Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1864 15 mars 1864
Description : 1864/03/15 (A9,N186). 1864/03/15 (A9,N186).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203317x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
170 L'ISTHME DE SUEZ,
RAPPORT A L'EMPEREUR.
« Sire,
» Le vice-roi d'Egypte ayant écrit à Votre Majesté
pour Lui demander de vouloir bien prononcer Elle-
même sur certaines questions encore pendantes entre
le gouvernement égyptien et la Compagnie de
l'isthme de Suez, Vous avez daigné répondre à
Ismaïl-Pacha que Vous défériez à son désir.
» Votre Majesté a, en même temps, exprimé la
volonté de faire préalablement examiner ces ques-
tions par une commission offrant toutes lps garan -
lies d'impartialité et de lumières. Afin de répondre
à cet égard aux intentions de Votre Majesté, et con-
formément à ses ordres, j'ai l'honneur de lui pro-
poser, pour faire partie de cette commission :
» MM. Thouvenel, sénateur, comme président;
Mallet, sénateur,
Suin, sénateur,
Gouin, député au Corps législatif;
Duvergier, conseiller d'Etat.
» Si Votre Majesté daigne agréer ces noms, je
m'empresserai d'adresser une lettre d'avis aux per-
sonnes désignées et de mettre à leur disposition tous
les documents qui pourraient leur être nécessaires.
» Je suis avec respect, Sire, de Votre Majesté, le
très-humble et très-obéissant serviteur et fidèle sujet,
» Paris, le 3 mars 1864.
» Approuvé : DnOUYN DE LHUYS.
» NAPOLÉON. »
EGYPTE ET MEXIQUE.
L'expédition française en Egypte a laissé dans le
monde d'impérissables souvenirs, et cette vieille terre
elle-même en a gardé des semences dont elle recueille
aujourd'hui la moisson. L'expédition d'Egypte a été à
la fois guerrière, civilisatrice, scientifique, et n'eût-el.'e
obtenu d'autres résultats que ce grand monument élevé
à la science par l'élite de nos savants de cette époque,
elle aurait encore rendu à l'humanité un de ces services
qui ne s'oublient point.
Sur la proposition d'un de ses ministres les plus éclai-
rés et les plus remarquables par leur esprit d'intelli-
gente et libérale initiative, l'Empereur vient de décider
qu'une commission analogue à celle qui illustra l'expé-
dition de 1798 serait attachée à notre corps expédition-
naire du Mexique pour explorer ces vastes contrées au
point de vue des sciences naturelles, physiques, histo-
riques, etc. Cette proposition fait l'objet d'un rapport
d'un haut intérêt, úù, après avoir apprécié avec une
grande élévation de pensées les avantages que le monde
savant a retirés des études de l'Institut d'Egypte, le mi-
nistre trace un tableau plein d'aperçus sur les résultats
que doit amener la poursuite d'un travail de la même
nature pour le Mexique.
Voici en quels termes s'exprime à ce sujet M. le mi-
nistre de l'instruction publique, en rattachant les gloires
du passé à celles que sa conception promet dans un pro-
chain avenir.
ERNEST DESPLACES.
RAPPORT A L'EMPEREUR.
« Sire,
» Il y a soixante-six ans, 40.000 hommes de l'ar-
mée d'Italie et notre plus glorieux capitaine abordaient
à Alexandrie. Derrière le jeune général ne marchaient
pas seulement les plus braves soldats du monde, mais
toute une colonie de savants, qui firent, à leur ma-
nière, la conquête de l'Egypte, en déchirant le voile
dont son antique civilisation était, depuis quinze siè-
cles, enveloppée. Par les recherches de l'Institut du
Caire, les sciences archéologiques furent renouvelées
en Europe. Sans la publication du grand ouvrage
de la Description de l'Egypte, Champollion n'aurait eu
ni la pensée, ni les moyens de commencer l'interpré-
tation des hiéroglyphes que la science déclarait une
énigme iosoluble, et la France n'aurait pas l'honneur
d'avoir trouvé la clef de ces inscriptions qui ont déjà
expliqué tant de symboles et de doctrines, révélé tant
d'idées et de faits concernant la religion, l'histoire
et la chronologie de ce vieux monde.
» C'est au bord du Nil que Geoffroy-Saint-Hilpire
conçut la première pensée de son grand système de
philosophie anatomique, et, si les nivellements opé-
rés par ses collègues, dans l'isthme de Suez, sous les
balles des Arabes, ne furent pas exacts, leur concep-
tion d'une communication entre les deux mers n'en
resta pas moins populaire jusqu'au jour où, grâce à
un autre Français, elle put devenir une réalité.
» Aux conquêtes de la science abstraite s'ajoutèrent
celles de l'art. Par les dessins que rapporta l'expédi-
tion, nos artistes virent s'accroître les ressources dont
ils disposaient pour l'expression de la beauté.
» Les travaux de l'Institut du Caire eurent même
des conséquences d'une utilité pratique. L'étude du
climat et des conditions géographiques de la vallée
du Nil fit trouver les moyens d'assainir le pays et
d'assurer à ses habitants une hygiène meilleure. Au-
jourd'hui la peste a presque disparu, et malgré la
fréquence et la facilité des relations commerciales,
ce fléau ne vient plus jusque sur nos côtes décimer
nos populations, et, comme en 17/50, enlever à la seule
Provence 85,000 de ses habitants. C'est aux études
médicales de l'Institut d'Egypte qu'il faut faire re-
monter les commencements de cet immense bien-
fait.
