Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1864 15 avril 1864
Description : 1864/04/15 (A9,N188). 1864/04/15 (A9,N188).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203319r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
1
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 209
nal de Suez. Il s'agit d'une concession faite il y a
quelque temps par la Porte pour l'établissement d'en-
trepôts dans la capitale et dans quelques-unes des prin-
cipales cités de l'empire.
» Cette concession a été obtenue après deux ans
d'opposition de la part des propriétaires de magasins
particuliers s'imaginant que leurs intérêts seraient
sérieusement affectés par l'établissement de vastes dé-
pôts pour les marchandises qui ont dû jusqu'ici être
emmagasinées dans les locaux dispersés par la ville.
» Les autorités de la douane ont suscité à la con-
cession d'innombrables obstacles en déclarant qu'elle
créerait une infraction aux prérogatives de cette ad-
ministration si les marchandises en arrivant ici n'é-
taient pas exclusivement, comme par le passé, sous le
contrôle de la douane C'est grâce à cette opposition
que le principe des entrepôts n'a pas été entièrement
adopté en cette circonstance.
» La concession néanmoins accorde un terme de trois
mois pour le paiement du droit. Comparée au système
actuel, cette facilité constitue un très-grand avantage
pour les négociants, et le système de warrants qui
forme partie de la concession et le privilége de faire
des avances aux propriétaires des marchandises consi-
gnées dans les entrepôts, les met à même de disposer
deux ou trois fois de leur capital originaire à un prix
presque insignifiant, en même temps qu'en cas de dif-
ficulté de la vente, il leur fournit un moyen d'atten-
dre un moment plus favorable sans être forcés à ven-
dre pour rentrer dans leur capital limité.
» La compagnie concessionnaire a de plus le droit
de recevoir en entrepôt les marchandises qui lui sont
directement consignées, et elle peut ainsi commander
le marché pour les articles dont le stock à certaines
époques pourrait être peu considérable.
» Il est facile d'apercevoir les grands avantages que
ces priviléges conféreraient à une telle entreprise, et
quoique les facilités résultant pour le commerce des
améliorations introduites par ce système doivent porter
d'excellents fruits pour tous ceux qui sont engagés
dans les affaires, il y a là un dangzr qu'il est néces-
saire de signaler.
» Il avait été primitivement résolu qu'une entreprise
de cette nature ne pouvait être sanctionnée que sous la
condition d'être essentiellement une association inter-
nationale ; c'est sur cette entente expresse que certains
des concessionnaires consentirent à donner au projet
leur appui et leur coopération. Ce fut sur cette assu-
rance que l'ambassade britannique lui prêta son in-
fluence. Obéit-elle en cela à quelque influence politique
ou privée? C'est à quoi je ne peux répondre. Mais il
semblerait maintenant que ce frein salutaire aux abus
possibles a été écarté d'une façon considérable dans les
arrangements qui ont été faits depuis.
» La concession telle qu'elle est déterminée par le
firman impérial prescrit clairement que le siège de la
compagnie sera à Constantinople, avec des succursales,
s'il est nécessaire, à Londres et à Paris, et elle doit être
essentiellement une institution turque sous le contrôle
des lois du pays. On essaye maintenant, par les statuts
soumis au gouvernement, d'altérer l'esprit de la con-
vention, dans l'intention évidente de faire de Paris le
siège de la compagnie. Or, il est important de se rap-
peler que la concession ne s'applique pas seulement à
la capitale, mais donne un privilége exclusif pour les
principaux ports de l'empire ottoman, entre autres
pour Smyrne, Sulina, Salonique, Trébizonde, Samsoun,
Rodosto, Enos et Beyrouth. On voit du premier coup
d'œil qu'une institution possédant un champ d'opéra-
tions aussi vaste et avec d'aussi précieux priviléges ne
peut manquer, si elle est placée exclusivement sous le
contrôle et l'influence français, de mettre dans certaines
conjonctures nos intérêts dans une position très-désa-
vantageuse. Mais l'ambassadeur de France donne son
appui à ces demandes, et je crains que la Porte ne soit
hésitante.
