Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1864 15 juin 1864
Description : 1864/06/15 (A9,N192). 1864/06/15 (A9,N192).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203323n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 277
sur l'esprit si vif, si impressionnable de mon ami !
Nous le trouvâmes déjà au courant de tout ce qui se
passait, connaissant tous les employés, occupé surtout
de la construction d'un hôpital et d'une église qu'on
lui avait promis à Ismaïlia, content et heureux du bien
qu'il espérait faire, et se voyant aidé dans sa mission
par le concours de son fils, son doyen dans l'apostolat.
Ce concours il ne l'a pas obtenu; son fils, retenu par
d'autres engagements aussi sacrés que ceux du père,
n'a pu le rejoindre, et mon pauvre ami est resté et
mort seul sur la brèche.
» Une dernière fois encore, il me devait être donné
de le serrer sur mon cœur. A mon retour de la haute
Égypte, je fis une seconde course sur les travaux de
l'isthme. M. Gibon vint au-devant de moi à Ismaïlia ;
il partagea la tente que M. Ferdinand de Lesseps avait
mise à ma disposition. Le lendemain il me quitta de
bonne heure pour aller dire sa messe au Seuil ; moi,
j'attendis mes compagnons de voyage. J'aperçus en-
core mon ami au pied de l'autel, mais sans pouvoir
rester jusqu'à la fin de la messe. les autres compa-
gnons de voyage attendaient.
» J'espérais retrouver, quelque jour, mon ami à
Ismaïlia. On ne peut avoir vu les travaux en cours
d'exécution sans former le projet de les voir quand ils
seront terminés. Que sera-t-il de ce projet? Ne serai-je
pas à cette époque réuni, moi aussi, à tant d'amis qui
m'ont précédé? Dieu seul le sait. Mais s'il m'est donné
d'aller assister à l'inauguration du canal des deux
mers, j'irai chercher une tombe solitaire dans le dé-
sert, je m'y agenouillerai pieusement, et je rendrai à
l'ami que je regrette les prières qu'il m'avait destinées
autrefois.
» Agréez, etc.
» Marquis DE RAIGECOIRT. »
CONFÉRENCES DE M. FERDINAND DE LESSEPS
Sur le canal maritime de Suez,
SALLE DE LA HUE DE LA PAIX.
(Suite. — Voir les numéros des 15 et 31 mai. )
DEUXIÈME CONFÉRENCE.
Séance du 1er février 1864.
(Sténographiée par M. Sabbatkr, sténographe au Corps
législatif.)
M. Ferdinand de Lesseps.— Mesdames et Messieurs,
dans l'entretien amical et familier que j'ai eu le plaisir
d'avoir avec vous la semaine dernière, j'ai commencé
par faire l'historique des origines du canal de Suez,
et j'ai indiqué succinctement les phases diverses par
lesquelles l'entreprise actuelle avait passé depuis
1854, jusqu'à la fin de -1858. J'ai cherché à démon-
trer que les origines du canal remontaient à nos pre-
miers temps historiques, et peut-être même au delà.
J'ai établi que l'idée n'était pas nouvelle, puisque
les auteurs arabes racontent que c'est du temps d'A-
braham que le premier canal a été exécuté par un
Pharaon, pour être agréable à Agar, mère d'Ismaël,
et afin d'être plus facilement en rapport avec elle
lorsqu'elle était retournée à la Mecque en Arabie.
L'idée de la mise en communication des deux mers
n'est donc pas nouvelle, mais cette communication
n'avait lieu que d'une manière indirecte. Les anciens,
qui n'avaient pas besoin d'une navigation ayant un
grand tirant d'eau, avaient songé à faire communi-
quer les deux mers au moyen du Nil qui, étant plus
élevé que la mer Rouge et la Méditerranée, ne
présentait pas les inconvénients d'une différence de
niveau à laquelle on avait toujours cru, même à
l'époque de l'expédition française, puisque le rapport
de M. Lepère au général Bonaparte établit une diffé-
rence de 29 pieds. Cette communication avait donc
lieu pour le Nil.
