Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1864 01 juillet 1864
Description : 1864/07/01 (A9,N193). 1864/07/01 (A9,N193).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033242
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 1 285
» On a observé que le premier peuple qui arriva à un
état avancé dans les arts de la civilisation fut celui
qui commença par encourager l'agriculture et le com-
merce , qui posséda des pays dont la richesse consistait
dans les produits -du sol, et dont l'opulence et le
pouvoir augmentaient dans les mêmes proportions que
ces deux branches de la vie nationale. Le sol de l'Egypte
garde encore toute la fertilité des anciens jours. Car
ces interminables solitudes stériles sur la terre de
Gessen n'ont assurément rien perdu de leur puissance
productive pour être restées en friche depuis le temps
où Joseph vint à Pharaon et lui dit : « Mon père , mes
» frères, leurs troupeaux et- leurs bergers et tout ce
» qu'ils possèdent sont arrivés de la terre de Chanaan,
» et, regarde, ils sont dans la terre de Gessen. » Et où
Pharaon répondit : « La terre d'Egypte est devant toi,
» donne le meilleur de cette terre à habiter à ton père
» et à tes frères ; qu'ils habitent donc la terre de
» Gessen. )
« Certes le bras du laboureur de nos jours n'est pas
paralysé pour son œuvre.
» Il est impossible de traverser cette belle terre de
Gessen, abondant, aussi loin que l'œil peut atteindre,
en vastes étendues du plus riche sol de l'univers, resté
pendant des siècles inculte et improductif, sans res-
sentir que cela ne devrait pas être et ne peut plus être dans
le cours ordinaire des événements. Péluse, qui fut au-
trefois un boulevard contre de redoutables agresseurs,
est, depuis le laps des âges, devenue la pierre angulaire
sur laquelle le grand œuvre de la régénération égyp-
tienne a commencé, non plus à la façon des anciens
temps, lorsqu'on croyait les forteresses nécessaires et
lorsque la puissance de l'Egypte s'étendait sur les vas-
tes contrées placées entre Gaza et l'Euphrate.
» Depuis les Tives de Péluse (Zin), dont la complète
désolation atteste le sinistre accomplissement de la
prophétie d'Ezéchiel : « Et je verserai ma fureur sur
» Zin, la force de l'Égypte », et bordant le lac Timsah
qui, dans le temps de Moïse, arrêtait les flots de la mer
Rouge, des milliers d'êtres humains sont maintenant
réunis pour enlever cette étroite langue de terre qui,
depuis Vasco de Gama, a été la pierre d'achoppement
du progpès de l'Égypte, en isolant ses ports du com-
merce du monde et en neutralisant les ressources qui
auraient rendu le sol productif et le pays prospère.
» Il est curieux de suivre le travail de l'homme lors-
qu'il est soutenu par une volonté indomptable sans ce-
pendant compter uniquement sur sa force personnelle.
Il y a quelques années à peine, on pouvait voir les
ombres d'un petit groupe d'Européens sondant pensive-
ment leur route à travers le désert avec la lumière de
la science pour guide, marquant les places destinées à
leurs futures opérations. Faibles et désespérés sem-
blaient d'abord leurs efforts ; mais les plans qu'ils
avaient mûris en ces lieux n'étaient point réservés à
rester longtemps cachés au monde, et peu à peu d'au-
tres hommes dévoués, jaloux de s'unir à un ouvrage
d'utilité publique, accoururent sur la scène cessant
d'être désormais le repaire tranquille de l'hyène et de
la gazelle, mais sur laquelle se répandait un premier
éclat de la vie humaine, où la voix de l'homme n'est
plus un bruit qui étonne, où les habitations interrom-
pent la désolation du pays. D'abord avec crainte,
mais bientôt rassuré par les influences conciliantes
qui gouvernent cette société isolée, apparut le Bé-
douin du désert, consentant à quitter ses lourdes ar-
mes et à concourir à l'œuvre projetée. Le fellah d'É-
gypte, peu habitué à voir son travail salarié, répandit
bientôt la joyeuse nouvelle, et de la Syrie elle-même
les hommes accoururent pour participer à des bénéfices
jusque-là inconnus en Égypte : les bénéfices d'un tra-
vail libre et salarié. Depuis ce moment, les habitations
misérables de ces travailleurs ne furent plus dans la
détresse, et un sourire de gratitude éclaira leur face
bronzée en voyant leur condition améliorée. Ainsi avec
le ciment de la bienveillance et le maillet de l'humanité
le premier coup a été donné à la pierre angulaire des-
tinée à poser le fondement de la prospérité égyptienne.
