Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1864 15 septembre 1864
Description : 1864/09/15 (A9,N198). 1864/09/15 (A9,N198).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033294
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
396 L'ISTHME DE SUEZ,
CONFÉRENCES DE M. FERDINAND DE LESSEPS
Sur le canal maritime de Suez,
SALLE DE LA RUE DE LA PAIX.
(Suite. — Voir les numéros des 15 mai, 1er et 15 juin, 1er et
15-20 juillet, 1er septembre.)
DEUXIÈME CONFÉRENCE.
Séance du 1er février 1864.
(Sténographiée par M. Sabbatier, sténographe au Corps
législatif.)
Laissant de côté, sur la situation actuelle, des
détails qui seront très-prochainement développés
dans notre assemblée générale, je terminerai cet
entretien par quelques observations sur les objec-
tions sans cesse renouvelées contre la possibilité de
la réussite de l'entreprise. Résumons ces objections :
1° Impossibilité de créer un port stable sur la
Méditerranée à cause du mouvement des sables sur
la côte.
2° Impossibilité de conserver le canal maritime
qui, dans l'intérieur de l'isthme, serait ensablé.
3° Impossibilité de terminer les travaux sans
dépenser le double ou le triple du capital appelé.
40 Impossibilité de naviguer à la voile dans la
mer Rouge.
50 Impossibilité, une fois le canal terminé, d'avoir
des revenus pouvant rémunérer le capital dépensé.
On a prétendu d'abord qu'il y avait impossibilité
de créer un port sur la Méditerranée à cause de
l'invasion des sables maritimes.
Avant l'application de la vapeur, qui a permis à
des dragues de faire des creusements de canaux
même dans la mer, on pouvait redouter l'envase-
ment par suite du mouvement des sables sur la
plage. Les sables, produits de l'érosion des côtes
maritimes, étant poussés par les vents régnants dans
la direction de l'endroit où l'on creuse un chenal,
les vents et les mouvements de la mer pourraient
entrainer les sables dans la partie que l'on a appro-
fondie. Afin d'obvier à cet inconvénient, on fait des
jetées dans la mer jusqu'à une profondeur où le
mouvement de la lame de fond n'agit plus et où il
y a des vases éternelles. Les sables viennent dans des
endroits où il y a peu d'eau jusqu'à 5 ou 6 mètres
de profondeur. Les jetées s'avancent perpendiculai-
rement au rivage, et les sables, poussés par
les vents et les mouvements de la mer, viennent se
ranger dans l'encoignure de ces jetées. Il faudrait
des siècles pour que l'accumulation des sables arri-
vât jusqu'à la tête de la jetée que l'on pourra alors
prolonger. La jetée de l'Ouest prévue par nos
ingénieurs aura 3,000 mètres, celle de l'Est 2,000
mètres.
En général, on fait deux jetées, l'une plus lon-
gue, parallèle aux vents régnants, l'autre plus
courte, du côté opposé. Nous avons dit que les sables
ne pourraient arriver qu'après un très-long temps
à la tête de la jetée; et pour que ce mouvement
ne vienne pas envaser l'entrée du chenal, on incline
un peu la première jetée dans la direction de la se-
conde, de manière que les sables en suspension la
dépassent et viennent se déposer sur le côté exté-
rieur de cette seconde jetée.
Le lac Menzaleh se gonfle en temps d'inondation,
et il s'établit un courant du lac à la mer, mais lors-
que le Nil est à l'étiage c'est le contraire qui a lieu.
Il est probable que ce mouvement alternatif main-
tiendra toujours naturellement la profondeur du ca-
nal entre les deux jetées. A Venise, entre les jetées
de Malamoucco, le mouvement des eaux est exacte-
ment le même qu'à Port-Saïd. Du côté extérieur des
jetées, où le mouvement des sables est arrêté, il y a
4 mètres de profondeur, tandis qu'à l'intérieur, en-
tre les jetées, il s'est produit une profondeur natu-
relle de 8 et 9 mètres.
La difficulté relative à l'invasion des sables ma-
ritimes disparaît devant les expériences faites par
la science. Les jetées s'opposeront à l'envahisse-
ment.
Quant à la deuxième objection au sujet des sables
voyageurs, si l'on fait dans l'isthme une tranchée,
sur le plateau d'El-Guisr, par exemple, qui a à peu
près 12 kilomètres de longueur, il peut survenir un de
ces vents violents du désert qui poussent très près
du sol des sables épais qui viendraient en peu
de temps encombrer la tranchée. Mais la nature
nous a indiqué le moyen de s'opposer à cette in-
vasion des sables. Il y a dans le parcours de l'isthme
une succession de bassins. Depuis la mer jusqu'au
62e kilomètre, vers le sud, on trouve les lacs Men-
zaleh et Ballah. Autour de ces bassins, à la faveur
de l'humidité, il s'est formé d'abord des végétations;
autour de ces végétations, le sable est venu s'amas-
ser et former un obstacle naturel s'opposant à ces
sables voyageurs qui sont poussés en rasant la terre
à 30 ou 40 centimètres de hauteur. Quant aux sables
entraînés dans l'air, ils voltigent, dépassent les lacs,
et vont se loger dans les immenses dunes qui, sur
un espace de 25 à 30 lieues, forment les monta-
gnes entre l'Egypte et la Syrie. S'il eût fallu ou-
vrir là un canal, il eût été impossible de le conser-
ver. Ces sables mis en mouvement par la mer ont
commencé par être des galets qui, après avoir été
remués et roulés pendant des siècles, ont été réduits
à l'état de grains que le soleil sèche sur le rivage
CONFÉRENCES DE M. FERDINAND DE LESSEPS
Sur le canal maritime de Suez,
SALLE DE LA RUE DE LA PAIX.
