Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1864 15 mai 1864
Description : 1864/05/15 (A9,N190). 1864/05/15 (A9,N190).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203321t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
242 L'ISTHME DE SUEZ,
compris l'importance de cette grande entreprise, et
désirant la voir mettre à exécution, il m'a chargé
de ses pouvoirs pour constituer une compagnie
formée de capitalistes de toutes les nations. Je vous
communique la traduction du firman contenant ces
pouvoirs. Le vice-roi m'a invité à en donner connais-
sance à l'agent et consul général de S. M. Britan-
nique, ainsi qu'aux autres consuls généraux en
Egypte.
» Voici un extrait de ce que j'ai écrit à ce sujet à
M. Bruce : « Tout ce qui a pour résultat de contri-
» buer à l'extension du commerce, de l'industrie et
» de la navigation du monde, est surtout avantageux
» à l'Angleterre, puissance qui l'emporte sur toutes
» les autres par l'importance de sa marine, de
» sa production manufacturière et de ses relations
» commerciales. Un déplorable préjugé fondé sur
» l'antagonisme politique qui a si longtemps et si
» malheureureusement existé entre la France et l'An-
» gleterre, a pu seul accréditer l'opinion que l'ou-
» verture du canal de Suez, œuvre de civilisation et
» de progrès, ne convenait pas aux intérêts de la
» Grande-Bretagne. L'alliance franche et complète
» des deux peuples placés à la tête de la civilisation,
» alliance qui a déjà démontré la possibilité d'une so-
» lution, regardée jusqu'ici comme impossible par les
» traditions vulgaires, permettra, parmi tant d'au-
» tres bienfaits, d'examiner avec impartialité cette
» immense question du canal de Suez, de se rendre
» un compte exact de son influence sur la prospérité
» de tous les peuples, et de faire considérer comme
» une hérésie la croyance qu'une entreprise destinée
» à abréger de moitié la distance entre l'occident et
» l'orient du globe ne convient pas à l'Angleterre,
» maîtresse de Gibraltar, de Malte, des îles Ioniennes,
» d'Aden, d'établissements importants sur la côte
» orientale d'Afrique, de l'Inde, de Singapour, de
» l'Australie.
» L'Angleterre, aussi bien et plus encore que la
» France, doit donc vouloir le percement de cette
» langue de terre de 30 lieues, que tout homme préoc-
» cupé des questions de civilisation et de progrès
» ne peut voir sur la carte sans éprouver un vio-
» lent désir de faire disparaître le seul obstacle jeté
» sur la grande route du commerce du monde.
» Quelques personnes prétendent que le projet du
» vice-roi d'Egypte rencontrera de l'opposition en
» Angleterre. Je ne puis le croire. Vos hommes
» d'État sont trop éclairés pour que, dans les cir-
» constances actuelles, j'admette une semblable hy-
» pothèse. Quoi 1 l'Angleterre fait à elle seule plus
» de la moitié du commerce général avec les Indes
» et la Chine ; elle possède en Asie un empire im-
» mense; elle peut réduire d'un tiers les frais de son
» commerce et rapprocher son empire de moitié de
» la distance totale, et elle ne le laisserait pas faire !
» Et pourquoi? Pour empêcher les nations méditer-
» ranéennes de profiter de leur situation pour faire,
» dans les mers orientales, un peu plus de commerce
» qu'elles n'en font aujourd'hui ; elle se priverait
» des avantages immenses qu'elle doit retirer, sous
» le rapport matériel et au point de vue politique,
» de cette communication nouvelle, uniquement parce
» que d'autres sont plus favorablement placés qu'elle,
» comme si la situation géographique était tout,
» et si, eu égard à toutes les circonstances, l'Angle-
» terre n'avait pas plus à gagner à cette œuvre que
» toutes les nations réunies. Enfin on redoute, dit-on,
» pour l'Angleterre, la réduction qu'apporterait.
