Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mars 1859 15 mars 1859
Description : 1859/03/15 (A4,N66). 1859/03/15 (A4,N66).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529501w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
MARDI 15 MARS. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 89
une affection bien profonde pour la suprématie bri-
tannique. La guerre de Crimée a montré de quel côté,
entre les Russes et les Anglais, étaient les sympathies
du peuple des Etats-Unis. Rien n'est donc plus pos-
sible, dans une collision pour l'empire de ces mers,
qu'une alliance entre l'Amérique et la Russie, et la
puissance navale et militaire de ces deux pays, se don-
nant la main à l'entrée orientale de la mer des Indes,
pourrait mettre la domination anglaise à une épreuve
toute nouvelle, mais qui, à coup sûr, serait une des
plus terribles auxquelles elle puisse être exposée.
Ajoutons que dans ces parages lointains, l'Angle-
terre est bien loin d'avoir lfs moyens de surveillance
qu'elle aurait pour une attaque partant de la France
ou de l'occident du monde.
Mais s'il est vrai, et c'est très-vraisemblable, que
d'une part la Russie, pense à pousser à travers l'Asie
centrale, un chemin de fer vers l'Indoustan, que de
l'autre elle s'occupe sérieusement de relier, par un
télégraphe électrique, les côtes qu'elle vient d'ac-
quérir sur les mers chinoises avec le centre de son em-
pire et en même temps avec le reste de l'Europe; in-
dépendamment de toute prévision belliqueuse, quel
danger ne courent point l'influence et le commerce an-
glais, soit dans l'Asie centrale, soit en Chine? On se
rappelle la sensation pénible qu'a suscitée à Londres,
l'arrivée de la nouvelle du traité de Tien-Tsin, par la
voie de Saint-Pétersbourg, avant qu'elle eût pu par-
venir en Europe par la rapide transmission des stea-
mers britanniques. Que sera-ce donc lorsqu'en quel-
ques minutes on pourra connaître, à Saint-Péters-
bourg, par l'opération d'un télégraphe exclusivement
russe, ce qui se passe en Chine et dans les mers qui
l'avoisinent; lorsque ce télégraphe pourra transmettre
secrètement et instantanément, l'ordre de toute es-
pèce de mouvement aux vaisseaux et aux troupes
réunis sur l'Amour ; lorsque, à toute minute, le com-
merce russe pourra être averti, et qu'il faudra des
mois entiers au commerce anglais pour être en pos-
session des mêmes renseignements. Evidemment toute
la supériorité de la position sera du côté de la Rus-
sie, et certes, nous avons le droit d'affirmer plus que
jamais que désormais le danger pour la prépondé-
rance asiatique de l'Angleterre n'est plus du côté de
l'occident, et qu'il est tout du côté de l'orient.
Dans ces conjonctures, tout ce qu'il y a d'esprits in-
telligents et vraiment politiques de l'autre côté du dé-
troit, peut-il s'obstiner à disputer plus longtemps au
monde une route nouvelle abrégeant de trois mille
lieues la distance entre l'orient et l'occident? L'An-
gleterre, aveugle et immobile, pourrait-elle se refuser
à reconnaître les immenses changements qui se sont
opérés et s'opèrent sur la carte du globe? Au moment
où elle se trouve ainsi menacée par tant de transfor-
mations plus ou moins imprévues, son bon génie lui
offre un moyen de parer autant que possible au péril,
en lui raccourcissant les espaces qui la séparent du
théâtre de son vrai, de son seul danger. Quelles que
soient les belles perspectives offertes à l'Europe et au
reste du monde par l'exécution du canal de Suez, nous
croyons que, tout compte fait, et dans la situation
donnée, c'est encore à l'Angleterre qu'il est destiné à
être le plus utile. Nous n'en concevons ni jalousie,
ni inquiétude. Notre but, comme notre désir, est que
ce grand ouvrage serve les intérêts de tous les peu-
ples et ne nuise à aucun d'eux. Cette entreprise, Dieu
merci, n'a été ni conçue ni dirigée dans aucune étroite
pensée de nationalisme exclusif. Elle doit devenir la
route pacifique et impartiale des nations et de la ci-
vilisation. Mais pour couronner toutes ces considéra-
tions, rappelons au peuple anglais ces paroles aussi
profondes que justes, d'un écrivain politique russe
lui-même, et qui connaît à fond les affaires de son
pays : « Le percement de l'isthme de Suez est aujour-
» d'hui le seul moyen pour l'Angleterre de lutter
» contre l'ascendant russe sur les peuples de l'Asie..
