Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1864 15 octobre 1864
Description : 1864/10/15 (A9,N200). 1864/10/15 (A9,N200).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033316
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 427
Suez. Le jour était pris pour l'inauguration, les es-
trades d'honneur se couvraient de tapis et de ten-
tures d'apparat, les discours officiels s'élaboraient
dans le silence du cabinet, les fourneaux de l'hôtel
Shembri fumaient à l'envi, le champagne frémissait,
impatient de prendre le rang qui lui est dû dans
toute solennité de ce genre ; rien ne pouvait ébran-
ler une conviction si r-obuste. Lord Palmerston (le
vieux Pam, comme l'appellent familièrement ses
compatriotes), lord Palmerston avait parlé, le doute
n'était plus permis. Enfin, le jour fatal arrive, la
digue s'abaisse, l'eau du canal s'élance joyeusement,
entraînant avec elle les barques des ingénieurs ; le
problème est résolu, que dire ? que faire ? L'évidence
était là qui coupait court à toute discussion.
» Le fonctionnaire anglais ne pouvant récuser le
témoignage de ses yeux et sentant que s'il persis-
tait dans sa voie il allait avoir maille à partir avec
le ridicule, s'est tiré en homme d'esprit et de sens
d'une position difficile. Il a réservé ses appareils
distillatoires pour une meilleure occasion ; il est allé
trouver l'ingénieur du canal pour lui demander une
concession d'eau qui lui permît d'arroser son futur
jardin ; il a gaiement reconnu qu'il s'était trompé,
et a même poussé le bon goût jusqu'à boire publi-
quement dans un banquet à la santé de M. de
Lesseps.
» Je ne puis mieux terminer ce que j'avais à dire
sur cet intéressant sujet, qu'en citant quelques chif-
fres transmis par M. le consul de France à Suez et
qui, bien que reproduits déjà par plusieurs journaux,
tant en Egypte qu'en France, n'en conservent pas
moins une valeur réelle d'actualité ; ils seront d'une
éloquence convaincante pour ceux qui seraient ten-
tés d'amoindrir le bienfait de l'eau potable à Suez.
Voici le passage emprunté au compte rendu de
l'inauguration :
« Il se consommait à Suez, au minimum, pour
» 1,200,000 francs d'eau par an ; le chemin de fer en
» apportait pour 800,000 francs, sur lesquels le gou-
» vernement égyptien perdait 400,000 francs. Des
» chameaux en amenaient des fontaines pour 400,000
» francs. La Compagnie du canal épargne donc à
» la ville de Suez 1,200,000 francs de dépenses et
» fait bénéficier le gouvernement égyptien de
» 400,000 francs. C'est un joli cadeau ! L'eau coû-
» tait pour une famille arabe 45 francs par mois,
» aujourd'hui elle ne coûte plus rien. »
» Que peut-on ajouter à un renseignement de
cette nature ?
» La ville de Suez, déjà en grande voie d'accrois-
sement et de prospérité, va devenir, évidemment,
une ville considérable et un important marché com-
mercial. Ce sera la Marseille de la mer Rouge, puis-
que, indépendamment de sa position, elle vient d'ac-
quérir le seul élément de bien-être et de facilité
d'existence qui lui manquât, l'eau douce, qui amène
avec elle la fertilité. La végétation va reparaître en
ces lieux où régnaient en tyrans le sable et l'aridité.
La fraîcheur des arbres et des fleurs rendra suppor-
table l'action torride du soleil d'Afrique, et habita-
ble aux Européens cette contrée marâtre sur laquelle
il fallait apporter les objets de première nécessité. Et
tout cela n'est point une utopie ; il suffit pour se
convaincre du contraire de visiter le domaine du
Ouady et de se faire raconter son histoire qui re-
monte à peine à quelques années.
» Sous l'influence de l'eau seule et sans aucune
préparation, un sol végétal peut se former en trois
ans dans le sable pur, m'a-t-on dit sur les lieux
mêmes, et on m'en a montré des exemples. Que
n'obtiendra-t-on donc pas à Suez, lorsque les capi-
taux, et avec eux toutes les ressources, tous les
procédés perfectionnés de notre agriculture pourront
y être apportés ?
» Déjà des constructions de toute nature s'élèvent,
de grands ateliers mécaniques se fondent ; la Com-
pagnie du Canal maritime, celle des Messageries
Impériales, celle des bateaux à vapeur anglais, dite
Péninsulaire-Orientale, ont pris possession de vastes
espaces qu'elles couvrent d'usines et de travailleurs.
Le commerce, l'industrie des particuliers, prennent
place à côté de ces puissantes associations ; l'avenir
déchire ses voiles chaque jour et se révèle, fécond et
radieux , aux populations indigènes qu'il éclaire
comme aux étrangers qu'il attire.
» Il n'y a plus qu'à laisser aller les choses à leur
pente naturelle.
Système général des eaux douces.
» J'ai dit, et l'on a pu en juger d'après les indi-
cations éparses dans les pages qui précèdent, que
l'établissement dans l'isthme de Suez d'un bon sys-
tème de répartition des eaux douces était la base
fondamentale, la condition sine quâ non de la vie
prospère et de l'activité commerciale. J'ai annoncé
qu'à ce titre il me semblerait utile de consacrer un
chapitre spécial à ce premier objet de la sollicitude
de la Compagnie de Suez. Je viens tenir ma pro-
messe.
» Le système de répartition des eaux douces a
pour point de départ la piise d'eau qui avait été
faite à Zagazig, sui la branche tanitique du Nil, lors
que Méhémet-Ali voulut fonder le domaine du Ouady.
