Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1859 01 mars 1859
Description : 1859/03/01 (A4,N65). 1859/03/01 (A4,N65).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529500g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
68 L'ISTHME DE SUEZ, MARDI 1" MARS.
1,200 000 fr. pour la garantie des obligations qu'il a con-
tractées.
Nous passons dans cette analyse sur les articles régle-
mentaires relatifs au mode de paiement et aux diverses
questions d'ordre et de comptabilité, pour arriver direc-
tement à ce qui nous parait être une des dispositions les
plus sages, les plus intelligentes et les plus libérales du
traité.
Les économies obtenues sur les prix de base des devis
seront partagées entre l'entrepreneur et la Compagnie
de façon à faire pencher la balance du côté de la Com-
pagnie. Sur ces profits, qu'il faut attendre, puisqu'ils sont
la seule rémunération de l'entrepreneur, 60 010 sont
attribués à la Compagnie, 40 0/0 à l'entrepreneur. Ainsi
les deux parties sont intéressées à la meilleure admi-
nistration possible des travaux. Il y aura concours entre
elles pour ménager la dépense dans la mesure d'une
exécution convenable et de la solidité; mais il était d'un
haut prix de s'assurer un troisième concours qui achève
sur des bases aussi morales que justes une association
avantageuse [entre le travail et le capital. La Compagnie
a stipulé que l'entrepreneur devrait intéresser ses pro-
pres travailleurs d'au moins 25 0/0 à la participation de
ses bénéfices.
Ce système, nous devons le dire, a réussi admirable-
ment à M. Hardon dans d'autres entreprises analogues
sinon identiques. 11 confond, en effet, dans la même
pensée et dans le même but, tous les agents et tous les
bénéficiaires du travail; il crée une émulation entre
tous, pour arriver à la plus complète réalisation possible
de l'intérêt commun. La Compagnie est l'émule et
l'auxiliaire de l'entrepreneur; les travailleurs, subor-
donnés de l'entrepreneur, sont les émules et les auxi-
liaires de la Compagnie ; et de cette émulation de volon-
tés, de surveillances et d'actions, nous n'hésitons pas
à penser qu'on est en droit d'attendre les plus beaux
résultats.
Les promoteurs du canal de Suez marchent donc d'un
pas ferme et continu dans la voie au bout de laquelle
est la réalisation d'un projet dont le succès est l'espoir
du monde. On leur a dit que leur œuvre était maté-
riellement impraticable; la science a prouvé le con-
traire. On leur a dit ensuite qu'elle était financièrement
impossible ; la souscription de l'Europe et le traité que
nous venons d'examiner ont prouvé la vanité de cette
seconde assertion. De tous leurs arguments systémati-
ques, il ne leur en reste plus qu'un : le canal ne sera
pas rémunératoire. L'événement viendra les déloger de
cette dernière position comme, dès à présent, il les a
confondus dans les deux autres.
ERNEST DESPLACES.
LE NICARAGUA, L'ÉGYPTE & L'ANGLETERRE.
Une correspondance de Nicaragua nous fournit les
détails suivants :
Sir William Gore Ouseley, ministre plénipotentiaire
du gouvernement anglais, était arrivé à Managua, siège
du gouvernement nicaraguain. Le ministre britanni-
que, en remettant ses lettres de créance au président.
