Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1864 01 avril 1864
Description : 1864/04/01 (A9,N187). 1864/04/01 (A9,N187).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203318b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
192 L'ISTHME DE SUEZ,
temps. Pour ne point me laisser trop troubler par
cette émotion de ma reconnaissance,. permettez-moi
d'aborder sur le champ le sujet qui m'amène devant
vous. (Vifs applaudissements.)
Vous savez, messieurs, -que, depuis les temps les
plus reculés, les peuples du bassin de la Méditer-
ranée ont dû richesse et puissance à leurs relations
commerciales avec les pays situés à l'Est de cette
mer ( les Indes et l'Afrique orientale ), en profitant
de la navigation de la mer Rouge ou du golfe Per-
sique. Les splendides palais et les temples des Pha-
raons étaient décorés par l'or et les pierreries de l'O-
riént. Plus tard, les grands royaumes de l'Asie, ainsi
que les villes de Tyr et de Sidon, ont dû leur pros-
périté et leur luxe à leurs rapports avec les Indes.
Les flottes de Salomon rapportaient de la mer Rouge
les richesses accumulées dans le temple de Jéru-
salem.
L'Empire d'Orient, les républiques de l'Italie,
Venise surtout, héritèrent des bienfaits du commerce
des Indes ; mais la race turque, qui vint s'abattre sur
les débris de l'Empire d'Orient, détourna le com-
merce des anciennes voies ; le défaut de sécurité
interrompit les relations du monde civilisé avec l'ex-
tréme Orient, par la route la plus courte.
Le génie occidental chercha une nouvelle voie, et
puisqu'un simple trajet de 30 lieues de terre deve-
nait un obstacle, la navigation voulut avoir, par un
détour de 3,000 lieues, le moyen certain de se rendre
directement dans les ports de l'Inde.
L'Espagne et le Portugal envoyèrent des naviga-
teurs pour trouver la route nouvelle. Christophe
Colomb, cherchant les Indes, découvrit les îles amé-
ricaines en 1492, et le continent d'Amérique en 1498.
Vasco de Gama, après avoir doublé le cap de Bonne-
Espérance, jeta l'ancre à Calicut (Madras) la même
année, en mai 1498.
Dès Jors la vie maritime et commerciale, les grands
échanges entre les peuples, se concentrèrent dans les
ports de l'Océan. La domination de la mer passa
successivement de l'Espagne et du Portugal à la
Hollande, à la France et à l'Angleterre. On peut dire
qu'aujourd'hui l'Angleterre est presque exclusive-
ment maîtresse du commerce et de la navigation
des Indes. En général, ceux qui possèdent n'aiment
pas à partager - ou à changer leurs habitudes. Les
maîtres de poste, les rouliers et les aubergistes de
village n'ont pas vu. avec plaisir l'établissement des
chemins de fer (rires et applaudissements), cepen-
dant ils n'ont pu l'empêcher, pas plus que les Anglais
n'empêcheront la suppression d'une langue de terre
de 30 lieues. Et pourquoi ne l'empêcheront-ils pas ?
Parce que tous les peuples, et tous les hommes parmi
ces peuples, veulent avoir, dans les richesses du
monde, la part que leur mériteront leur travail, leur
intelligence et leur industrie. Le peuple anglais lui*
même sera le premier à profiter de l'abréviation de
la distance ; il comprendra que, dans l'état actuel,
c'est, même dans son sein, un petit nombre de pri-
vilégiés seulement qui recueillent les bénéfices du mo-
nopole, et que, le jour où ce monopole disparaîtra,
les forces de la richesse générale seront tellement
multipliées, que l'amélioration de son propre sort
suivra, devancera peut-être le progrès des autres
peuples.
Le principe de cette égale répartition des richesses
du monde par le commerce, la navigation et l'indus-
trie, trouvant son véritable accomplissement dans le
percement de l'isthme de Suez, devait être adopté et
soutenu, comme il l'a été, dans le pays de l'égalité,
dans notre France. (Bravo ! bravo ! )
Dès que l'on publia les études du projet, la France
se plaça à la tête du mouvement ; elle comprit im-
médiatement qu'il s'agissait de mettre les nations de
la terre en communication plus directe entre elles,
de faire jouir les petits comme les grands de ce qui
n'était que le privilége de quelques-uns.
Ainsi s'explique la lutte qui s'est établie sur cette
question, entre le pays où domine le privilége et ce-
lui où domine l'égalité. (Nouveaux bravos).
Mais, pour réaliser l'entreprise, il fallait que la
France eût inauguré le système fécond de l'associa-
tion des petits capitaux réunis dans un grand but
commun, au moyen des souscriptions publiques; ce
système, si heureusement appliqué par l'Empereur
aux emprunts nationaux, et auquel les chemins de
fer doivent leur extension et leur progrès, était la
force nouvelle qui devait fonder et faire réussir notre
œuvre.
- Les petits capitaux français ont constitué cette
œuvre, en novembre 1858 ; ils viennent de la consoli-
der et de l'achever moralement dans la dernière as-
semblée générale du 1er mars, qui restera peut-être
comme un des plus beaux succès de l'association.
Le percement de l'isthme de Suez n'est plus main-
tenant qu'une affaire d'exécution matérielle. Nous
allons essayer de vous démontrer comment cette exé-
cution est infaillible. Pour vous faciliter, autant
que possible, la connaissance des lieux, nous voya-
gerons ensemble dans l'isthme, en traçant notre
route sur la carte que vous avez sous les yeux : che-
min faisant, je vous mettrai successivement au cou-
rant de ce que nous avons fait et de ce qui nous
reste à faire.
