Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1864 01 octobre 1864
Description : 1864/10/01 (A9,N199). 1864/10/01 (A9,N199).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203330s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 411
mettent d'exécuter à bien moins de frais les trans-
ports sur toute la ligne des travaux. Après l'établis-
sement des transports, sont les magasins généraux,
qui contiennent celui des fourrages d'abord ; puis de
vastes bâtiments où sont classés avec ordre et déli-
vrés d'après des tarifs modérés tous les ustensiles
nécessaires aux travailleurs; puis des vivres, des
liquides, des étoffes, tous les objets, enfin, dont l'in-
suffisance des magasins particuliers de la ville fait,
jusqu'à nouvel ordre, une loi à la Compagnie de
fournir la population européenne.
» Un autre établissement indispensable se voit à
l'est de la ville naissante, mais déjà fort active, d'Is-
maïlia, c'est celui destiné à élever les eaux douces
sur le point culminant du terrain parcouru par la
branche du canal maritime qui s'étend d'Ismaïlia à
Port-Saïd. Deux machines à vapeur représentant
une force de 16 chevaux suffisent à leur destination;
mais comme nous aurons l'occasion d'y revenir avec
les détails que comporte l'importance du sujet, nous
nous bornerons ici à ce peu Je mots.
» De longues rues bien alignées, bien ouvertes, sont
tracées en divers sens et offrent déjà un certain
nombre de maisons bien construites, par la Compa-
gnie et par l'industrie privée, sur des terrains con-
cédés à titre gratuit ou à prix débattu ; elles en at-
tendent d'autres qui feront d'Ismaïlia une ville dont
l'importance se réglera sur celle des transactions
de toute nature que provoquera l'ouverture du canal
maritime. Des entrepôts particuliers se forment, des
boutiques s'ouvrent, des auberges, des cafés s'éta-
blissent, tout cet ensemble prend aujourd'hui un ca-
ractère très-accusé d'activité commerciale et indus-
trielle. La population est déjà de deux mille cinq
cents âmes, et l'on peut dès aujourd'hui prévoir que
cette importance sera plus tard très-grande, et que
les dispositions se prennent pour que toutes les exi-
gences du commerce et de la navigation y trouvent
une satisfaction légitime.
» Ismaïlia est entourée d'un fossé alimenté par le
canal d'eau douce et qui indique le périmètre complet
de la ville future, qui atteindrait ainsi une dimen-
sion de 1,800 mètres est et ouest sur 600 mètres nord
et sud.
» Près de la ville européenne, il en est une autre
qui prend chaque jour un certain développement, et
qui est bien faite pour piquer la curiosité et éveiller,
à son point de vue, l'intérêt de l'observateur ; c'est
la ville arabe habitée et fréquentée par la population
indigène. Comme sur tous les points de l'Orient, où
les colonisations européennes ont posé le pied et ont
fait naître de grands intérêts, comme à Calcutta, à
Bombay, à Singapour, à Batavia, à Hong-Kong ou
à Manille, l'annexe obligée a été la ville indigène,
souvent aussi nommée la ville Noire. Cette annexe
ne saurait donc manquer ni à Ismaïlia, ni à Port-
Saïd, ni à aucune des localités situées sur les bords
du canal maritime de l'isthme de Suez, qui arrive-
ront à un grand développement.
» La ville indigène d'Ismaïlia est donc déjà tout
indiquée, et elle ne manque ni d'animation ni d'une
certaine importance. C'est là que demeurent les
chameliers, les matelots, les portefaix et tous les ou-
vriers du canal et de la ville qui appartiennent aux
races orientales; ils s'y construisent des habitations
légères dont quelques poteaux et quelques nattes
font les frais, mais qui suffisent à leurs modestes
besoins. Cette population a naturellement attiré les
trafiquants de toute nature qui pouvaient espérer réa-
liser un bénéfice à s'établir dans le désert. Aussi,
indépendamment des boutiques où se vendent toute
espèce de comestibles et d'objets d'habillement ou de
ménage, se trouvent tous les lieux de divertisse-
ments qui offrent aux Orientaux les distractions
dont ils raffolent.
