Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1859 01 mars 1859
Description : 1859/03/01 (A4,N65). 1859/03/01 (A4,N65).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529500g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
74 L'ISTHME DE SUEZ, MARDI 1er MARS.
dant huit mois traverser la mer Rouge, et les na- la saison où les vents et les courants portent les na-
vire partant d'Europe ne le pourront que pendant vires cing-lant de l'Asie vers le détroit de Bab-el-
quatre mois. Mais d'Europe les cargaisons sont tou- Mandeb et vers la Méditerranée.
jours à peu près moins complètes que les cargaisons En face de ces faits à la fois météorologiques et
portées de l'Inde, par la raison que de l'Europe à l'O- géographiques, y a-t-il la plus légère témérité à cal-
rient on transporte en général du numéraire et des culer que le canal de Suez prendra une simple moitié
articles manufacturés, c'est-à-dire des objets d'une des transports qui s'effectuent actuellement par le
grande valeur sous un petit volume, tandis que l'O- cap de Bonne -Espérance ?
rient nous envoie principalement des matières pre- Quel est cependant le chiffre actuel des transports
mières, des produits encombrants, c'est-à-dire des entre l'Orient et l'Occident du monde? Là-dessus
objets d'une beaucoup moindre valeur relative sous les statistiques ne nous fournissent que des renseigne-
un plus gros volume. Ainsi, dans l'intercourse, la part ments incomplets et insunisants. Quelques indica-
du tonnage importée des Indes en Europe est très- tions, cependant, pourront servir à en faire juger
largement supérieure à la part de tonnage importée l'étendue. Nous avons mentionné que l'île Maurice
de l'Europe dans les Indes; et en admettant que la avait présenté, dans l'année 1857, un mouvement d'en-
navigation de l'Inde en Europe par la mer Rouge ne trée et de sortie de 1,100,000 tonneaux. Dans la même
soit avantageusement praticable que les deux tiers année, le seul port de Calcutta avait un mouvement
de l'année, tandis que la navigation de l'Europe avec analogue de 1,300,000 tonneaux, soit, sur ces deux
les Indes ne sera praticable que l'autre tiers, il est points seulement de ces vastes contrées si produc-
bien évident qu'il faut compter bien plus de la moitié tives et si actives, 2,400,000 tonneaux. On est d'ac-
du tonnage total du côté des navires qui se dirigeront cord à évaluer le passage des navires au cap à un
par l'isthme de Suez, et bien moins de cette moitié minimum de 4,000,000 de tonneaux de jauge légale,
du côté de ceux qui prendront la voie du cap de et comme la jauge légale est toujours d'un quart au
Bonne-Espérance. moins, et même d'un tiers, au-dessous de la jauge
Une autre circonstance capitale vient donner à cette réelle, le tonnage réel serait de 5,000,000 de ton-
considération une force de plus. La saison dans la- neaux. Mais, nous l'avons dit, ce n'est là qu'un
quelle on veut bien nous accorder la navigabilité minimum. Il est très-difficile, pour ne pas dire im-
facile et avantageuse de la mer Rouge, s'étend d'oc- possible, de mesurer en chiffres exacts l'intercourse
tobre à mai. Nous avons déjà vu, par l'aveu d'un de qui s'effectue entre tant de peuples divers de l'Orient
nos plus ardents antagonistes, que dans cette période et de l'Occident. Là-dessus la statistique officielle est
s'opère la masse des transports d'Asie en Europe pour tout à fait insuffisante, et elle le proclame elle-même
