Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1864 01 avril 1864
Description : 1864/04/01 (A9,N187). 1864/04/01 (A9,N187).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203318b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 189;
sultan. Or, une fois cette intervention écartée, chacun
reconnaît que les terrains appartiennent régulièrement
à la Compagnie. C'est l'avis même de MM. Odilon
Barrot, Dufaure et J. Favre, qui s'expriment ainsi sur
ce point : « Nous sommes ici en présence d'une con-
» vention véritable, où les obligations sont réciproques
» et respectivement obligatoires. » Mais ces juriscon-
sultes arrivent à une conclusion différente de la nôtre
par l'interprétation, erronée selon nous, qu'ils font des
droits de la Porte.
» Quant à la compensation qui consisterait à terminer
les canaux d'eau douée, elle était fort illusoire, puisque,
à la fin de 1863, la Compagnie terminait cette partie
de son œuvre, ramenant la vie au désert, et condui-
sant le Nil jusqu'à Suez.
» Enfin, pour donner plus de force à leurs théories,
les adversaires de l'entreprise ont cherché à faire
croire, d'une part, que le gouvernement de l'Empereur
obligeait la Compagnie à consentir aux propositions
de Nubar-Pacha, et de l'autre, que M. de Lesseps mar-
chait seul, imprudemment, dans une voie où il était
abandonné par ses actionnaires.
» Deux faits ont démenti ces assertions : le banquet
offert par les actionnaires de Suez au Conseil d'admi-
nistration et présidé par S. A. I. le prince Napoléon,
et l'assemblée extraordinaire du 1er mars, convoquée
pour délibérer sur le rejet des propositions de Nubar-
Pacha.
» Dans la première de ces démonstrations, l'enthou-
siasme de quinze cents convives a suffisamment mon-
tré l'accord qui règne parmi tous les membres de la
Compagnie; et le discours du prince nous a éclairés
sur le genre d'intervention que peut exercer notre
gouvernement.
» Dans cette éloquente, chaleureuse et patriotique
allocution, le prince a déclaré que Nubar, en venant à
Paris, voulait « essayer de jeter le désordre parmi les
» actionnaires. )
« Il a abordé avec élévation tous les points, il a
montré que les propositions de Nubar n'étaient qu'une
série de prétextes anglais pour faire passer cette belle
entreprise dans les mains de l'Angleterre.
» C'est là une grande manifestation ; nous aimons
avec le prince « ces habitudes d'un pays libre, où l'on
» vient parler de ses affaires à la face de tous, au grand
» jour. » Nous le félicitons hautement de la généreuse
action qu'il a faite en disant courageusement à de
grands intérêts attaqués : « Persévérez, vous avez le
» droit pour vous, vous avez des traités avec le vice-
» roi; on a beau vouloir les briser, la rupture d'un
« contrat ne dépend pas de l'une des parties seules.
» Exigez-en l'application, il n'y a pas de danger.»
» En résumé, le prince a complétement approuvé la
marche suivie par la Compagnie ; s'il l'a engagée à la
modération , il a montré qu'elle avait à attendre du
gouvernement français, non pas une pression , mais
un appui : « Si vous suivez cette voie ferme et concili-
» ante, a-t-il dit, tâchez de vous entendre d'abord direc-
» tement avec le vice-roi; et si tout échoue, s'il vous
JI demande ce que vous ne devez et ne pouvez pas céder,
net s'il veut vous opprimer sous la menace de la Porte,
» alors adressez-vous au gouvernement de l'Empereur. Il
» faut que tout cela se passe par la voie régulière et of-.
D ficielle du ministère des affaires étrangères, et non par
» ceux qui sont étrangers à vos affaires. »
» Ces paroles ont dû retentir de l'autre côté du dé-
troit. L'Angleterre, qui sait respecter chez elle, et c'est
un de ses grands mérites, l'expression de l'opinion pu-
blique , parce qu'elle en comprend la force irrésistible,
ne saurait la nier chez ses voisins. Elle ne devrait plus
conserver l'espoir de réussir dans son opposition au
canal, en présence d'une semblable démonstration.
Cette réunion d'hommes qui consacrent, avec une égale
énergie, les uns leur dévouement et leur intelligence,
les autres leurs épargnes, à l'accomplissement d'une
grande idée, devrait ouvrir les yeux au gouvernement
anglais. Il a lu ces paroles du prince : « Ne vous ima-
» ginez pas que l'Angleterre viendrait combattre contre
» l'isthme de Suez. Ce sont là des arguments, ce ne sont
» pas des raisons ; cela n'est pas vrai, et c'est ici que
» j'aime à rappeler la distinction que je faisais tout à
» l'heure entre le peuple anglais et son gouvernement.
