Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 avril 1864 15 avril 1864
Description : 1864/04/15 (A9,N188). 1864/04/15 (A9,N188).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203319r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 205
pire ottoman, il abolirait toutes les servitudes person-
nelles, laissant chacun libre de travailler à son gré,
moyennant un salaire proportionné. Cette déclaration,
faite le premier jour où le prince prenait la qualité de
vice-roi d'Egypte, avait un grand poids et manifestait
l'esprit dont il était animé envers la Compagnie, parce
qu'en leur enlevant le travail forcé des Arabes, l'exécu-
tion des travaux devenait impossible, chose que la Com-
pagnie connait par sa propre expérience. »
Nos lecteurs savent comme nous qu'à l'époque in-
diquée, le vice-roi avait, en effet, manifesté l'inten-
tion de prendre des mesures pour abolir ultérieure-
ment la corvée ; mais qu'alors il n'en a nullement
proclamé la suppression. Ils savent, de plus, que,dans
cette circonstance, Son Altesse avait déclaré qu'il
n'enveloppait point dans cette qualification de corvée
les travaux exécutés par les fellahs au canal de Suez.
Mais ce que l'on cherche dans ce récit, ce n'est pas
la vérité, c'est simplement un moyen d'exciter et
d'irriter les défiances entre le vice-roi et la Com-
pagnie.
Sur l'opposition anglaise si hardiment niée à Paris,
la brochure n'est ni moins affirmative ni moins ex-
plicite.
« Parlant de l'opposition faite par l'Angleterre au
projet de percement de l'isthme, le prince Napoléon, dit-
elle, conseille d'aller en avant sans en tenir compte,
assurant que cette nation, qui a abandonné la Pologne
et le Danemark dans les moments les plus difficiles,
ne fera pas la guerre pour empêcher les travaux de
l'isthme. A cet égard, nous pensons aussi que l'Angle-
terre n'arrivera pas à ce parti extrême, mais qu'elle
pourra bien plus facilement arriver à son but en em-
ployant son influence prépondérante à Constantinople,
et déterminer la Porte et le vice-roi à soutenir leurs
droits et à refuser leur concours à l'entreprise, si elle
ne pouvait faire adméttre l'utilité de toutes les parties
intéressées. »
Nous avons déjà dit comment l'auteur anonyme
entend cette utilité. C'est la substitution de la Tur-
quie aux droits de la Compagnie, c'est-à-dire, comme
il l'avoue lui-même, la prépondérance anglaise à
Constantinople, rendue maîtresse des destinées du
canal.
Quelle est cependant l'opinion de la brochure sur
ces propositions de Nubar, représentées à Paris comme
si favorables à la Compagnie ? Laissons-la encore
parler.
« Pour obtenir la conciliation proposée, la Compa-
gnie devrait renoncer au travail forcé des Arabes et
céder au vice-roi les terrains bordant le canal d'eau
douce. Ces propositions tendraient à diminuer la diffi-
culté si on ne demandait en même temps des compensa-
tions assez énormes, pour ruiner les finances du gouver-
nement égyptien afin d'enrichir la Compagnie. En fait,
pour abolir le travail forcé, on soutient que le vice-roi
doit payer la différence entre le travail forcé et le tra-
vail libre, et cette indemnité ne serait pas moindre
d'environ 100 millions. Pour céder les terrains le long
du canal, on demande une indemnité représentant leur
valeur comme s'ils étaient en pleine production, et ce
serait encore 100 millions que le vice-roi devrait dé-
bourser.
» Ajoutons que le vice-roi se décidât-il à payer la
différence des prix entre le travail libre et le travail
forcé, il resterait encore plus que du doute sur l'issue
de l'entreprise, parce que les bras manqueraient pour
les travaux et que l'ouvrier égyptien n'abandonnera son
champ à aucun prix pour aller travailler dans le désert.
