Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1864 15 juillet 1864
Description : 1864/07/15 (A9,N194)-1864/07/20. 1864/07/15 (A9,N194)-1864/07/20.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203325g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 301
» Arrivée à Panama dans une saison contraire, privée
des ressources nécessaires par suite de circonstances
imprévues, l'exploration, dont je complétai le personnel
dans les villages de l'intérieur de l'île, dut se borner à
visiter le versant Pacifique jusqu'au Rio de la Paz, après
avoir fait 18,550 mètres de nivellement seulement sur
les 50 ou 52 kilomètres qui séparaient la rivière Lara de
la côte atlantique.
» Je n'avais pas à m'occuper des ports des deux ex-
trémités. Les nombreux sondages exécutés antérieure-
ment, et surtout depuis quinze ou vingt ans, par le
soin des amirautés française et anglaise, rendaient ce
travail superflu : l'expédition n'a donc pu que consta-
ter, et encore du seul côté du Pacifique, l'exactitude des
cartes marines.
» Quant au versant Atlantique, nous avons dû nous
borner, en présence de M. Bourdiol, à faire monter un
des hommes de l'expédition sur un arbre élevé. Ainsi
placé, cet homme nous dit apercevoir dans la direction
N. E., et courant sur une ligne apparente de l'O. à l'E ,
une chaîne de montagnes bleuâtres, dont les forêts in-
termédiaires lui cachaient la base. C'était sans doute la
Cordilliére. Deux heures plus tard (2 juin 1861), après
une marche pénible et difficile, nous arrivions au Rio
de la Paz, terme final de l'expédition, et quelques jours
après nous repartions pour Panama, et de là pour Pa-
ris, où nous arrivions le 29 juillet suivant.
» Je le demande à tout homme sérieux : Y a-t-il dans
de telles observations des données suffisantes pour fixer
un tracé, établir un projet avec un chiffre de dépenses,
et proclamer ce tracé le plus court et le plus économique ?
Est-on autorisé à dire que l'exécution du projet ne pré-
sente pas de circonstances aléatoires? Je ne le pense pas, et
je crains au contraire que des assertions aussi dénuées
de preuves ne viennent à fausser les idées et amoindrir
l'intérêt qui s'attache, dans le monde entier, au perce-
ment de l'isthme américain, ce complément si désira-
ble de l'œuvre grandiose de Suez.
» Je n'hésite pas à dire cependant que le seul point
de l'isthme américain où un canal interocéanique soit
possible, est le territoire du Darien. Où, à quel endroit
le passage est-il le plus facile ? C'est ce qu'un avenir
très-prochain démontrera Si cette ligne n'a pas, depuis
quelques années surtout, attiré l'attention qu'elle mé-
rite, peut-être la faute en est-elle aux idées accréditées
dans le public par des hommes considérables aujour-
d'hui revenus de leur erreur.
» Quand le prince Louis-Napoléon a tourné jadis ses
regards vers le Nicaragua, c'est qu'il avait été éloigné de
toute tentative dans le Darien par un savant distin -
gué qui s'est occupé longtemps de ces questions. On
trouve dans la remarquable brochure que le prince fit
imprimer en 1846, et qui fut publiée en 1849 dans
la Revue britannique, le passage suivant : Quant aux
deux coupures proposées dans le Darien les opinions recueil-
lies par M. Michel Chevalier leur sont tout à fait défavo-
rables. Dans sa brochure l'Isthme de Panama (1844,
Charles Gosselin), M. Michel Chevalier écarte les pro-
jets sur le Darien comme présentant des difficultés pres-
que insurmontables.
» C'est donc avec raison et avec une grande justesse
d'aperçu que Mougel-Bey, l'éminent auteur de l'avant-
projet du canal de Suez, écrit dans un rapport que j'ai
sous les yeux touchant le percement de l'isthme du
Darien sur un point déterminé et adopté par lui :
Après un pareil verdict rendu par une telle autorité, on n'est
pas surpris de voir tous les efforts tournés, depuis 1850,
vers les autres points ds passage de l'isthme, et, de là, l'in-
succès qui en a été le résultat fatal.
