Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1864 15 novembre 1864
Description : 1864/11/15 (A9,N202)-1864/11/17. 1864/11/15 (A9,N202)-1864/11/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033331
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2012
454 L'ISTHME DE SUEZ.
nos propres rivages, elle présente toutes les condi-
tions possibles pour que l'énergie et l'intelligence fran-
çaises en fassent une possession qui n'aura rien à en-
vier aux plus beaux établissements coloniaux du monde.
Dans cette voie, l'Algérie a beaucoup fait, quoiqu'il
lui reste beaucoup à faire. Malheureusement on ne
connaît qu'imparfaitement en France les résultats
déjà obtenus par les pionniers intrépides qui sont
allés féconder cette terre par leur travail et leur ca-
pital. Située sur la côte septentrionale de l'Afrique,
l'Algérie florissante trouvera un élément de prospé-
rité de plus dans l'achèvement du canal des deux
mers et lui rendra ce que celui-ci lui aura prêté.
Nous ne pouvons donc rester indifférents aux pro-
grès de la colonisation algérienne, et nous en em-
pruntons le tableau vigoureusement tracé à un dis-
cours adressé par M. Ausone de Chancel, sous-préfet
de Blidah, au nouveau préfet d'Alger, M. Poignant,
à propos de la cérémonie d'inauguration de l'église
de Blidah. Voici comment s'est exprimé l'honorable
fonctionnaire :
ERNEST DESPLACES.
« Monsieur le préfet,
« Presque tous, autant que nous sommes ici, mais entre
tous le bien-aimé prélat qui fait si dignement revivre
la mémoire et le nom d'Augustin; presque tous autant
que nous sommes, vieux Algériens de la première
heure, si nous nous reportons de vingt années à peine
en arrière, nous essayons vainement de reconstituer
par la pensée, dans son état primitif et désolé, cette sa-
vane de broussailles où quelques maigres troupeaux
se disputaient une herbe avare, et qu'a si complètement
envahie la civilisation française, que nous sommes à
nous demander si ce n'est pas la l'œuvre des siècles.
( Applaudissements.)
D Mais une date deux fois glorieuse, inscrite avec le
nom de Blandan sur le marbre de Beni-Mered, est là
qui témoigne à la fois et du dernier épisode de la guerre
et du premier épisode de la colonisation. A cette époque,
en 1842, dans toute la plaine de Mitidja, sur plus de
100 lieues carrées, il n'y avait que Boufarik ébauché et
Beni-Mered à l'état latent.
» L'illustre maréchal que l'histoire appellera le duc
d'Isly, et que le baptême populaire a nommé le père
Bugeaud, venait de créer Beni-Mered avec de vieux
soldats; Boufarik existait déjà depuis 1836. Or, — et
qu'il me soit permis d'en appeler ici à mes propres
souvenirs, — admis, en 1844, à la faveur de suivre en
touriste une colonne commandée par le colonel, depuis
général Eynard, nous traversâmes Boufarik dans la so-
litude et nous nous arrêtâmes à Beni-Mered pour y ad-
mirer, — c'était le mot, .- six hectares de blé ! « Qu'on
» dise donc, s'écriait le colonel, en les montrant à son
» corps d'officiers, que les céréales ne viennent pas
» dans ce beau pays ! )
» Plus - tard, en 1848, appelé à l'administration de
Boufarik, la statistique m'y donna pour toute produc-
tion 142 hectares de blé, 15 hectares de tabac, et plus
de quarante cabarets.
» Eh bien ! Monsieur le préfet, aujourd'hui, — donc
en moins de vingt années, — dans le seul arrondisse-
ment de Blidah, de l'Arrach à Cherchell, c'est par
23,000 hectares que se comptent les cultures de céréales
européennes, et par 10,000 celles des indigènes; par
(3,000 hectares les cultures industrielles et sarclées; par
0,000 hectares les prairies artificielles et naturelles
aménagées; par 800 hectares les plantations de vigne;
par plus de 100,000 les greffes d'oliviers; par millions
les plantations d'arbres de toute essence. Tout cela mis
au jour et créé par 24,000 Européens, français pour plus
des deux tiers, groupés ou dispersés sur le sol dans
trente-six villes ou villages, dont trente-trois de créa-
tion française, et dans plus de trois cent cinquante
grandes exploitations d'une valeur de 10 millions, en
constructions seulement. (Bravos prolongés.)
