Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1864 01 avril 1864
Description : 1864/04/01 (A9,N187). 1864/04/01 (A9,N187).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203318b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 193
riales; les Messageries Impériales sont une entreprise
française qui a dû ses progrès et sa prospérité à la
direction de M. Béhic, aujourd'hui ministre de l'a-
griculture, du commerce et des travaux publics. Ces
paquebots partent trois fois par mois de Marseille
pour l'Egypte; l'un d'eux porte à Alexandrie les
passagers et les marchandises, qui vont rejoindre à
Suez un autre paquebot de la même compagnie, pro-
longeant son service sur la ligne de l'Indo-Chine.
Nous partons de Marseille, et le lendemain nous
sommes devant les bouches de Bonifacio. Le passage
de ce détroit entre la Sardaigne et la Corse est une
démonstration frappante de l'intérêt de la coupure
des isthmes pour la navigation ; ce passage, très-dan-
gereux pour la navigation avant la découverte
de la vapeur, n'a pas cessé de l'être au même degré
pour les bâtiments à voile. Ceux-ci s'exposent cepen-
dant à le traverser plutôt que de faire environ 100
lieues de détour.
Jugez de ce que sera le canal de Suez, lorsque,
par une tranchée d'environ 30 lieues, on épargnera
à la navigation un détour de 3,000 lieues. L'Amé-
rique du Nord elle-même aura pour aller aux Indes
une abréviation de 2,500 lieues.
Après avoir traversé les bouches de Bonifacio,
nous avons devant nous les Iles Eoliennes, que les
anciens appelaient aussi Vulcaniennes. L'une d'elles,
Stromboli, est encore en éruption. Son cratère s'é-
lève à 700 mètres au-dessus du niveau de la mer; il
en sort continuellement des flammes rougeâtres pen-
dant la nuit, et un nuage de fumée épaisse pendant
le jour.
Nous nous dirigeons vers le détroit de Messine ;
pour y entrer, nous passons entre les deux écueils ou
caps de Charybde et Scylla, si redoutés des - anciens
navigateurs, mais auxquels on ne fait plus attention
aujourd'hui. Nous laissons à gauche la côte de la
Calabre, nous passons devant le golfe de Tarente,
qui est à l'angle de la pointe de la botte de l'Italie; de
l'autre côté, sur l'Adriatique, se trouve le port de
Brindes (Brindisi), d'où les anciens Romains fai-
saient partir leurs grandes expéditions militaires
pour l'Afrique, l'Asie et la Grèce. Après avoir passé
devant le golfe Adriatique nous passons devant le
cap Matapan, et, un peu plus loin, nous naviguons
près de la côte de Grèce; nous voyons la rade de Na-
varin, les villes de Coron, de Modon, et, en face, une
île appelée Sapientia, ce qui veut dire sagesse. Est-
ce parce qu'il n'y a pas d'habitants qu'on l'appelle
ainsi? (Rires et applaudissements.)
On met le cap sur l'île de Crète, et, deux jours après,
on se trouve devant Alexandrie. La terre d'Alexan-
drie est très-basse ; on ne peut se défendre d'une
grande émotion lorsqu'on s'en approche sans la
voir, et qu'on aperçoit seulement pour l'indiquer une
vapeur blanchâtre et lumineuse. On éprouve cette
émotion surtout lorsqu'on pense que tout le mouve-
ment de l'esprit humain, que toute la science et
toute la sagesse humaine ont pris leur essor sur cette
terre.
Hérodote, le père de l'histoire, Pythagore, philo-
sophe et mathématicien, nés tous les deux dans la
même année, en 484 avant l'ère chrétienne, avaient
voyagé et séjourné en Egypte; ils avaient été initiés aux
mystères des temples, c'est-à-dire aux sciences que
les siècles précédents avaient transmises aux prêtres
égyptiens. Lorsque Hérodote, de retour en Grèce,
lut pour la première fois, en 456 avant Jésus-Christ,
les neuf chapitres de son Histoire générale au peuple
assemblé pour la fête des jeux olympiques, Socrate
avait 14 ans. Il en avait 26, lorsque, dans la fête des
Panathénées, le grand historien fit, 12 ans plus tard,
une seconde lecture de son livre. Dans ces temps où
la presse n'existait pas, les hommes qui voulaient
instruire le public et lui communiquer leurs idées
n'avaient qu'un moyen, c'était de parler ou de lire
devant le peuple assemblé.