Mais l'idée d'aujourd'hui est nouvelle en ce sens
qu'elle a pour but de faire communiquer les deux
mers par un canal maritime creusé sans écluses
d'une mer à l'autre, à 8 mètres de profondeur et 60
mètres de largeur.
Les anciens ne pouvaient pas penser a établir une
communication maritime entre les deux mers par un
creusement considérable au-dessous du niveau de
l'eau parce que les dragues à vapeur n'existaient pas
alors. Il leur était impossible de songer à faire des
dragages devant enlever 50 ou 60 millions de mètres
cubes de terre, ou de vase, ou de sable, à une
époque où on ne possédait pas les instruments dont
on se sert aujourd'hui. Les machines anciennes, qu'on
voit encore fonctionner dans nos ports militaires, au
moyen de roues que les galériens font mouvoir en
montant à des échelons, n'enlèvent dans une journée
qu'une vingtaine de mètres cubes, tandis que les
dragues à vapeur perfectionnées que nous expédions
dans ce moment sur les travaux doivent enlever
1,000 mètres cubes en dix heures. Avec ces instru-
ments nouveaux, on peut parvenir à enlever au-des-
sous de l'eau, en trois ans ou trois ans et demi, les
50 millions de mètres cubes dont j'ai parlé. Pour
opérer un semblable travail, il eût fallu autrefois des
centaines d'années. Ce travail est immense, car le
mètre cube de terre représente à peu près la conte-
nance d'un tombereau traîné par deux chevaux.
Nos ingénieurs ont calculé qu'au seuil d'El-Guisr
seulement, où l'on a déjà enlevé à sec 5 millions de
mètres cubes, les petits couffins qui ont servi à trans-
porter les matières extraites de la fouille, et qui re-
présentent un centième de mètre cube chacun, for-
meraient, si on les mettait les uns à côté des autres,
une distance équivalente à trois fois le tour du globe,
c'est-à-dire 27,000 lieues.
sur l'esprit si vif, si impressionnable de mon ami !
Nous le trouvâmes déjà au courant de tout ce qui se
passait, connaissant tous les employés, occupé surtout
de la construction d'un hôpital et d'une église qu'on
lui avait promis à Ismaïlia, content et heureux du bien
qu'il espérait faire, et se voyant aidé dans sa mission
par le concours de son fils, son doyen dans l'apostolat.
Ce concours il ne l'a pas obtenu; son fils, retenu par
d'autres engagements aussi sacrés que ceux du père,
n'a pu le rejoindre, et mon pauvre ami est resté et
mort seul sur la brèche.
» Une dernière fois encore, il me devait être donné
de le serrer sur mon cœur. A mon retour de la haute
Égypte, je fis une seconde course sur les travaux de
l'isthme. M. Gibon vint au-devant de moi à Ismaïlia ;
il partagea la tente que M. Ferdinand de Lesseps avait
mise à ma disposition. Le lendemain il me quitta de
bonne heure pour aller dire sa messe au Seuil ; moi,
j'attendis mes compagnons de voyage. J'aperçus en-
core mon ami au pied de l'autel, mais sans pouvoir
rester jusqu'à la fin de la messe. les autres compa-
gnons de voyage attendaient.
» J'espérais retrouver, quelque jour, mon ami à
Ismaïlia. On ne peut avoir vu les travaux en cours
d'exécution sans former le projet de les voir quand ils
seront terminés. Que sera-t-il de ce projet? Ne serai-je
pas à cette époque réuni, moi aussi, à tant d'amis qui
m'ont précédé? Dieu seul le sait. Mais s'il m'est donné
d'aller assister à l'inauguration du canal des deux
mers, j'irai chercher une tombe solitaire dans le dé-
sert, je m'y agenouillerai pieusement, et je rendrai à
l'ami que je regrette les prières qu'il m'avait destinées
autrefois.
