Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1864 01 octobre 1864
Description : 1864/10/01 (A9,N199). 1864/10/01 (A9,N199).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203330s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
I)P
4<% L'ÎSTÏIME DESÛËZ,
PROMENADE DANS L'ISTHME DE SUEZ (1).
En annonçant dans notre numéro précédent la
publication de Cet ouvrage de M. Casimir Leconte,
nous promettions à nos lecteurs de revenir sur ce
travail. Notre intention était en effet de leur en pré-
senter l'analyse ; mais le succès d'intérêt qu'ont ob-
tenu les extraits que nous lui avons empruntés, les
demandes qui nous ont été faites par plusieurs de
nos abonnés et la lecture complète du livre nous in-
vitent également à reproduire encore, sans commen-
taires, d'autres extraits de ce récit si plein de spon-
tanéité et d'observations sur les localités que l'auteur
a vues et sur l'ensemble de l'entreprise. M. Leconte
est, par-dessus tout, un témoin sincère et désinté-
ressé; son caractère, sa position, ses antécédents
donnent à son jugement dans ces matières une au-
torité incontestable. Nous ne saurions donc mieux
faire que de le citer purement et simplement. Au-
jourd'hui nous puiserons dans son récit la descrip-
tion de son trajet et de ses impressions de voyage
de Zagazig à Ismaïlia, et celle de la ville d'Ismaïlia
elle-même. Nous sommes convaincus que nos lec-
teurs partageront l'entraînement que nous ont ins-
piré le charme et le pittoresque de cette narration.
Nous ne croyons pas que sur ce sujet il ait été en-
core publié des détails aussi curieux et aussi com-
plets. Il nous semble qu'ils donnent l'envie d'aller
voir par soi-même ce que l'écrivain décrit si bien.
ERNEST DESPLACES.
De Zagazig à Ismaïlia.
« La Compagnie a été bien inspirée en posant à
Zagazig le premier jalon de ses immenses travaux ;
d'abord, la ville est déjà importante et tend à le de-
venir davantage, car c'est un des principaux mar-
chés de coton de l'Egypte, et l'achèvement du canal
de Suez ne peut qu'augmenter sa prospérité. — La
Compagnie y a trouvé, en second lieu, un grand pas
de fait et un point d'appui solide pour ses opérations
ultérieures : un tronçon de canal d'eau douce, avec
prise d'eau et barrage sur la branche tanitique (2)
du Nil, avait déjà été commencé par Méhémet-Ali
et continué par Abbas, pour la fertilisation de la por-
tion du désert qui avait été jadis la terre féconde de
Gessen. Cette opération avait amené la création
dTune importante propriété nommée le domaine de
l'Ouady, appelée aujourd'hui à de grandes destinées
dans les mains de la Compagnie qui l'a acquise et
y a déjà attiré une colonisation très-intéressante;
(1) 1 vol. in-8° avec une carte, prix : 2 fr. (Voir aux annonces.)
(2) Ainsi nommée parce qu'elle avait son embouchure près de
l'ancienne ville de Tanis,
c'est celle des Bédouins appartenant aux tribus
errantes du désert, qui, renonçant à leurs mœurs
nomades, viennent demander aux travaux agricoles
et à la vie sédentaire l'aisance et la sécurité. On en
compte déjà près de huit cents familles, comprenant
trois mille trois cents individus auxquels on a concédé
14,600 feddans qui, à raison de 42 ares pour un fed-
dan, donnent 6,132 hectares de terre aujourd'hui en
plein rapport. Il est curieux de voir ces enfants du
désert abjurer leurs traditions séculaires pour venir
se ranger docilement sous la discipline paternelle de
ces chrétiens que, dès leur enfance, ils avaient ap-
pris à maudire. Il est vrai qu'éclairés par l'expé-
rience, ils ont reconnu bien vite qu'ils n'avaient rien
à craindre des exactions des mudirs (1) ou du bâton
des cavass, et qu'ils pouvaient être assurés de re-
cueillir en toute liberté le fruit de leur labeur. Serait-
il donc vrai aussi que les tribus nomades, attirées de
proche en proche par un genre de vie si nouveau et
si fécond en heureux résultats, en vinssent à renou-
veler les prodiges opérés par les Hébreux dans la
terre de Gessen aux temps des patriarches ! Ces sou-
venirs bibliques se présentent naturellement à l'es-
prit du voyageur qui parcourt ces contrées encore à
demi désertes, et l'on pressent déjà que bientôt, sous
l'influence du canal d'eau douce, l'époque de la régé-
nération approche, chassant devant elle la barbarie
et la stérilité. Mais revenons un peu sur nos pas;
car, dans notre sympathie pour les fils d'Ismaël qui
viennent, renouant la chaîne des temps, reprendre
sur les lieux mêmes les traditions des fils de Jacob,
nous avons dépassé les limites de la partie déjà mise
en valeur du magnifique domaine de l'Ouady, et du
tronçon du canal construit par Méhémet-Ali et Ab-
bas-Pacha.