» On cherche à dissiper ces soupçons en prétendant
que l'une des compagnies financières d'Angleterre
s'étant chargée de faire accepter le projet sur le mar-
ché de Londres, son caractère mixte de transaction
anglo-française sera parfaitement maintenu ; mais quoi-
que le capital anglais prenne une certaine part dans la
souscription, on ne peut attendre une direction impar-
tiale si le siège de l'administration est à Paris et si
l'élément français prédomine. En fait, rien ne défondra
le commerce anglais contre une concurrence déloyale.
Nous avons sous les yeux l'exemple peu satisfaisant de
la Banque impériale ottomane dans laquelle une action
indue d'influence a été laissée au comité de Paris et est
la cause que cet établissement est resté fort au-dessous
de la position que l'on attendait de lui. On ne peut pas
donner de meilleures preuves de cette assertion que
l'ardeur avec laquelle la Porte encourage certaines pro-
positions qui lui sont en ce moment soumises pour
l'établissement d'associations financières, signe que la
Banque ne possède pas la sympathie ; et il n'y a pas
lieu de s'en étonner lorsque l'on se rappelle comment
l'élément parisien, profitant d'une gêne momentanée du
Trésor, imposa les conditions les plus onéreuses pour
l'émission de l'emprunt supplémentaire de deux mil-
lions sterling, le faisant coter sur la place à 68, tandis
qu'elle avait obligé le gouvernement à le lui céder à
59 1/2.
» A part ces considérations et dépouillée de son but
politique, l'entreprise de l'établissement des entrepôts
est sans doute très-légitime, trcs-avantageuse aux inté-
rêts du commerce, et, comme telle, elle est digne
d'appui. Mais les intérêts du trafic britannique dans
l'Orient sont trop importants pour permettre qu'elle
puisse s'exécuter sans une énergique protestation con-
tre une manœuvre qui cherche à faire d'une entreprise
purement commerciale un instrument politique dont
on puisse éventuellement se servir à notre sérieux
détriment.
» En ce qui concerne la Banque, il faut aussi recon-
naître les services qu'elle a déjà rendus ; sa grande
faute est d'être trop complaisante aux éléments fran-
çais, qui y sont intéressés, et qui, comme il a été
prouvé, ont cherché, malgré la prépondérance du ca-
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 209
nal de Suez. Il s'agit d'une concession faite il y a
quelque temps par la Porte pour l'établissement d'en-
trepôts dans la capitale et dans quelques-unes des prin-
cipales cités de l'empire.
» Cette concession a été obtenue après deux ans
d'opposition de la part des propriétaires de magasins
particuliers s'imaginant que leurs intérêts seraient
sérieusement affectés par l'établissement de vastes dé-
pôts pour les marchandises qui ont dû jusqu'ici être
emmagasinées dans les locaux dispersés par la ville.
» Les autorités de la douane ont suscité à la con-
cession d'innombrables obstacles en déclarant qu'elle
créerait une infraction aux prérogatives de cette ad-
ministration si les marchandises en arrivant ici n'é-
taient pas exclusivement, comme par le passé, sous le
contrôle de la douane C'est grâce à cette opposition
que le principe des entrepôts n'a pas été entièrement
adopté en cette circonstance.
» La concession néanmoins accorde un terme de trois
mois pour le paiement du droit. Comparée au système
actuel, cette facilité constitue un très-grand avantage
pour les négociants, et le système de warrants qui
forme partie de la concession et le privilége de faire
des avances aux propriétaires des marchandises consi-
gnées dans les entrepôts, les met à même de disposer
deux ou trois fois de leur capital originaire à un prix
presque insignifiant, en même temps qu'en cas de dif-
ficulté de la vente, il leur fournit un moyen d'atten-
dre un moment plus favorable sans être forcés à ven-
dre pour rentrer dans leur capital limité.
» La compagnie concessionnaire a de plus le droit
de recevoir en entrepôt les marchandises qui lui sont
directement consignées, et elle peut ainsi commander
le marché pour les articles dont le stock à certaines
époques pourrait être peu considérable.
» Il est facile d'apercevoir les grands avantages que
ces priviléges conféreraient à une telle entreprise, et
quoique les facilités résultant pour le commerce des
améliorations introduites par ce système doivent porter
d'excellents fruits pour tous ceux qui sont engagés
dans les affaires, il y a là un dangzr qu'il est néces-
saire de signaler.