D S'il l'osait (il ne l'osera jamais), ce n'est pas nous qui
D aurions à nous défendre contre lui, c'est lui qui aurait
» à se défendre contre le peuple anglais ! » Lorsque les
Anglais ont entendu l'écho des applaudissements qui
ont suivi ces mots, ils auraient dû comprendre que
l'œuvre universelle, un instant devenue uniquement
française par suite de leur aveuglement, n'a pas encore
perdu son caractère international, et, s'associant aux
efforts généreux de la France pour exécuter une entre-
prise dont ils seront les premiers à profiter, ils auraient
alors levé tous les inutiles obstacles mis en avant à
Constantinople.
» Quel est au contraire le langage de certains jour-
naux anglais ? Le Daily Telegraph, entre autres, qui passe
pour un organe de lord Palmerston, s'exprime ainsi :
« Son Altesse Impériale peut être bien convaincue que
» l'aversion qu'éprouve notre cabinet contre le canal n'est
» pas seulement ressentie par le cabinet, mais encore par
» notre pays. Un léger examen de la question et un peu
» de respect pour l'histoire devraient lui suffire sur ce
» point important. L'Egypte est la route de l'Inde;, l'Inde
» nous appartient et l'Égypte ne doit pas appartenir à
» d'autres qu'à nous. Ce raisonnement peut paraître sin-
» gulièrement égoïste, mais il est facile à comprendre : il
» n'est pas de nation à laquelle il ne soit permis de pen-
« ser exclusivement à ses intérêts. »
» D'autres feuilles , telles que le Daily Journal et le
Daily Express, de Newcastle, emploient un langage plus
conforme aux véritables intérêts de la Grande-Bretagne.
Selon le Daily Journal, « il n'est pas douteux que le gou-
» vernement anglais ne regrette maintenant d'avoir été
» égaré par son chef, et de ne s'être pas uni aux Fran-
» çais pour exécuter ce passage maritime à travers
» l'isthme de Suez ; malheureusement, ce regret est trop
» tardif. »
» Nous faisons des vœux pour que cette opinion, digne
d'une grande nation, finisse par triompher. Nous ne
croyons pas, en effet, qu'il soit trop tard.
sultan. Or, une fois cette intervention écartée, chacun
reconnaît que les terrains appartiennent régulièrement
à la Compagnie. C'est l'avis même de MM. Odilon
Barrot, Dufaure et J. Favre, qui s'expriment ainsi sur
ce point : « Nous sommes ici en présence d'une con-
» vention véritable, où les obligations sont réciproques
» et respectivement obligatoires. » Mais ces juriscon-
sultes arrivent à une conclusion différente de la nôtre
par l'interprétation, erronée selon nous, qu'ils font des
droits de la Porte.
» Quant à la compensation qui consisterait à terminer
les canaux d'eau douée, elle était fort illusoire, puisque,
à la fin de 1863, la Compagnie terminait cette partie
de son œuvre, ramenant la vie au désert, et condui-
sant le Nil jusqu'à Suez.
» Enfin, pour donner plus de force à leurs théories,
les adversaires de l'entreprise ont cherché à faire
croire, d'une part, que le gouvernement de l'Empereur
obligeait la Compagnie à consentir aux propositions
de Nubar-Pacha, et de l'autre, que M. de Lesseps mar-
chait seul, imprudemment, dans une voie où il était
abandonné par ses actionnaires.
» Deux faits ont démenti ces assertions : le banquet
offert par les actionnaires de Suez au Conseil d'admi-
nistration et présidé par S. A. I. le prince Napoléon,
et l'assemblée extraordinaire du 1er mars, convoquée
pour délibérer sur le rejet des propositions de Nubar-
Pacha.
» Dans la première de ces démonstrations, l'enthou-
siasme de quinze cents convives a suffisamment mon-
tré l'accord qui règne parmi tous les membres de la
Compagnie; et le discours du prince nous a éclairés
sur le genre d'intervention que peut exercer notre
gouvernement.
» Dans cette éloquente, chaleureuse et patriotique
allocution, le prince a déclaré que Nubar, en venant à
Paris, voulait « essayer de jeter le désordre parmi les
» actionnaires. )
« Il a abordé avec élévation tous les points, il a
montré que les propositions de Nubar n'étaient qu'une
série de prétextes anglais pour faire passer cette belle
entreprise dans les mains de l'Angleterre.
