Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1859 15 février 1859
Description : 1859/02/15 (A4,N64). 1859/02/15 (A4,N64).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65294998
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
MARDI 15 FÉVRIER. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 55
» R. L'Angleterre retirerait un double bénéfice de
» la route par l'Euphrate. Elle aurait le gain de son
» commerce en Orient et l'accroîtrait en le faisant
» passer par l'Arabie. (L'Arabie, c'est, dans la pensée
» du déposant, les pays situés entre Bagdad et la Syrie.)
» Le commerce de transit pour l'Europe, s'il y en avait,
» appartiendrait presque entier à l'Angleterre et en pe-
« tite quantité à la France et aux autres nations. La
» grande masse par conséquent serait, je pense, pour
» nous.
il D. En supposant que l'Angleterre fît le canal (dans
« l'isthme), ri aurait-elle pas aussi le droit d'en pro-
» fiter exclusivement ?
» R. Je ne suppose pas qu'à notre époque elle pût
obtenir un droit exclusif sur le canal, même si elle
» le faisait à travers l'Egypte. IL SERAIT GÉNÉRAL. »
Avant de résumer cette déposition si remarquable,
examinons quel en est l'auteur. C'est un de ces hommes
dévoués, un de ces pionniers intelligents et persévérants
que l'Angleterre dépêche, protége dans toutes les par-
ties du monde, pour étudier et lui faire comprendre ce
qu'ils considèrent comme ses intérêts. Ses réponses sont
empreintes de toute la candeur des pensées qui l'ani-
ment. Il ne dissimule rien, il peint les choses comme il
les voit. La route de l'Euphrate est préférable parce
qu'elle conserve aux Anglais leur monopole. La route
de l'Egypte est fâcheuse, parce qu'elle pourra favoriser
l'immixtion des marines européennes dans les échan-
ges avec des mers dont l'Angleterre a l'exploitation
exclusive. Il est bien vrai que la Grande-Bretagne re-
cueillerait un profit absolu de la route maritime à tra-
vers l'isthme ; mais il est à craindre qu'elle n'en tire
pas un bénéfice proportionnel, et que l'Italie, l'Allema-
gne , l'Espagne et surtout la France n'en recueillent un
progrès pour leur marine et leur activité commerciale.
La route par l'Euphrate sera exclusivement anglaise, la
route du canal sera «générale» Il faut condamner la ma-
rine continentale à faire éternellement le tour du Cap,
il ne faut point lui accorder une autre route plus abrégée.
Pourtant, le comité jette encore un regard de regret sur
ce canal proscrit. Ne serait-il donc point possible d'ob-
tenir pour l'Angleterre la jouissance exclusive du canal?
N'y pourrait-elle point passer seule et en écarter toutes
les concurrences ? A ces conditions, très-probablement
l'isthme eût été percé après 1834.
Mais enfin, n'avons-nous pas maintenant sous les
yeux tous les secrets de la lutte inflexible qu'a soutenue
lord Palmerston? N'apercevons-nous point clairement
les mobiles qui poussent les héritiers de Pitt à refuser au
"monde entier" ce qu'ils appellent eux-mêmes son plus
court passage vers l'Orient ? Nous le répétons : la nation
anglaise repousse cet implacable égoïsme; il est d'un
autre siècle, il n'appartient plus à notre époque. Il est
contraire à tous les principes qui font aujourd'hui l'or-
gueil et l'ascendant de la nation britannique. Mais les
vieilles traditions ont tant de peine à disparaître; les
vieux préjugés sont si tenaces; les haines en apparence
assoupies ont tant de peine à s'éteindre même sous la
cendre refroidie des vieillards. Et c'est ainsi que nous
expliquons tous ces' efforts désespérés pour établir
la route de l'Euphrate, tous ces combats vainement
livrés pour empêcher l'accomplissement de l'ouverture
de l'isthme de Suez.
Toutefois, nous pouvons comprendre jusqu'à un
certain point les ténacités rétrogrades qui, de l'autre
côté du canal résistent à l'achèvement de cette œu-
vre civilisatrice; nous pouvons comprendre le con-
flit qui s'élève dans ces esprits entre l'intérêt du monde
entier et ce qu'ils croient l'intérêt de leur pays.
