Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1864 01 mai 1864
Description : 1864/05/01 (A9,N189). 1864/05/01 (A9,N189).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203320d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 229
des nattes de roseaux, on construisait une sorte
d'abri où les ouvriers passaient la nuit. Une tem-
pête survenant, le bourrelet était quelquefois détruit,.
et la besogne était à recommencer. Nous n'avons pas
employé les contingents à ce premier travail, mais
des hommes libres et de bonne volonté. Nous avons
marché peu à peu, avec beaucoup de peine, et là
où nous avons débuté, par un chenal de 3 à 4 mè-
tres seulement, nous sommes parvenus à en creuser
aujourd'hui un de 60 mètres avec l'aide de nos dra.
gues et à élever de chaque côté des berges parfaite-
ment solides.
Nous venons de passer, avec un entrepreneur écos-
sais, un marché pour approfondir ce chenal jusqu'à
8 mètres au-dessous du niveau de la mer. L'homme
que nous avons choisi a participé à l'un des plus
grands travaux de dragages qui aient été exécutés
dans le monde, celui de la Clyde, à Glascow. Cette
ville, qui comptait autrefois 30,000 âmes, en a au-
jourd'hui 500,000. Il y a trente ans, la Clyde était
presque à sec, puisque les habitants la traversaient,
ayant de l'eau jusqu'à la cheville, et aujourd'hui,
les plus gros bâtiments qui font les voyages d'Amé-
rique, y naviguent en toute liberté. Le Persia, l'un
des plus grands bâtiments connus, y a été construit
et lancé. Nous avons fait avec notre entrepreneur,
M. Aiton, un traité pour l'enlèvement de 22 millions
de mètres cubes.
Nous avons fait également un traité pour les je-
tées de Port-Saïd. Ce sont des jetées en blocs arti-
ficiels. Nous avions décidé d'abord que nous les fe-
rions avec des pierres prises dans l'isthme, mais il
aurait fallu pour l'exploitation de la carrière, un
grand nombre de contingents. Nous avons fait ce
dernier traité avec MM. Dussaud frères, qui ont exé-
cuté les ports de Marseille, de Cherbourg et d'Alger.
Ainsi notre travail est assuré pour Port-Saïd et pour
le dragage des lacs. Menzaleh et Ballah, jusqu'au
pied du plateau d'El-Guisr. Là, nous avons déjà
enlevé 5 millions de mètres cubes en huit mois de
temps, avec dix-huit mille hommes des contingents.
Pour terminer cette partie du canal maritime, il reste
à enlever 9 millions de mètres. Nous avons donné
ce travail à un entrepreneur français, M. Couvreux.
Au sud du lac Timsah se trouve le plateau du
Sérapéum; puis, les lacs Amers, où il y a peu de
chose à faire; ensuite on traverse une plaine de
20 kilomètres pour se rendre à Suez. Nous avons
tous les jours des propositions nouvelles de gens sé-
rieux, ayant des capitaux, qui ont été dans l'isthme
étudier les travaux dont ils demandent à se charger.
Tous nos marchés sont faits ou à la veille de Fêtre ;
tout est organisé, tout marche, pour faire ouvrir le
canal maritime à la grande navigation d'ici à quatre
ans. (Bravo! bravo 1)
Rien ne peut plus empêcher maintenant l'exécu-
tion d'une œuvre qu'on disait impossible, et qui
devait emporter trois ou quatre fois le capital de la
Compagnie. La chose était pourtant bien simple. Il
ne fallait que des hommes de courage et d'action ;
nous avons trouvé ces hommes, et tous les jours,
nous triomphons d'obstacles réputés impossibles : le
concours que vous nous apportez contribue beau-
coup à nous en faire triompher. Oui, Messieurs, la
sympathie ardente et constante de l'opinion publi-
que, dont vous êtes ici les représentants, est un
des grands faits qui conduiront infailliblement au
succès de notre entreprise. (Bravo! bravo! vifs ap-
plaudissements.)