» C'est là une grande manifestation ; nous aimons
avec le prince « ces habitudes d'un pays libre, où l'on
» vient parler de ses affaires à la face de tous, au grand
» jour. » Nous le félicitons hautement de la généreuse
action qu'il a faite en disant courageusement à de
grands intérêts attaqués : « Persévérez, vous avez le
» droit pour vous, vous avez des traités avec le vice-
» roi; on a beau vouloir les briser, la rupture d'un
« contrat ne dépend pas de l'une des parties seules.
» Exigez-en l'application, il n'y a pas de danger.»
» En résumé, le prince a complétement approuvé la
marche suivie par la Compagnie ; s'il l'a engagée à la
modération , il a montré qu'elle avait à attendre du
gouvernement français, non pas une pression , mais
un appui : « Si vous suivez cette voie ferme et concili-
» ante, a-t-il dit, tâchez de vous entendre d'abord direc-
» tement avec le vice-roi; et si tout échoue, s'il vous
JI demande ce que vous ne devez et ne pouvez pas céder,
net s'il veut vous opprimer sous la menace de la Porte,
» alors adressez-vous au gouvernement de l'Empereur. Il
» faut que tout cela se passe par la voie régulière et of-.
D ficielle du ministère des affaires étrangères, et non par
» ceux qui sont étrangers à vos affaires. »
» Ces paroles ont dû retentir de l'autre côté du dé-
troit. L'Angleterre, qui sait respecter chez elle, et c'est
un de ses grands mérites, l'expression de l'opinion pu-
blique , parce qu'elle en comprend la force irrésistible,
ne saurait la nier chez ses voisins. Elle ne devrait plus
conserver l'espoir de réussir dans son opposition au
canal, en présence d'une semblable démonstration.
Cette réunion d'hommes qui consacrent, avec une égale
énergie, les uns leur dévouement et leur intelligence,
les autres leurs épargnes, à l'accomplissement d'une
grande idée, devrait ouvrir les yeux au gouvernement
anglais. Il a lu ces paroles du prince : « Ne vous ima-
» ginez pas que l'Angleterre viendrait combattre contre
» l'isthme de Suez. Ce sont là des arguments, ce ne sont
» pas des raisons ; cela n'est pas vrai, et c'est ici que
» j'aime à rappeler la distinction que je faisais tout à
» l'heure entre le peuple anglais et son gouvernement.
D S'il l'osait (il ne l'osera jamais), ce n'est pas nous qui
D aurions à nous défendre contre lui, c'est lui qui aurait
» à se défendre contre le peuple anglais ! » Lorsque les
Anglais ont entendu l'écho des applaudissements qui
ont suivi ces mots, ils auraient dû comprendre que
l'œuvre universelle, un instant devenue uniquement
française par suite de leur aveuglement, n'a pas encore
perdu son caractère international, et, s'associant aux
efforts généreux de la France pour exécuter une entre-
prise dont ils seront les premiers à profiter, ils auraient
alors levé tous les inutiles obstacles mis en avant à
Constantinople.
» Quel est au contraire le langage de certains jour-
naux anglais ? Le Daily Telegraph, entre autres, qui passe
pour un organe de lord Palmerston, s'exprime ainsi :
« Son Altesse Impériale peut être bien convaincue que
» l'aversion qu'éprouve notre cabinet contre le canal n'est
» pas seulement ressentie par le cabinet, mais encore par
» notre pays. Un léger examen de la question et un peu
» de respect pour l'histoire devraient lui suffire sur ce
» point important. L'Egypte est la route de l'Inde;, l'Inde
» nous appartient et l'Égypte ne doit pas appartenir à
» d'autres qu'à nous. Ce raisonnement peut paraître sin-
» gulièrement égoïste, mais il est facile à comprendre : il
» n'est pas de nation à laquelle il ne soit permis de pen-
« ser exclusivement à ses intérêts. »
» D'autres feuilles , telles que le Daily Journal et le
Daily Express, de Newcastle, emploient un langage plus
conforme aux véritables intérêts de la Grande-Bretagne.
Selon le Daily Journal, « il n'est pas douteux que le gou-
» vernement anglais ne regrette maintenant d'avoir été
» égaré par son chef, et de ne s'être pas uni aux Fran-
» çais pour exécuter ce passage maritime à travers
» l'isthme de Suez ; malheureusement, ce regret est trop
» tardif. »
» Nous faisons des vœux pour que cette opinion, digne
d'une grande nation, finisse par triompher. Nous ne
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