l'île Maurice et la Réunion. Il en est de même pour Après avoir donné pour 1853 un aperçu partiel de
le reste des grands marchés asiatiques. Le fait nous cette navigation :
est encore attesté par la lettre remarquable que nous « Si l'on réunissait dans un même total, faisaient
publions plus loin, et où M. Bonnet, capitaine au » observer les Annales officielles du Commerce extérieur,
long cours du port de Bordeaux, a l'obligeance de 9 les transactions dont ces mers sont le théâtre,
nous fournir le concours de son expérience et de ses » si l'on tenait compte également des mouvements au-
connaissances personnelles. Il affirme, comme nous, » jourd'hui si fréquents et si rapides des services de
que la grande masse des expéditions orientales en » vapeurs qui relient l'Inde à l'Europe et à l'Ameri-
Europe s'opèrent d'octobre à mai. Cette somme de » que et échangent indépendamment des malles, des
transports ira donc, sans que nos adversaires eux- » dépêches et des groups de numéraire, des flots de
mêmes puissent le nier, au canal de Suez. En même » passagers et de colons, on arriverait aisément, y
temps, ce premier fait en détermine un autre non » compris les transactions américaines, à tripler, a
moins inévitable. Si les vaisseaux partant d'Europe » quadrupler peut-être, les chiffres cités plus haut. »
doivent trouver abondamment leur fret de retour dans Là est la vérité et la vérité constatée par l'autorité
ce qu'on appelle pour la mer Rouge la saison d'hiver, la plus capable de la bien connaître ; ajoutons que
ils feront voile d'Europe dans la saison d'été, c'est- chaque année la progression s'élève dans cette inter-
à-dire dans la saison où les vents du golfe Arabique course entre ces deux parties du globe. Ajoutons que
permettent aux mauvaises barques indigènes de tra- depuis les événements récents, le tonnage du com-
verser la mer Indienne en douze à quatorze jours. merce entre la Chine et l'Occident a grandi, d'après
Ainsi, par la nature même des choses, par les com- les meilleures informations, dans des proportions ines-
binaisons et les exigences des saisons et des vents, pérées. Ajoutons que ce mouvement est très-loin
par les habitudes du commerce, pour les bénéfices du d'avoir épuisé sa période ascendante ; que le canal
voyage, il faut aller d'Occident en Orient dans la de Suez est destiné à donner à ces transactions une
saison où la mer Rouge favorise le trajet dans cette activité dont la conscience universelle a le profond
direction, et il faut aller d'Orient en Occident dans sentiment, et certes on peut avouer sans impru-
dant huit mois traverser la mer Rouge, et les na- la saison où les vents et les courants portent les na-
vire partant d'Europe ne le pourront que pendant vires cing-lant de l'Asie vers le détroit de Bab-el-
quatre mois. Mais d'Europe les cargaisons sont tou- Mandeb et vers la Méditerranée.
jours à peu près moins complètes que les cargaisons En face de ces faits à la fois météorologiques et
portées de l'Inde, par la raison que de l'Europe à l'O- géographiques, y a-t-il la plus légère témérité à cal-
rient on transporte en général du numéraire et des culer que le canal de Suez prendra une simple moitié
articles manufacturés, c'est-à-dire des objets d'une des transports qui s'effectuent actuellement par le
grande valeur sous un petit volume, tandis que l'O- cap de Bonne -Espérance ?