» Il avait été primitivement résolu qu'une entreprise
de cette nature ne pouvait être sanctionnée que sous la
condition d'être essentiellement une association inter-
nationale ; c'est sur cette entente expresse que certains
des concessionnaires consentirent à donner au projet
leur appui et leur coopération. Ce fut sur cette assu-
rance que l'ambassade britannique lui prêta son in-
fluence. Obéit-elle en cela à quelque influence politique
ou privée? C'est à quoi je ne peux répondre. Mais il
semblerait maintenant que ce frein salutaire aux abus
possibles a été écarté d'une façon considérable dans les
arrangements qui ont été faits depuis.
» La concession telle qu'elle est déterminée par le
firman impérial prescrit clairement que le siège de la
compagnie sera à Constantinople, avec des succursales,
s'il est nécessaire, à Londres et à Paris, et elle doit être
essentiellement une institution turque sous le contrôle
des lois du pays. On essaye maintenant, par les statuts
soumis au gouvernement, d'altérer l'esprit de la con-
vention, dans l'intention évidente de faire de Paris le
siège de la compagnie. Or, il est important de se rap-
peler que la concession ne s'applique pas seulement à
la capitale, mais donne un privilége exclusif pour les
principaux ports de l'empire ottoman, entre autres
pour Smyrne, Sulina, Salonique, Trébizonde, Samsoun,
Rodosto, Enos et Beyrouth. On voit du premier coup
d'œil qu'une institution possédant un champ d'opéra-
tions aussi vaste et avec d'aussi précieux priviléges ne
peut manquer, si elle est placée exclusivement sous le
contrôle et l'influence français, de mettre dans certaines
conjonctures nos intérêts dans une position très-désa-
vantageuse. Mais l'ambassadeur de France donne son
appui à ces demandes, et je crains que la Porte ne soit
hésitante.
» On cherche à dissiper ces soupçons en prétendant
que l'une des compagnies financières d'Angleterre
s'étant chargée de faire accepter le projet sur le mar-
ché de Londres, son caractère mixte de transaction
anglo-française sera parfaitement maintenu ; mais quoi-
que le capital anglais prenne une certaine part dans la
souscription, on ne peut attendre une direction impar-
tiale si le siège de l'administration est à Paris et si
l'élément français prédomine. En fait, rien ne défondra
le commerce anglais contre une concurrence déloyale.
Nous avons sous les yeux l'exemple peu satisfaisant de
la Banque impériale ottomane dans laquelle une action
indue d'influence a été laissée au comité de Paris et est
la cause que cet établissement est resté fort au-dessous
de la position que l'on attendait de lui. On ne peut pas
donner de meilleures preuves de cette assertion que
l'ardeur avec laquelle la Porte encourage certaines pro-
positions qui lui sont en ce moment soumises pour
l'établissement d'associations financières, signe que la
Banque ne possède pas la sympathie ; et il n'y a pas
lieu de s'en étonner lorsque l'on se rappelle comment
l'élément parisien, profitant d'une gêne momentanée du
Trésor, imposa les conditions les plus onéreuses pour
l'émission de l'emprunt supplémentaire de deux mil-
lions sterling, le faisant coter sur la place à 68, tandis
qu'elle avait obligé le gouvernement à le lui céder à
59 1/2.
» A part ces considérations et dépouillée de son but
politique, l'entreprise de l'établissement des entrepôts
est sans doute très-légitime, trcs-avantageuse aux inté-
rêts du commerce, et, comme telle, elle est digne
d'appui. Mais les intérêts du trafic britannique dans
l'Orient sont trop importants pour permettre qu'elle
puisse s'exécuter sans une énergique protestation con-
tre une manœuvre qui cherche à faire d'une entreprise
purement commerciale un instrument politique dont
on puisse éventuellement se servir à notre sérieux
détriment.
» En ce qui concerne la Banque, il faut aussi recon-
naître les services qu'elle a déjà rendus ; sa grande
faute est d'être trop complaisante aux éléments fran-
çais, qui y sont intéressés, et qui, comme il a été
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