Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1864 15 juin 1864
Description : 1864/06/15 (A9,N192). 1864/06/15 (A9,N192).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203323n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
218 L'ISTHME DE SUEZ,
Les obstacles matériels s'opposaient donc à l'exé-
cution du canal avant l'invention da la vapeur.
J'ai fait connaître les obstacles politiques, prove-
nant uniquement de l'opposition anglaise, qui avaient
arrêté ou suspendu les efforts de l'entreprise jus-
qu'en 1858.
A cette époque, j'étais seul ; la Compagnie n'était
pas encore constituée, je n'avais pas les capitaux du
public à bien employer et à défendre; je pouvais at-
tendre en me conformant aux événements qui se pré-
sentaient; mais plus tard, j'ai eu d'autres devoirs à
remplir.
L'opposition anglaise, dont on a fait beaucoup de
bruit, non sans motif, les uns l'ont regardée comme
insurmontable, les autres comme un fantôme. Aujour-
d'hui, nos adversaires disent encore que la Campa,
gnie a voulu l'agiter pour se rendre favorable l'opi-
nion publique.
Cette opposition, elle a existé dès le principe, elle
existe toujours, et si elle n'existait pas, personne
n'oserait se mettre en travers de notre entreprise.
A ceux qui l'ont crue insurmontable, je montrerai
les échecs qu'elle a successivement subis, et je dirai
qu'étant honteuse d'elle-même, les intrigues et les
passions qui s'agitent sous son inspiration no peu-
vent prévaloir contre le verdict et la protection de
l'opinion publique.
A ceux qui la traitent de fantôme, je dirai qu'ils
ont raison, en ce sens que je la comparerai à ces
sortes d'esprits que l'on disait hanter les vieux châ-
teaux d'où l'on voulait éloigner les visiteurs : s'en
approchait-on, voulait-on les saisir, s'en emparer,
ils disparaissaient. Toutes les fois que je me suis
trouvé en face de l'opposition anglaise et que j'ai
pu l'aborder de front, elle a disparu.
A la dernière séance, j'ai pris soin, et je le fais en-
core aujourd'hui, de séparer complètement l'opinion
publique anglaise du gouvernement britannique. Le
peuple anglais s'est montré sympathique à l'entreprise;
il ne partage pas les idées arriérées de quelques
hommes d'État qui conservent de vieilles rancunes
contre la France, et qui ne voudraient pas lui voir
reprendre la juste considération et la légitime in-
fluence qu'elle doit avoir dans le monde. Je le répète,
je sépare complètement le peuple anglais de l'oppo-
sition du gouvernement britannique, et surtout de
cet illustre homme d'État qui a dans la tête, contre
le canal, ce que ses compatriotes appellent un croshet,
et qui est véritablement atteiut de l'hydrophobie de
la mer Rouge. (Sourires.)
Dàna notre dernière réunion, je me sui-? arrêté à
la fiil de 1858, au moment où la Compagnie venait
de se coûstituer par une souscription publique.
Je crois utile de faire connaître quelle était, en
France, la composition de cette souscription si remar-
quable à tant d'égards.
Le clergé, la magistrature, le corps des ponts et
chaussées, les médecins, les instituteurs, les profes-
seurs, les cultivateurs sont représentés par un nombre
d'environ trois mille souscripteurs ; l'armée, la
marine, les hauts fonctionnaires publics, les adminis-
trateurs, les employés forment à peu près cinq mille
souscripteurs ; les avocats, les notaires et avoués,
les banquiers, les agents de change, les commer-
çants, les industriels, les propriétaires et rentiers,
quatorze mille souscripteurs.
Telle était la souscription française.
Voici comment un organe important de la presse
l'avait appréciée :
« Il paraît difficile de composer une plus remar-
quable représentation de tout ce qui, dans notre
société, lit, médite, gouverne, enseigne, prie, pro-
duit, épargne, agit, combat, travaille. Elle reflète
toutes les expressions de l'opinion et du sentiment
français, les instincts du peuple, les aspirations de
la classe moyenne, l'intelligence des professions libé-
rales, la faveur affectueuse de la religion, le patrio-
tisme militaire, la calme appréciation du magistrat :
c'est véritablement la souscription de la France, de la
base au sommet. »
Outre la souscription française, il y avait les sous-
criptions étrangères. Le vice-roi avait spécialement
recommandé de ne pas s'adresser seulement à la
France, mais comme il avait pensé que la réalisation
des souscriptions pourrait être plus longue à l'étran-
ger qu'en France, où l'usage permettait une souscrip-
tion directe et publique, il nous avait ordonné de
nous adresser à quelques banquiers d'Autriche, de
Eussie, d'Angleterre, d'Amérique et d'autres pays.
La souscription autrichienne fut la plus considé-
rable. Le ministre des finances, M. de Bruck, avait
chargé un banquier autrichien de venir à Paris, et
il avait demandé officiellement à la Compagnie une
réserve de 25 millions. Cette souscription, quoique
non réalisée en argent, était parfaitement régulière.
Après la constitution de la Compagnie et dès les
premiers jours de janvier, j'eus soin de me rendre en
Autriche pour m'entendre avec M. le baron de Bruck
et le banquier qu'il avait désigné, afin de préparer,
d'accord avec eux, les circulaires et tout ce qui pou-
vait servir à la souscription. Je restai quelques
jours en Autriche. Ces opérations se firent au mo-
ment où l'on commençait à parler de guerre. Puis;
je me rendis en Egypte.