rient nous envoie principalement des matières pre- Quel est cependant le chiffre actuel des transports
mières, des produits encombrants, c'est-à-dire des entre l'Orient et l'Occident du monde? Là-dessus
objets d'une beaucoup moindre valeur relative sous les statistiques ne nous fournissent que des renseigne-
un plus gros volume. Ainsi, dans l'intercourse, la part ments incomplets et insunisants. Quelques indica-
du tonnage importée des Indes en Europe est très- tions, cependant, pourront servir à en faire juger
largement supérieure à la part de tonnage importée l'étendue. Nous avons mentionné que l'île Maurice
de l'Europe dans les Indes; et en admettant que la avait présenté, dans l'année 1857, un mouvement d'en-
navigation de l'Inde en Europe par la mer Rouge ne trée et de sortie de 1,100,000 tonneaux. Dans la même
soit avantageusement praticable que les deux tiers année, le seul port de Calcutta avait un mouvement
de l'année, tandis que la navigation de l'Europe avec analogue de 1,300,000 tonneaux, soit, sur ces deux
les Indes ne sera praticable que l'autre tiers, il est points seulement de ces vastes contrées si produc-
bien évident qu'il faut compter bien plus de la moitié tives et si actives, 2,400,000 tonneaux. On est d'ac-
du tonnage total du côté des navires qui se dirigeront cord à évaluer le passage des navires au cap à un
par l'isthme de Suez, et bien moins de cette moitié minimum de 4,000,000 de tonneaux de jauge légale,
du côté de ceux qui prendront la voie du cap de et comme la jauge légale est toujours d'un quart au
Bonne-Espérance. moins, et même d'un tiers, au-dessous de la jauge
Une autre circonstance capitale vient donner à cette réelle, le tonnage réel serait de 5,000,000 de ton-
considération une force de plus. La saison dans la- neaux. Mais, nous l'avons dit, ce n'est là qu'un
quelle on veut bien nous accorder la navigabilité minimum. Il est très-difficile, pour ne pas dire im-
facile et avantageuse de la mer Rouge, s'étend d'oc- possible, de mesurer en chiffres exacts l'intercourse
tobre à mai. Nous avons déjà vu, par l'aveu d'un de qui s'effectue entre tant de peuples divers de l'Orient
nos plus ardents antagonistes, que dans cette période et de l'Occident. Là-dessus la statistique officielle est
s'opère la masse des transports d'Asie en Europe pour tout à fait insuffisante, et elle le proclame elle-même
l'île Maurice et la Réunion. Il en est de même pour Après avoir donné pour 1853 un aperçu partiel de
le reste des grands marchés asiatiques. Le fait nous cette navigation :
est encore attesté par la lettre remarquable que nous « Si l'on réunissait dans un même total, faisaient
publions plus loin, et où M. Bonnet, capitaine au » observer les Annales officielles du Commerce extérieur,
long cours du port de Bordeaux, a l'obligeance de 9 les transactions dont ces mers sont le théâtre,
nous fournir le concours de son expérience et de ses » si l'on tenait compte également des mouvements au-
connaissances personnelles. Il affirme, comme nous, » jourd'hui si fréquents et si rapides des services de
que la grande masse des expéditions orientales en » vapeurs qui relient l'Inde à l'Europe et à l'Ameri-
Europe s'opèrent d'octobre à mai. Cette somme de » que et échangent indépendamment des malles, des
transports ira donc, sans que nos adversaires eux- » dépêches et des groups de numéraire, des flots de
mêmes puissent le nier, au canal de Suez. En même » passagers et de colons, on arriverait aisément, y
temps, ce premier fait en détermine un autre non » compris les transactions américaines, à tripler, a
moins inévitable. Si les vaisseaux partant d'Europe » quadrupler peut-être, les chiffres cités plus haut. »
doivent trouver abondamment leur fret de retour dans Là est la vérité et la vérité constatée par l'autorité
ce qu'on appelle pour la mer Rouge la saison d'hiver, la plus capable de la bien connaître ; ajoutons que
ils feront voile d'Europe dans la saison d'été, c'est- chaque année la progression s'élève dans cette inter-
à-dire dans la saison où les vents du golfe Arabique course entre ces deux parties du globe. Ajoutons que
permettent aux mauvaises barques indigènes de tra- depuis les événements récents, le tonnage du com-
verser la mer Indienne en douze à quatorze jours. merce entre la Chine et l'Occident a grandi, d'après
Ainsi, par la nature même des choses, par les com- les meilleures informations, dans des proportions ines-
binaisons et les exigences des saisons et des vents, pérées. Ajoutons que ce mouvement est très-loin
par les habitudes du commerce, pour les bénéfices du d'avoir épuisé sa période ascendante ; que le canal
voyage, il faut aller d'Occident en Orient dans la de Suez est destiné à donner à ces transactions une
saison où la mer Rouge favorise le trajet dans cette activité dont la conscience universelle a le profond
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