Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1864 01 juillet 1864
Description : 1864/07/01 (A9,N193). 1864/07/01 (A9,N193).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033242
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 293
autorisé M. Lange à publier ma lettre pour montrer
qu'on trompait le public en Angleterre, et que le
gouvernement faisait manœuvrer ses agents dans
tout l'Orient, d'une manière tout à fait contraire à
ses déclarations officielles.
Les insistances du gouvernement anglais à Cons-
tantinople et à Alexandrie se produisaient dans un
moment où la guerre allait éclater entre la France
et l'Autriche, ce qui donnait beaucoup de force aux
démarches anglaises. Le cabinet anglais et le divan
de Constantinople pensaient que la France, occupée
d'autres affaires , ne songerait pas au canal de
Suez.
Au sujet de l'imminence de la guerre, je trouve sur
mon registre, à la même date, une lettre qu'il me pa-
rait intéressant de vous communiquer, lettre que
j'écrivais à S. A. I. le prince Jérôme Napoléon.
Les personnages et les faits dont il est question
dans cette lettre, appartiennent aujourd'hui à l'his-
toire, je ne commets donc pas une indiscrétion en
vous la communiquant. Je venais de voyager en
Autriche, et je faisais connaître à S. A. I. le prince
Jérôme, qui avait pour moi une bonté paternelle, la
situation des esprits à l'égard de la France telle
que je l'avais remarquée.
J'ajoutais :
« Alexandrie, le 9 mars 1859.
» Dans une longue conversation que j'ai eu l'hon-
neur d'avoir avec le prince de Metternich, à mon
récent passage à Vienne, l'illustre doyen de la diplo-
matie, qui depuis longtemps me traite avec bienveil-
lance, s'est, en résumé, exprimé ainsi : « Retiré du
maniement des affaires, je n'ai certainement pas la
prétention de donner des conseils à personne, car
il faut être en mesure d'embrasser tous les côtés
d'une question pour oser formuler un avis en diplo-
matie. La politique est une science, la diplomatie
est un art. Je ne fais plus d'art, mais je puis faire
encore de la science, et alors je juge par analogi >,
par ma propre expérience et par les exemples du
passé. — Si j'étais devant l'Empereur Napoléon III,
je lui répéterais ce que j'ai dit à Dresde à l'Empereur
Napoléon Ier à la fin d'une entrevue de neuf heures,
consécutives. L'Empereur, au moment où je prenais
congé de lui, prononça ces derniers mots. — « L'Au-
» triche ne me fera pas la guerre.»- Je lui répondis :
« Si vous avez cette croyance, Sire, vous êtes perdu »
— Faut-il conclure de cette citation, répliquai-je au
prince de Metternich, que vous appliquez votre an-
cienne opinion sur la situation de Napoléon Ier à
Dresde, à la situation actuelle de l'Empereur Napo-
léon III? — Avec cette différence, ajouta le prince,
qu'il n'y avait pas de succès possible pour Napo-
léon Ier dans la voie où il s'engageait il y a cin-
quante ans, et que j'admets le succès possible pour
Napoléon III ; mais je crois que ce succès lui serait
personnellement aussi fatal que la défaite. »
» Je vous rapporte, Monseigneur, les expressions
textuelles du prince de Metternich. La morale que
j'en tire, c'est que lui-même est convaincu que l'Au-
triche succomberait dans une lutte avec la France.
Je me permettrai d'ajouter que dans ma pensée, si
l'Empereur avait à tirer l'épée pour soutenir l'honneur
et les intérêts de la France, et remettre à leur place
beaucoup de questions qu'il semble difficile de dénouer
diplomatiquement, il serait suivi, comme il l'a été
jusqu'à présent, par la France entière, et que lui et sa
dynastie, loin d'avoir des dangers à courir, trouve-
raient au contraire dans une solution guerrière
gloire et consolidation.
» Exclusivement occupé d'une œuvre pacifique, je
ne crains pas de vous tenir ce langage. Cette œuvre
d'ailleurs, pour s'accomplir dignement, aura besoin
avant tout, dans l'avenir, de la force et de l'influence
extérieure de la France. »
Ceci démontre que, dans le moment où j'étais en
Égypte avec la commission administrative, la situa-
tion était très-tendue.
Cependant, nous installâmes partout nos ingé-
nieurs, nous fîmes toutes nos opérations si ce n'est
sans difficultés, au moins avec succès. A Port-Saïd,
nos ingénieurs s'étaient trouvés quelque temps dans
le plus grand embarras; ils faisaient venir de l'eau
par le lac Menzaleh au moyen de barques; mais,
ils avaient des contestations continuelles avec-les au-
torités et les habitants du pays, qu'on excitait contre
nous. A Alexandrie, j'appris qu'ils allaient manquer
d'eau ; immédiatement nous nous embarquâmes avec
deux administrateurs sur un bateau à vapeur où
nous avions chargé des machines distillatoires ache-
tées à Alexandrie, et nous les transportâmes à Port-
Saïd.
La guerre entre la France et l'Autriche était dé-
clarée, les bâtiments de commerce autrichiens volon-
tairement bloqués en grand nombre dans le port
d'Alexandrie, pour ne pas s'exposer à être pris en
mer, nous fournirent un excellent personnel de bons
marins de l'Adriatique, avec lesquels nous pûmes
continuer nos premières opérations à Port-Saïd.
