Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1859 15 mars 1859
Description : 1859/03/15 (A4,N66). 1859/03/15 (A4,N66).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529501w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
94 L'ISTHME DE SUEZ, IIARDI 15 MARS.
conviction que les fantômes suscités aujourd'hui
autour de cette navigation presque inconnue à la
voile, s'évanouiront comme se sont évanouis ceux que
l'on signalait si affirmativement pour la vapeur.
Que le canal soit ouvert à nos caboteurs de la Mé-
diterranée, et ils feront promptement justice de ces
prétendues difficultés.
Clermont-Ferrand, le 21 février 1859.
MONSIEUR,
Le dernier numéro de PIsthme renferme, sur la navi-
gation du golfe et le rendement des terres en Egypte,
des remarques si justes et si intéressantes qu'après cela
il n'y a presque plus rien à ajouter. Voudriez-vous ce-
pendant permettre à un ancien marin quelques réflexions
supplémentaires ? Multiplions surabondamment les preu-
ves, afin de ne laisser ni doute ni incertitude dans l'es-
prit des actionnaires.
Des hommes inquiets prétendent que la traversée de
la mer Rouge sera interdite, une partie de l'année, aux
bâtiments à voiles. C'est une erreur facile à renverser;
mais cela nécessite des détails où nous serons bref.
Peut-on entrer et sortir de ce golfe pendant toute
l'année? Oui, lorsque les navires sont mus par la va-
peur, car l'expérience est là pour rendre, sur ce sujet,
toute démonstration superflue. Oui, encore, lorsqu'ils
ont le vent pour propulseur.
Prouvons cela par des faits. De quoi s'agit-il ? De deux
choses fort simples :
1° D'indiquer la direction des moussons dans le golfe
Arabique ;
2° D'établir le gisement de ce golfe.
Nous négligerons la recherche des causes qui trans-
forment les vents alisés de l'Atlantique en moussons
des mers de l'Inde. Il nous suffira d'indiquer que la
configuration des côtes orientales et sud de l'Afrique
et d'une partie de l'Asie fait dévier le vent du sud qui
souffle dans ces climats entre les deux équinoxes de
l'automne et du printemps, ou mieux d'octobre en avril,
et lui imprime, dans le Bengale et la mer Rouge, la di-
rection du S.-O. du monde (ne pas confondre avec le S.-O.
de la boussole).
Puis, six mois après, lorsque le soleil, franchissant de
nouveau l'équateur, inonde de lumière et de chaleur
l'hémispère boréal, un phénomène opposé se manifeste;
les moussons se renversent et les vents passent au N.-E.
Le gisement de la mer Rouge est du N.-N.-O. au S.-S.-E.
Cela est exact a quelques degrés près qui assurément
n'équivalent pas à un demi-quart de vent. Or si, d'une
part, la mousson souffle du S.-O. d'octobre en avril, et
qu'elle règne du N.-E. d'avril en octobre, et que d'autre
part il soit bien constaté que la mer Rouge court N.-N.-O.
et S.-S.-E. du monde, il deviendra de toute évidence
que pendant cette mousson du S.-O. les navires se ren-
dant de l'océan Indien dans la Méditerranée courront
grand largue bâbord amures (c'est-à-dire qu'ils rece-
vront le vent par la gauche), et feront bonne et facile
route pour se rendre au canal de Suez.
Mais en sera-t-il de même pour ceux qui passeront
d'Europe aux Indes ou en Chine? Oui, parce que si les
premiers ont une brise très-fa-vorable pour remonter la
mer ouge, les seconds, auront, pour la redescendre, le
vent largue moins deux quarts, c'est-à-dire qu'ils ne
leur sera pas nécessaire de serrer le vent afin de s'orien-
ter au plus près ; car, nous le répétons, le détroit de
Bab-cl-Mandeb n'est pas au S., mais au S.-S.-E. et
par conséquent les navires peuvent débouquer en re-
cevant par tribord six quarts de vent dans leur voilure.
La question est donc résolue affirmativement pour la
saison d'hiver, aller et retour. Voyons s'il en est de
même pour celle de l'été
La mousson du N.-E. règne d'avril ou mai en septem-
bre ou octobre. Un navire arrivant des mers du Japon,
de la Chine ou de l'Inde, peu importe, donnera dans la
passe de Bab-el-Mandeb avec des vents soufflant du
N.-E. Si ce bâtiment devait faire route au nord, cela se-
rait difficile; mais il aura, lui aussi, six quarts de vent
dans ses voiles; il peut donc donner dans le golfe sans
louvoyer. Quant à ceux qui tiennent une route opposée.
ils entreront dans le canal avec des vents grand largue
soufflant par bâbord, et qui les conduiront rapidement
dans l'océan Indien (1).