Commençons notre itinéraire. Nous partons de
Paris par le chemin de fer ; en quelques heures nous
arrivons à Marseille, et à Marseille nous nous embar-
quons sur un des paquebots des Messageries Impé-,
temps. Pour ne point me laisser trop troubler par
cette émotion de ma reconnaissance,. permettez-moi
d'aborder sur le champ le sujet qui m'amène devant
vous. (Vifs applaudissements.)
Vous savez, messieurs, -que, depuis les temps les
plus reculés, les peuples du bassin de la Méditer-
ranée ont dû richesse et puissance à leurs relations
commerciales avec les pays situés à l'Est de cette
mer ( les Indes et l'Afrique orientale ), en profitant
de la navigation de la mer Rouge ou du golfe Per-
sique. Les splendides palais et les temples des Pha-
raons étaient décorés par l'or et les pierreries de l'O-
riént. Plus tard, les grands royaumes de l'Asie, ainsi
que les villes de Tyr et de Sidon, ont dû leur pros-
périté et leur luxe à leurs rapports avec les Indes.
Les flottes de Salomon rapportaient de la mer Rouge
les richesses accumulées dans le temple de Jéru-
salem.
L'Empire d'Orient, les républiques de l'Italie,
Venise surtout, héritèrent des bienfaits du commerce
des Indes ; mais la race turque, qui vint s'abattre sur
les débris de l'Empire d'Orient, détourna le com-
merce des anciennes voies ; le défaut de sécurité
interrompit les relations du monde civilisé avec l'ex-
tréme Orient, par la route la plus courte.
Le génie occidental chercha une nouvelle voie, et
puisqu'un simple trajet de 30 lieues de terre deve-
nait un obstacle, la navigation voulut avoir, par un
détour de 3,000 lieues, le moyen certain de se rendre
directement dans les ports de l'Inde.
L'Espagne et le Portugal envoyèrent des naviga-
teurs pour trouver la route nouvelle. Christophe
Colomb, cherchant les Indes, découvrit les îles amé-
ricaines en 1492, et le continent d'Amérique en 1498.
Vasco de Gama, après avoir doublé le cap de Bonne-
Espérance, jeta l'ancre à Calicut (Madras) la même
année, en mai 1498.
Dès Jors la vie maritime et commerciale, les grands
échanges entre les peuples, se concentrèrent dans les
ports de l'Océan. La domination de la mer passa
successivement de l'Espagne et du Portugal à la
Hollande, à la France et à l'Angleterre. On peut dire
qu'aujourd'hui l'Angleterre est presque exclusive-
ment maîtresse du commerce et de la navigation
des Indes. En général, ceux qui possèdent n'aiment
pas à partager - ou à changer leurs habitudes. Les
maîtres de poste, les rouliers et les aubergistes de
village n'ont pas vu. avec plaisir l'établissement des
chemins de fer (rires et applaudissements), cepen-
dant ils n'ont pu l'empêcher, pas plus que les Anglais
n'empêcheront la suppression d'une langue de terre
de 30 lieues. Et pourquoi ne l'empêcheront-ils pas ?
Parce que tous les peuples, et tous les hommes parmi
ces peuples, veulent avoir, dans les richesses du
monde, la part que leur mériteront leur travail, leur
intelligence et leur industrie. Le peuple anglais lui*
même sera le premier à profiter de l'abréviation de
la distance ; il comprendra que, dans l'état actuel,
c'est, même dans son sein, un petit nombre de pri-
vilégiés seulement qui recueillent les bénéfices du mo-
nopole, et que, le jour où ce monopole disparaîtra,
les forces de la richesse générale seront tellement
multipliées, que l'amélioration de son propre sort
suivra, devancera peut-être le progrès des autres
peuples.
Le principe de cette égale répartition des richesses
du monde par le commerce, la navigation et l'indus-
trie, trouvant son véritable accomplissement dans le
percement de l'isthme de Suez, devait être adopté et
soutenu, comme il l'a été, dans le pays de l'égalité,
dans notre France. (Bravo ! bravo ! )
Dès que l'on publia les études du projet, la France
se plaça à la tête du mouvement ; elle comprit im-
médiatement qu'il s'agissait de mettre les nations de
la terre en communication plus directe entre elles,
de faire jouir les petits comme les grands de ce qui
n'était que le privilége de quelques-uns.
Ainsi s'explique la lutte qui s'est établie sur cette
question, entre le pays où domine le privilége et ce-
lui où domine l'égalité. (Nouveaux bravos).
Mais, pour réaliser l'entreprise, il fallait que la
France eût inauguré le système fécond de l'associa-
tion des petits capitaux réunis dans un grand but
commun, au moyen des souscriptions publiques; ce
système, si heureusement appliqué par l'Empereur
aux emprunts nationaux, et auquel les chemins de
fer doivent leur extension et leur progrès, était la
force nouvelle qui devait fonder et faire réussir notre
œuvre.
- Les petits capitaux français ont constitué cette
œuvre, en novembre 1858 ; ils viennent de la consoli-
der et de l'achever moralement dans la dernière as-
semblée générale du 1er mars, qui restera peut-être
comme un des plus beaux succès de l'association.
Le percement de l'isthme de Suez n'est plus main-
tenant qu'une affaire d'exécution matérielle. Nous
allons essayer de vous démontrer comment cette exé-
cution est infaillible. Pour vous faciliter, autant
que possible, la connaissance des lieux, nous voya-
gerons ensemble dans l'isthme, en traçant notre
route sur la carte que vous avez sous les yeux : che-
min faisant, je vous mettrai successivement au cou-
rant de ce que nous avons fait et de ce qui nous
reste à faire.
Commençons notre itinéraire. Nous partons de
Paris par le chemin de fer ; en quelques heures nous
arrivons à Marseille, et à Marseille nous nous embar-
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