Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1864 01 novembre 1864
Description : 1864/11/01 (A9,N201). 1864/11/01 (A9,N201).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203332m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 443
toral de la Méditerranée, en présence de ses consuls ;
et il est remarquable que c'est la nation sur laquelle
l'influence de l'Angleterre est la plus puissante qui
conserve encore l'esclavage. Mais, en ces lieux, sa
politique n'a pas de profit à retirer de l'abolition de
l'esclavage.
» La corvée égyptienne, le travail du fellah, n'a-
vait jamais éveillé les scrupules de l'Angleterre. Bien
plus, elle l'avait demandée à son profit. Elle l'avait
exclusivement employée dans les travaux du chemin
de fer du Caire à Suez, et dans des conditions de
mortalité qui restent attachées à cette entreprise
comme une marque ineffaçable.
» Mais le jour où elle a reconnu que ce système
de travail percerait l'isthme de Suez, si on n'y met-
tait ordre, elle s'est avisée que c'était une sorte d'es-
clavage déguisé. Elle a ouvert les yeux au gouver-
nement turc, et, sous cette main puissante, celui-ci
a supprimé la corvée.
» Personne, sans doute, n'a été dupe de cette co-
médie humanitaire. Mais si le fond était faux, la forme
était habile ; elle a triomphé de la religion du con-
trat.
» Un autre point également inquiétant pour l'An-
gleterre était celui qui attribuait à la Compagnie la
propriété d'un territoire que devaient fertiliser les
eaux douces amenées par elle. Il y avait là le fon-
dement bien légitime et bien pacifique d'un vaste
foyer français (1). Les principes de neutralité ont été
invoqués et avec succès par la jalouse diplomatie de
l'Angleterre.
» Sur cet intérêt, comme sur le précédent, les né-
gociations ont amené des compensations. Un arbitre
auguste a prononcé. L'intérêt de la France dans
l'isthme de Suez c'est qu'il soit ouvert. C'est à cet
intérêt qu'il faut savoir sacrifier tout ce qui peut être
un prétexte à de nouvelles luttes, à des appels aux
principes de liberté civile et de neutralité. Quelque
fallacieuse que soit l'attaque, il faut lui ôter tout
prétexte. C'est ce qui a été fait. L'avenir dira si les
compensations accordées à la Compagnie pour la
suppression du travail des fellahs et pour l'abandon
(1) Cette appréciation de l'écrivain nous parait nécessiter une
observation. Jamais il n'a pu entrer, jamais il n'est entré dans la
pensée de la Compagnie que les terres concédées pussent devenir
« le fondement d'un vaste foyer » au profit de l'influence d'une
nationalité quelconque ; c'eut été une violation de l'esprit et de la
lettre de la concession, un démenti même à son caractère d'uni-
versalité qui fait sa popularité dans le monde et sa garantie dans
l'avenir. Les terres que la Compagnie était autorisée à conquérir
sur le désert, placées comme toutes les autres sous l'empire de la
loi égyptienne, ne devaient être cultivées que par des colons indi-
gènes, et ce principe a toujours été observé dans les locations
accordées jusqu'ici sur les rives du canal d'eau douce.
- E. D.
des propriétés cultivables sont suffisantes (1). En atten-
dant, les plans des adversaires de l'entreprise sont
déjoués, en ce sens que l'œuvre sera poursuivie et
achevée au moyen même de l'accroissement des res-
sources financières que la transaction assure à la
Compagnie.
TOISIÈME PÉRIODE.
RÉGIME DÉFINITIF DE L'EXÉCUTION DES TRAVAUX.
» Nous entrons enfin dans la période où les pro-
grès récents de l'art de l'ingénieur sont plus exclu-
sivement appelés à la solution du vaste problème de
l'exécution des travaux. Mais, il ne faut pas l'oublier,
dans ces nouveaux procédés d'exécution, comme
dans les plus simples emplois des bras, le point de
vue de la main-d'œuvre, c'est-à-dire de la colonisa-
tion ouvrière, est encore dominant, et justifie plus
que jamais les efforts faits pour la faciliter. Car, à
mesure que le concours de l'ouvrier étranger, et
surtout de l'ouvrier de l'Occident, devient plus né-
cessaire, plus de précautions sont à prendre pour
l'attirer et pour le conserver.