» Les terres de l'Ouady'commencent à 15 kilomètres
environ de Zagazig et s'étendent, de l'ouest à l'est,
sur une longueur de 36 kilomètres et une largeur
qui varie de 8 à 11 du nord au sud. Le domaine est
traversé dans sa plus grande longueur par le canal
d'eau douce et partagé autant que possible par
moitié ; on a fait décrire plusieurs courbes à ce canal,
toutefois, afin, m'a-t-on dit, soit d'éviter des collines
qui auraient augmenté le cube des travaux de ter-
rassement, soit de faciliter l'irrigation d'une plus
grande étendue de terrain. Les cultures se sont éta-
blies presque en totalité sur la rive droite; et en
venant de l'ouest, on compte déjà trois beaux villa-
ges, Abbassieh, Tell-el-Kebir et Ras-el-Ouady, sans
parler de plusieurs hameaux et de beaucoup de
fermes et habitations isolées. La population du do-
maine est estimée en ce moment à onze mille âmes (2),
(t) Gouverneurs de districts.
(2) Ces chiffres sont ceux de 1863; il est plus que probable qu'il
y a encore une augmentation.
4<% L'ÎSTÏIME DESÛËZ,
PROMENADE DANS L'ISTHME DE SUEZ (1).
En annonçant dans notre numéro précédent la
publication de Cet ouvrage de M. Casimir Leconte,
nous promettions à nos lecteurs de revenir sur ce
travail. Notre intention était en effet de leur en pré-
senter l'analyse ; mais le succès d'intérêt qu'ont ob-
tenu les extraits que nous lui avons empruntés, les
demandes qui nous ont été faites par plusieurs de
nos abonnés et la lecture complète du livre nous in-
vitent également à reproduire encore, sans commen-
taires, d'autres extraits de ce récit si plein de spon-
tanéité et d'observations sur les localités que l'auteur
a vues et sur l'ensemble de l'entreprise. M. Leconte
est, par-dessus tout, un témoin sincère et désinté-
ressé; son caractère, sa position, ses antécédents
donnent à son jugement dans ces matières une au-
torité incontestable. Nous ne saurions donc mieux
faire que de le citer purement et simplement. Au-
jourd'hui nous puiserons dans son récit la descrip-
tion de son trajet et de ses impressions de voyage
de Zagazig à Ismaïlia, et celle de la ville d'Ismaïlia
elle-même. Nous sommes convaincus que nos lec-
teurs partageront l'entraînement que nous ont ins-
piré le charme et le pittoresque de cette narration.
Nous ne croyons pas que sur ce sujet il ait été en-
core publié des détails aussi curieux et aussi com-
plets. Il nous semble qu'ils donnent l'envie d'aller
voir par soi-même ce que l'écrivain décrit si bien.
ERNEST DESPLACES.
De Zagazig à Ismaïlia.
