Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1864 01 mai 1864
Description : 1864/05/01 (A9,N189). 1864/05/01 (A9,N189).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203320d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 223
Ainsi donc, pendant qu'à Paris on discutait à la
Compagnie jusqu'à son existence même, en Égypte,
elle affirmait sa vie. Sans se laisser abattre ou effrayer
par les attaques sans nombre dont on l'abreuvait, elle
organisait ses travaux avec plus de force, et l'ensem-
ble de la situation actuelle nous donne l'assurance que
pendant la campagne de 1864-1865, ils marcheront à
pas de géant. En dépit des jalousies égoïstes, des in-
trigues sans aveu, elle donnera une magnifique voie
navigable, aussi importante par sa position que l'est le
détroit des Dardanelles qui fait la force de la Turquie,
à cette Égypte, où depuis plusieurs années elle a versé
des millions, à qui elle prodigue l'enseignement du
travail, qu'elle initie aux progrès de l'art européen,
qu'elle habitue à l'usage des machines, qu'elle a grati-
fiée d'un magnifique canal rendant à la culture des sa-
bles incultes depuis' des siècles, et qu'elle a dotée de
deux villes, Ismaïlia et Port-Saïd.
ERNEST DESPLACES.
L'EAU DOUCE A PORT-SAÏD.
(Correspondance particulière de L'ISTHME DE SUEZ.)
« Port-Saïd, 12 avril 1865.
» La lettre que je vous écrivais de Suez, le 29 dé-
cembre vous annonçait l'arrivée de l'eau du Nil à la
mer Rouge. Aujourd'hui je vous écris de Port-Saïd et
je vous annonce l'arrivée de l'eau du Nil à la Médi-
terranée. Trois mois à peine séparent ces deux événe-
ments, définitivement acquis, et qui doivent faire
date dans l'histoire du percement de l'isthme de Suez.
» A Suez, aboutit un grand et beau canal, naviga-
ble sur tout son parcours, portant barques et marins.
A Port-Saïd, nous sommes plus modestes. Ce sont de
simples tuyaux en fonte qui nous amènent l'eau,
mais en quantité suffisante pour faire face à tous les
besoins présents. Plus tard, Port-Saïd aura comme
Suez sa branche du Nil, condition indispensable de
son développement.
» Vous connaissez la position de Port-Saïd. Édifiée
sur un étroit lido qui sépare la Méditerranée du lac
Menzaleh, sur un terrain gagné par la main de l'homme
et formé en partie par les déblais provenant des dragues,
la ville, qui compte une population de plus de 5,000
âmes, avait été, jusqu'à ce jour, approvisionnée d'eau
par des barques venant des environs de Damiette,
à travers le lac, ou par les machines distillatoires.
.11 y avait là une grosse dépense pour la Compagnie,
et en même temps une entrave au développement et
à l'extension de la tête de ligne du canal.
» Il fut donc résolu qu'une conduite d'eau, partant
de Timsah, aboutirait à Port-Saïd. C'est cette conduite
que nous venons de voir définitivement achevée, et
fonctionnant régulièrement.
» Le travail avait ses difficultés. Il n'est pas com-
mode d'établir des tuyaux sur une longueur de 80
kilomètres, et de les établir avec toute la solidité
désirable, sur des terrains nouvellement remués,
sur des berges à peine terminées. M. Lasseron, qui en
avait pris l'entreprise, il y a douze ou quatorze mois,
vient de le terminer, et le succès a été complet.
» Le 9 avril, on posait les derniers tuyaux dans la
ville; et, le 10, un dimanche, Port-Saïd tout entier
était en fête. Six bornes-fontaines, placées aux endroits
principaux de la ville, répandaient à profusion cette
belle eau du Nil, si recherchée, et jusqu'à ce jour si
soigneusement conservée à Port-Saïd. Les fellahs ne ces-
saient de témoigner de leur satisfaction et de leur joie.