» dans le nombre des navires qui font le commerce
» de l'Inde, la diminution de plus d'un tiers dans
» la durée du voyage. L'expérience des chemins de
» fer n'a-t-elle pas prouvé, d'une manière qui a dé-
» passé les prévisions des hommes les plus hardis,
» qu'une abréviation de distance et une diminution
» dans la durée du voyage ont pour conséquence for-
» cée d'augmenter à l'infini les relations et les échan-
» ges. On ne comprend pas pourquoi ceux qui ad-
» mettent cette objection ne conseillent pas au
» gouvernement anglais de prescrire actuellement
» pour le voyage des Indes la voie du cap Horn, car
» elle emploierait encore beaucoup plus de navires
» que celle du cap de Bonne-Espérance, et ellefour-
» nirait de meilleurs marins.
» Si, par impossible, les difficultés dont on me
» menace se produisaient, l'esprit public, si puis-
» sant en Angleterre, aurait bientôt fait justice des
» oppositions intéressées et des objections suran-
» nées.
» Signé : FERD. DE LESSEPS. »
Le vice-roi m'invita à faire une première ex-
ploration de l'isthme avec deux ingénieurs français
attachés à son service, MM. Mougel et Linant. Ce
fut en 1854 que nous fîmes ce premier voyage.
Dans cette exploration , j'acquis la conviction
qu'un canal direct d'une mer à l'autre était possible
sans recourir au Nil comme moyen d'alimentation
du canal maritime. Des études sérieuses avaient déjà
été faites, en 1847, par M. Talabot qui, le premier,
avait eu le mérite de faire connaître au monde
l'égalité du niveau des deux mers, vérifié par son
ingénieur, M. Bourdaloue.
M. Talabot n'avait pas été lui-même sur les lieux;
s'il y avait été, il aurait partagé mon opinion, mais
il avait pensé qu'il fallait se servir du Nil pour ali-
menter le canal maritime.
MM. Mougel et Linant furent d'accord avec moi,
pour établir le canal par le tracé direct du golfe de |
Péluse à Suez. Leur avant-projet ayant été dressé,
compris l'importance de cette grande entreprise, et
désirant la voir mettre à exécution, il m'a chargé
de ses pouvoirs pour constituer une compagnie
formée de capitalistes de toutes les nations. Je vous
communique la traduction du firman contenant ces
pouvoirs. Le vice-roi m'a invité à en donner connais-
sance à l'agent et consul général de S. M. Britan-
nique, ainsi qu'aux autres consuls généraux en
Egypte.
» Voici un extrait de ce que j'ai écrit à ce sujet à
M. Bruce : « Tout ce qui a pour résultat de contri-
» buer à l'extension du commerce, de l'industrie et
» de la navigation du monde, est surtout avantageux
» à l'Angleterre, puissance qui l'emporte sur toutes
» les autres par l'importance de sa marine, de
» sa production manufacturière et de ses relations
» commerciales. Un déplorable préjugé fondé sur
» l'antagonisme politique qui a si longtemps et si
» malheureureusement existé entre la France et l'An-
» gleterre, a pu seul accréditer l'opinion que l'ou-
» verture du canal de Suez, œuvre de civilisation et
» de progrès, ne convenait pas aux intérêts de la
» Grande-Bretagne. L'alliance franche et complète
» des deux peuples placés à la tête de la civilisation,
» alliance qui a déjà démontré la possibilité d'une so-
» lution, regardée jusqu'ici comme impossible par les
» traditions vulgaires, permettra, parmi tant d'au-
» tres bienfaits, d'examiner avec impartialité cette
» immense question du canal de Suez, de se rendre
» un compte exact de son influence sur la prospérité
» de tous les peuples, et de faire considérer comme
» une hérésie la croyance qu'une entreprise destinée
» à abréger de moitié la distance entre l'occident et
» l'orient du globe ne convient pas à l'Angleterre,
» maîtresse de Gibraltar, de Malte, des îles Ioniennes,
» d'Aden, d'établissements importants sur la côte
» orientale d'Afrique, de l'Inde, de Singapour, de
» l'Australie.