Tout marchait bien sur les lieux des travaux, mais
le cabinet anglais profita de l'état de guerre pour re-
nouveler ses démarches à Constantinople et à Alexan-
drie. Nouvelles entraves, nouvelles difficultés; il
n'y avait pas contestation avec le vice-roi, mais
abstention complète de l'agent français, et par con-
séquent, crainte du vice-roi de se mettre en oppo-
sition avec l'Angleterre.
autorisé M. Lange à publier ma lettre pour montrer
qu'on trompait le public en Angleterre, et que le
gouvernement faisait manœuvrer ses agents dans
tout l'Orient, d'une manière tout à fait contraire à
ses déclarations officielles.
Les insistances du gouvernement anglais à Cons-
tantinople et à Alexandrie se produisaient dans un
moment où la guerre allait éclater entre la France
et l'Autriche, ce qui donnait beaucoup de force aux
démarches anglaises. Le cabinet anglais et le divan
de Constantinople pensaient que la France, occupée
d'autres affaires , ne songerait pas au canal de
Suez.
Au sujet de l'imminence de la guerre, je trouve sur
mon registre, à la même date, une lettre qu'il me pa-
rait intéressant de vous communiquer, lettre que
j'écrivais à S. A. I. le prince Jérôme Napoléon.
Les personnages et les faits dont il est question
dans cette lettre, appartiennent aujourd'hui à l'his-
toire, je ne commets donc pas une indiscrétion en
vous la communiquant. Je venais de voyager en
Autriche, et je faisais connaître à S. A. I. le prince
Jérôme, qui avait pour moi une bonté paternelle, la
situation des esprits à l'égard de la France telle
que je l'avais remarquée.
J'ajoutais :
« Alexandrie, le 9 mars 1859.
» Dans une longue conversation que j'ai eu l'hon-
neur d'avoir avec le prince de Metternich, à mon
récent passage à Vienne, l'illustre doyen de la diplo-
matie, qui depuis longtemps me traite avec bienveil-
lance, s'est, en résumé, exprimé ainsi : « Retiré du
maniement des affaires, je n'ai certainement pas la
prétention de donner des conseils à personne, car
il faut être en mesure d'embrasser tous les côtés
d'une question pour oser formuler un avis en diplo-
matie. La politique est une science, la diplomatie
est un art. Je ne fais plus d'art, mais je puis faire
encore de la science, et alors je juge par analogi >,
par ma propre expérience et par les exemples du
passé. — Si j'étais devant l'Empereur Napoléon III,
je lui répéterais ce que j'ai dit à Dresde à l'Empereur
Napoléon Ier à la fin d'une entrevue de neuf heures,
consécutives. L'Empereur, au moment où je prenais
congé de lui, prononça ces derniers mots. — « L'Au-
» triche ne me fera pas la guerre.»- Je lui répondis :
« Si vous avez cette croyance, Sire, vous êtes perdu »
— Faut-il conclure de cette citation, répliquai-je au
prince de Metternich, que vous appliquez votre an-
cienne opinion sur la situation de Napoléon Ier à
Dresde, à la situation actuelle de l'Empereur Napo-
léon III? — Avec cette différence, ajouta le prince,
qu'il n'y avait pas de succès possible pour Napo-
léon Ier dans la voie où il s'engageait il y a cin-
quante ans, et que j'admets le succès possible pour
Napoléon III ; mais je crois que ce succès lui serait
personnellement aussi fatal que la défaite. »
» Je vous rapporte, Monseigneur, les expressions
textuelles du prince de Metternich. La morale que
j'en tire, c'est que lui-même est convaincu que l'Au-
triche succomberait dans une lutte avec la France.
Je me permettrai d'ajouter que dans ma pensée, si
l'Empereur avait à tirer l'épée pour soutenir l'honneur
et les intérêts de la France, et remettre à leur place
beaucoup de questions qu'il semble difficile de dénouer
diplomatiquement, il serait suivi, comme il l'a été
jusqu'à présent, par la France entière, et que lui et sa
dynastie, loin d'avoir des dangers à courir, trouve-
raient au contraire dans une solution guerrière
gloire et consolidation.
» Exclusivement occupé d'une œuvre pacifique, je
ne crains pas de vous tenir ce langage. Cette œuvre
d'ailleurs, pour s'accomplir dignement, aura besoin
avant tout, dans l'avenir, de la force et de l'influence
extérieure de la France. »
Ceci démontre que, dans le moment où j'étais en
Égypte avec la commission administrative, la situa-
tion était très-tendue.
Cependant, nous installâmes partout nos ingé-
nieurs, nous fîmes toutes nos opérations si ce n'est
sans difficultés, au moins avec succès. A Port-Saïd,
nos ingénieurs s'étaient trouvés quelque temps dans
le plus grand embarras; ils faisaient venir de l'eau
par le lac Menzaleh au moyen de barques; mais,
ils avaient des contestations continuelles avec-les au-
torités et les habitants du pays, qu'on excitait contre
nous. A Alexandrie, j'appris qu'ils allaient manquer
d'eau ; immédiatement nous nous embarquâmes avec
deux administrateurs sur un bateau à vapeur où
nous avions chargé des machines distillatoires ache-
tées à Alexandrie, et nous les transportâmes à Port-
Saïd.
La guerre entre la France et l'Autriche était dé-
clarée, les bâtiments de commerce autrichiens volon-
tairement bloqués en grand nombre dans le port
d'Alexandrie, pour ne pas s'exposer à être pris en
mer, nous fournirent un excellent personnel de bons
marins de l'Adriatique, avec lesquels nous pûmes
continuer nos premières opérations à Port-Saïd.
Tout marchait bien sur les lieux des travaux, mais
le cabinet anglais profita de l'état de guerre pour re-
nouveler ses démarches à Constantinople et à Alexan-
drie. Nouvelles entraves, nouvelles difficultés; il
n'y avait pas contestation avec le vice-roi, mais
abstention complète de l'agent français, et par con-
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