Les villages usurpèrent bientôt la place des habitations
solitaires, et ceux-ci à leur tour devinrent des cités po-
puleuses. Une sèche et lugubre solitude a été ainsi
changée en une scène toute remplie des fruits de la vie
et dej l'espérance semés dans les sables arides de l'E-
gypte.
» A coup sûr c'est là une œuvre digne de l'ambition
des hommes de cœur. Là au moins on ne peut pas dire ;
Eheu 1 vitam perdidi operosè nihil agendo 1 »
L'ISTHME DE PANAMA ET L'ISTHNE DE SUEZ.
Parmi les plus admirables inventions dues au génie
inventeur de notre temps, on doit certes placer au
premier rang la navigation à vapeur. La découverte
de Fulton, perfectionnée depuis un demi-siècle par
tant d'expériences, de recherches, d'observations et
d'améliorations, a en quelque sorte changé la face
des mers, vaincu les vents et les flots, développé
dans des proportions énormes les échanges et le com-
merce, abrégé les espaces, rapproché les peuples et
les continents. L'application de l'hélice à la naviga-
tion mixte, ses combinaisons avec la voile sont ve-
nues encore ajouter au progrès des communications
maritimes en fournissant au transport des marchan-
dises encombrantes un élément de plus de rapidité,
de bon marché et de régularité dans les trajets. Ce-
pendant toutes ces conquêtes ne semblent pas suffire
aux besoins de notre époque. Après avoir acquis tous
ces instruments de célérité, elle cherche encore à rac-
courcir les routes du commerce et de la science, en
supprimant tous les obstacles matériels qui, sur tant
de points du globe, condamnent la navigation à de
longs et pénibles détours.
L'entreprise du canal de Suez a mis, pour ainsi
dire, la coupure des isthmes à l'ordre du jour de tous
les peuples civilisés. Nous avons nous-même, dans
un de nos derniers numéros, retracé l'historique de
» On a observé que le premier peuple qui arriva à un
état avancé dans les arts de la civilisation fut celui
qui commença par encourager l'agriculture et le com-
merce , qui posséda des pays dont la richesse consistait
dans les produits -du sol, et dont l'opulence et le
pouvoir augmentaient dans les mêmes proportions que
ces deux branches de la vie nationale. Le sol de l'Egypte
garde encore toute la fertilité des anciens jours. Car
ces interminables solitudes stériles sur la terre de
Gessen n'ont assurément rien perdu de leur puissance
productive pour être restées en friche depuis le temps
où Joseph vint à Pharaon et lui dit : « Mon père , mes
» frères, leurs troupeaux et- leurs bergers et tout ce
» qu'ils possèdent sont arrivés de la terre de Chanaan,
» et, regarde, ils sont dans la terre de Gessen. » Et où
Pharaon répondit : « La terre d'Egypte est devant toi,
» donne le meilleur de cette terre à habiter à ton père
» et à tes frères ; qu'ils habitent donc la terre de
» Gessen. )
« Certes le bras du laboureur de nos jours n'est pas
paralysé pour son œuvre.
» Il est impossible de traverser cette belle terre de
Gessen, abondant, aussi loin que l'œil peut atteindre,
en vastes étendues du plus riche sol de l'univers, resté
pendant des siècles inculte et improductif, sans res-
sentir que cela ne devrait pas être et ne peut plus être dans
le cours ordinaire des événements. Péluse, qui fut au-
trefois un boulevard contre de redoutables agresseurs,
est, depuis le laps des âges, devenue la pierre angulaire
sur laquelle le grand œuvre de la régénération égyp-
tienne a commencé, non plus à la façon des anciens
temps, lorsqu'on croyait les forteresses nécessaires et
lorsque la puissance de l'Egypte s'étendait sur les vas-
tes contrées placées entre Gaza et l'Euphrate.