» Nous commencerons donc l'examen des questions
spéciales, qui doivent le plus intéresser notre atten-
tion, par nou^ rendre compte de ce que sera, dans
l'application des procédés mécaniques, l'importance
de la main-d'œuvre sur place.
» De la comparaison du travail accompli avec ce
qui reste à faire, il résulte que du moment où l'éta-
blissement du canal d'eau douce permet la natura-
lisation stable des populations ouvrières le long du
canal maritime et à ses deux extrémités, l'heure et
l'intérêt sont venus de substituer, d'une manière plus
(1) A l'appui de ce doute, M. Flachat présente dans une note
accessoire des calculs tendant à indiquer que la dépense occasion-
née par le retrait des contingents indigènes excéderait de
26 ,675,000 francs l'indemnité de 33,000,000 accordée de ce chef par
la sentence arbitrale. Ces calculs sont basés sur des évaluations
remontant à 1856, et que dès lors les événements avaient déjà pro-
fondément modifiées. Nous nous abstenons de les citer et de les dis-
cuter dans leurs détails, parce que cela nous entraînerait, sans
grande utilité, au-delà de toutes les limites d'une simple note.
Il nous suffira de dire que les calculs de l'honorable écrivain
eussent été différents, s'il avait eu connaissance de ceux qui ont
servi de base à la commission impériale. Il est vrai que la Corn
pagnie avait réclamé une indemnité plus forte que celle qu'elle a
obtenue. En même temps, nous ajoutons avec M. Flachat que sur
la solution de problèmes aussi complexes, c'est l'événement qui seul
pourra prononcer. Mais à côté de ce fait c'est pour nous un facile
devoir de déclarer que dans l'étude de cette question comme de
toutes les autres, où, ainsi que l'a si bien remarqué M. Flachat, s'en-
tremêlaient tant de difficultés et de complications, la commission a
porté un esprit d'équité investigatrice, de conciliation et de solli-
citude impartia!e pour tous les intérêts, auquel nous rendons sans
réserve l'hommage de notre respect et de notre reconnaissance. P.I
..,.,.. E. D.
toral de la Méditerranée, en présence de ses consuls ;
et il est remarquable que c'est la nation sur laquelle
l'influence de l'Angleterre est la plus puissante qui
conserve encore l'esclavage. Mais, en ces lieux, sa
politique n'a pas de profit à retirer de l'abolition de
l'esclavage.
» La corvée égyptienne, le travail du fellah, n'a-
vait jamais éveillé les scrupules de l'Angleterre. Bien
plus, elle l'avait demandée à son profit. Elle l'avait
exclusivement employée dans les travaux du chemin
de fer du Caire à Suez, et dans des conditions de
mortalité qui restent attachées à cette entreprise
comme une marque ineffaçable.
» Mais le jour où elle a reconnu que ce système
de travail percerait l'isthme de Suez, si on n'y met-
tait ordre, elle s'est avisée que c'était une sorte d'es-
clavage déguisé. Elle a ouvert les yeux au gouver-
nement turc, et, sous cette main puissante, celui-ci
a supprimé la corvée.
» Personne, sans doute, n'a été dupe de cette co-
médie humanitaire. Mais si le fond était faux, la forme
était habile ; elle a triomphé de la religion du con-
trat.
» Un autre point également inquiétant pour l'An-
gleterre était celui qui attribuait à la Compagnie la
propriété d'un territoire que devaient fertiliser les
eaux douces amenées par elle. Il y avait là le fon-
dement bien légitime et bien pacifique d'un vaste
foyer français (1). Les principes de neutralité ont été
invoqués et avec succès par la jalouse diplomatie de
l'Angleterre.
