Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1864 01 juin 1864
Description : 1864/06/01 (A9,N191). 1864/06/01 (A9,N191).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033227
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
253
pouvant approcher de Pord-Saïd, qui n'est qu'un amon-
cellement de boue. La ville de Saïd est une invention
française; qui en parle est un flatteur de la France.
Comment expliquer cela? Par la passion née en 1798,
et qui s'est emparée du noble lord dès 1804.
» La Compagnie du canal de Suez a conduit le Nil,
par un canal navigable de 130 kilomètres, de Zagazig
à Suez, Suez altérée depuis des siècles. Ce fut un jour
de joie générale; le consul anglais de Suez porta un
toast à cet heureux succès, une centaine d'Anglais
étaient présents, et à cette heure plusieurs milliers
d'Anglais, allant ou revenant des Indes, ont déjà joui
de ce bénéfice. Auparavant, l'eau de Suez ne coûtait
pas beaucoup moins que la bière à Londres.
» La preuve a frappé les yeux, les mains et le goût
des concitoyens de lord Palmerston. Eh bien! de-
mandez-lui s'il est vrai qu'une branche du Nil va se
jeter dans la mer Rouge à Suez.
» Il vous répondra que c'est un rêve, une invention
française, et qu'il est à déplorer que l'Angleterre, qui,
dans son temps, ne comptait pas un habitant sur mille
nourrissant des sympathies pour la France, en soit
arrivée aujourd'hui à croire à cette œuvre. Comment
expliquer une telle réponse? C'est un phénomène pro-
duit par une passion qui, dormant depuis un demi-
siècle, vient de renaître; phénomène certainement rare
qui n'a d'égal que le phénomène de l'activité de lord
Palmerston ; d'où l'on peut dire que c'est le phénomène
des phénomènes.
» Il se livre lui-même, dans la réponse faite à la
Chambre des communes le 12 avril, à la vingtième in-
terpellation qui lui est adressée sur le travail forcé des
fellahs en Egypte, employés aux travaux du canal de
Suez.
» Sa Seigneurie, électrisé par sa haine consacrée de-
puis 1804, répond :
« Le sultan a prohibé le travail forcé en Egypte ;
» mais la Compagnie du canal de Suez, qui en usait
» sur une large échelle, a réclamé un sursis qui lui a
» été accordé, je crois, déjà deux fois. Il est à déplorer
» que tandis que la France et l'Angleterre sont en si
» grande pénurie de coton, trente ou quarante mille
» travailleurs, qui pourraient être employés utilement à
» la culture du coton en Egypte, soient occupés à creu-
» ser un canal à travers un désert de sable, et à créer
» deux ports sur une plage fangeuse mouillée par des
» eaux basses. (On rit.) J'espère qu'une occupation si
» inutile cessera bientôt. »
» Chacun sait que l'empereur Napoléon a été choisi
Comme arbitre, par le vice-roi d'Egypte lui-même,
pour régler les difficultés qu'a fait naître lord Palmers-
ton entre la Compagnie et le gouvernement égyptien.
Due commission composée de personnages compétents
S'occupe de la question qui lui a été soumise.
» On pourrait se demander comment le noble lord
peut ainsi prononcer une sentence de mort contre le
canal. S'il n'a pas le projet de préparer la chambre à
quelque nouvelle opposition, après la décision de Na-
poléon, comment peut-il se servir de phrases si ridicules
et même absurdes? Si le vice-roi lui-même, s'adressant
à Napoléon, parle de difficultés résultant de l'exécution
du contrat, comment pourrait-on admettre comme so-
lution possible l'annulation de ce contrat déjà passé,
pour la plus grande part, à l'état de pleine exécution
par la fin du canal d'eau douce? Mais, en vérité, nous
oublions un instant la passion, la vénérable passion
qui dure depuis soixante ans : le phénomène des phéno-
mènes 1 Il ne faudrait pas prendre au sérieux de tels dis-
cours. Le malheureux) il parle encore des lagunes de
boue, théorie abandonnée depuis huit ans grâce aux
Anglais qui ont visité l'isthme.