« Les machines distillatoires vont enfin se reposer, di-
sait un Français, chef de chantier, on leur doit bien
les Invalides. »
» Une messe a été dite à l'église catholique par le
père Bernard, suppléant du révérend père Erasme,
curé de Port-Saïd. Elle a été suivie d'un Te Deum et
d'un petit sermon de circonstance dont je regrette de
ne pouvoir vous envoyer le texte.
» Au sortir de la messe, l'inspecteur général de la
Compagnie, l'ingénieur en chef, l'ingénieur de la division
ont commencé la visite des fontaines avec M. Lasseron,
accompagné des différents chefs de service de la di-
vision. Puis un déjeuner de famille réunit à la même
table chefs et employés. Je n'ai pas besoin de vous
dire que la santé de notre cher président, retenu
depuis ci longtemps à Paris, y fut portée avec accla-
mations.
» Le soir, les membres du cercle de Port-Saïd, les
chefs de service, les principaux employés, etc., se sont
retrouvés dans la grande salle, qui sert de lieu de
réunion générale. L'inspecteur général, M. Sala, les
avait invités à un punch. M. Sala a prononcé quelques
paroles pour faire ressortir l'importance de l'arrivée
de l'eau douce à Port-Saïd, pour la prospérité désor-
mais assurée de la ville.
» Par un heureux hasard, le matin même du jour
où nous fêtions l'eau douce à Port-Saïd, plus de cent
nouveaux ouvriers grecs, venant chercher du travail,
débarquaient au milieu de nous. Ils tombaient en
pleine réjouissance. M. Aiton et ses collaborateurs,
arrivés aussi depuis peu à Port-Saïd, semblaient on
ne peut plus satisfaits de l'aspect de la colonie dont ils
font aujourd'hui partie.
» Le lendemain, 11, un grand bateau à vapeur, le
Scotia, de 1,500 tonneaux, venant d'Angleterre, est
arrivé sur rade. Frété par M. Aiton, il apporte une
partie de son matériel, et cent cinquante ouvriers an-
glais ou écossais, habitués à travailler avec lui dans
Ainsi donc, pendant qu'à Paris on discutait à la
Compagnie jusqu'à son existence même, en Égypte,
elle affirmait sa vie. Sans se laisser abattre ou effrayer
par les attaques sans nombre dont on l'abreuvait, elle
organisait ses travaux avec plus de force, et l'ensem-
ble de la situation actuelle nous donne l'assurance que
pendant la campagne de 1864-1865, ils marcheront à
pas de géant. En dépit des jalousies égoïstes, des in-
trigues sans aveu, elle donnera une magnifique voie
navigable, aussi importante par sa position que l'est le
détroit des Dardanelles qui fait la force de la Turquie,
à cette Égypte, où depuis plusieurs années elle a versé
des millions, à qui elle prodigue l'enseignement du
travail, qu'elle initie aux progrès de l'art européen,
qu'elle habitue à l'usage des machines, qu'elle a grati-
fiée d'un magnifique canal rendant à la culture des sa-
bles incultes depuis' des siècles, et qu'elle a dotée de
deux villes, Ismaïlia et Port-Saïd.
ERNEST DESPLACES.
L'EAU DOUCE A PORT-SAÏD.
(Correspondance particulière de L'ISTHME DE SUEZ.)
« Port-Saïd, 12 avril 1865.
» La lettre que je vous écrivais de Suez, le 29 dé-
cembre vous annonçait l'arrivée de l'eau du Nil à la
mer Rouge. Aujourd'hui je vous écris de Port-Saïd et
je vous annonce l'arrivée de l'eau du Nil à la Médi-
terranée. Trois mois à peine séparent ces deux événe-
ments, définitivement acquis, et qui doivent faire
date dans l'histoire du percement de l'isthme de Suez.
» A Suez, aboutit un grand et beau canal, naviga-
ble sur tout son parcours, portant barques et marins.