Lorsque Hérodote lut, pour la deuxième fois, ses
neuf chapitres de son livre, auxquels le peuple, dans
son enthousiasme, avait déjà donné le nom des neuf
Muses, il reçut une récompense nationale de 10 ta-
lents d'or (environ 54,000 francs de notre monnaie).
Aujourd'hui, une cantatrice ou une danseuse re-
çoit deux ou trois fois cette somme pour un en-
gagement d'une année. (Rires et applaudissements.)
Hérodote n'avait pas osé révéler à ses concitoyens
le mystère de la grande divinité égyptienne, dont les
divers attributs avaient formé la mythologie grecque.
Socrate, plus hardi ou plus convaincu, la fit con-
naître publiquement à ses disciples, en leur ensei-
gnant la science de la morale. Accusé de blasphème
et d'impiété il fut condamné à se donner la mort.
Mais il avait laissé un élève qui, pendant dix ans,
avait suivi ses leçons, et cet élève était Platon.
Platon se rendit en Égypte, et étudia chez les
prêtres du temple d'Héliopolis, auprès desquels il
resta dix-sept ans.
Pourquoi vous ai-je fait cet historique à propos
d'Alexandrie? C'est que l'on se demande souvent
comment le fondateur de cette ville, Alexandre-le-
Grand, avait pu, dès l'âge de vingt ans, marcher à
la conquête des plus puissants états, et, après, avoir
jeté les bases de la cité nouvelle, lui donner une
impulsion qui a répandu tant de lumières sur le
monde. Voici l'explication : le disciple qui avait suiv
pendant vingt -ans les leçons de Platon, le savant
Aristote, dont les ouvrages, parvenus jusqu'à nous,
embrassaient toutes .les connaissances humaines,
riales; les Messageries Impériales sont une entreprise
française qui a dû ses progrès et sa prospérité à la
direction de M. Béhic, aujourd'hui ministre de l'a-
griculture, du commerce et des travaux publics. Ces
paquebots partent trois fois par mois de Marseille
pour l'Egypte; l'un d'eux porte à Alexandrie les
passagers et les marchandises, qui vont rejoindre à
Suez un autre paquebot de la même compagnie, pro-
longeant son service sur la ligne de l'Indo-Chine.
Nous partons de Marseille, et le lendemain nous
sommes devant les bouches de Bonifacio. Le passage
de ce détroit entre la Sardaigne et la Corse est une
démonstration frappante de l'intérêt de la coupure
des isthmes pour la navigation ; ce passage, très-dan-
gereux pour la navigation avant la découverte
de la vapeur, n'a pas cessé de l'être au même degré
pour les bâtiments à voile. Ceux-ci s'exposent cepen-
dant à le traverser plutôt que de faire environ 100
lieues de détour.
Jugez de ce que sera le canal de Suez, lorsque,
par une tranchée d'environ 30 lieues, on épargnera
à la navigation un détour de 3,000 lieues. L'Amé-
rique du Nord elle-même aura pour aller aux Indes
une abréviation de 2,500 lieues.
Après avoir traversé les bouches de Bonifacio,
nous avons devant nous les Iles Eoliennes, que les
anciens appelaient aussi Vulcaniennes. L'une d'elles,
Stromboli, est encore en éruption. Son cratère s'é-
lève à 700 mètres au-dessus du niveau de la mer; il
en sort continuellement des flammes rougeâtres pen-
dant la nuit, et un nuage de fumée épaisse pendant
le jour.