» Tout l'Angleterre connaît le rapport de M. Haw-
kshaw, l'une des plus grandes célébrités anglaises,
qui visita minutieusement et par ordre spécial du
vice-roi, tous les travaux du canal, et déclara qu'au-
cune difficulté ne s'opposait à l'exécution des projets.
Lord Palmerston seul ne connait pas ce rapport ; cela
est naturel : une passion de soixante ans s'y oppose.
Celui qui ne peut s'expliquer cet état de choses n'a
qu'à se livrer à la raison du phénomène.
» Mais ce n'est pas encore du lord qu'il faut être
émerveillé, mais bien des interpellateurs. Pourquoi,
pourrait-on demander aux interpellateurs, vous diver-
tissez-vous d'une façon si cruelle sur le dos de votre
premier ministre ? Les journaux qui ont reproduit la
réponse que vous avez provoquée, ajoutent qu'elle a
faire rire. Mais, si l'on rit dans une chambre anglaise,
comment rira-t-on dans les autres pays, et surtout en
France !
« Tous feront la découverte si juste que nous avons
faite du phénomène des phénomènes, tous diront, avec
raison, qu'il est temps que cette comédie finisse. Non-
seulement la France, mais le monde entier attend avec
confiance la décision suprême de Napoléon III. »
PARTICIPATION DE L'AUTRICHE DANS LE COMMERCE DU MONDE,
Par M. P. Revoltella.
M. P. Revoltella, l'un des vice-présidents du Con-
seil d'administration de la Compagnie de Suez et
banquier à Trieste, vient de publier un travail sur
la part que doit s'assurer l'Autriche dans le commerce
du monde. Avec une expérience pratique et des lu-
mières que personne ne contestera, il indique à ses
compatriotes quelle est la voie qu'ils doivent suivre
pour assurer à leur 'pays tous les éléments d'une
grandeur future, plus éclatante encore que la gran-
deur présente et passée.
«La grandeur des nations, dit-il, se mesurera dé-
sormais à leur prospérité ; et leur prospérité ne se
développera que par l'extension de leurs opérations
commerciales. 11 en résulte la nécessité d'unir les
centres de production aux lieux d'échange, et d'as-
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pouvant approcher de Pord-Saïd, qui n'est qu'un amon-
cellement de boue. La ville de Saïd est une invention
française; qui en parle est un flatteur de la France.
Comment expliquer cela? Par la passion née en 1798,
et qui s'est emparée du noble lord dès 1804.
» La Compagnie du canal de Suez a conduit le Nil,
par un canal navigable de 130 kilomètres, de Zagazig
à Suez, Suez altérée depuis des siècles. Ce fut un jour
de joie générale; le consul anglais de Suez porta un
toast à cet heureux succès, une centaine d'Anglais
étaient présents, et à cette heure plusieurs milliers
d'Anglais, allant ou revenant des Indes, ont déjà joui
de ce bénéfice. Auparavant, l'eau de Suez ne coûtait
pas beaucoup moins que la bière à Londres.
» La preuve a frappé les yeux, les mains et le goût
des concitoyens de lord Palmerston. Eh bien! de-
mandez-lui s'il est vrai qu'une branche du Nil va se
jeter dans la mer Rouge à Suez.
» Il vous répondra que c'est un rêve, une invention
française, et qu'il est à déplorer que l'Angleterre, qui,
dans son temps, ne comptait pas un habitant sur mille
nourrissant des sympathies pour la France, en soit
arrivée aujourd'hui à croire à cette œuvre. Comment
expliquer une telle réponse? C'est un phénomène pro-
duit par une passion qui, dormant depuis un demi-
siècle, vient de renaître; phénomène certainement rare
qui n'a d'égal que le phénomène de l'activité de lord
Palmerston ; d'où l'on peut dire que c'est le phénomène
des phénomènes.
» Il se livre lui-même, dans la réponse faite à la
Chambre des communes le 12 avril, à la vingtième in-
terpellation qui lui est adressée sur le travail forcé des
fellahs en Egypte, employés aux travaux du canal de
Suez.
