Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1864 15 avril 1864
Description : 1864/04/15 (A9,N188). 1864/04/15 (A9,N188).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203319r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
- 2Q6 L'ISTHME DE SUEZ.
les, et pour un court espace, seulement, soixante ou
soixante-dix jours par an. L'objet, comme je l'ai dit,
en était de pourvoir aux irrigations du pays qui, par
la configuration du sol, serait resté désert sans ces éner-
giques précautions. Il serait inutile de dire que le travail
forcé de l'isthme étant aboli, les mêmes bras seraient
employés de la même manière à cultiver le coton et le
sucre du vice-roi et des pachas, parce que le vice-roi et
les pachas sont ceux qui paient le plus généreusement
leurs travailleurs.
* La preuve en est dans le bien-être matériel qu'on
observe dans les villages appartenant à ces dignitaires,
comparé à celui des autres paysans. »
Ainsi l'Europe et le monde étaient dans une erreur
grossière quand ils supposaient que la corvée, c'est-
à-dire le travail forcé non salarié, avait existé en
Egypte. Les travaux exécutés par les contingents de
corvées pour les fortifications d'Alexandrie, pour les
déblais autour du Caire, pour les terrassements des
chemins de fer de tout le réseau égyptien, ne sont que
des rêves sans nom, sans substance. Le travail forcé
a été inventé exprès pour le canal de Suez. Dans
tout le reste de l'Egypte l'état des travailleurs est
des plus fortunés et ne laisse rien à désirer. Per-
sonne ne les exploite ; personne ne les contraint et ne
les paye plus magnifiquement que les pachas. Nous
livrons cette tirade à l'appréciation de toute l'É-
gypte, et nous n'hésitons pas à déclarer qu'elle n'a
pas d'autre objet que de tromper, s'il est possible, le
gouvernement français sur la vérité des faits, mainte-
nant qu'après avoir bien déclamé contre la corvée,
on croit notre gouvernement décidé à faire prévaloir
d'une manière sérieuse et complète le principe ac-
cepté de son abolition.
Toutefois, s'agit-il même de la suppression du tra-
vail forcé pour les travaux de l'isthme, en quelques
mains qu'ils soient, ou pour ces travaux seulement
dans le cas où ils continueraient à être exécutés par
la Compagnie ? Le travail forcé ne serait-il odieux
qu'autant qu'il contribuerait à servir ou à maintenir
la Compagnie, et du jour où la Compagnie serait
évincée, ne pourrait-on pas l'établir, l'étendre et le
développer en toute sûreté de conscience? c'est, comme
on va le voir, ce dont ne doute pas l'auteur de la
brochure ; c'est la perspective qu'il fait miroiter aux
yeux de l'opinion italienne, pour l'entraîner à se
rendre complice de la spoliation au secours et à la
complicité de laquelle il l'appelle.
« Ayant, dit-il, exposé le véritable état de la ques-
tion, j'espère que l'opinion publique en Italie, où l'on
porte tant d'intérêt à l'accomplissement de cette grande
entreprise, pourra se faire une juste idée des difficultés
actuelles et discerner la voie la plus facile pour les sur-
monter. Tenant compte de toutes les circonstances, je
crois que la proposition faite par la Porte, d'accord avec
l'Egypte, de terminer elle-même les travaux, en pre-
nant à cet égard un engagement diplomatique est lu-
nique moyen qui présente la certitude du succès, — et
je m'explique. — En se substituant à la Compagnie, la
Porte rentrerait dans ses droits de souveraineté violés
par la concession; elle établirait la neutralité du canal
qu'elle défendrait par plusieurs forteresses établies sur
son trajet. Par là cesserait l'opposition de l'Angleterre
qui n'aurait plus d'objet. La Porte et le vice-roi, d'ac-
cord pour vaincre les difficultés présentes qui, en se
prolongeant, pourraient conduire à un conflit armé et
réveiller la question d'Orient à peine assoupie, feraient
un effort suprême pour contenter l'Europe et pour-
raient, dans les moments où l'agriculture a le moins
besoin de bras, transporter, soit d'Egypte soit de Syrie,
sur les travaux, un nombre immense d'ouvriers, même
jusqu'à concurence de deux cent mille, réunion d'hom-
mes qui était impossible dans les commencements,
mais qui est plus fncile aujourd'hui que vient d'être
achevé le canal d'eau douce. »
Certes, ce dernier trait frise de près le sublime du
genre. Tant qu'il y a eu des difficultés, des travaux
hasardeux et pénibles à exécuter, on a laissé faire la
Compagnie ; mais aujourd'hui que son œuvre est as-
sez avancée pour rendre tout aisé, on se fait un ar-
gument de la situation qu'elle a créée pour conclure
à la légitimité et à la commodité de sa spoliation.