La possibilité de remplacer les Arabes par les Européens
s'exclut par cette observation que le petit nombre de
ces derniers, placés à la tête des travaux, quoique logés
dans de bonnes habitations et non obligés de s'exposer
des heures entières aux rayons du soleil, comme les
Arabes, se ressentent pourtant à un très-haut degré des
influences du climat et de la température. Ce travail,
d'ailleurs, deviendrait assez cher pour ne pouvoir être
payé par la différence exigée du vice-roi ni par toutes
les ressources financières de la Compagnie.'Car le moin-
dre salaire à payer à un Européen devant travailler
dans ces régions, ne pourrait pas être moindre de
5 francs par jour, charge à laquelle ne pourrait ja-
mais suffire la Compagnie, parce que pour le seul
mouvement des terres elle absorberait trois fois au
moins le capital social. D
Tout en reconnaissant les premiers l'exagération de
ces calculs, nous croyons pourtant devoir les sou-
mettre aux réflexions de la commission chargée de
préparer la décision de S. M. l'Empereur des Fran-
çais comme preuve au moins de la modération ap-
portée par la Compagnie dans l'évaluation des in-
demnités qu'elle réclame.
Mais le point que nous tenons le plus à faire re-
marquer, ce sont les espérances qu'on fondait et
qu'on exprime sur la suppression du travail obliga-
toire dans l'isthme, pour réduire la Compagnie à l'im-
puissance d'achever son œuvre.
Comment, cependant, l'auteur entend-il qu'il sera
procédé à la suppression du travail forcé en Egypte,
et à cet égard n'y a-t-il rien à faire si ce n'est en
ce qui concerne les travailleurs de l'isthme ?
Sur ce point voici son opinion :
e S'il existait précédemment un travail forcé en
Egypte ce n'était au bénéfice ni des particuliers ni
des compagnies. Il était autorisé seulement pour les
travaux des canaux et des berges auxquels tous les
villages étaient intéressés, et auxquels, dans l'intérêt
commun, ces villages concouraient par un nombre
d'hommes proportionné au nombre des habitants. No-
tons encore que ces travailleurs étaient largement payés
par ces villages eux-mêmes, au moyen d'une contribution
levée parmi les habitants qui restaient chez eux et les
autres contribuables en général. En outre, ces travaux
s'entreprenaient à une époque où étaient nuls les travaux
des champs, c'est-à-dire après la moisson ou les semail-
pire ottoman, il abolirait toutes les servitudes person-
nelles, laissant chacun libre de travailler à son gré,
moyennant un salaire proportionné. Cette déclaration,
faite le premier jour où le prince prenait la qualité de
vice-roi d'Egypte, avait un grand poids et manifestait
l'esprit dont il était animé envers la Compagnie, parce
qu'en leur enlevant le travail forcé des Arabes, l'exécu-
tion des travaux devenait impossible, chose que la Com-
pagnie connait par sa propre expérience. »
Nos lecteurs savent comme nous qu'à l'époque in-
diquée, le vice-roi avait, en effet, manifesté l'inten-
tion de prendre des mesures pour abolir ultérieure-
ment la corvée ; mais qu'alors il n'en a nullement
proclamé la suppression. Ils savent, de plus, que,dans
cette circonstance, Son Altesse avait déclaré qu'il
n'enveloppait point dans cette qualification de corvée
les travaux exécutés par les fellahs au canal de Suez.
Mais ce que l'on cherche dans ce récit, ce n'est pas
la vérité, c'est simplement un moyen d'exciter et
d'irriter les défiances entre le vice-roi et la Com-
pagnie.
Sur l'opposition anglaise si hardiment niée à Paris,
la brochure n'est ni moins affirmative ni moins ex-
plicite.
« Parlant de l'opposition faite par l'Angleterre au
projet de percement de l'isthme, le prince Napoléon, dit-
elle, conseille d'aller en avant sans en tenir compte,
assurant que cette nation, qui a abandonné la Pologne
et le Danemark dans les moments les plus difficiles,
ne fera pas la guerre pour empêcher les travaux de
l'isthme. A cet égard, nous pensons aussi que l'Angle-
terre n'arrivera pas à ce parti extrême, mais qu'elle
pourra bien plus facilement arriver à son but en em-
ployant son influence prépondérante à Constantinople,
et déterminer la Porte et le vice-roi à soutenir leurs
droits et à refuser leur concours à l'entreprise, si elle
ne pouvait faire adméttre l'utilité de toutes les parties
intéressées. »
Nous avons déjà dit comment l'auteur anonyme
entend cette utilité. C'est la substitution de la Tur-
quie aux droits de la Compagnie, c'est-à-dire, comme
il l'avoue lui-même, la prépondérance anglaise à
Constantinople, rendue maîtresse des destinées du
canal.