Maintenant, je vais vous parler des objections que
chacun de vous a entendu soulever; je n'en dissimu-
lerai aucune.
On nous dit : Comment. ferez-vous pour votre en-
trée dans la Méditerranée ? Vous êtes sur une plage
qui s'incline insensiblement avec très-peu de pro-
fondeur. Vous avez des boues, le vieux mot égyp-
tien Zin, le mot grec Péluse, le-mot arabe Tineh,
noms qui ont été donnés successivement à cet en-
droit, tous veulent dire : boue.
Des articles de journaux, publiés il y a huit à
neuf ans, prétendaient que le golfe de Péluse était
une mer de boue, et que les bâtiments seraient ar-
rêtés dans leur marche par des « bancs de vase
voyageuse. » Des hommes très-distingués, - et que
j'estime beaucoup, ont imprimé cela dans la Revue
des Deux-Mondes. (On rit.)
Messieurs, si les anciens ont appelé Péluse, Zm ou
Tineh, synonymes de boue, l'endroit où est situé Pé-
luse, c'est en effet parce que les terrains qui l'envi-
ronnent sont plus bas que le niveau du Nil, et que
l'eau qui y séjourne forme de la boue; mais cette
boue est en dedans du cordon du littoral. La pré-
tendue mer de boue n'existe donc pas. Au dehors,
l'eau de la mer est limpide, et le sable de la plage
aussi blanc que celui de nos côtes de France.
S'il n'y a pas de boue de ce côté, que devions-nous
craindre? Nous devions craindre, lorsque l'on ouvri-
rait un chenal pour faire communiquer la mer avec
le lac Menzaleh, les lames de fond, qui exercent leur
action jusqu'à une profondeur de 4 à 5 mètres, qui
remuent et agitent les galets ou les sables, car les
sables ont commencé par être des galets détachés
des rochers par la fureur des vagues. A 7 ou 8 mè-
tres, le fond de la mer n'a plus de sable, mais une
vase éternelle. Arrivés près de la plage depuis des
siècles, avant les temps historiques, peut-être même
avant l'existence de l'homme, les galets roulés par
les flots ont produit ces sables, qui, poussés par la
lame sur la plage, séchés par le soleil et emportés
des nattes de roseaux, on construisait une sorte
d'abri où les ouvriers passaient la nuit. Une tem-
pête survenant, le bourrelet était quelquefois détruit,.
et la besogne était à recommencer. Nous n'avons pas
employé les contingents à ce premier travail, mais
des hommes libres et de bonne volonté. Nous avons
marché peu à peu, avec beaucoup de peine, et là
où nous avons débuté, par un chenal de 3 à 4 mè-
tres seulement, nous sommes parvenus à en creuser
aujourd'hui un de 60 mètres avec l'aide de nos dra.
gues et à élever de chaque côté des berges parfaite-
ment solides.
Nous venons de passer, avec un entrepreneur écos-
sais, un marché pour approfondir ce chenal jusqu'à
8 mètres au-dessous du niveau de la mer. L'homme
que nous avons choisi a participé à l'un des plus
grands travaux de dragages qui aient été exécutés
dans le monde, celui de la Clyde, à Glascow. Cette
ville, qui comptait autrefois 30,000 âmes, en a au-
jourd'hui 500,000. Il y a trente ans, la Clyde était
presque à sec, puisque les habitants la traversaient,
ayant de l'eau jusqu'à la cheville, et aujourd'hui,
les plus gros bâtiments qui font les voyages d'Amé-
rique, y naviguent en toute liberté. Le Persia, l'un
des plus grands bâtiments connus, y a été construit
et lancé. Nous avons fait avec notre entrepreneur,
M. Aiton, un traité pour l'enlèvement de 22 millions
de mètres cubes.
Nous avons fait également un traité pour les je-
tées de Port-Saïd. Ce sont des jetées en blocs arti-
ficiels. Nous avions décidé d'abord que nous les fe-
rions avec des pierres prises dans l'isthme, mais il
aurait fallu pour l'exploitation de la carrière, un
grand nombre de contingents. Nous avons fait ce
dernier traité avec MM. Dussaud frères, qui ont exé-
cuté les ports de Marseille, de Cherbourg et d'Alger.