Ils sont aveugles, ils sont préoccupés; mais la trans-
formation d'Éson n'est pas plus praticable dans l'his-
toire que dans la Fable. Ils sont nés dans des traditions
d'un autre âge, ils y mourront, et ce n'est pas en un
jour qu'un, pays peut complétement s'affranchir de ces
antiques influences, surtout quand ce pays leur a -
obéi pendant un si grand nombre d'années, et qu'au
total il a grandi et s'est développé sous elles. Ce qui
nous scandalise et nous stupéfait, c'est qu'en France
cette entreprise, repoussée, combattue par les derniers
débris des monopoleurs anglais, trouve des adversaires
aussi ardents que chez les Anglais ; c'est que ces passions
désavouées à Londres, rencontrent chez nous certains
alliés aussi peu scrupuleux que peu patriotiques. A ces
hommes nous présentons les déclarations du général
Chesney ; à ces hommes nous montrons quels principes
et quels sentiments guident les adversaires du canal de
Suez : il faut que le continent ne puisse pénétrer dans
les mers orientales que par un chemin qui lui est impli-
citement fermé. Voilà en deux mots toute la politique de
lordlalmerston et de M. Stephenson. Peut-elle être celle
des amis du droit commun et de la liberté des mers ?
ERNEST DESPLACES.
M. STEPHENSON EN tGYPTE.
M. Stephenson s'est rendu notoire en Europe par son
animosité contre le canal de Suez. Usant de l'autorité
d'un nom dont il est héritier pour influencer la Chambre
des communes, qui le compte parmi ses membres, il a
pu un instant faire croire, sur sa parole, à une partie de
cette assemblée, et que le canal était impraticable et
qu'il ne pouvait pas être rémunérateur, et que si la tran-
chée devant joindre les deux mers était exécutée, elle ne
serait qu'un fossé stagnant, inaccessible au transit des
navires.
Nous n'avons rien à dire sur ceux qui ont accepté
aveuglément ces énormités! Toutefois, la lumière s'est
faite ; la science a protesté de toutes parts contre les témé-
rités techniques de M. Stephenson : le savant et vénéra-
ble M. Paleocapa, d'un côté; de l'autre, l'éminent di-
recteur des travaux hydrauliques de la Hollande,
M. Conrad; M. Negrelli, inspecteur général des chemins
de fer autrichiens, et enfin l'Académie des sciences de
Paris, ont démontré la complète erreur de ces allégations.
On disait M. Stephenson un peu moins croyant @ en son
infaillibilité ; il s'est rendu tout récemment en Egypte.
» R. L'Angleterre retirerait un double bénéfice de
» la route par l'Euphrate. Elle aurait le gain de son
» commerce en Orient et l'accroîtrait en le faisant
» passer par l'Arabie. (L'Arabie, c'est, dans la pensée
» du déposant, les pays situés entre Bagdad et la Syrie.)
» Le commerce de transit pour l'Europe, s'il y en avait,
» appartiendrait presque entier à l'Angleterre et en pe-
« tite quantité à la France et aux autres nations. La
» grande masse par conséquent serait, je pense, pour
» nous.
il D. En supposant que l'Angleterre fît le canal (dans
« l'isthme), ri aurait-elle pas aussi le droit d'en pro-
» fiter exclusivement ?
» R. Je ne suppose pas qu'à notre époque elle pût
obtenir un droit exclusif sur le canal, même si elle
» le faisait à travers l'Egypte. IL SERAIT GÉNÉRAL. »
Avant de résumer cette déposition si remarquable,
examinons quel en est l'auteur. C'est un de ces hommes
dévoués, un de ces pionniers intelligents et persévérants
que l'Angleterre dépêche, protége dans toutes les par-
ties du monde, pour étudier et lui faire comprendre ce
qu'ils considèrent comme ses intérêts. Ses réponses sont
empreintes de toute la candeur des pensées qui l'ani-
ment. Il ne dissimule rien, il peint les choses comme il
les voit. La route de l'Euphrate est préférable parce
qu'elle conserve aux Anglais leur monopole. La route
de l'Egypte est fâcheuse, parce qu'elle pourra favoriser
l'immixtion des marines européennes dans les échan-
ges avec des mers dont l'Angleterre a l'exploitation
exclusive. Il est bien vrai que la Grande-Bretagne re-
cueillerait un profit absolu de la route maritime à tra-
vers l'isthme ; mais il est à craindre qu'elle n'en tire
pas un bénéfice proportionnel, et que l'Italie, l'Allema-
gne , l'Espagne et surtout la France n'en recueillent un
progrès pour leur marine et leur activité commerciale.
