Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1864 01 mai 1864
Description : 1864/05/01 (A9,N189). 1864/05/01 (A9,N189).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203320d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
226 L'ISTHME DE SUEZ,
» Toute la question d'Orient se réduit donc à cet
apophthegme :
» Maintenir ce qui est, pour qu'un plus puissant n'en
prenne la place.
D A ce propos, Messieurs, qu'il me soit permis de
vous raconter qu'envoyé en 1840 auprès de Méhcmet-
Ali, je faisais de grands efforts pour le décider à en-
treprendre le percement de l'isthme de Suez. La prin-
cipale objection du vice-roi était que ce passage de-
viendrait d'une telle importance pour les puissances
maritimes, que chacune d'elles saisirait toutes les oc-
casions d'en déposséder l'Egypte afin de s'en emparer.
« Mais, lui répondis-je, c'est justement ce qui doit vous
» rassurer; là est votre garantie : plusieurs convoitant,
» chacun fera en sorte que Vautre ne l'ait pas. » Ce simple
raisonnement ne fut pas sans effet sur l'esprit de Mé-
hémet-Ali; à quelques jours de là, il m'annonçait qu'un
canal maritime traverserait l'isthme de Suez.
» Eh ! Messieurs, quel témoignage plus certain de la
propagation des études géographiques en France que
la sollicitude intelligente dont ne cessent de faire
preuve toutes les classes de la population à l'égard de
cette entreprise? Jamais navigateur n'a été suivi avec
plus d'intérêt dans ses périlleuses explorations que
l'homme courageux et habile qui a repris l'œuvre un
moment décidée par Méhémet-Ali mais abandonnée
depuis, sans que son infatigable persévérance s'arrête
devant les obstacles semés sur sa route par la cupidité,
la vénalité, l'envie et l'ignorance. Il avait, il est vrai,
pour soutenir son courage, avec la conviction profonde
qui seule enfante les grandes choses, le concours d'une
opinion publique éclairée, dont un prince placé sur les
marches du trône s'est fait, aux applaudissements de
tous, l'éloquent interprète ; il avait surtout la certitude
de trouver auprès du souverain qui préside aux desti-
nées de la France, le puissant appui qu'il accorde à
toutes les causes justes et aux entreprises utiles et ci-
vilisatrices.
» S'il résulte de ce que je viens d'exposer que les
reproches d'ignorance en matière géographique adres-
sés jadis à la France sont devenus sans fondement, il
revient certainement une grande part dans cet heu-
reux résultat à votre Société, qui a développé avec un
succès incontestable la partie la plus essentielle de son
programme en s'efforçant de propager le goût des
études géographiques. Du reste, c'est toujours concou-
rir au même but que de provoquer des voyages de dé-
couvertes, que d'ouvrir des concours et de publier les
mémoires et les cartes propres à enrichir le domaine
de la science à laquelle notre Société s'est vouée. En
décernant aujourd'hui une médaille à un jeune et in-
trépide voyageur, dont les titres à la récompense que
vous lui accordez vont être soumis à votre apprécia-
tion, vous faites un pas de plus dans la voie que vous
vous êtes tracée et dans laquelle un grand nombre de
sociétés étrangères marchent avec vous, en s'inspirant
de vos exemples.
» Pour ma part, Messieurs, je n'ai qu'un regret en
déposant la présidence que vous avez bien voulu me
confier pendant l'année qui vient de s'écouler, c'est de
n'avoir pas été à même de concourir plus efficacement
au développement d'un programme dont personne n'ap-
précie plus que moi l'utilité.
» Si quelque chose peut m'en consoler, c'est la con-
fiance de trouver dan.-, l'honorable candidat proposé à
votre choix (et dont le nom sortira, j'en ai l'espoir, de
l'urne du scrutin, proclamé par un vote unanime), un
successeur plus à même, à tous égards, que je ne l'ai
été, de remplir utilement la mission dont il voudra
bien se charger. Les affinités qui existent entre la
marine et la géographie me sont un sûr garant de la
réussite de ses efforts. Je lui ai légué une dette à ac-
quitter ; il y fera honneur: il en a les moyens et la
volonté. »
LA DERNIÈRE INTERPELLATION DE M. GRIFFITH.