» L'Angleterre, aussi bien et plus encore que la
» France, doit donc vouloir le percement de cette
» langue de terre de 30 lieues, que tout homme préoc-
» cupé des questions de civilisation et de progrès
» ne peut voir sur la carte sans éprouver un vio-
» lent désir de faire disparaître le seul obstacle jeté
» sur la grande route du commerce du monde.
» Quelques personnes prétendent que le projet du
» vice-roi d'Egypte rencontrera de l'opposition en
» Angleterre. Je ne puis le croire. Vos hommes
» d'État sont trop éclairés pour que, dans les cir-
» constances actuelles, j'admette une semblable hy-
» pothèse. Quoi 1 l'Angleterre fait à elle seule plus
» de la moitié du commerce général avec les Indes
» et la Chine ; elle possède en Asie un empire im-
» mense; elle peut réduire d'un tiers les frais de son
» commerce et rapprocher son empire de moitié de
» la distance totale, et elle ne le laisserait pas faire !
» Et pourquoi? Pour empêcher les nations méditer-
» ranéennes de profiter de leur situation pour faire,
» dans les mers orientales, un peu plus de commerce
» qu'elles n'en font aujourd'hui ; elle se priverait
» des avantages immenses qu'elle doit retirer, sous
» le rapport matériel et au point de vue politique,
» de cette communication nouvelle, uniquement parce
» que d'autres sont plus favorablement placés qu'elle,
» comme si la situation géographique était tout,
» et si, eu égard à toutes les circonstances, l'Angle-
» terre n'avait pas plus à gagner à cette œuvre que
» toutes les nations réunies. Enfin on redoute, dit-on,
» pour l'Angleterre, la réduction qu'apporterait.
» dans le nombre des navires qui font le commerce
» de l'Inde, la diminution de plus d'un tiers dans
» la durée du voyage. L'expérience des chemins de
» fer n'a-t-elle pas prouvé, d'une manière qui a dé-
» passé les prévisions des hommes les plus hardis,
» qu'une abréviation de distance et une diminution
» dans la durée du voyage ont pour conséquence for-
» cée d'augmenter à l'infini les relations et les échan-
» ges. On ne comprend pas pourquoi ceux qui ad-
» mettent cette objection ne conseillent pas au
» gouvernement anglais de prescrire actuellement
» pour le voyage des Indes la voie du cap Horn, car
» elle emploierait encore beaucoup plus de navires
» que celle du cap de Bonne-Espérance, et ellefour-
» nirait de meilleurs marins.
» Si, par impossible, les difficultés dont on me
» menace se produisaient, l'esprit public, si puis-
» sant en Angleterre, aurait bientôt fait justice des
» oppositions intéressées et des objections suran-
» nées.
» Signé : FERD. DE LESSEPS. »
Le vice-roi m'invita à faire une première ex-
ploration de l'isthme avec deux ingénieurs français
attachés à son service, MM. Mougel et Linant. Ce
fut en 1854 que nous fîmes ce premier voyage.
Dans cette exploration , j'acquis la conviction
qu'un canal direct d'une mer à l'autre était possible
sans recourir au Nil comme moyen d'alimentation
du canal maritime. Des études sérieuses avaient déjà
été faites, en 1847, par M. Talabot qui, le premier,
avait eu le mérite de faire connaître au monde
l'égalité du niveau des deux mers, vérifié par son
ingénieur, M. Bourdaloue.
M. Talabot n'avait pas été lui-même sur les lieux;
s'il y avait été, il aurait partagé mon opinion, mais
il avait pensé qu'il fallait se servir du Nil pour ali-
menter le canal maritime.
MM. Mougel et Linant furent d'accord avec moi,
pour établir le canal par le tracé direct du golfe de |
Péluse à Suez. Leur avant-projet ayant été dressé,
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