La Porte donc, qui aujourd'hui s'indigne contre
les vingt mille hommes qui sont fournis par l'Egypte
au canal de Suez, n'hésiterait pas,- selon ce beau
plan, à les porter à deux cent mille hommes. Toute sa
philanthropie consisterait à faire partager à la
population syrienne ce fléau de la corvée, qu'elle
prétend, au nom de ses lois, vouloir extirper en
Egypte. On va jusqu'à nous parler sérieusement d'y
accumuler deux cent mille travailleurs, c'est-à-dire
de dépeupler momentanément à peu près deux pro-
vinces. N'est-il pas aisé de pénétrer maintenant le
secret de toute cette fantasmagorie ?
Nous ne demanderons certainement pas à l'auteur
de concilier la contradiction qui se trouve dans l'im-
possibilité alléguée pour le trésor égyptien de payer
les indemnités réclamées par la Compagnie, et la
nécessité où on le placerait, d'un autre côté,
en se chargeant de l'exécution du canal , du
remboursement des actionnaires, et des dépenses des
travaux qui resteraient à sa charge. Nous n'entre-
prendrons point davantage de redresser les calculs
enfantins qu'il édite, pour démontrer que les ressources
financières de la Compagnie ne sont pas au niveau
des besoins de son œuvre. Il nous suffira, pour mon-
trer l'incroyable légèreté de ces allégations, de men-
tionner qu'il donne au seuil d'El-Guisr une étendue de
60 kilomètres, et qu'il le fait aller sans interruption
du lac Timsah à la Méditerranée, supprimant, par un
coup magique de sa plume, le lac Ballah et le lac
Menzaleh. On comprend qu'en donnant ainsi carrière
à son imagination, il arrive à grossir les dépenses
les, et pour un court espace, seulement, soixante ou
soixante-dix jours par an. L'objet, comme je l'ai dit,
en était de pourvoir aux irrigations du pays qui, par
la configuration du sol, serait resté désert sans ces éner-
giques précautions. Il serait inutile de dire que le travail
forcé de l'isthme étant aboli, les mêmes bras seraient
employés de la même manière à cultiver le coton et le
sucre du vice-roi et des pachas, parce que le vice-roi et
les pachas sont ceux qui paient le plus généreusement
leurs travailleurs.
* La preuve en est dans le bien-être matériel qu'on
observe dans les villages appartenant à ces dignitaires,
comparé à celui des autres paysans. »
Ainsi l'Europe et le monde étaient dans une erreur
grossière quand ils supposaient que la corvée, c'est-
à-dire le travail forcé non salarié, avait existé en
Egypte. Les travaux exécutés par les contingents de
corvées pour les fortifications d'Alexandrie, pour les
déblais autour du Caire, pour les terrassements des
chemins de fer de tout le réseau égyptien, ne sont que
des rêves sans nom, sans substance. Le travail forcé
a été inventé exprès pour le canal de Suez. Dans
tout le reste de l'Egypte l'état des travailleurs est
des plus fortunés et ne laisse rien à désirer. Per-
sonne ne les exploite ; personne ne les contraint et ne
les paye plus magnifiquement que les pachas. Nous
livrons cette tirade à l'appréciation de toute l'É-
gypte, et nous n'hésitons pas à déclarer qu'elle n'a
pas d'autre objet que de tromper, s'il est possible, le
gouvernement français sur la vérité des faits, mainte-
nant qu'après avoir bien déclamé contre la corvée,
on croit notre gouvernement décidé à faire prévaloir
d'une manière sérieuse et complète le principe ac-
cepté de son abolition.