» Depuis les Tives de Péluse (Zin), dont la complète
désolation atteste le sinistre accomplissement de la
prophétie d'Ezéchiel : « Et je verserai ma fureur sur
» Zin, la force de l'Égypte », et bordant le lac Timsah
qui, dans le temps de Moïse, arrêtait les flots de la mer
Rouge, des milliers d'êtres humains sont maintenant
réunis pour enlever cette étroite langue de terre qui,
depuis Vasco de Gama, a été la pierre d'achoppement
du progpès de l'Égypte, en isolant ses ports du com-
merce du monde et en neutralisant les ressources qui
auraient rendu le sol productif et le pays prospère.
» Il est curieux de suivre le travail de l'homme lors-
qu'il est soutenu par une volonté indomptable sans ce-
pendant compter uniquement sur sa force personnelle.
Il y a quelques années à peine, on pouvait voir les
ombres d'un petit groupe d'Européens sondant pensive-
ment leur route à travers le désert avec la lumière de
la science pour guide, marquant les places destinées à
leurs futures opérations. Faibles et désespérés sem-
blaient d'abord leurs efforts ; mais les plans qu'ils
avaient mûris en ces lieux n'étaient point réservés à
rester longtemps cachés au monde, et peu à peu d'au-
tres hommes dévoués, jaloux de s'unir à un ouvrage
d'utilité publique, accoururent sur la scène cessant
d'être désormais le repaire tranquille de l'hyène et de
la gazelle, mais sur laquelle se répandait un premier
éclat de la vie humaine, où la voix de l'homme n'est
plus un bruit qui étonne, où les habitations interrom-
pent la désolation du pays. D'abord avec crainte,
mais bientôt rassuré par les influences conciliantes
qui gouvernent cette société isolée, apparut le Bé-
douin du désert, consentant à quitter ses lourdes ar-
mes et à concourir à l'œuvre projetée. Le fellah d'É-
gypte, peu habitué à voir son travail salarié, répandit
bientôt la joyeuse nouvelle, et de la Syrie elle-même
les hommes accoururent pour participer à des bénéfices
jusque-là inconnus en Égypte : les bénéfices d'un tra-
vail libre et salarié. Depuis ce moment, les habitations
misérables de ces travailleurs ne furent plus dans la
détresse, et un sourire de gratitude éclaira leur face
bronzée en voyant leur condition améliorée. Ainsi avec
le ciment de la bienveillance et le maillet de l'humanité
le premier coup a été donné à la pierre angulaire des-
tinée à poser le fondement de la prospérité égyptienne.
Les villages usurpèrent bientôt la place des habitations
solitaires, et ceux-ci à leur tour devinrent des cités po-
puleuses. Une sèche et lugubre solitude a été ainsi
changée en une scène toute remplie des fruits de la vie
et dej l'espérance semés dans les sables arides de l'E-
gypte.
» A coup sûr c'est là une œuvre digne de l'ambition
des hommes de cœur. Là au moins on ne peut pas dire ;
Eheu 1 vitam perdidi operosè nihil agendo 1 »
L'ISTHME DE PANAMA ET L'ISTHNE DE SUEZ.
Parmi les plus admirables inventions dues au génie
inventeur de notre temps, on doit certes placer au
premier rang la navigation à vapeur. La découverte
de Fulton, perfectionnée depuis un demi-siècle par
tant d'expériences, de recherches, d'observations et
d'améliorations, a en quelque sorte changé la face
des mers, vaincu les vents et les flots, développé
dans des proportions énormes les échanges et le com-
merce, abrégé les espaces, rapproché les peuples et
les continents. L'application de l'hélice à la naviga-
tion mixte, ses combinaisons avec la voile sont ve-
nues encore ajouter au progrès des communications
maritimes en fournissant au transport des marchan-
dises encombrantes un élément de plus de rapidité,
de bon marché et de régularité dans les trajets. Ce-
pendant toutes ces conquêtes ne semblent pas suffire
aux besoins de notre époque. Après avoir acquis tous
ces instruments de célérité, elle cherche encore à rac-
courcir les routes du commerce et de la science, en
supprimant tous les obstacles matériels qui, sur tant
de points du globe, condamnent la navigation à de
longs et pénibles détours.
L'entreprise du canal de Suez a mis, pour ainsi
dire, la coupure des isthmes à l'ordre du jour de tous
les peuples civilisés. Nous avons nous-même, dans
un de nos derniers numéros, retracé l'historique de
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62033242/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62033242/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62033242/f5.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62033242
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62033242
Facebook
Twitter