La route par l'Euphrate sera exclusivement anglaise, la
route du canal sera «générale» Il faut condamner la ma-
rine continentale à faire éternellement le tour du Cap,
il ne faut point lui accorder une autre route plus abrégée.
Pourtant, le comité jette encore un regard de regret sur
ce canal proscrit. Ne serait-il donc point possible d'ob-
tenir pour l'Angleterre la jouissance exclusive du canal?
N'y pourrait-elle point passer seule et en écarter toutes
les concurrences ? A ces conditions, très-probablement
l'isthme eût été percé après 1834.
Mais enfin, n'avons-nous pas maintenant sous les
yeux tous les secrets de la lutte inflexible qu'a soutenue
lord Palmerston? N'apercevons-nous point clairement
les mobiles qui poussent les héritiers de Pitt à refuser au
"monde entier" ce qu'ils appellent eux-mêmes son plus
court passage vers l'Orient ? Nous le répétons : la nation
anglaise repousse cet implacable égoïsme; il est d'un
autre siècle, il n'appartient plus à notre époque. Il est
contraire à tous les principes qui font aujourd'hui l'or-
gueil et l'ascendant de la nation britannique. Mais les
vieilles traditions ont tant de peine à disparaître; les
vieux préjugés sont si tenaces; les haines en apparence
assoupies ont tant de peine à s'éteindre même sous la
cendre refroidie des vieillards. Et c'est ainsi que nous
expliquons tous ces' efforts désespérés pour établir
la route de l'Euphrate, tous ces combats vainement
livrés pour empêcher l'accomplissement de l'ouverture
de l'isthme de Suez.
Toutefois, nous pouvons comprendre jusqu'à un
certain point les ténacités rétrogrades qui, de l'autre
côté du canal résistent à l'achèvement de cette œu-
vre civilisatrice; nous pouvons comprendre le con-
flit qui s'élève dans ces esprits entre l'intérêt du monde
entier et ce qu'ils croient l'intérêt de leur pays.
Ils sont aveugles, ils sont préoccupés; mais la trans-
formation d'Éson n'est pas plus praticable dans l'his-
toire que dans la Fable. Ils sont nés dans des traditions
d'un autre âge, ils y mourront, et ce n'est pas en un
jour qu'un, pays peut complétement s'affranchir de ces
antiques influences, surtout quand ce pays leur a -
obéi pendant un si grand nombre d'années, et qu'au
total il a grandi et s'est développé sous elles. Ce qui
nous scandalise et nous stupéfait, c'est qu'en France
cette entreprise, repoussée, combattue par les derniers
débris des monopoleurs anglais, trouve des adversaires
aussi ardents que chez les Anglais ; c'est que ces passions
désavouées à Londres, rencontrent chez nous certains
alliés aussi peu scrupuleux que peu patriotiques. A ces
hommes nous présentons les déclarations du général
Chesney ; à ces hommes nous montrons quels principes
et quels sentiments guident les adversaires du canal de
Suez : il faut que le continent ne puisse pénétrer dans
les mers orientales que par un chemin qui lui est impli-
citement fermé. Voilà en deux mots toute la politique de
lordlalmerston et de M. Stephenson. Peut-elle être celle
des amis du droit commun et de la liberté des mers ?
ERNEST DESPLACES.
M. STEPHENSON EN tGYPTE.
M. Stephenson s'est rendu notoire en Europe par son
animosité contre le canal de Suez. Usant de l'autorité
d'un nom dont il est héritier pour influencer la Chambre
des communes, qui le compte parmi ses membres, il a
pu un instant faire croire, sur sa parole, à une partie de
cette assemblée, et que le canal était impraticable et
qu'il ne pouvait pas être rémunérateur, et que si la tran-
chée devant joindre les deux mers était exécutée, elle ne
serait qu'un fossé stagnant, inaccessible au transit des
navires.
Nous n'avons rien à dire sur ceux qui ont accepté
aveuglément ces énormités! Toutefois, la lumière s'est
faite ; la science a protesté de toutes parts contre les témé-
rités techniques de M. Stephenson : le savant et vénéra-
ble M. Paleocapa, d'un côté; de l'autre, l'éminent di-
recteur des travaux hydrauliques de la Hollande,
M. Conrad; M. Negrelli, inspecteur général des chemins
de fer autrichiens, et enfin l'Académie des sciences de
Paris, ont démontré la complète erreur de ces allégations.
On disait M. Stephenson un peu moins croyant @ en son
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