Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1864 15 octobre 1864
Description : 1864/10/15 (A9,N200). 1864/10/15 (A9,N200).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033316
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 419
abominable trafic, qui est la ruine de tout commerce
légitime avec les populations nègres. Nous devons
espérer que les mesures qui viennent d'être adoptées
seront couronnées de succès, et que dans leur exécu-
tion les autorités ne se laisseront arrêter par aucune
considération de nationalité.
» On n'a pas observé de changement dans la crue
du Nil depuis que je vous ai entretenu de ce sujet
par ma lettre du 19 août. Son niveau actuel est de
19 pics et une fraction, ou 38 pieds 4 pouces anglais,
au-dessus de l'étiage, c'est à-dire 5 pics 1/2 de moins
qu'à la même période de l'année précédente et 3 pics
de moins qu'en 1862. Au commencement de la saison,
quelques craintes avaient été ressenties par rapport à
une autre inondation; maintenant quelques parties
de l'intérieur se plaignent du peu d'élévation de la
crue, et on appréhende que les récoltes ne soient pas
tout à fait aussi abondantes qu'on l'espérait il y a
quelque temps.
» Les principales rues et places de notre ville sont
maintenant éclairées au gaz et on nous promet de
paver pour l'année prochaine nos principales rues.
» Une autre amélioration est le chemin de fer
américain construit par une compagnie d'Alexandrie
et qui vient d'être acheté par la Compagnie égyp-
tienne de navigation à vapeur. Ce chemin a été
commencé dans le mois de mai de l'année dernière
dans le but de transporter le coton et les -autres
marchandises de la station du railway du Caire aux
entrepôts et de là au port pour s'y embarquer. Une
autre ligne s'étend entre l'arsenal et la douane
d'un côté et le railway du Caire de l'autre, dans le
but de faciliter la transmission des marchandises
destinées à être expédiées à l'intérieur. Cette ligne,
construite sous la direction habile de M. Dawson,
ingénieur civil, est déjà presque achevée et même
la plus grande partie en a été livrée au trafic de-
puis quelque temps.
» La négociation du nouvel emprunt égyptien, de
5 millions sterling (1^5 millions de francs), a été dé-
finitivement confiée à M. H. Oppenheim neveu et Cie
de cette ville, et M. Henri Oppenheim est parti pour
Londres et pour Paris par le dernier paquebot fran-
çais, afin d'y conclure les arrangements nécessaires.
L'emprunt est remboursable en quinze ans, avec in-
térêt au taux de 9 0/0, plus l'amortissement. »
Parmi ces nouvelles, qui témoignent des progrès
que fait journellement l'Égypte, nos lecteurs auront
remarqué comme nous les détails plus tristes con-
cernant l'état du Soudan et les mesures que le gou-
vernement égyptien est forcé de prendre pour mettre
un terme à des actes déplorables. Plus d'une fois
déjà la presse européenne a retenti des excès qui se
commettent sous les pavillons de l'Europe civilisée
à l'égard des tribus nègres qui bordent le haut Nil.
Le commerce de l'ivoire n'est plus en quelque sorte
qu'un prétexte et un manteau pour des expéditions
dont l'objet est la traite des esclaves; et comment
ces expéditions sor.t elles conduites? Des aventuriers
bien armés s'embarquent sur des bateaux préparés
à Kartoum. Ils remontent le fleuve, descendent sur
ses rives et enlèvent les nègres, hommes, femmes,
enfants, qu'ils peuvent surprendre sans moyens de
résistance. Les populations s'enfuient loin du fleuve
dont les rives restent désertes. Chaque trafiquant de-
vient pour elles un ennemi, et le correspondant du
Times a raison de dire que ces procédés sont la ruine
du commerce légitime, qui décline de plus en plus
à Kartoum. Nous ne pouvons donc à notre tour que
féliciter le gouvernement égyptien des dispositions
sévères et énergiques qu'il prend contre ces crimes,
et il sera soutenu dans cette voie par les applau-
dissements de tous les amis de l'humanité.
