Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1864 01 mars 1864
Description : 1864/03/01 (A9,N185)-1864/03/04. 1864/03/01 (A9,N185)-1864/03/04.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203316h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
150 L'ISTHME DE SUEZ.
qu'il serait mis enfin un terme à toute difficulté, et que
nous pourrions désormais nous livrer exclusivement
à nos études et à nos travaux, sans avoir à lutter en
même temps pour la défense de vos droits et de vos
intérêts. (Agitation.)
L'interpellation qui nous avait été faite dans la
réunion du 15 juillet fut suivie, quelques jours après,
de la publication d'une correspondance anglaise de
Constantinople adressée au Times, et dans laquelle on
disait positivement que le divan s'occupait des
moyens d'enlever à la Compagnie de Suez ses ou-
vriers et les terres concédées.
La presse britannique, s'emparant alors de cette
nouvelle et la considérant déjà comme un fait accom-
pli, poussa des cris de joie.
On lisait dans le Standard :
« Le travail ne pourra être obtenu dans l'avenir
qu'au moyen de dépenses énormes. Que diront alors
les actionnaires, ces pauvres spéculateurs, en France,
en Egypte et en Turquie? Ils seront ruinés. (On rit.)
Lorsque les 200 millions auront été dépensés, l'entre-
prise tombera d'elle-même faute de fonds. M. de
Lesseps et les aventuriers qui l'ont soutenu de leur
argent feront bien de se tirer promptement d'une
mauvaise affaire et de faire le meilleur marché qu'ils
pourront avec le pacha, car l'entreprise sur laquelle
ils ont fondé tant d'espérances se trouvera aussi vide
de résultats économiques que le tunnel de la Ta-
mise. » (Nouveaux rires.)
On lisait dans le Spectator :
« Le travail forcé doit cesser, ce qui est la prohi-
bition du canal. »
On lisait dans la Saturday Review
« Les résultats de la note du 6 avril auraient fini
par ruiner M. de Lesseps et son projet.
» Quelle que soit la manière dont cette affaire
puisse être réglée, l'abandon par la Compagnie des
priviléges qu'elle a acquis, dans la mesure où pou-
vait les lui assurer le vice-roi, sera un coup sérieux
porté aux vues commerciales du projet. Aussi
longtemps que les choses seront à ce point, l'Angle-
terre peut cesser de concevoir des inquiétudes sur
l'issue d'une entreprise dans laquelle elle a été trop
prudente pour engager ses capitaux. »
0
On lisait dans YEconomist :
« Comme aucun grand ouvrage n'a jamais été
exécuté en Egypte sans le travail forcé, un salaire
Zn y
ne tentant pas le paysan égyptien, cette solution
semble fatale à l'entreprise. »
Enfin Y Examiner and Times disait :
« La difficulté était que jusqu'à ce que la conces-
sion de la Porte fût obtenue, le pacha dépassait ses
pouvoirs en permettant qu'il fût procédé aux travaux.
Si, au lieu du sultan, nous nommions lord Palmers-
ton, nous exposerions exactement les choses telles
qu'elles étaient. (Rires.) Le sultan avait barres sur
le pacha et lord Paimerston avait barres sur le sul-
tan. M. de Lesseps ne pouvait rien faire sans le pa-
cha, le pacha ne pouvait rien faire sans le sultan,
et le sultan ne pouvait rien faire sans lord Paimer-
ston. ? (C'est cela ! c'est cela — Rires bruyants et
applaudissements!)
Les journaux anglais, qui avaient de bonnes raisons
pour savoir ce qui se passait à Constantinople,
avaient parlé trop tôt. Sir Henry Bulwer nous avait
bien entretenu, dans sa visite à l'isthme en jan-
vier 1863, sans toutefois nous donner à ce sujet
aucune explication, d'un projet qu'il avait imaginé
afin de concilier tous les intérêts ; il en avait aussi
parlé à un de nos compagnons de voyage, M. Lange,
représentant de la Compagnie en Angleterre, ajou-
tant qu'il serait probablement question de ce projet
vers le mois de juin ou de juillet suivant, et qu'il
espérait que nous l'aiderions à le faire réussir. (Sou-
rires.)
C'était évidemment le même projet qui, sans au-
cune participation ni connaissance de la Compagnie,
s'élaborait à Constantinople à l'époque indiquée, et qui
était accueilli avec tant de satisfaction par les orga-
nes de la presse anglaise.
Voici ce qui résulta de nos informations très-sûres
et très-précises. (Marques d'intérêt.)
Dans le courant de juillet, il fut remis au grand
vizir un mémoire devant servir de base à une lettre
vizirielle qui serait adressée au vice-roi d'Egypte.
Dans ce mémoire il était dit textuellement :
1° Que l'on devrait demander à la Compagnie la
rétrocession des terrains ainsi que le rachat du do-
maine du Ouady;
2° Que le travail dans l'isthme serait réglé con-
formément au principe soi-disant établi dans l'em-
pire ottoman de l'abolition de la corvée ;
3° Que la Compagnie pourrait, de son côté, favo-
riser l'exécution de ces mesures, en augmentant le
salaire des ouvriers, en réduisant surtout pour la
première année le nombre des travailleurs;
4° Que la Compagnie s'engagerait à faire exécuter
par des dragues l'élargissement de la rigole, et à
employer aussi des dragues pour la partie du canal
entre les lacs Amers et Suez ;
5° Qu'une commission d'ingénieurs serait chargée
d'examiner les dimensions (largeur, profondeur) pro-
posées par la Compagnie, et de les réduire, afin de ne
pas dépasser le but exclusivement commercial de la
Compagnie.
qu'il serait mis enfin un terme à toute difficulté, et que
nous pourrions désormais nous livrer exclusivement
à nos études et à nos travaux, sans avoir à lutter en
même temps pour la défense de vos droits et de vos
intérêts. (Agitation.)