» Au milieu d'eux et avec eux, solidaires désormais
d'intérêts, vivent 21,000 Arabes qui peu à peu s'ini-
tient par le bon exemple à nos méthodes, dont pas un
n'a déserté sa tente ou son gourbi pour courir à l'é-
meute, et dont l'administration ne coûte à l'Etat que
six scheikh et neuf gardes champêtres, 15,000 francs
tout au plus.
» Certes, Monsieur le préfet, et je m'en porte ici ga-
rant, — jamais aucun colon de ceux qui méritent ce
nom n'a songé à traduire en arabe ni le Vœ victis, ni
le Miijratc coloni. Non, les terres que nous occupons ne
sont point des terres de rapine et de spoliation; toutes
ont un état civil honorable pour elles (marques d'adhé-
sions et de bravos), honorable pour ceux qui les fé-
condent. Les unes étaient la propriété de l'Etat qui les
a généreusement concédées, les autres ont été achetées
à beaux deniers comptant et librement vendues par
actes authentiques.
« Quant à la situation faite aux indigènes qu'il nous
est donné de relever dans leur dignité d'hommes et de
nous assimiler comme citoyens, je ne m'en ferai point
l'interprète; ils sont là, à nos portes, qu'ils répondent;
et trois cents d'entre eux, les malheureux Beni-Ta-
mout, laissés nus sur le sol par l'incendie, vous diront
qu'en même temps que l'administration leur venait en
aide, une souscription s'ouvrait pour eux chez les colons
européens d'Oued-el-Aleug, de Beni-Mered, leurs voi-
sins, et qu'une représentation à leur bénéfice était
donnée au théâtre de Blidah!
» Ainsi donc, le juste programme de S. M. l'Empe-
reur a trouvé d'instinct chez nous son application par-
tielle.
» Voici notre bilan, Monsieur le préfet, jugez-nous.
(Toute la salle - Bravo! bravo!)
» Vous venez vous associer à notre (cuvre laborieuse,
soyez le bienvenu, — laissez-moi vous tendre, au nom
de tous, une main sympathique et fraternelle (M. Poi-
gnant, préfet d'Alger, tend sympathiquement la main
à celle de M. de Chancel, aux applaudissements des
convives). — Vous êtes maintenant de nous. — Et quand
vous nous visiterez comme nous aimons à l'être, dans
nos propres rivages, elle présente toutes les condi-
tions possibles pour que l'énergie et l'intelligence fran-
çaises en fassent une possession qui n'aura rien à en-
vier aux plus beaux établissements coloniaux du monde.
Dans cette voie, l'Algérie a beaucoup fait, quoiqu'il
lui reste beaucoup à faire. Malheureusement on ne
connaît qu'imparfaitement en France les résultats
déjà obtenus par les pionniers intrépides qui sont
allés féconder cette terre par leur travail et leur ca-
pital. Située sur la côte septentrionale de l'Afrique,
l'Algérie florissante trouvera un élément de prospé-
rité de plus dans l'achèvement du canal des deux
mers et lui rendra ce que celui-ci lui aura prêté.
Nous ne pouvons donc rester indifférents aux pro-
grès de la colonisation algérienne, et nous en em-
pruntons le tableau vigoureusement tracé à un dis-
cours adressé par M. Ausone de Chancel, sous-préfet
de Blidah, au nouveau préfet d'Alger, M. Poignant,
à propos de la cérémonie d'inauguration de l'église
de Blidah. Voici comment s'est exprimé l'honorable
fonctionnaire :
ERNEST DESPLACES.
« Monsieur le préfet,
« Presque tous, autant que nous sommes ici, mais entre
tous le bien-aimé prélat qui fait si dignement revivre
la mémoire et le nom d'Augustin; presque tous autant
que nous sommes, vieux Algériens de la première
heure, si nous nous reportons de vingt années à peine
en arrière, nous essayons vainement de reconstituer
par la pensée, dans son état primitif et désolé, cette sa-
vane de broussailles où quelques maigres troupeaux
se disputaient une herbe avare, et qu'a si complètement
envahie la civilisation française, que nous sommes à
nous demander si ce n'est pas la l'œuvre des siècles.
( Applaudissements.)