» Sa Seigneurie, électrisé par sa haine consacrée de-
puis 1804, répond :
« Le sultan a prohibé le travail forcé en Egypte ;
» mais la Compagnie du canal de Suez, qui en usait
» sur une large échelle, a réclamé un sursis qui lui a
» été accordé, je crois, déjà deux fois. Il est à déplorer
» que tandis que la France et l'Angleterre sont en si
» grande pénurie de coton, trente ou quarante mille
» travailleurs, qui pourraient être employés utilement à
» la culture du coton en Egypte, soient occupés à creu-
» ser un canal à travers un désert de sable, et à créer
» deux ports sur une plage fangeuse mouillée par des
» eaux basses. (On rit.) J'espère qu'une occupation si
» inutile cessera bientôt. »
» Chacun sait que l'empereur Napoléon a été choisi
Comme arbitre, par le vice-roi d'Egypte lui-même,
pour régler les difficultés qu'a fait naître lord Palmers-
ton entre la Compagnie et le gouvernement égyptien.
Due commission composée de personnages compétents
S'occupe de la question qui lui a été soumise.
» On pourrait se demander comment le noble lord
peut ainsi prononcer une sentence de mort contre le
canal. S'il n'a pas le projet de préparer la chambre à
quelque nouvelle opposition, après la décision de Na-
poléon, comment peut-il se servir de phrases si ridicules
et même absurdes? Si le vice-roi lui-même, s'adressant
à Napoléon, parle de difficultés résultant de l'exécution
du contrat, comment pourrait-on admettre comme so-
lution possible l'annulation de ce contrat déjà passé,
pour la plus grande part, à l'état de pleine exécution
par la fin du canal d'eau douce? Mais, en vérité, nous
oublions un instant la passion, la vénérable passion
qui dure depuis soixante ans : le phénomène des phéno-
mènes 1 Il ne faudrait pas prendre au sérieux de tels dis-
cours. Le malheureux) il parle encore des lagunes de
boue, théorie abandonnée depuis huit ans grâce aux
Anglais qui ont visité l'isthme.
» Tout l'Angleterre connaît le rapport de M. Haw-
kshaw, l'une des plus grandes célébrités anglaises,
qui visita minutieusement et par ordre spécial du
vice-roi, tous les travaux du canal, et déclara qu'au-
cune difficulté ne s'opposait à l'exécution des projets.
Lord Palmerston seul ne connait pas ce rapport ; cela
est naturel : une passion de soixante ans s'y oppose.
Celui qui ne peut s'expliquer cet état de choses n'a
qu'à se livrer à la raison du phénomène.
» Mais ce n'est pas encore du lord qu'il faut être
émerveillé, mais bien des interpellateurs. Pourquoi,
pourrait-on demander aux interpellateurs, vous diver-
tissez-vous d'une façon si cruelle sur le dos de votre
premier ministre ? Les journaux qui ont reproduit la
réponse que vous avez provoquée, ajoutent qu'elle a
faire rire. Mais, si l'on rit dans une chambre anglaise,
comment rira-t-on dans les autres pays, et surtout en
France !
« Tous feront la découverte si juste que nous avons
faite du phénomène des phénomènes, tous diront, avec
raison, qu'il est temps que cette comédie finisse. Non-
seulement la France, mais le monde entier attend avec
confiance la décision suprême de Napoléon III. »
PARTICIPATION DE L'AUTRICHE DANS LE COMMERCE DU MONDE,
Par M. P. Revoltella.
M. P. Revoltella, l'un des vice-présidents du Con-
seil d'administration de la Compagnie de Suez et
banquier à Trieste, vient de publier un travail sur
la part que doit s'assurer l'Autriche dans le commerce
du monde. Avec une expérience pratique et des lu-
mières que personne ne contestera, il indique à ses
compatriotes quelle est la voie qu'ils doivent suivre
pour assurer à leur 'pays tous les éléments d'une
grandeur future, plus éclatante encore que la gran-
deur présente et passée.
«La grandeur des nations, dit-il, se mesurera dé-
sormais à leur prospérité ; et leur prospérité ne se
développera que par l'extension de leurs opérations
commerciales. 11 en résulte la nécessité d'unir les
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