Nous nous dirigeons vers le détroit de Messine ;
pour y entrer, nous passons entre les deux écueils ou
caps de Charybde et Scylla, si redoutés des - anciens
navigateurs, mais auxquels on ne fait plus attention
aujourd'hui. Nous laissons à gauche la côte de la
Calabre, nous passons devant le golfe de Tarente,
qui est à l'angle de la pointe de la botte de l'Italie; de
l'autre côté, sur l'Adriatique, se trouve le port de
Brindes (Brindisi), d'où les anciens Romains fai-
saient partir leurs grandes expéditions militaires
pour l'Afrique, l'Asie et la Grèce. Après avoir passé
devant le golfe Adriatique nous passons devant le
cap Matapan, et, un peu plus loin, nous naviguons
près de la côte de Grèce; nous voyons la rade de Na-
varin, les villes de Coron, de Modon, et, en face, une
île appelée Sapientia, ce qui veut dire sagesse. Est-
ce parce qu'il n'y a pas d'habitants qu'on l'appelle
ainsi? (Rires et applaudissements.)
On met le cap sur l'île de Crète, et, deux jours après,
on se trouve devant Alexandrie. La terre d'Alexan-
drie est très-basse ; on ne peut se défendre d'une
grande émotion lorsqu'on s'en approche sans la
voir, et qu'on aperçoit seulement pour l'indiquer une
vapeur blanchâtre et lumineuse. On éprouve cette
émotion surtout lorsqu'on pense que tout le mouve-
ment de l'esprit humain, que toute la science et
toute la sagesse humaine ont pris leur essor sur cette
terre.
Hérodote, le père de l'histoire, Pythagore, philo-
sophe et mathématicien, nés tous les deux dans la
même année, en 484 avant l'ère chrétienne, avaient
voyagé et séjourné en Egypte; ils avaient été initiés aux
mystères des temples, c'est-à-dire aux sciences que
les siècles précédents avaient transmises aux prêtres
égyptiens. Lorsque Hérodote, de retour en Grèce,
lut pour la première fois, en 456 avant Jésus-Christ,
les neuf chapitres de son Histoire générale au peuple
assemblé pour la fête des jeux olympiques, Socrate
avait 14 ans. Il en avait 26, lorsque, dans la fête des
Panathénées, le grand historien fit, 12 ans plus tard,
une seconde lecture de son livre. Dans ces temps où
la presse n'existait pas, les hommes qui voulaient
instruire le public et lui communiquer leurs idées
n'avaient qu'un moyen, c'était de parler ou de lire
devant le peuple assemblé.
Lorsque Hérodote lut, pour la deuxième fois, ses
neuf chapitres de son livre, auxquels le peuple, dans
son enthousiasme, avait déjà donné le nom des neuf
Muses, il reçut une récompense nationale de 10 ta-
lents d'or (environ 54,000 francs de notre monnaie).
Aujourd'hui, une cantatrice ou une danseuse re-
çoit deux ou trois fois cette somme pour un en-
gagement d'une année. (Rires et applaudissements.)
Hérodote n'avait pas osé révéler à ses concitoyens
le mystère de la grande divinité égyptienne, dont les
divers attributs avaient formé la mythologie grecque.
Socrate, plus hardi ou plus convaincu, la fit con-
naître publiquement à ses disciples, en leur ensei-
gnant la science de la morale. Accusé de blasphème
et d'impiété il fut condamné à se donner la mort.
Mais il avait laissé un élève qui, pendant dix ans,
avait suivi ses leçons, et cet élève était Platon.
Platon se rendit en Égypte, et étudia chez les
prêtres du temple d'Héliopolis, auprès desquels il
resta dix-sept ans.
Pourquoi vous ai-je fait cet historique à propos
d'Alexandrie? C'est que l'on se demande souvent
comment le fondateur de cette ville, Alexandre-le-
Grand, avait pu, dès l'âge de vingt ans, marcher à
la conquête des plus puissants états, et, après, avoir
jeté les bases de la cité nouvelle, lui donner une
impulsion qui a répandu tant de lumières sur le
monde. Voici l'explication : le disciple qui avait suiv
pendant vingt -ans les leçons de Platon, le savant
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