Mais comment se fait-il que nous trouvions le
pavillon anglais prenant la plus grande part dans
ces violences plus qu'illicites? En effet, sur les
1700 esclaves rencontrés dans les douze bateaux
saisis, 850 de ces infortunes étaient sous le cou-
vert du pavillon britannique, protégeant des énor-
mités bien plus odieuses que celles que les croi-
sières anglaises poursuivent et répriment sur la côte
occidentale d'Afrique P ns ces parages, les négriers
achètent des gens qui sont déjà réduits en esclavage;
sur le fleuve Blanc ils enlèvent des individus libres
qui ne leur coûtent que la poudre et le plomb néces-
saires pour les faire prisonniers et les transporter
sur les marchés où se trafique cette chair humaine.
N'y a-t-il point pourtant un consul anglais à
Kartoum. et se peut-il qu'il n'ait rien aperçu du
criminel usage qui se fait depuis longtemps des
couleurs de son pays? La diplomatie anglaise était-
elle tellement préoccupée d'empêcher les fellahs d'al-
ler travailler au canal de Suez et de les affranchir des
bons traitements de la Compagnie, qu'elle ait laissé
la carrière libre à ceux qui, sous sa protection, s'a-
bandonnaient aux faits dont nous trouvons l'aveu
dans le Times lui-même? Voilà sans doute une belle
occasion pour les interpellations de M. Griffith à la
prochaine session du Parlement. Nous lui ferons ob-
server seulement que, quoique ces détails eussent
retenti dans la presse européenne, ils n'avaient pas
encore ému sa philanthropie. Pourtant, quel con-
traste entre le travail obligatoire tel qu'il était
constitué dans l'isthme et ces enlèvements à main
armée des populations indigènes du Soudan !
Ce n'est point la première fois que ces contradictions
nous frappent dans la politique commerciale de nos
voisins. Nous désirons, sans trop l'espérer que ce
soit la dernière.
abominable trafic, qui est la ruine de tout commerce
légitime avec les populations nègres. Nous devons
espérer que les mesures qui viennent d'être adoptées
seront couronnées de succès, et que dans leur exécu-
tion les autorités ne se laisseront arrêter par aucune
considération de nationalité.
» On n'a pas observé de changement dans la crue
du Nil depuis que je vous ai entretenu de ce sujet
par ma lettre du 19 août. Son niveau actuel est de
19 pics et une fraction, ou 38 pieds 4 pouces anglais,
au-dessus de l'étiage, c'est à-dire 5 pics 1/2 de moins
qu'à la même période de l'année précédente et 3 pics
de moins qu'en 1862. Au commencement de la saison,
quelques craintes avaient été ressenties par rapport à
une autre inondation; maintenant quelques parties
de l'intérieur se plaignent du peu d'élévation de la
crue, et on appréhende que les récoltes ne soient pas
tout à fait aussi abondantes qu'on l'espérait il y a
quelque temps.
» Les principales rues et places de notre ville sont
maintenant éclairées au gaz et on nous promet de
paver pour l'année prochaine nos principales rues.
» Une autre amélioration est le chemin de fer
américain construit par une compagnie d'Alexandrie
et qui vient d'être acheté par la Compagnie égyp-
tienne de navigation à vapeur. Ce chemin a été
commencé dans le mois de mai de l'année dernière
dans le but de transporter le coton et les -autres
marchandises de la station du railway du Caire aux
entrepôts et de là au port pour s'y embarquer. Une
autre ligne s'étend entre l'arsenal et la douane
d'un côté et le railway du Caire de l'autre, dans le
but de faciliter la transmission des marchandises
destinées à être expédiées à l'intérieur. Cette ligne,
construite sous la direction habile de M. Dawson,
ingénieur civil, est déjà presque achevée et même
la plus grande partie en a été livrée au trafic de-
puis quelque temps.