a prononcé un discours qui confirme pleinement tout
ce qui avait déjà transpiré sur le plan adopté d'un
commun accord par les États-Unis, l'Angleterre et la
France, pour le règlement définitif de la question cen-
tre-américaine. -
« Toutes les nations civilisées ont intérêt, a dit sir
» W. Ouseley, à maintenir libre de toute interruption
Il le passage si libéralement concédé par le Nicaragua
» à travers les territoires que la Providence a placés
Il sous sa souveraineté légale et indépendante. Il y a
Il bénéfice pour toutes à ce que cette indépendance
a soit maintenue et à ce que le Nicaragua devienne
Il un des grands traits d'union entre les deux hémi-
» sphères. »
Nous aimons à voir l'Angleterre se placer ainsi,
par ses paroles et ses actes, à la tête des peuples qui
veulent favoriser les progrès de la navigation et mul-
tiplier les facilités des relations internationales. Le
percement de l'isthme américain est sans contredit
une entreprise digne de tout encouragement et de
toute sympathie. Nous en désirons cordialement le
succès. Nous y applaudirons, très-convaincus que
cette route ne nuira en rien à celle de Suez, et nous
mettrions d'ailleurs l'intérêt général au-dessus d'un
intérêt partiel, quelque grand qu'il pût être. Mais s'il
y a intérêt pour la civilisation à ce que, pour nous
servir des termes du représentant britannique, le
Nicaragua devienne un des grands traits d'union en-
tre les deux hémisphères, le même intérêt n'existe-t-
il point pour l'isthme qui sépare la Méditerranée de
la mer Rouge? Comment, comme nous Tavons fait
observer plus d'une fois, l'Angleterre peut-elle, d'un
côté, prêter la main à l'ouverture de la presqu'île de
Malacca, réclamer l'indépendance et l'exécution du 1
canal du Nicaragua, et repousser en même temps
l'ouverture de l'isthme égyptien? Il y aurait là une
contradiction si manifeste, un cynisme si scandaleux,
qu'à coup sûr ils ne peuvent être dans la pensée ni
du gouvernement, ni de la nation de la Grande-Bre-
tagne. Nous sommes donc autorisés a considérer les
déclarations de M. Ouseley sur le canal de Nicaragua
comme une renonciation à cette politique qui pré-
tendait imposer aux nations les chemins maritimes
les plus longs et les plus coûteux, pour en réserver
le monopole à la marine la plus nombreuse et la plus
riche. Si le principe de l'ouverture des isthmes est
légitime et juste du côté des États-Unis, il ne peut
pas être injuste et combattu du côté des mers orien-
tales. Si l'indépendance du Nicaragua doit être main-
tenue et respectée contre des prétentions exclusives,
l'indépendance et la volonté de l'Égypte ont les mê-
mes droits contre des prétentions de même nature.
Au surplus, nous avons de bonnes raisons de penser
que la question est chaque jour davantage envisagée
dans ce sens par l'opinion publique en Angleterre.
Cette opinion qui n'a jamais partagé, sur ce point,
les sentiments d'un certain vieux parti, commence à
I
1,200 000 fr. pour la garantie des obligations qu'il a con-
tractées.
Nous passons dans cette analyse sur les articles régle-
mentaires relatifs au mode de paiement et aux diverses
questions d'ordre et de comptabilité, pour arriver direc-
tement à ce qui nous parait être une des dispositions les
plus sages, les plus intelligentes et les plus libérales du
traité.
Les économies obtenues sur les prix de base des devis
seront partagées entre l'entrepreneur et la Compagnie
de façon à faire pencher la balance du côté de la Com-
pagnie. Sur ces profits, qu'il faut attendre, puisqu'ils sont
la seule rémunération de l'entrepreneur, 60 010 sont
attribués à la Compagnie, 40 0/0 à l'entrepreneur. Ainsi
les deux parties sont intéressées à la meilleure admi-
nistration possible des travaux. Il y aura concours entre
elles pour ménager la dépense dans la mesure d'une
exécution convenable et de la solidité; mais il était d'un
haut prix de s'assurer un troisième concours qui achève
sur des bases aussi morales que justes une association
avantageuse [entre le travail et le capital. La Compagnie
a stipulé que l'entrepreneur devrait intéresser ses pro-
pres travailleurs d'au moins 25 0/0 à la participation de
ses bénéfices.
Ce système, nous devons le dire, a réussi admirable-
ment à M. Hardon dans d'autres entreprises analogues
sinon identiques. 11 confond, en effet, dans la même
pensée et dans le même but, tous les agents et tous les
bénéficiaires du travail; il crée une émulation entre
tous, pour arriver à la plus complète réalisation possible
de l'intérêt commun. La Compagnie est l'émule et
l'auxiliaire de l'entrepreneur; les travailleurs, subor-
donnés de l'entrepreneur, sont les émules et les auxi-
liaires de la Compagnie ; et de cette émulation de volon-
tés, de surveillances et d'actions, nous n'hésitons pas
à penser qu'on est en droit d'attendre les plus beaux
résultats.