Quelle est cependant l'opinion de la brochure sur
ces propositions de Nubar, représentées à Paris comme
si favorables à la Compagnie ? Laissons-la encore
parler.
« Pour obtenir la conciliation proposée, la Compa-
gnie devrait renoncer au travail forcé des Arabes et
céder au vice-roi les terrains bordant le canal d'eau
douce. Ces propositions tendraient à diminuer la diffi-
culté si on ne demandait en même temps des compensa-
tions assez énormes, pour ruiner les finances du gouver-
nement égyptien afin d'enrichir la Compagnie. En fait,
pour abolir le travail forcé, on soutient que le vice-roi
doit payer la différence entre le travail forcé et le tra-
vail libre, et cette indemnité ne serait pas moindre
d'environ 100 millions. Pour céder les terrains le long
du canal, on demande une indemnité représentant leur
valeur comme s'ils étaient en pleine production, et ce
serait encore 100 millions que le vice-roi devrait dé-
bourser.
» Ajoutons que le vice-roi se décidât-il à payer la
différence des prix entre le travail libre et le travail
forcé, il resterait encore plus que du doute sur l'issue
de l'entreprise, parce que les bras manqueraient pour
les travaux et que l'ouvrier égyptien n'abandonnera son
champ à aucun prix pour aller travailler dans le désert.
La possibilité de remplacer les Arabes par les Européens
s'exclut par cette observation que le petit nombre de
ces derniers, placés à la tête des travaux, quoique logés
dans de bonnes habitations et non obligés de s'exposer
des heures entières aux rayons du soleil, comme les
Arabes, se ressentent pourtant à un très-haut degré des
influences du climat et de la température. Ce travail,
d'ailleurs, deviendrait assez cher pour ne pouvoir être
payé par la différence exigée du vice-roi ni par toutes
les ressources financières de la Compagnie.'Car le moin-
dre salaire à payer à un Européen devant travailler
dans ces régions, ne pourrait pas être moindre de
5 francs par jour, charge à laquelle ne pourrait ja-
mais suffire la Compagnie, parce que pour le seul
mouvement des terres elle absorberait trois fois au
moins le capital social. D
Tout en reconnaissant les premiers l'exagération de
ces calculs, nous croyons pourtant devoir les sou-
mettre aux réflexions de la commission chargée de
préparer la décision de S. M. l'Empereur des Fran-
çais comme preuve au moins de la modération ap-
portée par la Compagnie dans l'évaluation des in-
demnités qu'elle réclame.
Mais le point que nous tenons le plus à faire re-
marquer, ce sont les espérances qu'on fondait et
qu'on exprime sur la suppression du travail obliga-
toire dans l'isthme, pour réduire la Compagnie à l'im-
puissance d'achever son œuvre.
Comment, cependant, l'auteur entend-il qu'il sera
procédé à la suppression du travail forcé en Egypte,
et à cet égard n'y a-t-il rien à faire si ce n'est en
ce qui concerne les travailleurs de l'isthme ?
Sur ce point voici son opinion :
e S'il existait précédemment un travail forcé en
Egypte ce n'était au bénéfice ni des particuliers ni
des compagnies. Il était autorisé seulement pour les
travaux des canaux et des berges auxquels tous les
villages étaient intéressés, et auxquels, dans l'intérêt
commun, ces villages concouraient par un nombre
d'hommes proportionné au nombre des habitants. No-
tons encore que ces travailleurs étaient largement payés
par ces villages eux-mêmes, au moyen d'une contribution
levée parmi les habitants qui restaient chez eux et les
autres contribuables en général. En outre, ces travaux
s'entreprenaient à une époque où étaient nuls les travaux
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