L'interpellation qui nous avait été faite dans la
réunion du 15 juillet fut suivie, quelques jours après,
de la publication d'une correspondance anglaise de
Constantinople adressée au Times, et dans laquelle on
disait positivement que le divan s'occupait des
moyens d'enlever à la Compagnie de Suez ses ou-
vriers et les terres concédées.
La presse britannique, s'emparant alors de cette
nouvelle et la considérant déjà comme un fait accom-
pli, poussa des cris de joie.
On lisait dans le Standard :
« Le travail ne pourra être obtenu dans l'avenir
qu'au moyen de dépenses énormes. Que diront alors
les actionnaires, ces pauvres spéculateurs, en France,
en Egypte et en Turquie? Ils seront ruinés. (On rit.)
Lorsque les 200 millions auront été dépensés, l'entre-
prise tombera d'elle-même faute de fonds. M. de
Lesseps et les aventuriers qui l'ont soutenu de leur
argent feront bien de se tirer promptement d'une
mauvaise affaire et de faire le meilleur marché qu'ils
pourront avec le pacha, car l'entreprise sur laquelle
ils ont fondé tant d'espérances se trouvera aussi vide
de résultats économiques que le tunnel de la Ta-
mise. » (Nouveaux rires.)
On lisait dans le Spectator :
« Le travail forcé doit cesser, ce qui est la prohi-
bition du canal. »
On lisait dans la Saturday Review
« Les résultats de la note du 6 avril auraient fini
par ruiner M. de Lesseps et son projet.
» Quelle que soit la manière dont cette affaire
puisse être réglée, l'abandon par la Compagnie des
priviléges qu'elle a acquis, dans la mesure où pou-
vait les lui assurer le vice-roi, sera un coup sérieux
porté aux vues commerciales du projet. Aussi
longtemps que les choses seront à ce point, l'Angle-
terre peut cesser de concevoir des inquiétudes sur
l'issue d'une entreprise dans laquelle elle a été trop
prudente pour engager ses capitaux. »
0
On lisait dans YEconomist :
« Comme aucun grand ouvrage n'a jamais été
exécuté en Egypte sans le travail forcé, un salaire
Zn y
ne tentant pas le paysan égyptien, cette solution
semble fatale à l'entreprise. »
Enfin Y Examiner and Times disait :
« La difficulté était que jusqu'à ce que la conces-
sion de la Porte fût obtenue, le pacha dépassait ses
pouvoirs en permettant qu'il fût procédé aux travaux.
Si, au lieu du sultan, nous nommions lord Palmers-
ton, nous exposerions exactement les choses telles
qu'elles étaient. (Rires.) Le sultan avait barres sur
le pacha et lord Paimerston avait barres sur le sul-
tan. M. de Lesseps ne pouvait rien faire sans le pa-
cha, le pacha ne pouvait rien faire sans le sultan,
et le sultan ne pouvait rien faire sans lord Paimer-
ston. ? (C'est cela ! c'est cela — Rires bruyants et
applaudissements!)
Les journaux anglais, qui avaient de bonnes raisons
pour savoir ce qui se passait à Constantinople,
avaient parlé trop tôt. Sir Henry Bulwer nous avait
bien entretenu, dans sa visite à l'isthme en jan-
vier 1863, sans toutefois nous donner à ce sujet
aucune explication, d'un projet qu'il avait imaginé
afin de concilier tous les intérêts ; il en avait aussi
parlé à un de nos compagnons de voyage, M. Lange,
représentant de la Compagnie en Angleterre, ajou-
tant qu'il serait probablement question de ce projet
vers le mois de juin ou de juillet suivant, et qu'il
espérait que nous l'aiderions à le faire réussir. (Sou-
rires.)
C'était évidemment le même projet qui, sans au-
cune participation ni connaissance de la Compagnie,
s'élaborait à Constantinople à l'époque indiquée, et qui
était accueilli avec tant de satisfaction par les orga-
nes de la presse anglaise.
Voici ce qui résulta de nos informations très-sûres
et très-précises. (Marques d'intérêt.)
Dans le courant de juillet, il fut remis au grand
vizir un mémoire devant servir de base à une lettre
vizirielle qui serait adressée au vice-roi d'Egypte.
Dans ce mémoire il était dit textuellement :
1° Que l'on devrait demander à la Compagnie la
rétrocession des terrains ainsi que le rachat du do-
maine du Ouady;
2° Que le travail dans l'isthme serait réglé con-
formément au principe soi-disant établi dans l'em-
pire ottoman de l'abolition de la corvée ;
3° Que la Compagnie pourrait, de son côté, favo-
riser l'exécution de ces mesures, en augmentant le
salaire des ouvriers, en réduisant surtout pour la
première année le nombre des travailleurs;
4° Que la Compagnie s'engagerait à faire exécuter
par des dragues l'élargissement de la rigole, et à
employer aussi des dragues pour la partie du canal
entre les lacs Amers et Suez ;
5° Qu'une commission d'ingénieurs serait chargée
d'examiner les dimensions (largeur, profondeur) pro-
posées par la Compagnie, et de les réduire, afin de ne
pas dépasser le but exclusivement commercial de la
Compagnie.
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