Maintenant voici les objections que l'on peut présen-
ter. A mesure que l'on s'éloigne du tropique du Cancer,
la mousson perd de sa régularité, et les vents devien-
nent variables.
Lorsque les vents passent au N.-O., il est impossible à
un bâtiment à voiles de remonter la mer Rouge, puis-
qu'il aurait le vent debout.
Mais les vents variant, il sera très-facile à un navire,
précisément parce qu'ils ne seront plus réguliers, de
profiter de leur inconstance pour louvoyer au besoin;
et certes, quoique cette mer soit étroite, elle a cepen-
dant en moyenne 40 lieues de large, et cela permet bien
de courir des bordées.
Quant à la seconde objection, elle est plus sé-
rieuse; mais (d'après Horsburg, Instructions naustiques
sur les mers de l'Inde, page 560), ce vent de N.-O. ne
souflerait qu'en juin, et halerait le N. et le N. E. pen-
dant les quatre mois d'été. D'ailleurs, nous le signa-
lons encore, on peut louvoyer, et une fois arrivés
en canal, des remorqueurs à vapeur conduiront les na-
vires dans la Méditerranée en dépit des vents et des
courants. Il en serait de même du détroit de Bab-el-
Mandeb. 11 nous semble que la Compagnie y établirait
des remorqueurs si besoin était !
Quant à la distance qui sépare l'Europe et l'Amérique
de l'Asie, puisqu'il est avéré qu'elle est en moyenne de
6,000 lieues par une route, et de 3,000 par l'autre, com-
ment se fait-il que l'on ait le courage de soutenir qu'il
n'existe qu'une différence de quinze à vingt jours pour
le parcours de ces 3,000 lieues ?
On mettait en doute que la vallée de Gessen pùt pro-
duire 240 fr. par hectare : on voit bien que l'auteur n'a
pas vu l'Auvergne. La chaleur et l'humidité sont, com-
me l'on sait, les deux plus puissants agents de la végé-
tation. Dieu nous a distribué la première avec parci-
monie, et la seconde un peu trop largement; et, no-
(1) Vous remarquerez, je vous prie, que l'officier James Jeakes,
que vous citez, ne parle que de saison favorable ou défavorable pour
remonter ou redescendre cette* m r, mais il n'est nul!» part- question
de l'impossibilité de le faire.
conviction que les fantômes suscités aujourd'hui
autour de cette navigation presque inconnue à la
voile, s'évanouiront comme se sont évanouis ceux que
l'on signalait si affirmativement pour la vapeur.
Que le canal soit ouvert à nos caboteurs de la Mé-
diterranée, et ils feront promptement justice de ces
prétendues difficultés.
Clermont-Ferrand, le 21 février 1859.
MONSIEUR,
Le dernier numéro de PIsthme renferme, sur la navi-
gation du golfe et le rendement des terres en Egypte,
des remarques si justes et si intéressantes qu'après cela
il n'y a presque plus rien à ajouter. Voudriez-vous ce-
pendant permettre à un ancien marin quelques réflexions
supplémentaires ? Multiplions surabondamment les preu-
ves, afin de ne laisser ni doute ni incertitude dans l'es-
prit des actionnaires.
Des hommes inquiets prétendent que la traversée de
la mer Rouge sera interdite, une partie de l'année, aux
bâtiments à voiles. C'est une erreur facile à renverser;
mais cela nécessite des détails où nous serons bref.
Peut-on entrer et sortir de ce golfe pendant toute
l'année? Oui, lorsque les navires sont mus par la va-
peur, car l'expérience est là pour rendre, sur ce sujet,
toute démonstration superflue. Oui, encore, lorsqu'ils
ont le vent pour propulseur.
Prouvons cela par des faits. De quoi s'agit-il ? De deux
choses fort simples :
1° D'indiquer la direction des moussons dans le golfe
Arabique ;
2° D'établir le gisement de ce golfe.
Nous négligerons la recherche des causes qui trans-
forment les vents alisés de l'Atlantique en moussons
des mers de l'Inde. Il nous suffira d'indiquer que la
configuration des côtes orientales et sud de l'Afrique
et d'une partie de l'Asie fait dévier le vent du sud qui
souffle dans ces climats entre les deux équinoxes de
l'automne et du printemps, ou mieux d'octobre en avril,
et lui imprime, dans le Bengale et la mer Rouge, la di-
rection du S.-O. du monde (ne pas confondre avec le S.-O.
de la boussole).