Toutefois, s'agit-il même de la suppression du tra-
vail forcé pour les travaux de l'isthme, en quelques
mains qu'ils soient, ou pour ces travaux seulement
dans le cas où ils continueraient à être exécutés par
la Compagnie ? Le travail forcé ne serait-il odieux
qu'autant qu'il contribuerait à servir ou à maintenir
la Compagnie, et du jour où la Compagnie serait
évincée, ne pourrait-on pas l'établir, l'étendre et le
développer en toute sûreté de conscience? c'est, comme
on va le voir, ce dont ne doute pas l'auteur de la
brochure ; c'est la perspective qu'il fait miroiter aux
yeux de l'opinion italienne, pour l'entraîner à se
rendre complice de la spoliation au secours et à la
complicité de laquelle il l'appelle.
« Ayant, dit-il, exposé le véritable état de la ques-
tion, j'espère que l'opinion publique en Italie, où l'on
porte tant d'intérêt à l'accomplissement de cette grande
entreprise, pourra se faire une juste idée des difficultés
actuelles et discerner la voie la plus facile pour les sur-
monter. Tenant compte de toutes les circonstances, je
crois que la proposition faite par la Porte, d'accord avec
l'Egypte, de terminer elle-même les travaux, en pre-
nant à cet égard un engagement diplomatique est lu-
nique moyen qui présente la certitude du succès, — et
je m'explique. — En se substituant à la Compagnie, la
Porte rentrerait dans ses droits de souveraineté violés
par la concession; elle établirait la neutralité du canal
qu'elle défendrait par plusieurs forteresses établies sur
son trajet. Par là cesserait l'opposition de l'Angleterre
qui n'aurait plus d'objet. La Porte et le vice-roi, d'ac-
cord pour vaincre les difficultés présentes qui, en se
prolongeant, pourraient conduire à un conflit armé et
réveiller la question d'Orient à peine assoupie, feraient
un effort suprême pour contenter l'Europe et pour-
raient, dans les moments où l'agriculture a le moins
besoin de bras, transporter, soit d'Egypte soit de Syrie,
sur les travaux, un nombre immense d'ouvriers, même
jusqu'à concurence de deux cent mille, réunion d'hom-
mes qui était impossible dans les commencements,
mais qui est plus fncile aujourd'hui que vient d'être
achevé le canal d'eau douce. »
Certes, ce dernier trait frise de près le sublime du
genre. Tant qu'il y a eu des difficultés, des travaux
hasardeux et pénibles à exécuter, on a laissé faire la
Compagnie ; mais aujourd'hui que son œuvre est as-
sez avancée pour rendre tout aisé, on se fait un ar-
gument de la situation qu'elle a créée pour conclure
à la légitimité et à la commodité de sa spoliation.
La Porte donc, qui aujourd'hui s'indigne contre
les vingt mille hommes qui sont fournis par l'Egypte
au canal de Suez, n'hésiterait pas,- selon ce beau
plan, à les porter à deux cent mille hommes. Toute sa
philanthropie consisterait à faire partager à la
population syrienne ce fléau de la corvée, qu'elle
prétend, au nom de ses lois, vouloir extirper en
Egypte. On va jusqu'à nous parler sérieusement d'y
accumuler deux cent mille travailleurs, c'est-à-dire
de dépeupler momentanément à peu près deux pro-
vinces. N'est-il pas aisé de pénétrer maintenant le
secret de toute cette fantasmagorie ?
Nous ne demanderons certainement pas à l'auteur
de concilier la contradiction qui se trouve dans l'im-
possibilité alléguée pour le trésor égyptien de payer
les indemnités réclamées par la Compagnie, et la
nécessité où on le placerait, d'un autre côté,
en se chargeant de l'exécution du canal , du
remboursement des actionnaires, et des dépenses des
travaux qui resteraient à sa charge. Nous n'entre-
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enfantins qu'il édite, pour démontrer que les ressources
financières de la Compagnie ne sont pas au niveau
des besoins de son œuvre. Il nous suffira, pour mon-
trer l'incroyable légèreté de ces allégations, de men-
tionner qu'il donne au seuil d'El-Guisr une étendue de
60 kilomètres, et qu'il le fait aller sans interruption
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coup magique de sa plume, le lac Ballah et le lac
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