Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1864 15 février 1864
Description : 1864/02/15 (A9,N184). 1864/02/15 (A9,N184).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033153
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 101
mon père, et plus que mon père, mon ami, je trouvai
cent actions de la Compagnie de Suez : je n'ai pas voulu
les Igarder un seul jour. Je crus, et je m'en félicite, que
dans certaines positions il faut être aussi détaché que pos-
sible de tout intérêt personnel, et que l'examen des gran-
des affaires ne peut qu'y gagner, non-seulement pour soi
— je ne me permets de douter de l'honorabilité de per-
sonne — mais à cause de .l'effet que cela peut produire sur
l'opinion publique. (Très-bien ! très-bien !) Rappelez-vous ce
mot de l'antiquité : « La femme de César ne doit pas même
être soupçonnée. » (Très-bien ! très-bien !)
Je vous demande pardon de cette digression, peut-être
un peu présomptueuse sur ma position personnelle , mais
j'ai cru qu'il fallait tout vous dire aujourd'hui; à présent,
je ne veux causer avec vous que de la grande entreprise
de Suez.
Elle m'a toujours frappé, parce que c'était la première
grande œuvre nationale, entreprise à l'étranger avec les
seules forces de l'initiative individuelle, avec un dévoue-
ment, une persévérance comme on n'en avait pas en-
core vus, et sans aucune espèce d'attache gouvernementale;
c'est là ce qui m'a surtout séduit. (Très-bien ! très-bien!)
Je me plais à constater avec quelle honnêteté elle a été
conduite. (Applaudissements redoublés.)
Est-ce que je trouve mauvais qu'on cherche à s'enrichir
dans les affaires? Non, mais il faut gagner sur les affai-
res elles-mêmes, et jamais sur ceux qui les font. (Très bien !
très-bien !) Eh bien, c'est ce qu'il y a de profondément
honnête, c'est ce qu'il y a de beau, de remarquable, c'est
ce qu'il y a d'incontestable et de spécialement louable dans
la grande et magnifique entreprise dont il s'agit; nous ne
l'avons pas vue, depuis sept à huit ans que vous vous en
occupez, donner lieu à ces fortunes scandaleuses faites
en un jour, que la morale publique réprouve, et réprouve
à juste titre. (Longs applaudissements.)
Quoi qu'on en puisse dire, il faut que les capitaux se
gagnent par un travail sérieux, par le temps et non par
des spéculations, trop souvent au détriment de ceux qui
entrent dans les affaires et n'ont pas l'avantage de savoir
les faire eux-mêmes (Très-bien! très-bien!)
Je vais vous dire aujourd'hui ce que j'ai vu par moi-
même. Je vous demande pardon, je crains d'être un
peu long. (Non, non ! Parlez ! parlez !)
Eh bien, qu'est-ce que j'ai vu?. J'aime à donner avant
tout un éloge, et un éloge bien mérité, à mon ancien ami,
à celui qui a été le fondateur, le propagateur, et surtout
l'habile directeur de cette grande œuvre, à mon ancien e.
bon ami, M. Ferdinand de Lesseps. (Bravo! bravo! — Quel-
ques cris : Vive M. de Lesseps !)
J'ai vu, en Egypte, messieurs, ce que souffrent vos agents,
combien leur œuvre est difficile et pénible. — Ici, mes-
sieurs, il est très-facile de causer de l'isthme de Suez,
nous sommes bien assis dans de bons fauteuils, nous avons
bien dîné, un peu froidement peut-être (rires), mais enfin
ce n'est pas la faute de la Compagnie, c'est la faute du
temps (nouveaux rires), — mais quand je suis allé sur
les lieux, quand j'ai vu vos agents, — c'est-à-dire nos
agents, car ils ne sont pas les agents de la Compagnie seu-
lement, ce sont ceux de la France, ces ingénieurs du
corps impérial des ponts et chaussées, momentanément mis
à votre disposition, — quand je les ai vus diriger les tra-
vaux avec cette habileté qui n'appartient qu'à eux, quand
je les ai vus, par 40 et 45 degrés de chaleur, buvant de
l'eau saumâtre, mangeant du biscuit, couchant dans le sa-
ble brûlant ; quand je les ai vus souffrir ce qu'ils souf-
fraient (et cela, non pas dans l'intérêt de l'affaire, car vous
les payez bien ; mais vous ne les payez pas d'une manière
exagérée, sans doute; vous faites vos affaires convenable-
ment), j'ai reconnu que ce qui les soutenait, c'était cet es-
prit, ce sentiment qu'on rencontre toujours chez les Fran-
çais, quand il s'agit d'une grande œuvre ; c'était le moral
qui soutenait le physique. Ces hommes dévoués, je me
plais à leur rendre ici un éclatant hommage.
