Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1859 01 mars 1859
Description : 1859/03/01 (A4,N65). 1859/03/01 (A4,N65).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529500g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
TJRG L'ISTHME DE SUEZ, MARDI 1ER MARS,
combiner, par un sage équilibre, l'économie des
frais et l'économie du temps.
Nous n'hésitons pas à le prédire, et nous le prédi-
sons à coup sûr, si la voile persiste à prendre la route
du cap de Bonne-Espérance, son règne est fini. Nous
allons plus loin : nous disons que l'union de la mer
Rouge et de la Méditerranée l'oblige à la transfor-
mation que nous venons d'indiquer, aussi sûrement
que le besoin de l'équilibre des forces a obligé les ma-
rines militaires à remplacer ou à seconder la voile par
la vapeur dans les vaisseaux de guerre.
Pour nous, en récapitulant toutes les conditions de
succès du canal de Suez et tous les services qu'il est
destiné à rendre aux communications internationales,
en considérant tous les éléments qu'il ne peut man-
quer d'appeler à lui, ou qu'il est destiné à faire
naître, en nous rappelant dans quelles proportions inat-
tendues le perfectionnement des routes et des procédés
de transport a invariablement multiplié leur mouve-
ment et leur circulation, en faisant la part de l'im-
prévu, en nous mettant au point de vue du pis-aller,
en réduisant les bonnes chances, en exagérant les
mauvaises dans toute la mesure du vraisemblable et
du possible, nous restons profondément et ferme-
ment convaincus que le canal de Suez recevra à coup
sûr dans ses eaux 3,000,000 de tonneaux par année,
et qu'à l'épreuve dans la succession des progrès qui
se préparent, cette évaluation modeste sera promp
tement constatée avoir été au-dessous de la réalité.
ERNEST DESPLACES.
LA NAVIGATION ENTRE LA CHINE, L'INDE ET LA MER ROUGE.
A propos des discussions que nous avons souvent
soutenues, nous recevons d'un honorable membre de
la marine de Bordeaux, une lettre présentant des
renseignements pratiques sur les questions si contro-
versées de la facilité des communications entre l'Eu-
rope et l'Asie par la mer Rouge. Le public certaine-
ment lira cette lettre avec intérêt et profit, et nous
ne saurions trop nous applaudir de voir les hommes
compétents, les hommes du métier, apporter ainsi
dans cet examen le concours de leurs lumières et le
tribut de leur expérience.
ERNEST DESPLACES.
Bordeaux, 15 février 1859.
Monsieur,
La lecture de votre très-judicieuse défense contre
des attaques aveugles, ou pour le moins irréfléchies,
vont est l'objet la glorieuse et éminemment utile en-
treprise au succès de laquelle est consacré votre esti-
mable journal, me suggère quelques réflexions que je
prends la liberté de vous soumettre et dont vous pou-
rez faire l'usage que vous jugerez à propos.
Ce n'est point seulement aux îles Maurice et Bour-
bon qu'a lieu le grand mouvement commercial d'ex-
portation, du mois d'octobre au mois de mars ; il en
est aussi de même dans l'Inde, aux Philippines et en
Chine.
En effet, les navires arrivent au Bengale en sep-
tembre et octobre, ils chargent en novembre, dé-
cembre et janvier, et reviennent en Europe ou en
Amérique.
C'est encore à la même époque qu'ont lieu les arri-
vages en Chine, d'où ils effectuent leur retour d'oc-
tobre à février.
Ainsi, calculant la durée du trajet de Canton à
Suez pour un navire à voiles, durant la mousson
de N.-E., on peut la fixer comme suit :
De la rivière de Canton à Singapore.. 7 jours.
De Singapore à la tête d'Achen. , , 5
De la tête d'Achen aux Maldives. , , 7
Des Maldives au détroit de Bab-el-Mandeb 9
Du détroit à Suez 12
Total. , , , ., 40 jours.
Si le navire part de l'Hoogly, il lui faudra dix
jours de moins, et moins encore, s'il part de Mau-
rice ou Bourbon.
Les navires venant du nord de la mer de Chine
raccourciront leur trajet de 200 lieues, au moins, en
prenant le détroit de Malacca, et ils auront le vent
favorable pour traverser le golfe du Bengale, comme
pour franchir l'océan Indien au sud du golfe Persique.
Le détroit de Malacca est praticable en toute saison,
soit pour aller au Nord, soit pour aller au Sud, mais
d'une navigation plus particulièrement aisée pendant
la mousson du N.-E. (Voir Horsburg.)
Le détroit de la Sonde présente souvent des diffi-
cultés aux navires qui se dirigent vers l'Ouest, d'oc-
tobre en mars, et comme les vents soufflent du N.-O.
au sud de l'équateur à cette époque, ils éprouve
raient des contrariétés qui sont évitées en passan
par Malacca, attendu que jusques au détroit on ne -
sortira pas de la région des vents de N.-E., où l'on aura
toujours beau temps et bon vent jusques à Aden. Pour-
quoi donc, alors, les faire passer par le détroit de la
Sonde?
Du 15 mai au 15 août, les navires seront favorisés
pour traver er la mer Rouge ; en allant de Suez à
Aden, ils pourront facilement faire le trajet en huit
jours, et dans l'océan Indien, les vents d'ouest et de
S.-O. leur permettront de s'en éloigner rapidement.
Ceux qui d'Europe partiront sur lest, ou avec un
chargement incomplet pour Bourbon, pourront, sans ,
perdre beaucoup de temps, faire escale à la côte de
Coromandel, s'y compléter avec du riz ou des coolies,
et faire ainsi un fret d'aller, en mettant un tiers
moins de temps qu'il n'en faut pour la route par le
cap de Bonne-Espérance.