Les interpellations de M. Griffith à la Chambre
des communes, en ce qui concerne le travail des
fellahs employés aux- travaux du canal de Suez,
n'ont plus le don d'émouvoir l'opinion publique en
France. Elles reviennent de temps à autre, en ter-
mes à peu près identiques, à des époques indéter-
minées, donnent à lord Palmerston l'occasion de
prononcer quelques paroles malveillantes pour le ca-
nal ; puis tout est dit.
La dern:ère interpellation notamment, celle du 12
avril, a été sommairement enregistrée par la presse
française au milieu des dépêches télégraphiques ; et
aucun journal quotidien que nous sachions, n'a cru
devoir s'occuper plus longuement des vœux philan-
thropiques du membre de la Chambre des communes,
qui, avec une persévérance que l'insuccès n'a pu en-
core décourager, se porte le champion assidu et
toujours dispos du travailleur égyptien, mais de
celui-là seul, bien entendu, qui est employé sur les
chantiers de l'isthme.
Le Mémorial diplomatique, cependant, n'a pas
voulu laisser passer la réponse faite à M. Griffith
par lord Palmerston sans une brève observation, et
voici les quelques lignes que contient à ce sujet
son numéro du 17 avril.
ERNEST DESPLACES.
« Dans la séance de la Chambre des communes
du 11, M. Griffith ayant demandé si le sultan a
ordonné au pacha d'Egypte de discontinuer la pres-
tation du travail forcé aux travaux du canal de
Suez , lord Palmerston a répondu que le sultan a
donné l'ordre d'abolir la corvée en Egypte, mais
qu'un délai a été accordé aux entrepreneurs du canal
de Suez. « Il est regrettable, a ajouté le ministre ,
» que trente ou quarante mille travailleurs, qui pour-
» raient cultiver le coton avec profit, soient occupés
» à creuser un canal dans un désert de sable, et à
» construire deux ports dans la boue et l'eau trou-
» Toute la question d'Orient se réduit donc à cet
apophthegme :
» Maintenir ce qui est, pour qu'un plus puissant n'en
prenne la place.
D A ce propos, Messieurs, qu'il me soit permis de
vous raconter qu'envoyé en 1840 auprès de Méhcmet-
Ali, je faisais de grands efforts pour le décider à en-
treprendre le percement de l'isthme de Suez. La prin-
cipale objection du vice-roi était que ce passage de-
viendrait d'une telle importance pour les puissances
maritimes, que chacune d'elles saisirait toutes les oc-
casions d'en déposséder l'Egypte afin de s'en emparer.
« Mais, lui répondis-je, c'est justement ce qui doit vous
» rassurer; là est votre garantie : plusieurs convoitant,
» chacun fera en sorte que Vautre ne l'ait pas. » Ce simple
raisonnement ne fut pas sans effet sur l'esprit de Mé-
hémet-Ali; à quelques jours de là, il m'annonçait qu'un
canal maritime traverserait l'isthme de Suez.
» Eh ! Messieurs, quel témoignage plus certain de la
propagation des études géographiques en France que
la sollicitude intelligente dont ne cessent de faire
preuve toutes les classes de la population à l'égard de
cette entreprise? Jamais navigateur n'a été suivi avec
plus d'intérêt dans ses périlleuses explorations que
l'homme courageux et habile qui a repris l'œuvre un
moment décidée par Méhémet-Ali mais abandonnée
depuis, sans que son infatigable persévérance s'arrête
devant les obstacles semés sur sa route par la cupidité,
la vénalité, l'envie et l'ignorance. Il avait, il est vrai,
pour soutenir son courage, avec la conviction profonde
qui seule enfante les grandes choses, le concours d'une
opinion publique éclairée, dont un prince placé sur les
marches du trône s'est fait, aux applaudissements de
tous, l'éloquent interprète ; il avait surtout la certitude
de trouver auprès du souverain qui préside aux desti-
nées de la France, le puissant appui qu'il accorde à
toutes les causes justes et aux entreprises utiles et ci-
vilisatrices.
