuples, dont l'imagination est
vive, aiment les couleurs brillantes, riches, l'or et le ve-
lours, l'azur et l'argent, le vermillon et l'émerau ie;
enfin les dessins ingénieux et les riches broderies : ces
gens-là sont artistes. On ne retrouve pas ces qualités
(l'Exposition universelle l'a démontré sans réplique) dans
la race anglo-américaine; au contraire, ces peuples ten-
dent à prendre des costumes et des modes de plus en
plus simples, sous l'influence du protestantisme et de
ses nombreuses sectes.
» Ainsi, à ce point de vue encore, le percement de
l'isthme de Suez réalise un progrès : c'est la renais-
sance de l'Orient; c'est la renaissance de l'art pour nos
fabriques ; c'est un débouché sans limites ouvert désor-
mais à leurs produits, c'est la mer Rouge attirant à elle
la côte orientale d'Afrique, Madagascar, les Indes Orien-
tales, et une grande partie du commerce actuel de l'Eu-
rope avec les Indes Occidentales ; c'est l'ancien monde
reportant dès lors sur lui-même des forces et des capi-
taux qu'il répand sur le nouveau, et, par conséquence
naturelle, ces émigrations des peuples se frayant des
routes jusqu'à présent peu connues; c'est l'esprit des
expéditions lointaines se développant chez nous, lorsque
devançant en Orient ceux qui nous y devancent aujour-
d'hui, nous serons affranchis des gênes, des incerti-
tudes et des dangers des voyages actuels ; c'est tout un
hémisphère, théâtre autrefois des plus grands progrès
de la société, rentrant dans le domaine de la civilisation;
c'est la voie la plus économique entre 300 millions d'Oc-
cidentaux qui possèdent la science, l'industrie, l'opu-
'lence, et 600 millions d'Orientaux auxquels la nature et
l'art ont donné : en Australie, la laiue et l'or ; en Ara-
bie, les aromates ; en Océanie, les épices; en Chine, le
thé, la soie et la porcelaine ; dans l'Inde, le coton; c'est
enfin l'ouverture du marché chinois, peut-être le plus
grand événement que verra ce siècle.
» Le canal de Suez, c'est donc tout cela! mais c'est
surtout, pour ne pas m'écarter du sujet qui m'occupe,
c'est surtout la conservation de l'industrie de la soie en
France.
EXPLORATION DE LA MER ROUGE.
On écrit de Paris, sous la date du 4 mars, au Cour-
rier de Marseille :
« Le ministre de la marine vient de commander une
» mission hydrographique dans la mer Rouge.
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