» La quantité de cafés où l'on trouve des conteurs,
où l'on entend les instruments de musique et les
chants d'amour, où des almées (de médiocre étage,
il est vrai), étalent leurs parures bizarres, mais
toujours éclatantes, et leurs grâces lascives, est
vraiment étonnante, même pour les Européens qui
en comptent cependant par centaines dans leurs
villes natales. Aussi la ville arabe d'Ismaïlia offre-t-
elle, indépendamment de la variété des costumes,
deux coups d'œil très-curieux et très-divers, celui du
jour avec son activité mercantile et ses boutiques
garnies, souvent, d'objets peu familiers à nos yeux;
et celui de la nuit consacrée entièrement à la joie.
Les habitudes sont fort tranchées en Orient et l'on
n'y mêle pas, comme chez nous, les affaires et les
plaisirs; c'est ce qui fait que jamais on ne voit une
boutique ouverte après le coucher du soleil, mais
qu'aussi les cafés ou autres lieux de récréation sont
vides pendant la journée. L'aspect offert de nuit par
la ville arabe d'Ismaïlia est donc d'autantplus piquant,
que la population se livre tout entière à la joie, et
que le bruit et l'éclairage des cafés font un plus
grand contraste avec le morne silence et l'obscurité
du quartier marchand. Mais un contraste bien autre-
ment saisissant encore, c'est celui des deux villes
elles-mêmes avec le désert qui les enveloppe de
toutes parts. En vérité, je n'en croyais pas mes
yeux quand je me rappelais que, quelques années
avant, j'avais campé près de là aux environs de
Salaïeh, et que j'y avais éprouvé une de ces émo-
tions qui ne s'effacent pas de l'esprit du voyageur.
Je demande au lecteur la permission de lui raconter
ce petit épisode qui aura peut-être pour lui deux
mettent d'exécuter à bien moins de frais les trans-
ports sur toute la ligne des travaux. Après l'établis-
sement des transports, sont les magasins généraux,
qui contiennent celui des fourrages d'abord ; puis de
vastes bâtiments où sont classés avec ordre et déli-
vrés d'après des tarifs modérés tous les ustensiles
nécessaires aux travailleurs; puis des vivres, des
liquides, des étoffes, tous les objets, enfin, dont l'in-
suffisance des magasins particuliers de la ville fait,
jusqu'à nouvel ordre, une loi à la Compagnie de
fournir la population européenne.
» Un autre établissement indispensable se voit à
l'est de la ville naissante, mais déjà fort active, d'Is-
maïlia, c'est celui destiné à élever les eaux douces
sur le point culminant du terrain parcouru par la
branche du canal maritime qui s'étend d'Ismaïlia à
Port-Saïd. Deux machines à vapeur représentant
une force de 16 chevaux suffisent à leur destination;
mais comme nous aurons l'occasion d'y revenir avec
les détails que comporte l'importance du sujet, nous
nous bornerons ici à ce peu Je mots.
» De longues rues bien alignées, bien ouvertes, sont
tracées en divers sens et offrent déjà un certain
nombre de maisons bien construites, par la Compa-
gnie et par l'industrie privée, sur des terrains con-
cédés à titre gratuit ou à prix débattu ; elles en at-
tendent d'autres qui feront d'Ismaïlia une ville dont
l'importance se réglera sur celle des transactions
de toute nature que provoquera l'ouverture du canal
maritime. Des entrepôts particuliers se forment, des
boutiques s'ouvrent, des auberges, des cafés s'éta-
blissent, tout cet ensemble prend aujourd'hui un ca-
ractère très-accusé d'activité commerciale et indus-
trielle. La population est déjà de deux mille cinq
cents âmes, et l'on peut dès aujourd'hui prévoir que
cette importance sera plus tard très-grande, et que
les dispositions se prennent pour que toutes les exi-
gences du commerce et de la navigation y trouvent
une satisfaction légitime.