Les promoteurs du canal de Suez marchent donc d'un
pas ferme et continu dans la voie au bout de laquelle
est la réalisation d'un projet dont le succès est l'espoir
du monde. On leur a dit que leur œuvre était maté-
riellement impraticable; la science a prouvé le con-
traire. On leur a dit ensuite qu'elle était financièrement
impossible ; la souscription de l'Europe et le traité que
nous venons d'examiner ont prouvé la vanité de cette
seconde assertion. De tous leurs arguments systémati-
ques, il ne leur en reste plus qu'un : le canal ne sera
pas rémunératoire. L'événement viendra les déloger de
cette dernière position comme, dès à présent, il les a
confondus dans les deux autres.
ERNEST DESPLACES.
LE NICARAGUA, L'ÉGYPTE & L'ANGLETERRE.
Une correspondance de Nicaragua nous fournit les
détails suivants :
Sir William Gore Ouseley, ministre plénipotentiaire
du gouvernement anglais, était arrivé à Managua, siège
du gouvernement nicaraguain. Le ministre britanni-
que, en remettant ses lettres de créance au président.
a prononcé un discours qui confirme pleinement tout
ce qui avait déjà transpiré sur le plan adopté d'un
commun accord par les États-Unis, l'Angleterre et la
France, pour le règlement définitif de la question cen-
tre-américaine. -
« Toutes les nations civilisées ont intérêt, a dit sir
» W. Ouseley, à maintenir libre de toute interruption
Il le passage si libéralement concédé par le Nicaragua
» à travers les territoires que la Providence a placés
Il sous sa souveraineté légale et indépendante. Il y a
Il bénéfice pour toutes à ce que cette indépendance
a soit maintenue et à ce que le Nicaragua devienne
Il un des grands traits d'union entre les deux hémi-
» sphères. »
Nous aimons à voir l'Angleterre se placer ainsi,
par ses paroles et ses actes, à la tête des peuples qui
veulent favoriser les progrès de la navigation et mul-
tiplier les facilités des relations internationales. Le
percement de l'isthme américain est sans contredit
une entreprise digne de tout encouragement et de
toute sympathie. Nous en désirons cordialement le
succès. Nous y applaudirons, très-convaincus que
cette route ne nuira en rien à celle de Suez, et nous
mettrions d'ailleurs l'intérêt général au-dessus d'un
intérêt partiel, quelque grand qu'il pût être. Mais s'il
y a intérêt pour la civilisation à ce que, pour nous
servir des termes du représentant britannique, le
Nicaragua devienne un des grands traits d'union en-
tre les deux hémisphères, le même intérêt n'existe-t-
il point pour l'isthme qui sépare la Méditerranée de
la mer Rouge? Comment, comme nous Tavons fait
observer plus d'une fois, l'Angleterre peut-elle, d'un
côté, prêter la main à l'ouverture de la presqu'île de
Malacca, réclamer l'indépendance et l'exécution du 1
canal du Nicaragua, et repousser en même temps
l'ouverture de l'isthme égyptien? Il y aurait là une
contradiction si manifeste, un cynisme si scandaleux,
qu'à coup sûr ils ne peuvent être dans la pensée ni
du gouvernement, ni de la nation de la Grande-Bre-
tagne. Nous sommes donc autorisés a considérer les
déclarations de M. Ouseley sur le canal de Nicaragua
comme une renonciation à cette politique qui pré-
tendait imposer aux nations les chemins maritimes
les plus longs et les plus coûteux, pour en réserver
le monopole à la marine la plus nombreuse et la plus
riche. Si le principe de l'ouverture des isthmes est
légitime et juste du côté des États-Unis, il ne peut
pas être injuste et combattu du côté des mers orien-
tales. Si l'indépendance du Nicaragua doit être main-
tenue et respectée contre des prétentions exclusives,
l'indépendance et la volonté de l'Égypte ont les mê-
mes droits contre des prétentions de même nature.
Au surplus, nous avons de bonnes raisons de penser
que la question est chaque jour davantage envisagée
dans ce sens par l'opinion publique en Angleterre.
Cette opinion qui n'a jamais partagé, sur ce point,
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