» Sur cet intérêt, comme sur le précédent, les né-
gociations ont amené des compensations. Un arbitre
auguste a prononcé. L'intérêt de la France dans
l'isthme de Suez c'est qu'il soit ouvert. C'est à cet
intérêt qu'il faut savoir sacrifier tout ce qui peut être
un prétexte à de nouvelles luttes, à des appels aux
principes de liberté civile et de neutralité. Quelque
fallacieuse que soit l'attaque, il faut lui ôter tout
prétexte. C'est ce qui a été fait. L'avenir dira si les
compensations accordées à la Compagnie pour la
suppression du travail des fellahs et pour l'abandon
(1) Cette appréciation de l'écrivain nous parait nécessiter une
observation. Jamais il n'a pu entrer, jamais il n'est entré dans la
pensée de la Compagnie que les terres concédées pussent devenir
« le fondement d'un vaste foyer » au profit de l'influence d'une
nationalité quelconque ; c'eut été une violation de l'esprit et de la
lettre de la concession, un démenti même à son caractère d'uni-
versalité qui fait sa popularité dans le monde et sa garantie dans
l'avenir. Les terres que la Compagnie était autorisée à conquérir
sur le désert, placées comme toutes les autres sous l'empire de la
loi égyptienne, ne devaient être cultivées que par des colons indi-
gènes, et ce principe a toujours été observé dans les locations
accordées jusqu'ici sur les rives du canal d'eau douce.
- E. D.
des propriétés cultivables sont suffisantes (1). En atten-
dant, les plans des adversaires de l'entreprise sont
déjoués, en ce sens que l'œuvre sera poursuivie et
achevée au moyen même de l'accroissement des res-
sources financières que la transaction assure à la
Compagnie.
TOISIÈME PÉRIODE.
RÉGIME DÉFINITIF DE L'EXÉCUTION DES TRAVAUX.
» Nous entrons enfin dans la période où les pro-
grès récents de l'art de l'ingénieur sont plus exclu-
sivement appelés à la solution du vaste problème de
l'exécution des travaux. Mais, il ne faut pas l'oublier,
dans ces nouveaux procédés d'exécution, comme
dans les plus simples emplois des bras, le point de
vue de la main-d'œuvre, c'est-à-dire de la colonisa-
tion ouvrière, est encore dominant, et justifie plus
que jamais les efforts faits pour la faciliter. Car, à
mesure que le concours de l'ouvrier étranger, et
surtout de l'ouvrier de l'Occident, devient plus né-
cessaire, plus de précautions sont à prendre pour
l'attirer et pour le conserver.
» Nous commencerons donc l'examen des questions
spéciales, qui doivent le plus intéresser notre atten-
tion, par nou^ rendre compte de ce que sera, dans
l'application des procédés mécaniques, l'importance
de la main-d'œuvre sur place.
» De la comparaison du travail accompli avec ce
qui reste à faire, il résulte que du moment où l'éta-
blissement du canal d'eau douce permet la natura-
lisation stable des populations ouvrières le long du
canal maritime et à ses deux extrémités, l'heure et
l'intérêt sont venus de substituer, d'une manière plus
(1) A l'appui de ce doute, M. Flachat présente dans une note
accessoire des calculs tendant à indiquer que la dépense occasion-
née par le retrait des contingents indigènes excéderait de
26 ,675,000 francs l'indemnité de 33,000,000 accordée de ce chef par
la sentence arbitrale. Ces calculs sont basés sur des évaluations
remontant à 1856, et que dès lors les événements avaient déjà pro-
fondément modifiées. Nous nous abstenons de les citer et de les dis-
cuter dans leurs détails, parce que cela nous entraînerait, sans
grande utilité, au-delà de toutes les limites d'une simple note.
Il nous suffira de dire que les calculs de l'honorable écrivain
eussent été différents, s'il avait eu connaissance de ceux qui ont
servi de base à la commission impériale. Il est vrai que la Corn
pagnie avait réclamé une indemnité plus forte que celle qu'elle a
obtenue. En même temps, nous ajoutons avec M. Flachat que sur
la solution de problèmes aussi complexes, c'est l'événement qui seul
pourra prononcer. Mais à côté de ce fait c'est pour nous un facile
devoir de déclarer que dans l'étude de cette question comme de
toutes les autres, où, ainsi que l'a si bien remarqué M. Flachat, s'en-
tremêlaient tant de difficultés et de complications, la commission a
porté un esprit d'équité investigatrice, de conciliation et de solli-
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