» Ismaïlia est entourée d'un fossé alimenté par le
canal d'eau douce et qui indique le périmètre complet
de la ville future, qui atteindrait ainsi une dimen-
sion de 1,800 mètres est et ouest sur 600 mètres nord
et sud.
» Près de la ville européenne, il en est une autre
qui prend chaque jour un certain développement, et
qui est bien faite pour piquer la curiosité et éveiller,
à son point de vue, l'intérêt de l'observateur ; c'est
la ville arabe habitée et fréquentée par la population
indigène. Comme sur tous les points de l'Orient, où
les colonisations européennes ont posé le pied et ont
fait naître de grands intérêts, comme à Calcutta, à
Bombay, à Singapour, à Batavia, à Hong-Kong ou
à Manille, l'annexe obligée a été la ville indigène,
souvent aussi nommée la ville Noire. Cette annexe
ne saurait donc manquer ni à Ismaïlia, ni à Port-
Saïd, ni à aucune des localités situées sur les bords
du canal maritime de l'isthme de Suez, qui arrive-
ront à un grand développement.
» La ville indigène d'Ismaïlia est donc déjà tout
indiquée, et elle ne manque ni d'animation ni d'une
certaine importance. C'est là que demeurent les
chameliers, les matelots, les portefaix et tous les ou-
vriers du canal et de la ville qui appartiennent aux
races orientales; ils s'y construisent des habitations
légères dont quelques poteaux et quelques nattes
font les frais, mais qui suffisent à leurs modestes
besoins. Cette population a naturellement attiré les
trafiquants de toute nature qui pouvaient espérer réa-
liser un bénéfice à s'établir dans le désert. Aussi,
indépendamment des boutiques où se vendent toute
espèce de comestibles et d'objets d'habillement ou de
ménage, se trouvent tous les lieux de divertisse-
ments qui offrent aux Orientaux les distractions
dont ils raffolent.
» La quantité de cafés où l'on trouve des conteurs,
où l'on entend les instruments de musique et les
chants d'amour, où des almées (de médiocre étage,
il est vrai), étalent leurs parures bizarres, mais
toujours éclatantes, et leurs grâces lascives, est
vraiment étonnante, même pour les Européens qui
en comptent cependant par centaines dans leurs
villes natales. Aussi la ville arabe d'Ismaïlia offre-t-
elle, indépendamment de la variété des costumes,
deux coups d'œil très-curieux et très-divers, celui du
jour avec son activité mercantile et ses boutiques
garnies, souvent, d'objets peu familiers à nos yeux;
et celui de la nuit consacrée entièrement à la joie.
Les habitudes sont fort tranchées en Orient et l'on
n'y mêle pas, comme chez nous, les affaires et les
plaisirs; c'est ce qui fait que jamais on ne voit une
boutique ouverte après le coucher du soleil, mais
qu'aussi les cafés ou autres lieux de récréation sont
vides pendant la journée. L'aspect offert de nuit par
la ville arabe d'Ismaïlia est donc d'autantplus piquant,
que la population se livre tout entière à la joie, et
que le bruit et l'éclairage des cafés font un plus
grand contraste avec le morne silence et l'obscurité
du quartier marchand. Mais un contraste bien autre-
ment saisissant encore, c'est celui des deux villes
elles-mêmes avec le désert qui les enveloppe de
toutes parts. En vérité, je n'en croyais pas mes
yeux quand je me rappelais que, quelques années
avant, j'avais campé près de là aux environs de
Salaïeh, et que j'y avais éprouvé une de ces émo-
tions qui ne s'effacent pas de l'esprit du voyageur.
Je demande au lecteur la permission de lui raconter
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