En passant à Corfou, j'écrivis au grand vizir à
Constantinople, pour lui faire connaître ce qu'avait
fait la Compagnie. Je crois utile de lire des extraits
de cette dépêche, parce qu'elle présente la question
Les obstacles matériels s'opposaient donc à l'exé-
cution du canal avant l'invention da la vapeur.
J'ai fait connaître les obstacles politiques, prove-
nant uniquement de l'opposition anglaise, qui avaient
arrêté ou suspendu les efforts de l'entreprise jus-
qu'en 1858.
A cette époque, j'étais seul ; la Compagnie n'était
pas encore constituée, je n'avais pas les capitaux du
public à bien employer et à défendre; je pouvais at-
tendre en me conformant aux événements qui se pré-
sentaient; mais plus tard, j'ai eu d'autres devoirs à
remplir.
L'opposition anglaise, dont on a fait beaucoup de
bruit, non sans motif, les uns l'ont regardée comme
insurmontable, les autres comme un fantôme. Aujour-
d'hui, nos adversaires disent encore que la Campa,
gnie a voulu l'agiter pour se rendre favorable l'opi-
nion publique.
Cette opposition, elle a existé dès le principe, elle
existe toujours, et si elle n'existait pas, personne
n'oserait se mettre en travers de notre entreprise.
A ceux qui l'ont crue insurmontable, je montrerai
les échecs qu'elle a successivement subis, et je dirai
qu'étant honteuse d'elle-même, les intrigues et les
passions qui s'agitent sous son inspiration no peu-
vent prévaloir contre le verdict et la protection de
l'opinion publique.
A ceux qui la traitent de fantôme, je dirai qu'ils
ont raison, en ce sens que je la comparerai à ces
sortes d'esprits que l'on disait hanter les vieux châ-
teaux d'où l'on voulait éloigner les visiteurs : s'en
approchait-on, voulait-on les saisir, s'en emparer,
ils disparaissaient. Toutes les fois que je me suis
trouvé en face de l'opposition anglaise et que j'ai
pu l'aborder de front, elle a disparu.
A la dernière séance, j'ai pris soin, et je le fais en-
core aujourd'hui, de séparer complètement l'opinion
publique anglaise du gouvernement britannique. Le
peuple anglais s'est montré sympathique à l'entreprise;
il ne partage pas les idées arriérées de quelques
hommes d'État qui conservent de vieilles rancunes
contre la France, et qui ne voudraient pas lui voir
reprendre la juste considération et la légitime in-
fluence qu'elle doit avoir dans le monde. Je le répète,
je sépare complètement le peuple anglais de l'oppo-
sition du gouvernement britannique, et surtout de
cet illustre homme d'État qui a dans la tête, contre
le canal, ce que ses compatriotes appellent un croshet,
et qui est véritablement atteiut de l'hydrophobie de
la mer Rouge. (Sourires.)
Dàna notre dernière réunion, je me sui-? arrêté à
la fiil de 1858, au moment où la Compagnie venait
de se coûstituer par une souscription publique.
Je crois utile de faire connaître quelle était, en
France, la composition de cette souscription si remar-
quable à tant d'égards.
Le clergé, la magistrature, le corps des ponts et
chaussées, les médecins, les instituteurs, les profes-
seurs, les cultivateurs sont représentés par un nombre
d'environ trois mille souscripteurs ; l'armée, la
marine, les hauts fonctionnaires publics, les adminis-
trateurs, les employés forment à peu près cinq mille
souscripteurs ; les avocats, les notaires et avoués,
les banquiers, les agents de change, les commer-
çants, les industriels, les propriétaires et rentiers,
quatorze mille souscripteurs.
Telle était la souscription française.
Voici comment un organe important de la presse
l'avait appréciée :
« Il paraît difficile de composer une plus remar-
quable représentation de tout ce qui, dans notre
société, lit, médite, gouverne, enseigne, prie, pro-
duit, épargne, agit, combat, travaille. Elle reflète
toutes les expressions de l'opinion et du sentiment
français, les instincts du peuple, les aspirations de
la classe moyenne, l'intelligence des professions libé-
rales, la faveur affectueuse de la religion, le patrio-
tisme militaire, la calme appréciation du magistrat :
c'est véritablement la souscription de la France, de la
base au sommet. »
Outre la souscription française, il y avait les sous-
criptions étrangères. Le vice-roi avait spécialement
recommandé de ne pas s'adresser seulement à la
France, mais comme il avait pensé que la réalisation
des souscriptions pourrait être plus longue à l'étran-
ger qu'en France, où l'usage permettait une souscrip-
tion directe et publique, il nous avait ordonné de
nous adresser à quelques banquiers d'Autriche, de
Eussie, d'Angleterre, d'Amérique et d'autres pays.
La souscription autrichienne fut la plus considé-
rable. Le ministre des finances, M. de Bruck, avait
chargé un banquier autrichien de venir à Paris, et
il avait demandé officiellement à la Compagnie une
réserve de 25 millions. Cette souscription, quoique
non réalisée en argent, était parfaitement régulière.
Après la constitution de la Compagnie et dès les
premiers jours de janvier, j'eus soin de me rendre en
Autriche pour m'entendre avec M. le baron de Bruck
et le banquier qu'il avait désigné, afin de préparer,
d'accord avec eux, les circulaires et tout ce qui pou-
vait servir à la souscription. Je restai quelques
jours en Autriche. Ces opérations se firent au mo-
ment où l'on commençait à parler de guerre. Puis;
je me rendis en Egypte.
En passant à Corfou, j'écrivis au grand vizir à
Constantinople, pour lui faire connaître ce qu'avait
fait la Compagnie. Je crois utile de lire des extraits
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