A Port-Saïd, nous sommes plus modestes. Ce sont de
simples tuyaux en fonte qui nous amènent l'eau,
mais en quantité suffisante pour faire face à tous les
besoins présents. Plus tard, Port-Saïd aura comme
Suez sa branche du Nil, condition indispensable de
son développement.
» Vous connaissez la position de Port-Saïd. Édifiée
sur un étroit lido qui sépare la Méditerranée du lac
Menzaleh, sur un terrain gagné par la main de l'homme
et formé en partie par les déblais provenant des dragues,
la ville, qui compte une population de plus de 5,000
âmes, avait été, jusqu'à ce jour, approvisionnée d'eau
par des barques venant des environs de Damiette,
à travers le lac, ou par les machines distillatoires.
.11 y avait là une grosse dépense pour la Compagnie,
et en même temps une entrave au développement et
à l'extension de la tête de ligne du canal.
» Il fut donc résolu qu'une conduite d'eau, partant
de Timsah, aboutirait à Port-Saïd. C'est cette conduite
que nous venons de voir définitivement achevée, et
fonctionnant régulièrement.
» Le travail avait ses difficultés. Il n'est pas com-
mode d'établir des tuyaux sur une longueur de 80
kilomètres, et de les établir avec toute la solidité
désirable, sur des terrains nouvellement remués,
sur des berges à peine terminées. M. Lasseron, qui en
avait pris l'entreprise, il y a douze ou quatorze mois,
vient de le terminer, et le succès a été complet.
» Le 9 avril, on posait les derniers tuyaux dans la
ville; et, le 10, un dimanche, Port-Saïd tout entier
était en fête. Six bornes-fontaines, placées aux endroits
principaux de la ville, répandaient à profusion cette
belle eau du Nil, si recherchée, et jusqu'à ce jour si
soigneusement conservée à Port-Saïd. Les fellahs ne ces-
saient de témoigner de leur satisfaction et de leur joie.
« Les machines distillatoires vont enfin se reposer, di-
sait un Français, chef de chantier, on leur doit bien
les Invalides. »
» Une messe a été dite à l'église catholique par le
père Bernard, suppléant du révérend père Erasme,
curé de Port-Saïd. Elle a été suivie d'un Te Deum et
d'un petit sermon de circonstance dont je regrette de
ne pouvoir vous envoyer le texte.
» Au sortir de la messe, l'inspecteur général de la
Compagnie, l'ingénieur en chef, l'ingénieur de la division
ont commencé la visite des fontaines avec M. Lasseron,
accompagné des différents chefs de service de la di-
vision. Puis un déjeuner de famille réunit à la même
table chefs et employés. Je n'ai pas besoin de vous
dire que la santé de notre cher président, retenu
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mations.
» Le soir, les membres du cercle de Port-Saïd, les
chefs de service, les principaux employés, etc., se sont
retrouvés dans la grande salle, qui sert de lieu de
réunion générale. L'inspecteur général, M. Sala, les
avait invités à un punch. M. Sala a prononcé quelques
paroles pour faire ressortir l'importance de l'arrivée
de l'eau douce à Port-Saïd, pour la prospérité désor-
mais assurée de la ville.
» Par un heureux hasard, le matin même du jour
où nous fêtions l'eau douce à Port-Saïd, plus de cent
nouveaux ouvriers grecs, venant chercher du travail,
débarquaient au milieu de nous. Ils tombaient en
pleine réjouissance. M. Aiton et ses collaborateurs,
arrivés aussi depuis peu à Port-Saïd, semblaient on
ne peut plus satisfaits de l'aspect de la colonie dont ils
font aujourd'hui partie.
» Le lendemain, 11, un grand bateau à vapeur, le
Scotia, de 1,500 tonneaux, venant d'Angleterre, est
arrivé sur rade. Frété par M. Aiton, il apporte une
partie de son matériel, et cent cinquante ouvriers an-
glais ou écossais, habitués à travailler avec lui dans
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