Puis, six mois après, lorsque le soleil, franchissant de
nouveau l'équateur, inonde de lumière et de chaleur
l'hémispère boréal, un phénomène opposé se manifeste;
les moussons se renversent et les vents passent au N.-E.
Le gisement de la mer Rouge est du N.-N.-O. au S.-S.-E.
Cela est exact a quelques degrés près qui assurément
n'équivalent pas à un demi-quart de vent. Or si, d'une
part, la mousson souffle du S.-O. d'octobre en avril, et
qu'elle règne du N.-E. d'avril en octobre, et que d'autre
part il soit bien constaté que la mer Rouge court N.-N.-O.
et S.-S.-E. du monde, il deviendra de toute évidence
que pendant cette mousson du S.-O. les navires se ren-
dant de l'océan Indien dans la Méditerranée courront
grand largue bâbord amures (c'est-à-dire qu'ils rece-
vront le vent par la gauche), et feront bonne et facile
route pour se rendre au canal de Suez.
Mais en sera-t-il de même pour ceux qui passeront
d'Europe aux Indes ou en Chine? Oui, parce que si les
premiers ont une brise très-fa-vorable pour remonter la
mer ouge, les seconds, auront, pour la redescendre, le
vent largue moins deux quarts, c'est-à-dire qu'ils ne
leur sera pas nécessaire de serrer le vent afin de s'orien-
ter au plus près ; car, nous le répétons, le détroit de
Bab-cl-Mandeb n'est pas au S., mais au S.-S.-E. et
par conséquent les navires peuvent débouquer en re-
cevant par tribord six quarts de vent dans leur voilure.
La question est donc résolue affirmativement pour la
saison d'hiver, aller et retour. Voyons s'il en est de
même pour celle de l'été
La mousson du N.-E. règne d'avril ou mai en septem-
bre ou octobre. Un navire arrivant des mers du Japon,
de la Chine ou de l'Inde, peu importe, donnera dans la
passe de Bab-el-Mandeb avec des vents soufflant du
N.-E. Si ce bâtiment devait faire route au nord, cela se-
rait difficile; mais il aura, lui aussi, six quarts de vent
dans ses voiles; il peut donc donner dans le golfe sans
louvoyer. Quant à ceux qui tiennent une route opposée.
ils entreront dans le canal avec des vents grand largue
soufflant par bâbord, et qui les conduiront rapidement
dans l'océan Indien (1).
Maintenant voici les objections que l'on peut présen-
ter. A mesure que l'on s'éloigne du tropique du Cancer,
la mousson perd de sa régularité, et les vents devien-
nent variables.
Lorsque les vents passent au N.-O., il est impossible à
un bâtiment à voiles de remonter la mer Rouge, puis-
qu'il aurait le vent debout.
Mais les vents variant, il sera très-facile à un navire,
précisément parce qu'ils ne seront plus réguliers, de
profiter de leur inconstance pour louvoyer au besoin;
et certes, quoique cette mer soit étroite, elle a cepen-
dant en moyenne 40 lieues de large, et cela permet bien
de courir des bordées.
Quant à la seconde objection, elle est plus sé-
rieuse; mais (d'après Horsburg, Instructions naustiques
sur les mers de l'Inde, page 560), ce vent de N.-O. ne
souflerait qu'en juin, et halerait le N. et le N. E. pen-
dant les quatre mois d'été. D'ailleurs, nous le signa-
lons encore, on peut louvoyer, et une fois arrivés
en canal, des remorqueurs à vapeur conduiront les na-
vires dans la Méditerranée en dépit des vents et des
courants. Il en serait de même du détroit de Bab-el-
Mandeb. 11 nous semble que la Compagnie y établirait
des remorqueurs si besoin était !
Quant à la distance qui sépare l'Europe et l'Amérique
de l'Asie, puisqu'il est avéré qu'elle est en moyenne de
6,000 lieues par une route, et de 3,000 par l'autre, com-
ment se fait-il que l'on ait le courage de soutenir qu'il
n'existe qu'une différence de quinze à vingt jours pour
le parcours de ces 3,000 lieues ?
On mettait en doute que la vallée de Gessen pùt pro-
duire 240 fr. par hectare : on voit bien que l'auteur n'a
pas vu l'Auvergne. La chaleur et l'humidité sont, com-
me l'on sait, les deux plus puissants agents de la végé-
tation. Dieu nous a distribué la première avec parci-
monie, et la seconde un peu trop largement; et, no-
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que vous citez, ne parle que de saison favorable ou défavorable pour
remonter ou redescendre cette* m r, mais il n'est nul!» part- question
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