Cette prise d'eau est réglée par une forte porte à
deux battants munis de vannes, lesquelles servent
à admettre ou à épancher de plus ou moins grandes
Suez. Le jour était pris pour l'inauguration, les es-
trades d'honneur se couvraient de tapis et de ten-
tures d'apparat, les discours officiels s'élaboraient
dans le silence du cabinet, les fourneaux de l'hôtel
Shembri fumaient à l'envi, le champagne frémissait,
impatient de prendre le rang qui lui est dû dans
toute solennité de ce genre ; rien ne pouvait ébran-
ler une conviction si r-obuste. Lord Palmerston (le
vieux Pam, comme l'appellent familièrement ses
compatriotes), lord Palmerston avait parlé, le doute
n'était plus permis. Enfin, le jour fatal arrive, la
digue s'abaisse, l'eau du canal s'élance joyeusement,
entraînant avec elle les barques des ingénieurs ; le
problème est résolu, que dire ? que faire ? L'évidence
était là qui coupait court à toute discussion.
» Le fonctionnaire anglais ne pouvant récuser le
témoignage de ses yeux et sentant que s'il persis-
tait dans sa voie il allait avoir maille à partir avec
le ridicule, s'est tiré en homme d'esprit et de sens
d'une position difficile. Il a réservé ses appareils
distillatoires pour une meilleure occasion ; il est allé
trouver l'ingénieur du canal pour lui demander une
concession d'eau qui lui permît d'arroser son futur
jardin ; il a gaiement reconnu qu'il s'était trompé,
et a même poussé le bon goût jusqu'à boire publi-
quement dans un banquet à la santé de M. de
Lesseps.
» Je ne puis mieux terminer ce que j'avais à dire
sur cet intéressant sujet, qu'en citant quelques chif-
fres transmis par M. le consul de France à Suez et
qui, bien que reproduits déjà par plusieurs journaux,
tant en Egypte qu'en France, n'en conservent pas
moins une valeur réelle d'actualité ; ils seront d'une
éloquence convaincante pour ceux qui seraient ten-
tés d'amoindrir le bienfait de l'eau potable à Suez.
Voici le passage emprunté au compte rendu de
l'inauguration :
« Il se consommait à Suez, au minimum, pour
» 1,200,000 francs d'eau par an ; le chemin de fer en
» apportait pour 800,000 francs, sur lesquels le gou-
» vernement égyptien perdait 400,000 francs. Des
» chameaux en amenaient des fontaines pour 400,000
» francs. La Compagnie du canal épargne donc à
» la ville de Suez 1,200,000 francs de dépenses et
» fait bénéficier le gouvernement égyptien de
» 400,000 francs. C'est un joli cadeau ! L'eau coû-
» tait pour une famille arabe 45 francs par mois,
» aujourd'hui elle ne coûte plus rien. »
» Que peut-on ajouter à un renseignement de
cette nature ?
» La ville de Suez, déjà en grande voie d'accrois-
sement et de prospérité, va devenir, évidemment,
une ville considérable et un important marché com-
mercial. Ce sera la Marseille de la mer Rouge, puis-
que, indépendamment de sa position, elle vient d'ac-
quérir le seul élément de bien-être et de facilité
d'existence qui lui manquât, l'eau douce, qui amène
avec elle la fertilité. La végétation va reparaître en
ces lieux où régnaient en tyrans le sable et l'aridité.
La fraîcheur des arbres et des fleurs rendra suppor-
table l'action torride du soleil d'Afrique, et habita-
ble aux Européens cette contrée marâtre sur laquelle
il fallait apporter les objets de première nécessité. Et
tout cela n'est point une utopie ; il suffit pour se
convaincre du contraire de visiter le domaine du
Ouady et de se faire raconter son histoire qui re-
monte à peine à quelques années.
» Sous l'influence de l'eau seule et sans aucune
préparation, un sol végétal peut se former en trois
ans dans le sable pur, m'a-t-on dit sur les lieux
mêmes, et on m'en a montré des exemples. Que
n'obtiendra-t-on donc pas à Suez, lorsque les capi-
taux, et avec eux toutes les ressources, tous les
procédés perfectionnés de notre agriculture pourront
y être apportés ?
» Déjà des constructions de toute nature s'élèvent,
de grands ateliers mécaniques se fondent ; la Com-
pagnie du Canal maritime, celle des Messageries
Impériales, celle des bateaux à vapeur anglais, dite
Péninsulaire-Orientale, ont pris possession de vastes
espaces qu'elles couvrent d'usines et de travailleurs.
Le commerce, l'industrie des particuliers, prennent
place à côté de ces puissantes associations ; l'avenir
déchire ses voiles chaque jour et se révèle, fécond et
radieux , aux populations indigènes qu'il éclaire
comme aux étrangers qu'il attire.
» Il n'y a plus qu'à laisser aller les choses à leur
pente naturelle.
Système général des eaux douces.
» J'ai dit, et l'on a pu en juger d'après les indi-
cations éparses dans les pages qui précèdent, que
l'établissement dans l'isthme de Suez d'un bon sys-
tème de répartition des eaux douces était la base
fondamentale, la condition sine quâ non de la vie
prospère et de l'activité commerciale. J'ai annoncé
qu'à ce titre il me semblerait utile de consacrer un
chapitre spécial à ce premier objet de la sollicitude
de la Compagnie de Suez. Je viens tenir ma pro-
messe.
» Le système de répartition des eaux douces a
pour point de départ la piise d'eau qui avait été
faite à Zagazig, sui la branche tanitique du Nil, lors
que Méhémet-Ali voulut fonder le domaine du Ouady.
Cette prise d'eau est réglée par une forte porte à
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