ERNEST DESPLACËS.
ENCORE L'ENQUÊTE DE 1834.
L'enquête effectuée en 1834 par la Chambre des
Communes sur les meilleurs moyens de communica-
tion entre l'Europe et l'Inde nous a déjà fourni des
renseignements dont nos lecteurs ont pu apprécier
l'importance. On y a vu par quels motifs on répu-
gnait alors en Angleterre à ouvrir à la navigation
du monde un passage entre la Méditerranée et la mer
Rouge. On y a trouvé la preuve du peu de bonne foi
des adversaires du canal, venant affirmer en plein
Parlement que ce travail était inexécutable. Mais
nous sommes loin d'avoir encore épuisé les témoi-
gnages que nous offre ce document. En présence d'une
opposition que nous avons le droit de regarder comme
systématique et qui n'épargne rien pour égarer l'o-
pinion, nous ne saurions trop prodiguer la dé-
monstration du succès certain et prévu de l'entre-
prise. C'est pour ce motif que nous allons recourir
encore aux informations produites par l'enquête.
Nous avons cité l'opinion du général Chesney sur
la facilité de creuser un canal de Suez à Péluse. In-
terrogé plusieurs fois, c'est aussi à plusieurs reprises
qu'il a insisté sur ce point, et son opinion a certes le
plus haut caractère d'impartialité, puisqu'il combattait
l'établissement du transit des malles par l'Égypte,
pour donner la préférence à la route par la vallée de
l'Euphrate. Voici cependant comment il s'exprime sur
les avantages qu'offre le trajet par l'ÉgYl:ie et sur
les facilités d'exécution d'un canal.
« L'Égypte n'offre d'autres avantages politiques ou
» mercantiles que ceux d'une communication rapide et
« sûre. Sous ce rapport, elle a été éprouvée et cette
une affection bien profonde pour la suprématie bri-
tannique. La guerre de Crimée a montré de quel côté,
entre les Russes et les Anglais, étaient les sympathies
du peuple des Etats-Unis. Rien n'est donc plus pos-
sible, dans une collision pour l'empire de ces mers,
qu'une alliance entre l'Amérique et la Russie, et la
puissance navale et militaire de ces deux pays, se don-
nant la main à l'entrée orientale de la mer des Indes,
pourrait mettre la domination anglaise à une épreuve
toute nouvelle, mais qui, à coup sûr, serait une des
plus terribles auxquelles elle puisse être exposée.
Ajoutons que dans ces parages lointains, l'Angle-
terre est bien loin d'avoir lfs moyens de surveillance
qu'elle aurait pour une attaque partant de la France
ou de l'occident du monde.
Mais s'il est vrai, et c'est très-vraisemblable, que
d'une part la Russie, pense à pousser à travers l'Asie
centrale, un chemin de fer vers l'Indoustan, que de
l'autre elle s'occupe sérieusement de relier, par un
télégraphe électrique, les côtes qu'elle vient d'ac-
quérir sur les mers chinoises avec le centre de son em-
pire et en même temps avec le reste de l'Europe; in-
dépendamment de toute prévision belliqueuse, quel
danger ne courent point l'influence et le commerce an-
glais, soit dans l'Asie centrale, soit en Chine? On se
rappelle la sensation pénible qu'a suscitée à Londres,
l'arrivée de la nouvelle du traité de Tien-Tsin, par la
voie de Saint-Pétersbourg, avant qu'elle eût pu par-
venir en Europe par la rapide transmission des stea-
mers britanniques. Que sera-ce donc lorsqu'en quel-
ques minutes on pourra connaître, à Saint-Péters-
bourg, par l'opération d'un télégraphe exclusivement
russe, ce qui se passe en Chine et dans les mers qui
l'avoisinent; lorsque ce télégraphe pourra transmettre
secrètement et instantanément, l'ordre de toute es-
pèce de mouvement aux vaisseaux et aux troupes
réunis sur l'Amour ; lorsque, à toute minute, le com-
merce russe pourra être averti, et qu'il faudra des
mois entiers au commerce anglais pour être en pos-
session des mêmes renseignements. Evidemment toute
la supériorité de la position sera du côté de la Rus-
sie, et certes, nous avons le droit d'affirmer plus que
jamais que désormais le danger pour la prépondé-
rance asiatique de l'Angleterre n'est plus du côté de
l'occident, et qu'il est tout du côté de l'orient.