« La Compagnie a été bien inspirée en posant à
Zagazig le premier jalon de ses immenses travaux ;
d'abord, la ville est déjà importante et tend à le de-
venir davantage, car c'est un des principaux mar-
chés de coton de l'Egypte, et l'achèvement du canal
de Suez ne peut qu'augmenter sa prospérité. — La
Compagnie y a trouvé, en second lieu, un grand pas
de fait et un point d'appui solide pour ses opérations
ultérieures : un tronçon de canal d'eau douce, avec
prise d'eau et barrage sur la branche tanitique (2)
du Nil, avait déjà été commencé par Méhémet-Ali
et continué par Abbas, pour la fertilisation de la por-
tion du désert qui avait été jadis la terre féconde de
Gessen. Cette opération avait amené la création
dTune importante propriété nommée le domaine de
l'Ouady, appelée aujourd'hui à de grandes destinées
dans les mains de la Compagnie qui l'a acquise et
y a déjà attiré une colonisation très-intéressante;
(1) 1 vol. in-8° avec une carte, prix : 2 fr. (Voir aux annonces.)
(2) Ainsi nommée parce qu'elle avait son embouchure près de
l'ancienne ville de Tanis,
c'est celle des Bédouins appartenant aux tribus
errantes du désert, qui, renonçant à leurs mœurs
nomades, viennent demander aux travaux agricoles
et à la vie sédentaire l'aisance et la sécurité. On en
compte déjà près de huit cents familles, comprenant
trois mille trois cents individus auxquels on a concédé
14,600 feddans qui, à raison de 42 ares pour un fed-
dan, donnent 6,132 hectares de terre aujourd'hui en
plein rapport. Il est curieux de voir ces enfants du
désert abjurer leurs traditions séculaires pour venir
se ranger docilement sous la discipline paternelle de
ces chrétiens que, dès leur enfance, ils avaient ap-
pris à maudire. Il est vrai qu'éclairés par l'expé-
rience, ils ont reconnu bien vite qu'ils n'avaient rien
à craindre des exactions des mudirs (1) ou du bâton
des cavass, et qu'ils pouvaient être assurés de re-
cueillir en toute liberté le fruit de leur labeur. Serait-
il donc vrai aussi que les tribus nomades, attirées de
proche en proche par un genre de vie si nouveau et
si fécond en heureux résultats, en vinssent à renou-
veler les prodiges opérés par les Hébreux dans la
terre de Gessen aux temps des patriarches ! Ces sou-
venirs bibliques se présentent naturellement à l'es-
prit du voyageur qui parcourt ces contrées encore à
demi désertes, et l'on pressent déjà que bientôt, sous
l'influence du canal d'eau douce, l'époque de la régé-
nération approche, chassant devant elle la barbarie
et la stérilité. Mais revenons un peu sur nos pas;
car, dans notre sympathie pour les fils d'Ismaël qui
viennent, renouant la chaîne des temps, reprendre
sur les lieux mêmes les traditions des fils de Jacob,
nous avons dépassé les limites de la partie déjà mise
en valeur du magnifique domaine de l'Ouady, et du
tronçon du canal construit par Méhémet-Ali et Ab-
bas-Pacha.
» Les terres de l'Ouady'commencent à 15 kilomètres
environ de Zagazig et s'étendent, de l'ouest à l'est,
sur une longueur de 36 kilomètres et une largeur
qui varie de 8 à 11 du nord au sud. Le domaine est
traversé dans sa plus grande longueur par le canal
d'eau douce et partagé autant que possible par
moitié ; on a fait décrire plusieurs courbes à ce canal,
toutefois, afin, m'a-t-on dit, soit d'éviter des collines
qui auraient augmenté le cube des travaux de ter-
rassement, soit de faciliter l'irrigation d'une plus
grande étendue de terrain. Les cultures se sont éta-
blies presque en totalité sur la rive droite; et en
venant de l'ouest, on compte déjà trois beaux villa-
ges, Abbassieh, Tell-el-Kebir et Ras-el-Ouady, sans
parler de plusieurs hameaux et de beaucoup de
fermes et habitations isolées. La population du do-
maine est estimée en ce moment à onze mille âmes (2),
(t) Gouverneurs de districts.
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