» S'il résulte de ce que je viens d'exposer que les
reproches d'ignorance en matière géographique adres-
sés jadis à la France sont devenus sans fondement, il
revient certainement une grande part dans cet heu-
reux résultat à votre Société, qui a développé avec un
succès incontestable la partie la plus essentielle de son
programme en s'efforçant de propager le goût des
études géographiques. Du reste, c'est toujours concou-
rir au même but que de provoquer des voyages de dé-
couvertes, que d'ouvrir des concours et de publier les
mémoires et les cartes propres à enrichir le domaine
de la science à laquelle notre Société s'est vouée. En
décernant aujourd'hui une médaille à un jeune et in-
trépide voyageur, dont les titres à la récompense que
vous lui accordez vont être soumis à votre apprécia-
tion, vous faites un pas de plus dans la voie que vous
vous êtes tracée et dans laquelle un grand nombre de
sociétés étrangères marchent avec vous, en s'inspirant
de vos exemples.
» Pour ma part, Messieurs, je n'ai qu'un regret en
déposant la présidence que vous avez bien voulu me
confier pendant l'année qui vient de s'écouler, c'est de
n'avoir pas été à même de concourir plus efficacement
au développement d'un programme dont personne n'ap-
précie plus que moi l'utilité.
» Si quelque chose peut m'en consoler, c'est la con-
fiance de trouver dan.-, l'honorable candidat proposé à
votre choix (et dont le nom sortira, j'en ai l'espoir, de
l'urne du scrutin, proclamé par un vote unanime), un
successeur plus à même, à tous égards, que je ne l'ai
été, de remplir utilement la mission dont il voudra
bien se charger. Les affinités qui existent entre la
marine et la géographie me sont un sûr garant de la
réussite de ses efforts. Je lui ai légué une dette à ac-
quitter ; il y fera honneur: il en a les moyens et la
volonté. »
LA DERNIÈRE INTERPELLATION DE M. GRIFFITH.
Les interpellations de M. Griffith à la Chambre
des communes, en ce qui concerne le travail des
fellahs employés aux- travaux du canal de Suez,
n'ont plus le don d'émouvoir l'opinion publique en
France. Elles reviennent de temps à autre, en ter-
mes à peu près identiques, à des époques indéter-
minées, donnent à lord Palmerston l'occasion de
prononcer quelques paroles malveillantes pour le ca-
nal ; puis tout est dit.
La dern:ère interpellation notamment, celle du 12
avril, a été sommairement enregistrée par la presse
française au milieu des dépêches télégraphiques ; et
aucun journal quotidien que nous sachions, n'a cru
devoir s'occuper plus longuement des vœux philan-
thropiques du membre de la Chambre des communes,
qui, avec une persévérance que l'insuccès n'a pu en-
core décourager, se porte le champion assidu et
toujours dispos du travailleur égyptien, mais de
celui-là seul, bien entendu, qui est employé sur les
chantiers de l'isthme.
Le Mémorial diplomatique, cependant, n'a pas
voulu laisser passer la réponse faite à M. Griffith
par lord Palmerston sans une brève observation, et
voici les quelques lignes que contient à ce sujet
son numéro du 17 avril.
ERNEST DESPLACES.
« Dans la séance de la Chambre des communes
du 11, M. Griffith ayant demandé si le sultan a
ordonné au pacha d'Egypte de discontinuer la pres-
tation du travail forcé aux travaux du canal de
Suez , lord Palmerston a répondu que le sultan a
donné l'ordre d'abolir la corvée en Egypte, mais
qu'un délai a été accordé aux entrepreneurs du canal
de Suez. « Il est regrettable, a ajouté le ministre ,
» que trente ou quarante mille travailleurs, qui pour-
» raient cultiver le coton avec profit, soient occupés
» à creuser un canal dans un désert de sable, et à
» construire deux ports dans la boue et l'eau trou-
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