Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1864 15 septembre 1864
Description : 1864/09/15 (A9,N198). 1864/09/15 (A9,N198).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033294
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
392 L'ISTHME DE SUEZ,
vues jalouses, étroites ou cupides, voudraient tenter
encore d'entraver l'achèvement d'une œuvre dont
l'utilité est si établie au point de vue de tous les
intérêts respectables.
» Ceux qui se laissent aller à de mesquines tra-
casseries, ou pis encore, à de viles passions, auront
à en répondre devant l'histoire et devant la cons-
cience publique. Qu'ils y songent! il en est temps.
» Espérons, pour leur honneur et pour le bien gé-
néral, qu'ils reviendront à de meilleurs sentiments,
et qu'ils ne parviendront pas à retarder d'un jour
l'accomplissement d'une œuvre dont le succès im-
porte à l'humanité tout entière.
» Le vice-roi d'Egypte vient de donner, à cet
égard, un exemple aussi honorable qu'éclatant. On
aurait pu craindre qu'il ne restât quelque trace de
mécontententement ou, du moins, de froideur entre
le gouvernement égyptien et la Compagnie.
» Il n'en est rien ; le vice-roi, on le voit mainte-
nant, s'était soumis d'avance, et sans arrière-pen-
sée, à la décision de l'Empereur, et l'on annonce
officiellement qu'il doit faire prochainement une vi-
site générale des travaux de l'isthme, et qu'il veut
la faire accompagné de M. Ferd. de Lesseps. Toute
réflexion sur ce sujet ne ferait, à mon sens, qu'atté-
nuer la portée du fait ; je m'en abstiendrai donc.
» Quant à moi, ma tâche est terminée, et qu'il me
soit permis de le dire une dernière fois, si ma voix,
faible peut-être, mais convaincue et désintéressée,
peut jeter un seul rayon de lumière sur la grave
question du percement de l'isthme de Suez, je serai
trop payé de mes peines et rentrerai le cœur léger
dans ma retraite, que la conscience d'un devoir à
remplir a pu seule me faire quitter un moment. »
Ajoutons que tout en rendant compte de tous les
travaux qu'il a vus, de tous les points qu'il a vi-
sités, et il n'en est pas un seul qui n'ait été le sujet
attentif de ses observations, de tous les progrès qu'il
a constatés, l'auteur de la Promenade dans l'isthme
de Suez a su entremêler ses récits d'études des mœurs
et des individualités qui augmentent encore l'intérêt
de son travail, en faisant connaître la nature des
hommes qui participent à l'exécution de ce vaste
projet. Nous en donnons un exemple en citant le cha-
pitre suivant.
ERNEST DESPLACES.
la vie du désert ; détails de moeurs; types ;
anecdotes.
« La vie excentrique crée souvent et développe
toujours les germes de l'originalité dans les carac-
tères humains. Tel aurait parcouru une carrière
tranquille et monotone, s'il lui avait été fait de
bonne heure une existence commode dans un bureau ;
tel s'éteindra sans bruit après une vie sans émotions,
qui aurait peut-être été cité pour l'activité de son
corps et de son esprit, si les circonstances y avaient
aidé.
» Il n'est donc pas étonnant que l'entreprise de
M. Ferdinand de Lesseps, arrachant à la vie occupée,
mais paisible, un grand nombre d'hommes intelli-
gents, pour les transplanter, sans transition , de
leur cabinet dans le pays le plus déshérité du ciel,
ait opéré dans leurs caractères et leurs habitudes
une transformation radicale.
» Nous pouvons avoir chaque jour sous les yeux
des preuves à l'appui de ce qui précède. Il n'y a
qu'à interroger les marins et les officiers de notre
armée d'Afrique ; tous vous diront que le même effet
se produit quand un individu se trouve lancé dans
une de ces voies violentes que l'on appelle la marine
ou la guerre. De deux choses l'une, il se dégoûte
promptement, ou adopte avec enthousiasme et téna-
cité sa nouvelle position. D'où vient que l'infortuné
général Duvivier (1), qui a laissé de si profonds et
si justes regrets, disait avec une grande autorité :
« L'Afrique (il la connaissait mieux que personne) ,
l'Afrique est un crible : les petits et les faibles pas-
sent au travers, mais ceux qui restent ont des bras
et des ceurs d'acier; on peut tout oser avec eux. »
» Il en doit être ainsi dans l'isthme de Suez ; il est
impossible que, dans les commencements surtout, il
n'y ait pas eu de ees défaillances, de ces accès de
nostalgie qui mettent promptement un terme à des
résolutions plus énergiques; mais aujourd'hui, on
sent qu'il y a là une vaillante phalange prête à
achever l'œuvre sans faiblir un instant; on recon-
nait à chaque pas ces cœurs et ces bras d'acier dont
parlait le général Duvivier.
» C'est que, depuis bientôt cinq ans, le désert a
eu le temps de produire tout son effet. Son âpreté
même a agi comme le marteau sur le fer; ceux
qu'elle n'a pas broyés, elle les a raffermis à ou-
trance. Je suis moi-même un exemple de cette cu-
rieuse influence de la vie d'aventure. Né avec un
tempérament un peu mou et prédisposé à l'obésité,
j'ai conjuré cette mauvaise tendance par une vie
errante qui m'a réussi d'une manière si complète,
que j'ai impunément habité tous les climats et
bravé toutes les fatigues.
» Or, comme cette expérience dure depuis préci-
sément un demi-siècle, il m'est permis de la trouver
assez concluante. Je demande pardon au lecteur de
m'être cité moi-même, mais je pense qu'il admettra
que cet exemple ne manquait pas de valeur, et qu'il
me pardonnera ce petit accès de vanité.