» La négociation du nouvel emprunt égyptien, de
5 millions sterling (1^5 millions de francs), a été dé-
finitivement confiée à M. H. Oppenheim neveu et Cie
de cette ville, et M. Henri Oppenheim est parti pour
Londres et pour Paris par le dernier paquebot fran-
çais, afin d'y conclure les arrangements nécessaires.
L'emprunt est remboursable en quinze ans, avec in-
térêt au taux de 9 0/0, plus l'amortissement. »
Parmi ces nouvelles, qui témoignent des progrès
que fait journellement l'Égypte, nos lecteurs auront
remarqué comme nous les détails plus tristes con-
cernant l'état du Soudan et les mesures que le gou-
vernement égyptien est forcé de prendre pour mettre
un terme à des actes déplorables. Plus d'une fois
déjà la presse européenne a retenti des excès qui se
commettent sous les pavillons de l'Europe civilisée
à l'égard des tribus nègres qui bordent le haut Nil.
Le commerce de l'ivoire n'est plus en quelque sorte
qu'un prétexte et un manteau pour des expéditions
dont l'objet est la traite des esclaves; et comment
ces expéditions sor.t elles conduites? Des aventuriers
bien armés s'embarquent sur des bateaux préparés
à Kartoum. Ils remontent le fleuve, descendent sur
ses rives et enlèvent les nègres, hommes, femmes,
enfants, qu'ils peuvent surprendre sans moyens de
résistance. Les populations s'enfuient loin du fleuve
dont les rives restent désertes. Chaque trafiquant de-
vient pour elles un ennemi, et le correspondant du
Times a raison de dire que ces procédés sont la ruine
du commerce légitime, qui décline de plus en plus
à Kartoum. Nous ne pouvons donc à notre tour que
féliciter le gouvernement égyptien des dispositions
sévères et énergiques qu'il prend contre ces crimes,
et il sera soutenu dans cette voie par les applau-
dissements de tous les amis de l'humanité.
Mais comment se fait-il que nous trouvions le
pavillon anglais prenant la plus grande part dans
ces violences plus qu'illicites? En effet, sur les
1700 esclaves rencontrés dans les douze bateaux
saisis, 850 de ces infortunes étaient sous le cou-
vert du pavillon britannique, protégeant des énor-
mités bien plus odieuses que celles que les croi-
sières anglaises poursuivent et répriment sur la côte
occidentale d'Afrique P ns ces parages, les négriers
achètent des gens qui sont déjà réduits en esclavage;
sur le fleuve Blanc ils enlèvent des individus libres
qui ne leur coûtent que la poudre et le plomb néces-
saires pour les faire prisonniers et les transporter
sur les marchés où se trafique cette chair humaine.
N'y a-t-il point pourtant un consul anglais à
Kartoum. et se peut-il qu'il n'ait rien aperçu du
criminel usage qui se fait depuis longtemps des
couleurs de son pays? La diplomatie anglaise était-
elle tellement préoccupée d'empêcher les fellahs d'al-
ler travailler au canal de Suez et de les affranchir des
bons traitements de la Compagnie, qu'elle ait laissé
la carrière libre à ceux qui, sous sa protection, s'a-
bandonnaient aux faits dont nous trouvons l'aveu
dans le Times lui-même? Voilà sans doute une belle
occasion pour les interpellations de M. Griffith à la
prochaine session du Parlement. Nous lui ferons ob-
server seulement que, quoique ces détails eussent
retenti dans la presse européenne, ils n'avaient pas
encore ému sa philanthropie. Pourtant, quel con-
traste entre le travail obligatoire tel qu'il était
constitué dans l'isthme et ces enlèvements à main
armée des populations indigènes du Soudan !
Ce n'est point la première fois que ces contradictions
nous frappent dans la politique commerciale de nos
voisins. Nous désirons, sans trop l'espérer que ce
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