D Mais une date deux fois glorieuse, inscrite avec le
nom de Blandan sur le marbre de Beni-Mered, est là
qui témoigne à la fois et du dernier épisode de la guerre
et du premier épisode de la colonisation. A cette époque,
en 1842, dans toute la plaine de Mitidja, sur plus de
100 lieues carrées, il n'y avait que Boufarik ébauché et
Beni-Mered à l'état latent.
» L'illustre maréchal que l'histoire appellera le duc
d'Isly, et que le baptême populaire a nommé le père
Bugeaud, venait de créer Beni-Mered avec de vieux
soldats; Boufarik existait déjà depuis 1836. Or, — et
qu'il me soit permis d'en appeler ici à mes propres
souvenirs, — admis, en 1844, à la faveur de suivre en
touriste une colonne commandée par le colonel, depuis
général Eynard, nous traversâmes Boufarik dans la so-
litude et nous nous arrêtâmes à Beni-Mered pour y ad-
mirer, — c'était le mot, .- six hectares de blé ! « Qu'on
» dise donc, s'écriait le colonel, en les montrant à son
» corps d'officiers, que les céréales ne viennent pas
» dans ce beau pays ! )
» Plus - tard, en 1848, appelé à l'administration de
Boufarik, la statistique m'y donna pour toute produc-
tion 142 hectares de blé, 15 hectares de tabac, et plus
de quarante cabarets.
» Eh bien ! Monsieur le préfet, aujourd'hui, — donc
en moins de vingt années, — dans le seul arrondisse-
ment de Blidah, de l'Arrach à Cherchell, c'est par
23,000 hectares que se comptent les cultures de céréales
européennes, et par 10,000 celles des indigènes; par
(3,000 hectares les cultures industrielles et sarclées; par
0,000 hectares les prairies artificielles et naturelles
aménagées; par 800 hectares les plantations de vigne;
par plus de 100,000 les greffes d'oliviers; par millions
les plantations d'arbres de toute essence. Tout cela mis
au jour et créé par 24,000 Européens, français pour plus
des deux tiers, groupés ou dispersés sur le sol dans
trente-six villes ou villages, dont trente-trois de créa-
tion française, et dans plus de trois cent cinquante
grandes exploitations d'une valeur de 10 millions, en
constructions seulement. (Bravos prolongés.)
» Au milieu d'eux et avec eux, solidaires désormais
d'intérêts, vivent 21,000 Arabes qui peu à peu s'ini-
tient par le bon exemple à nos méthodes, dont pas un
n'a déserté sa tente ou son gourbi pour courir à l'é-
meute, et dont l'administration ne coûte à l'Etat que
six scheikh et neuf gardes champêtres, 15,000 francs
tout au plus.
» Certes, Monsieur le préfet, et je m'en porte ici ga-
rant, — jamais aucun colon de ceux qui méritent ce
nom n'a songé à traduire en arabe ni le Vœ victis, ni
le Miijratc coloni. Non, les terres que nous occupons ne
sont point des terres de rapine et de spoliation; toutes
ont un état civil honorable pour elles (marques d'adhé-
sions et de bravos), honorable pour ceux qui les fé-
condent. Les unes étaient la propriété de l'Etat qui les
a généreusement concédées, les autres ont été achetées
à beaux deniers comptant et librement vendues par
actes authentiques.
« Quant à la situation faite aux indigènes qu'il nous
est donné de relever dans leur dignité d'hommes et de
nous assimiler comme citoyens, je ne m'en ferai point
l'interprète; ils sont là, à nos portes, qu'ils répondent;
et trois cents d'entre eux, les malheureux Beni-Ta-
mout, laissés nus sur le sol par l'incendie, vous diront
qu'en même temps que l'administration leur venait en
aide, une souscription s'ouvrait pour eux chez les colons
européens d'Oued-el-Aleug, de Beni-Mered, leurs voi-
sins, et qu'une représentation à leur bénéfice était
donnée au théâtre de Blidah!
» Ainsi donc, le juste programme de S. M. l'Empe-
reur a trouvé d'instinct chez nous son application par-
tielle.
» Voici notre bilan, Monsieur le préfet, jugez-nous.
(Toute la salle - Bravo! bravo!)
» Vous venez vous associer à notre (cuvre laborieuse,
soyez le bienvenu, — laissez-moi vous tendre, au nom
de tous, une main sympathique et fraternelle (M. Poi-
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