» Et tandis que l'Europe savante s'enrichissait des
RAPPORT A L'EMPEREUR.
« Sire,
» Le vice-roi d'Egypte ayant écrit à Votre Majesté
pour Lui demander de vouloir bien prononcer Elle-
même sur certaines questions encore pendantes entre
le gouvernement égyptien et la Compagnie de
l'isthme de Suez, Vous avez daigné répondre à
Ismaïl-Pacha que Vous défériez à son désir.
» Votre Majesté a, en même temps, exprimé la
volonté de faire préalablement examiner ces ques-
tions par une commission offrant toutes lps garan -
lies d'impartialité et de lumières. Afin de répondre
à cet égard aux intentions de Votre Majesté, et con-
formément à ses ordres, j'ai l'honneur de lui pro-
poser, pour faire partie de cette commission :
» MM. Thouvenel, sénateur, comme président;
Mallet, sénateur,
Suin, sénateur,
Gouin, député au Corps législatif;
Duvergier, conseiller d'Etat.
» Si Votre Majesté daigne agréer ces noms, je
m'empresserai d'adresser une lettre d'avis aux per-
sonnes désignées et de mettre à leur disposition tous
les documents qui pourraient leur être nécessaires.
» Je suis avec respect, Sire, de Votre Majesté, le
très-humble et très-obéissant serviteur et fidèle sujet,
» Paris, le 3 mars 1864.
» Approuvé : DnOUYN DE LHUYS.
» NAPOLÉON. »
EGYPTE ET MEXIQUE.
L'expédition française en Egypte a laissé dans le
monde d'impérissables souvenirs, et cette vieille terre
elle-même en a gardé des semences dont elle recueille
aujourd'hui la moisson. L'expédition d'Egypte a été à
la fois guerrière, civilisatrice, scientifique, et n'eût-el.'e
obtenu d'autres résultats que ce grand monument élevé
à la science par l'élite de nos savants de cette époque,
elle aurait encore rendu à l'humanité un de ces services
qui ne s'oublient point.
Sur la proposition d'un de ses ministres les plus éclai-
rés et les plus remarquables par leur esprit d'intelli-
gente et libérale initiative, l'Empereur vient de décider
qu'une commission analogue à celle qui illustra l'expé-
dition de 1798 serait attachée à notre corps expédition-
naire du Mexique pour explorer ces vastes contrées au
point de vue des sciences naturelles, physiques, histo-
riques, etc. Cette proposition fait l'objet d'un rapport
d'un haut intérêt, úù, après avoir apprécié avec une
grande élévation de pensées les avantages que le monde
savant a retirés des études de l'Institut d'Egypte, le mi-
nistre trace un tableau plein d'aperçus sur les résultats
que doit amener la poursuite d'un travail de la même
nature pour le Mexique.
Voici en quels termes s'exprime à ce sujet M. le mi-
nistre de l'instruction publique, en rattachant les gloires
du passé à celles que sa conception promet dans un pro-
chain avenir.
ERNEST DESPLACES.
RAPPORT A L'EMPEREUR.
« Sire,
» Il y a soixante-six ans, 40.000 hommes de l'ar-
mée d'Italie et notre plus glorieux capitaine abordaient
à Alexandrie. Derrière le jeune général ne marchaient
pas seulement les plus braves soldats du monde, mais
toute une colonie de savants, qui firent, à leur ma-
nière, la conquête de l'Egypte, en déchirant le voile
dont son antique civilisation était, depuis quinze siè-
cles, enveloppée. Par les recherches de l'Institut du
Caire, les sciences archéologiques furent renouvelées
en Europe. Sans la publication du grand ouvrage
de la Description de l'Egypte, Champollion n'aurait eu
ni la pensée, ni les moyens de commencer l'interpré-
tation des hiéroglyphes que la science déclarait une
énigme iosoluble, et la France n'aurait pas l'honneur
d'avoir trouvé la clef de ces inscriptions qui ont déjà
expliqué tant de symboles et de doctrines, révélé tant
d'idées et de faits concernant la religion, l'histoire
et la chronologie de ce vieux monde.
» C'est au bord du Nil que Geoffroy-Saint-Hilpire
conçut la première pensée de son grand système de
philosophie anatomique, et, si les nivellements opé-
rés par ses collègues, dans l'isthme de Suez, sous les
balles des Arabes, ne furent pas exacts, leur concep-
tion d'une communication entre les deux mers n'en
resta pas moins populaire jusqu'au jour où, grâce à
un autre Français, elle put devenir une réalité.
» Aux conquêtes de la science abstraite s'ajoutèrent
celles de l'art. Par les dessins que rapporta l'expédi-
tion, nos artistes virent s'accroître les ressources dont
ils disposaient pour l'expression de la beauté.
» Les travaux de l'Institut du Caire eurent même
des conséquences d'une utilité pratique. L'étude du
climat et des conditions géographiques de la vallée
du Nil fit trouver les moyens d'assainir le pays et
d'assurer à ses habitants une hygiène meilleure. Au-
jourd'hui la peste a presque disparu, et malgré la
fréquence et la facilité des relations commerciales,
ce fléau ne vient plus jusque sur nos côtes décimer
nos populations, et, comme en 17/50, enlever à la seule
Provence 85,000 de ses habitants. C'est aux études
médicales de l'Institut d'Egypte qu'il faut faire re-
monter les commencements de cet immense bien-
fait.
» Et tandis que l'Europe savante s'enrichissait des
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