- Il est sans doute regrettable que toutes les saisons
combiner, par un sage équilibre, l'économie des
frais et l'économie du temps.
Nous n'hésitons pas à le prédire, et nous le prédi-
sons à coup sûr, si la voile persiste à prendre la route
du cap de Bonne-Espérance, son règne est fini. Nous
allons plus loin : nous disons que l'union de la mer
Rouge et de la Méditerranée l'oblige à la transfor-
mation que nous venons d'indiquer, aussi sûrement
que le besoin de l'équilibre des forces a obligé les ma-
rines militaires à remplacer ou à seconder la voile par
la vapeur dans les vaisseaux de guerre.
Pour nous, en récapitulant toutes les conditions de
succès du canal de Suez et tous les services qu'il est
destiné à rendre aux communications internationales,
en considérant tous les éléments qu'il ne peut man-
quer d'appeler à lui, ou qu'il est destiné à faire
naître, en nous rappelant dans quelles proportions inat-
tendues le perfectionnement des routes et des procédés
de transport a invariablement multiplié leur mouve-
ment et leur circulation, en faisant la part de l'im-
prévu, en nous mettant au point de vue du pis-aller,
en réduisant les bonnes chances, en exagérant les
mauvaises dans toute la mesure du vraisemblable et
du possible, nous restons profondément et ferme-
ment convaincus que le canal de Suez recevra à coup
sûr dans ses eaux 3,000,000 de tonneaux par année,
et qu'à l'épreuve dans la succession des progrès qui
se préparent, cette évaluation modeste sera promp
tement constatée avoir été au-dessous de la réalité.
ERNEST DESPLACES.
LA NAVIGATION ENTRE LA CHINE, L'INDE ET LA MER ROUGE.
A propos des discussions que nous avons souvent
soutenues, nous recevons d'un honorable membre de
la marine de Bordeaux, une lettre présentant des
renseignements pratiques sur les questions si contro-
versées de la facilité des communications entre l'Eu-
rope et l'Asie par la mer Rouge. Le public certaine-
ment lira cette lettre avec intérêt et profit, et nous
ne saurions trop nous applaudir de voir les hommes
compétents, les hommes du métier, apporter ainsi
dans cet examen le concours de leurs lumières et le
tribut de leur expérience.
ERNEST DESPLACES.
Bordeaux, 15 février 1859.
Monsieur,
La lecture de votre très-judicieuse défense contre
des attaques aveugles, ou pour le moins irréfléchies,
vont est l'objet la glorieuse et éminemment utile en-
treprise au succès de laquelle est consacré votre esti-
mable journal, me suggère quelques réflexions que je
prends la liberté de vous soumettre et dont vous pou-
rez faire l'usage que vous jugerez à propos.
Ce n'est point seulement aux îles Maurice et Bour-
bon qu'a lieu le grand mouvement commercial d'ex-
portation, du mois d'octobre au mois de mars ; il en
est aussi de même dans l'Inde, aux Philippines et en
Chine.
En effet, les navires arrivent au Bengale en sep-
tembre et octobre, ils chargent en novembre, dé-
cembre et janvier, et reviennent en Europe ou en
Amérique.
C'est encore à la même époque qu'ont lieu les arri-
vages en Chine, d'où ils effectuent leur retour d'oc-
tobre à février.
Ainsi, calculant la durée du trajet de Canton à
Suez pour un navire à voiles, durant la mousson
de N.-E., on peut la fixer comme suit :
De la rivière de Canton à Singapore.. 7 jours.
De Singapore à la tête d'Achen. , , 5
De la tête d'Achen aux Maldives. , , 7
Des Maldives au détroit de Bab-el-Mandeb 9
Du détroit à Suez 12
Total. , , , ., 40 jours.
Si le navire part de l'Hoogly, il lui faudra dix
jours de moins, et moins encore, s'il part de Mau-
rice ou Bourbon.
Les navires venant du nord de la mer de Chine
raccourciront leur trajet de 200 lieues, au moins, en
prenant le détroit de Malacca, et ils auront le vent
favorable pour traverser le golfe du Bengale, comme
pour franchir l'océan Indien au sud du golfe Persique.
Le détroit de Malacca est praticable en toute saison,
soit pour aller au Nord, soit pour aller au Sud, mais
d'une navigation plus particulièrement aisée pendant
la mousson du N.-E. (Voir Horsburg.)
Le détroit de la Sonde présente souvent des diffi-
cultés aux navires qui se dirigent vers l'Ouest, d'oc-
tobre en mars, et comme les vents soufflent du N.-O.
au sud de l'équateur à cette époque, ils éprouve
raient des contrariétés qui sont évitées en passan
par Malacca, attendu que jusques au détroit on ne -
sortira pas de la région des vents de N.-E., où l'on aura
toujours beau temps et bon vent jusques à Aden. Pour-
quoi donc, alors, les faire passer par le détroit de la
Sonde?
Du 15 mai au 15 août, les navires seront favorisés
pour traver er la mer Rouge ; en allant de Suez à
Aden, ils pourront facilement faire le trajet en huit
jours, et dans l'océan Indien, les vents d'ouest et de
S.-O. leur permettront de s'en éloigner rapidement.
Ceux qui d'Europe partiront sur lest, ou avec un
chargement incomplet pour Bourbon, pourront, sans ,
perdre beaucoup de temps, faire escale à la côte de
Coromandel, s'y compléter avec du riz ou des coolies,
et faire ainsi un fret d'aller, en mettant un tiers
moins de temps qu'il n'en faut pour la route par le
cap de Bonne-Espérance.
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