» Je me hâte d'ajouter que l'honorable écrivain a mo-
difié son jugement sur le Darien, peut-être encore ti-
midement, et cela se conçoit, car il ne connaît les lo-
calités que par des rapports plus ou moins exacts. Le
19 décembre 1863, il prononçait les paroles suivantes
au banquet de la Société de géographie de Paris : En
marchant vers le Sud, on atteint le Darien, pays médiocrement
connu encore, mais où de nombreux témoignages autorisent
à croire que fréquemment, le relief du terrain au-dessus de
l'Océan est très-borné. On y signale surtout un passage situé
entre la baie de Calédonie et le golfe San-Miguel, qui a fait
concevoir beaucoup d'espoir à d'excellents juges, et particu-
lièrement à l'illustre de Humboldt.
» Ici, qu'il me soit permis de ledire, M. Michel Che-
valier fait une erreur, résultat probable de l'improvisa-
tion.
D C'est en effet sur la côté du Darien que M, de Hum-
boldt recommanda un passage signalé en 1199 dans la
baie de Cupica par le pilote biscayen Goguenèche, qui
avait vu effectuer par cette voie le transport du cacao
de Guayaquil à Carthagène, en suivant la rivière Na-
pipi et l'Atrato. Mais la ligne commençant à l'embou-
chure de l'Atrato sur l'Atlantique et finissant à la baie
de Cupica sur le Pacifique, qui est la ligne indiquée
par Humboldt, à l'extrême sud du Darien, se trouve à
une distance au nord de plus de 200 kilomètres du
golfe de Calédonie sur l'Atlantique, placé en face du
golfe San-Miguel sur le Pacifique. C'est sur la ligne qui
sépare ces deux golfes que se trouve cet abaissement
du terrain dont parle M. Michel Chevalier.
» C'est à la première de ces lignes que la Société
Mayesten-Haldon, formée à Londres en vue de l'obten-
tion du privilége accordé le 12 août 1852 à Bogota, à
M. Florentino Gonzalez, après avoir adopté un tracé
partant de la baie de Cupica et aboutissant à l'embou-
chure de l'Atrato, en passant par le Napipi, donne le
nom de ligne de Humboldt.
» On sait que les sommes énormes, le temps considéra-
ble et le nombre immense de travailleurs que néces-
sitait l'accomplissement de ce travail le firent aban-
donner complètement.
» Maintenant, monsieur le rédacteur, permettez-moi
d'ajouter quelques mots sur l'ensemble de la question.
» Après toutes les tentatives infructueuses essayées
aussi bien dans le Darien que sur les autres points de
l'isthme américain, l'opinion publique a besoin d'être
raffermie dans ses aspirations et ses espérances, par
des études plus profondément faites.
» Les recherches auxquelles je me suis livré sur les
» Arrivée à Panama dans une saison contraire, privée
des ressources nécessaires par suite de circonstances
imprévues, l'exploration, dont je complétai le personnel
dans les villages de l'intérieur de l'île, dut se borner à
visiter le versant Pacifique jusqu'au Rio de la Paz, après
avoir fait 18,550 mètres de nivellement seulement sur
les 50 ou 52 kilomètres qui séparaient la rivière Lara de
la côte atlantique.
» Je n'avais pas à m'occuper des ports des deux ex-
trémités. Les nombreux sondages exécutés antérieure-
ment, et surtout depuis quinze ou vingt ans, par le
soin des amirautés française et anglaise, rendaient ce
travail superflu : l'expédition n'a donc pu que consta-
ter, et encore du seul côté du Pacifique, l'exactitude des
cartes marines.
» Quant au versant Atlantique, nous avons dû nous
borner, en présence de M. Bourdiol, à faire monter un
des hommes de l'expédition sur un arbre élevé. Ainsi
placé, cet homme nous dit apercevoir dans la direction
N. E., et courant sur une ligne apparente de l'O. à l'E ,
une chaîne de montagnes bleuâtres, dont les forêts in-
termédiaires lui cachaient la base. C'était sans doute la
Cordilliére. Deux heures plus tard (2 juin 1861), après
une marche pénible et difficile, nous arrivions au Rio
de la Paz, terme final de l'expédition, et quelques jours
après nous repartions pour Panama, et de là pour Pa-
ris, où nous arrivions le 29 juillet suivant.
» Je le demande à tout homme sérieux : Y a-t-il dans
de telles observations des données suffisantes pour fixer
un tracé, établir un projet avec un chiffre de dépenses,
et proclamer ce tracé le plus court et le plus économique ?
Est-on autorisé à dire que l'exécution du projet ne pré-
sente pas de circonstances aléatoires? Je ne le pense pas, et
je crains au contraire que des assertions aussi dénuées
de preuves ne viennent à fausser les idées et amoindrir
l'intérêt qui s'attache, dans le monde entier, au perce-
ment de l'isthme américain, ce complément si désira-
ble de l'œuvre grandiose de Suez.