(1) Tué si malheureusement en 1848 dans l'insurrection de
juin.
vues jalouses, étroites ou cupides, voudraient tenter
encore d'entraver l'achèvement d'une œuvre dont
l'utilité est si établie au point de vue de tous les
intérêts respectables.
» Ceux qui se laissent aller à de mesquines tra-
casseries, ou pis encore, à de viles passions, auront
à en répondre devant l'histoire et devant la cons-
cience publique. Qu'ils y songent! il en est temps.
» Espérons, pour leur honneur et pour le bien gé-
néral, qu'ils reviendront à de meilleurs sentiments,
et qu'ils ne parviendront pas à retarder d'un jour
l'accomplissement d'une œuvre dont le succès im-
porte à l'humanité tout entière.
» Le vice-roi d'Egypte vient de donner, à cet
égard, un exemple aussi honorable qu'éclatant. On
aurait pu craindre qu'il ne restât quelque trace de
mécontententement ou, du moins, de froideur entre
le gouvernement égyptien et la Compagnie.
» Il n'en est rien ; le vice-roi, on le voit mainte-
nant, s'était soumis d'avance, et sans arrière-pen-
sée, à la décision de l'Empereur, et l'on annonce
officiellement qu'il doit faire prochainement une vi-
site générale des travaux de l'isthme, et qu'il veut
la faire accompagné de M. Ferd. de Lesseps. Toute
réflexion sur ce sujet ne ferait, à mon sens, qu'atté-
nuer la portée du fait ; je m'en abstiendrai donc.
» Quant à moi, ma tâche est terminée, et qu'il me
soit permis de le dire une dernière fois, si ma voix,
faible peut-être, mais convaincue et désintéressée,
peut jeter un seul rayon de lumière sur la grave
question du percement de l'isthme de Suez, je serai
trop payé de mes peines et rentrerai le cœur léger
dans ma retraite, que la conscience d'un devoir à
remplir a pu seule me faire quitter un moment. »
Ajoutons que tout en rendant compte de tous les
travaux qu'il a vus, de tous les points qu'il a vi-
sités, et il n'en est pas un seul qui n'ait été le sujet
attentif de ses observations, de tous les progrès qu'il
a constatés, l'auteur de la Promenade dans l'isthme
de Suez a su entremêler ses récits d'études des mœurs
et des individualités qui augmentent encore l'intérêt
de son travail, en faisant connaître la nature des
hommes qui participent à l'exécution de ce vaste
projet. Nous en donnons un exemple en citant le cha-
pitre suivant.
ERNEST DESPLACES.
la vie du désert ; détails de moeurs; types ;
anecdotes.
« La vie excentrique crée souvent et développe
toujours les germes de l'originalité dans les carac-
tères humains. Tel aurait parcouru une carrière
tranquille et monotone, s'il lui avait été fait de
bonne heure une existence commode dans un bureau ;
tel s'éteindra sans bruit après une vie sans émotions,
qui aurait peut-être été cité pour l'activité de son
corps et de son esprit, si les circonstances y avaient
aidé.
» Il n'est donc pas étonnant que l'entreprise de
M. Ferdinand de Lesseps, arrachant à la vie occupée,
mais paisible, un grand nombre d'hommes intelli-
gents, pour les transplanter, sans transition , de
leur cabinet dans le pays le plus déshérité du ciel,
ait opéré dans leurs caractères et leurs habitudes
une transformation radicale.
» Nous pouvons avoir chaque jour sous les yeux
des preuves à l'appui de ce qui précède. Il n'y a
qu'à interroger les marins et les officiers de notre
armée d'Afrique ; tous vous diront que le même effet
se produit quand un individu se trouve lancé dans
une de ces voies violentes que l'on appelle la marine
ou la guerre. De deux choses l'une, il se dégoûte
promptement, ou adopte avec enthousiasme et téna-
cité sa nouvelle position. D'où vient que l'infortuné
général Duvivier (1), qui a laissé de si profonds et
si justes regrets, disait avec une grande autorité :
« L'Afrique (il la connaissait mieux que personne) ,
l'Afrique est un crible : les petits et les faibles pas-
sent au travers, mais ceux qui restent ont des bras
et des ceurs d'acier; on peut tout oser avec eux. »
» Il en doit être ainsi dans l'isthme de Suez ; il est
impossible que, dans les commencements surtout, il
n'y ait pas eu de ees défaillances, de ces accès de
nostalgie qui mettent promptement un terme à des
résolutions plus énergiques; mais aujourd'hui, on
sent qu'il y a là une vaillante phalange prête à
achever l'œuvre sans faiblir un instant; on recon-
nait à chaque pas ces cœurs et ces bras d'acier dont
parlait le général Duvivier.
» C'est que, depuis bientôt cinq ans, le désert a
eu le temps de produire tout son effet. Son âpreté
même a agi comme le marteau sur le fer; ceux
qu'elle n'a pas broyés, elle les a raffermis à ou-
trance. Je suis moi-même un exemple de cette cu-
rieuse influence de la vie d'aventure. Né avec un
tempérament un peu mou et prédisposé à l'obésité,
j'ai conjuré cette mauvaise tendance par une vie
errante qui m'a réussi d'une manière si complète,
que j'ai impunément habité tous les climats et
bravé toutes les fatigues.
» Or, comme cette expérience dure depuis préci-
sément un demi-siècle, il m'est permis de la trouver
assez concluante. Je demande pardon au lecteur de
m'être cité moi-même, mais je pense qu'il admettra
que cet exemple ne manquait pas de valeur, et qu'il
me pardonnera ce petit accès de vanité.
(1) Tué si malheureusement en 1848 dans l'insurrection de
juin.
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