(Suite. — Voir les numéros des 15 mai, 1er et 15 juin, 1er et
15-20 juillet, 1er septembre.)
DEUXIÈME CONFÉRENCE.
Séance du 1er février 1864.
(Sténographiée par M. Sabbatier, sténographe au Corps
législatif.)
Laissant de côté, sur la situation actuelle, des
détails qui seront très-prochainement développés
dans notre assemblée générale, je terminerai cet
entretien par quelques observations sur les objec-
tions sans cesse renouvelées contre la possibilité de
la réussite de l'entreprise. Résumons ces objections :
1° Impossibilité de créer un port stable sur la
Méditerranée à cause du mouvement des sables sur
la côte.
2° Impossibilité de conserver le canal maritime
qui, dans l'intérieur de l'isthme, serait ensablé.
3° Impossibilité de terminer les travaux sans
dépenser le double ou le triple du capital appelé.
40 Impossibilité de naviguer à la voile dans la
mer Rouge.
50 Impossibilité, une fois le canal terminé, d'avoir
des revenus pouvant rémunérer le capital dépensé.
On a prétendu d'abord qu'il y avait impossibilité
de créer un port sur la Méditerranée à cause de
l'invasion des sables maritimes.
Avant l'application de la vapeur, qui a permis à
des dragues de faire des creusements de canaux
même dans la mer, on pouvait redouter l'envase-
ment par suite du mouvement des sables sur la
plage. Les sables, produits de l'érosion des côtes
maritimes, étant poussés par les vents régnants dans
la direction de l'endroit où l'on creuse un chenal,
les vents et les mouvements de la mer pourraient
entrainer les sables dans la partie que l'on a appro-
fondie. Afin d'obvier à cet inconvénient, on fait des
jetées dans la mer jusqu'à une profondeur où le
mouvement de la lame de fond n'agit plus et où il
y a des vases éternelles. Les sables viennent dans des
endroits où il y a peu d'eau jusqu'à 5 ou 6 mètres
de profondeur. Les jetées s'avancent perpendiculai-
rement au rivage, et les sables, poussés par
les vents et les mouvements de la mer, viennent se
ranger dans l'encoignure de ces jetées. Il faudrait
des siècles pour que l'accumulation des sables arri-
vât jusqu'à la tête de la jetée que l'on pourra alors
prolonger. La jetée de l'Ouest prévue par nos
ingénieurs aura 3,000 mètres, celle de l'Est 2,000
mètres.
En général, on fait deux jetées, l'une plus lon-
gue, parallèle aux vents régnants, l'autre plus
courte, du côté opposé. Nous avons dit que les sables
ne pourraient arriver qu'après un très-long temps
à la tête de la jetée; et pour que ce mouvement
ne vienne pas envaser l'entrée du chenal, on incline
un peu la première jetée dans la direction de la se-
conde, de manière que les sables en suspension la
dépassent et viennent se déposer sur le côté exté-
rieur de cette seconde jetée.
Le lac Menzaleh se gonfle en temps d'inondation,
et il s'établit un courant du lac à la mer, mais lors-
que le Nil est à l'étiage c'est le contraire qui a lieu.
Il est probable que ce mouvement alternatif main-
tiendra toujours naturellement la profondeur du ca-
nal entre les deux jetées. A Venise, entre les jetées
de Malamoucco, le mouvement des eaux est exacte-
ment le même qu'à Port-Saïd. Du côté extérieur des
jetées, où le mouvement des sables est arrêté, il y a
4 mètres de profondeur, tandis qu'à l'intérieur, en-
tre les jetées, il s'est produit une profondeur natu-
relle de 8 et 9 mètres.
La difficulté relative à l'invasion des sables ma-
ritimes disparaît devant les expériences faites par
la science. Les jetées s'opposeront à l'envahisse-
ment.
Quant à la deuxième objection au sujet des sables
voyageurs, si l'on fait dans l'isthme une tranchée,
sur le plateau d'El-Guisr, par exemple, qui a à peu
près 12 kilomètres de longueur, il peut survenir un de
ces vents violents du désert qui poussent très près
du sol des sables épais qui viendraient en peu
de temps encombrer la tranchée. Mais la nature
nous a indiqué le moyen de s'opposer à cette in-
vasion des sables. Il y a dans le parcours de l'isthme
une succession de bassins. Depuis la mer jusqu'au
62e kilomètre, vers le sud, on trouve les lacs Men-
zaleh et Ballah. Autour de ces bassins, à la faveur
de l'humidité, il s'est formé d'abord des végétations;
autour de ces végétations, le sable est venu s'amas-
ser et former un obstacle naturel s'opposant à ces
sables voyageurs qui sont poussés en rasant la terre
à 30 ou 40 centimètres de hauteur. Quant aux sables
entraînés dans l'air, ils voltigent, dépassent les lacs,
et vont se loger dans les immenses dunes qui, sur
un espace de 25 à 30 lieues, forment les monta-
gnes entre l'Egypte et la Syrie. S'il eût fallu ou-
vrir là un canal, il eût été impossible de le conser-
ver. Ces sables mis en mouvement par la mer ont
commencé par être des galets qui, après avoir été
remués et roulés pendant des siècles, ont été réduits
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