» Je n'hésite pas à dire cependant que le seul point
de l'isthme américain où un canal interocéanique soit
possible, est le territoire du Darien. Où, à quel endroit
le passage est-il le plus facile ? C'est ce qu'un avenir
très-prochain démontrera Si cette ligne n'a pas, depuis
quelques années surtout, attiré l'attention qu'elle mé-
rite, peut-être la faute en est-elle aux idées accréditées
dans le public par des hommes considérables aujour-
d'hui revenus de leur erreur.
» Quand le prince Louis-Napoléon a tourné jadis ses
regards vers le Nicaragua, c'est qu'il avait été éloigné de
toute tentative dans le Darien par un savant distin -
gué qui s'est occupé longtemps de ces questions. On
trouve dans la remarquable brochure que le prince fit
imprimer en 1846, et qui fut publiée en 1849 dans
la Revue britannique, le passage suivant : Quant aux
deux coupures proposées dans le Darien les opinions recueil-
lies par M. Michel Chevalier leur sont tout à fait défavo-
rables. Dans sa brochure l'Isthme de Panama (1844,
Charles Gosselin), M. Michel Chevalier écarte les pro-
jets sur le Darien comme présentant des difficultés pres-
que insurmontables.
» C'est donc avec raison et avec une grande justesse
d'aperçu que Mougel-Bey, l'éminent auteur de l'avant-
projet du canal de Suez, écrit dans un rapport que j'ai
sous les yeux touchant le percement de l'isthme du
Darien sur un point déterminé et adopté par lui :
Après un pareil verdict rendu par une telle autorité, on n'est
pas surpris de voir tous les efforts tournés, depuis 1850,
vers les autres points ds passage de l'isthme, et, de là, l'in-
succès qui en a été le résultat fatal.
» Je me hâte d'ajouter que l'honorable écrivain a mo-
difié son jugement sur le Darien, peut-être encore ti-
midement, et cela se conçoit, car il ne connaît les lo-
calités que par des rapports plus ou moins exacts. Le
19 décembre 1863, il prononçait les paroles suivantes
au banquet de la Société de géographie de Paris : En
marchant vers le Sud, on atteint le Darien, pays médiocrement
connu encore, mais où de nombreux témoignages autorisent
à croire que fréquemment, le relief du terrain au-dessus de
l'Océan est très-borné. On y signale surtout un passage situé
entre la baie de Calédonie et le golfe San-Miguel, qui a fait
concevoir beaucoup d'espoir à d'excellents juges, et particu-
lièrement à l'illustre de Humboldt.
» Ici, qu'il me soit permis de ledire, M. Michel Che-
valier fait une erreur, résultat probable de l'improvisa-
tion.
D C'est en effet sur la côté du Darien que M, de Hum-
boldt recommanda un passage signalé en 1199 dans la
baie de Cupica par le pilote biscayen Goguenèche, qui
avait vu effectuer par cette voie le transport du cacao
de Guayaquil à Carthagène, en suivant la rivière Na-
pipi et l'Atrato. Mais la ligne commençant à l'embou-
chure de l'Atrato sur l'Atlantique et finissant à la baie
de Cupica sur le Pacifique, qui est la ligne indiquée
par Humboldt, à l'extrême sud du Darien, se trouve à
une distance au nord de plus de 200 kilomètres du
golfe de Calédonie sur l'Atlantique, placé en face du
golfe San-Miguel sur le Pacifique. C'est sur la ligne qui
sépare ces deux golfes que se trouve cet abaissement
du terrain dont parle M. Michel Chevalier.
» C'est à la première de ces lignes que la Société
Mayesten-Haldon, formée à Londres en vue de l'obten-
tion du privilége accordé le 12 août 1852 à Bogota, à
M. Florentino Gonzalez, après avoir adopté un tracé
partant de la baie de Cupica et aboutissant à l'embou-
chure de l'Atrato, en passant par le Napipi, donne le
nom de ligne de Humboldt.
» On sait que les sommes énormes, le temps considéra-
ble et le nombre immense de travailleurs que néces-
sitait l'accomplissement de ce travail le firent aban-
donner complètement.
» Maintenant, monsieur le rédacteur, permettez-moi
d'ajouter quelques mots sur l'ensemble de la question.
» Après toutes les tentatives infructueuses essayées
aussi bien dans le Darien que sur les autres points de
l'isthme américain, l'opinion publique a besoin d'être
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