» Agréez, etc.
» Marquis DE RAIGECOIRT. »
CONFÉRENCES DE M. FERDINAND DE LESSEPS
Sur le canal maritime de Suez,
SALLE DE LA HUE DE LA PAIX.
(Suite. — Voir les numéros des 15 et 31 mai. )
DEUXIÈME CONFÉRENCE.
Séance du 1er février 1864.
(Sténographiée par M. Sabbatkr, sténographe au Corps
législatif.)
M. Ferdinand de Lesseps.— Mesdames et Messieurs,
dans l'entretien amical et familier que j'ai eu le plaisir
d'avoir avec vous la semaine dernière, j'ai commencé
par faire l'historique des origines du canal de Suez,
et j'ai indiqué succinctement les phases diverses par
lesquelles l'entreprise actuelle avait passé depuis
1854, jusqu'à la fin de -1858. J'ai cherché à démon-
trer que les origines du canal remontaient à nos pre-
miers temps historiques, et peut-être même au delà.
J'ai établi que l'idée n'était pas nouvelle, puisque
les auteurs arabes racontent que c'est du temps d'A-
braham que le premier canal a été exécuté par un
Pharaon, pour être agréable à Agar, mère d'Ismaël,
et afin d'être plus facilement en rapport avec elle
lorsqu'elle était retournée à la Mecque en Arabie.
L'idée de la mise en communication des deux mers
n'est donc pas nouvelle, mais cette communication
n'avait lieu que d'une manière indirecte. Les anciens,
qui n'avaient pas besoin d'une navigation ayant un
grand tirant d'eau, avaient songé à faire communi-
quer les deux mers au moyen du Nil qui, étant plus
élevé que la mer Rouge et la Méditerranée, ne
présentait pas les inconvénients d'une différence de
niveau à laquelle on avait toujours cru, même à
l'époque de l'expédition française, puisque le rapport
de M. Lepère au général Bonaparte établit une diffé-
rence de 29 pieds. Cette communication avait donc
lieu pour le Nil.
Mais l'idée d'aujourd'hui est nouvelle en ce sens
qu'elle a pour but de faire communiquer les deux
mers par un canal maritime creusé sans écluses
d'une mer à l'autre, à 8 mètres de profondeur et 60
mètres de largeur.
Les anciens ne pouvaient pas penser a établir une
communication maritime entre les deux mers par un
creusement considérable au-dessous du niveau de
l'eau parce que les dragues à vapeur n'existaient pas
alors. Il leur était impossible de songer à faire des
dragages devant enlever 50 ou 60 millions de mètres
cubes de terre, ou de vase, ou de sable, à une
époque où on ne possédait pas les instruments dont
on se sert aujourd'hui. Les machines anciennes, qu'on
voit encore fonctionner dans nos ports militaires, au
moyen de roues que les galériens font mouvoir en
montant à des échelons, n'enlèvent dans une journée
qu'une vingtaine de mètres cubes, tandis que les
dragues à vapeur perfectionnées que nous expédions
dans ce moment sur les travaux doivent enlever
1,000 mètres cubes en dix heures. Avec ces instru-
ments nouveaux, on peut parvenir à enlever au-des-
sous de l'eau, en trois ans ou trois ans et demi, les
50 millions de mètres cubes dont j'ai parlé. Pour
opérer un semblable travail, il eût fallu autrefois des
centaines d'années. Ce travail est immense, car le
mètre cube de terre représente à peu près la conte-
nance d'un tombereau traîné par deux chevaux.
Nos ingénieurs ont calculé qu'au seuil d'El-Guisr
seulement, où l'on a déjà enlevé à sec 5 millions de
mètres cubes, les petits couffins qui ont servi à trans-
porter les matières extraites de la fouille, et qui re-
présentent un centième de mètre cube chacun, for-
meraient, si on les mettait les uns à côté des autres,
une distance équivalente à trois fois le tour du globe,
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