Dans ces conjonctures, tout ce qu'il y a d'esprits in-
telligents et vraiment politiques de l'autre côté du dé-
troit, peut-il s'obstiner à disputer plus longtemps au
monde une route nouvelle abrégeant de trois mille
lieues la distance entre l'orient et l'occident? L'An-
gleterre, aveugle et immobile, pourrait-elle se refuser
à reconnaître les immenses changements qui se sont
opérés et s'opèrent sur la carte du globe? Au moment
où elle se trouve ainsi menacée par tant de transfor-
mations plus ou moins imprévues, son bon génie lui
offre un moyen de parer autant que possible au péril,
en lui raccourcissant les espaces qui la séparent du
théâtre de son vrai, de son seul danger. Quelles que
soient les belles perspectives offertes à l'Europe et au
reste du monde par l'exécution du canal de Suez, nous
croyons que, tout compte fait, et dans la situation
donnée, c'est encore à l'Angleterre qu'il est destiné à
être le plus utile. Nous n'en concevons ni jalousie,
ni inquiétude. Notre but, comme notre désir, est que
ce grand ouvrage serve les intérêts de tous les peu-
ples et ne nuise à aucun d'eux. Cette entreprise, Dieu
merci, n'a été ni conçue ni dirigée dans aucune étroite
pensée de nationalisme exclusif. Elle doit devenir la
route pacifique et impartiale des nations et de la ci-
vilisation. Mais pour couronner toutes ces considéra-
tions, rappelons au peuple anglais ces paroles aussi
profondes que justes, d'un écrivain politique russe
lui-même, et qui connaît à fond les affaires de son
pays : « Le percement de l'isthme de Suez est aujour-
» d'hui le seul moyen pour l'Angleterre de lutter
» contre l'ascendant russe sur les peuples de l'Asie..
ERNEST DESPLACËS.
ENCORE L'ENQUÊTE DE 1834.
L'enquête effectuée en 1834 par la Chambre des
Communes sur les meilleurs moyens de communica-
tion entre l'Europe et l'Inde nous a déjà fourni des
renseignements dont nos lecteurs ont pu apprécier
l'importance. On y a vu par quels motifs on répu-
gnait alors en Angleterre à ouvrir à la navigation
du monde un passage entre la Méditerranée et la mer
Rouge. On y a trouvé la preuve du peu de bonne foi
des adversaires du canal, venant affirmer en plein
Parlement que ce travail était inexécutable. Mais
nous sommes loin d'avoir encore épuisé les témoi-
gnages que nous offre ce document. En présence d'une
opposition que nous avons le droit de regarder comme
systématique et qui n'épargne rien pour égarer l'o-
pinion, nous ne saurions trop prodiguer la dé-
monstration du succès certain et prévu de l'entre-
prise. C'est pour ce motif que nous allons recourir
encore aux informations produites par l'enquête.
Nous avons cité l'opinion du général Chesney sur
la facilité de creuser un canal de Suez à Péluse. In-
terrogé plusieurs fois, c'est aussi à plusieurs reprises
qu'il a insisté sur ce point, et son opinion a certes le
plus haut caractère d'impartialité, puisqu'il combattait
l'établissement du transit des malles par l'Égypte,
pour donner la préférence à la route par la vallée de
l'Euphrate. Voici cependant comment il s'exprime sur
les avantages qu'offre le trajet par l'ÉgYl:ie et sur
les facilités d'exécution d'un canal.
« L'Égypte n'offre d'autres avantages politiques ou
» mercantiles que ceux d'une communication rapide et
« sûre. Sous ce rapport, elle a été éprouvée et cette
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