Ainsi notre travail est assuré pour Port-Saïd et pour
le dragage des lacs. Menzaleh et Ballah, jusqu'au
pied du plateau d'El-Guisr. Là, nous avons déjà
enlevé 5 millions de mètres cubes en huit mois de
temps, avec dix-huit mille hommes des contingents.
Pour terminer cette partie du canal maritime, il reste
à enlever 9 millions de mètres. Nous avons donné
ce travail à un entrepreneur français, M. Couvreux.
Au sud du lac Timsah se trouve le plateau du
Sérapéum; puis, les lacs Amers, où il y a peu de
chose à faire; ensuite on traverse une plaine de
20 kilomètres pour se rendre à Suez. Nous avons
tous les jours des propositions nouvelles de gens sé-
rieux, ayant des capitaux, qui ont été dans l'isthme
étudier les travaux dont ils demandent à se charger.
Tous nos marchés sont faits ou à la veille de Fêtre ;
tout est organisé, tout marche, pour faire ouvrir le
canal maritime à la grande navigation d'ici à quatre
ans. (Bravo! bravo 1)
Rien ne peut plus empêcher maintenant l'exécu-
tion d'une œuvre qu'on disait impossible, et qui
devait emporter trois ou quatre fois le capital de la
Compagnie. La chose était pourtant bien simple. Il
ne fallait que des hommes de courage et d'action ;
nous avons trouvé ces hommes, et tous les jours,
nous triomphons d'obstacles réputés impossibles : le
concours que vous nous apportez contribue beau-
coup à nous en faire triompher. Oui, Messieurs, la
sympathie ardente et constante de l'opinion publi-
que, dont vous êtes ici les représentants, est un
des grands faits qui conduiront infailliblement au
succès de notre entreprise. (Bravo! bravo! vifs ap-
plaudissements.)
Maintenant, je vais vous parler des objections que
chacun de vous a entendu soulever; je n'en dissimu-
lerai aucune.
On nous dit : Comment. ferez-vous pour votre en-
trée dans la Méditerranée ? Vous êtes sur une plage
qui s'incline insensiblement avec très-peu de pro-
fondeur. Vous avez des boues, le vieux mot égyp-
tien Zin, le mot grec Péluse, le-mot arabe Tineh,
noms qui ont été donnés successivement à cet en-
droit, tous veulent dire : boue.
Des articles de journaux, publiés il y a huit à
neuf ans, prétendaient que le golfe de Péluse était
une mer de boue, et que les bâtiments seraient ar-
rêtés dans leur marche par des « bancs de vase
voyageuse. » Des hommes très-distingués, - et que
j'estime beaucoup, ont imprimé cela dans la Revue
des Deux-Mondes. (On rit.)
Messieurs, si les anciens ont appelé Péluse, Zm ou
Tineh, synonymes de boue, l'endroit où est situé Pé-
luse, c'est en effet parce que les terrains qui l'envi-
ronnent sont plus bas que le niveau du Nil, et que
l'eau qui y séjourne forme de la boue; mais cette
boue est en dedans du cordon du littoral. La pré-
tendue mer de boue n'existe donc pas. Au dehors,
l'eau de la mer est limpide, et le sable de la plage
aussi blanc que celui de nos côtes de France.
S'il n'y a pas de boue de ce côté, que devions-nous
craindre? Nous devions craindre, lorsque l'on ouvri-
rait un chenal pour faire communiquer la mer avec
le lac Menzaleh, les lames de fond, qui exercent leur
action jusqu'à une profondeur de 4 à 5 mètres, qui
remuent et agitent les galets ou les sables, car les
sables ont commencé par être des galets détachés
des rochers par la fureur des vagues. A 7 ou 8 mè-
tres, le fond de la mer n'a plus de sable, mais une
vase éternelle. Arrivés près de la plage depuis des
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