Ah ! parce qu'ils sont loin de nous, ne les oublions pas,
messieurs. (Vive sensation.) J'ai trouvé parmi eux les Voisin,
les Sciama, les Laroche, les Larousse, et tant d'autres qui
illustrent la France sur cette terre d'Egypte; j'y ai trouvé
non-seulement les ingénieurs, mais les contre-maîtres,
mais tous ces ouvriers dévoués qui mettent tout leur cœur,
tous leurs bons sentiments au service de leurs devoirs
Ah ! messieurs, parce que vous êtes ici, et que vous êtes à
la tête de ces hommes, ne les oubliez pas, et qu'un souve-
nir de Paris, de la patrie éloignée, aille réchauffer leur
cœur, bien que leur cœur n'ait pas besoin d'être réchauffé.
(Sensation, vifs applaudissements.)
Si je vous rappelle ce qui se passe en Egypte, messieurs,
c'est que la plupart d'entre vous n'y sont pas allés. Qu'ils
veuillent bien me permettre de leur dire ce que j'ai vu. Je
ne saurai peut-être pas vous en faire un tableau assez
frappant.
Quand j'ai vu les travailleurs égyptiens, qu'on vous re-
présente si faussement comme maltraités par nous ; quand
j'ai vu cette fourmilière d'hommes, grands, élancés, mai-
gres, bruns de peau, sous un soleil ardent, un peu dé-
charnés, pour la plupart très-jeunes, montant sur des but-
tes de sable pour creuser le canal, je me suis rappelé
l'ancienne Egypte, et je lui ai comparé le présent avec
orgueil, et cet orgueil, vous le partagerez. Je me disais :
Cette terre d'Egypte est bien curieuse, elle est bien singu-
lière! Non-seulement elle conserve les monuments, mais
on dirait d'un climat conservateur par excellence, conser-
vateur des mœurs presque autant que des monuments. Eh
bien ! mon âme se réjouissait, mon esprit s'agrandissait à
la pensée que ce pays qui pour le despotisme avait construit
de beaux monuments, qui s'appelaient les tombeaux des
roi:" les Pyramides, monument de vanité et de tyrannie
autant que de grandeur; que ce pays, aujourd'hui qu'il
n'est plus gouverné par des Pharaons, se livre à des
travaux utiles et exécute, sous la direction des Français,
le canal de l'isthme de Suez, qui sera une des grandes
mon père, et plus que mon père, mon ami, je trouvai
cent actions de la Compagnie de Suez : je n'ai pas voulu
les Igarder un seul jour. Je crus, et je m'en félicite, que
dans certaines positions il faut être aussi détaché que pos-
sible de tout intérêt personnel, et que l'examen des gran-
des affaires ne peut qu'y gagner, non-seulement pour soi
— je ne me permets de douter de l'honorabilité de per-
sonne — mais à cause de .l'effet que cela peut produire sur
l'opinion publique. (Très-bien ! très-bien !) Rappelez-vous ce
mot de l'antiquité : « La femme de César ne doit pas même
être soupçonnée. » (Très-bien ! très-bien !)
Je vous demande pardon de cette digression, peut-être
un peu présomptueuse sur ma position personnelle , mais
j'ai cru qu'il fallait tout vous dire aujourd'hui; à présent,
je ne veux causer avec vous que de la grande entreprise
de Suez.
Elle m'a toujours frappé, parce que c'était la première
grande œuvre nationale, entreprise à l'étranger avec les
seules forces de l'initiative individuelle, avec un dévoue-
ment, une persévérance comme on n'en avait pas en-
core vus, et sans aucune espèce d'attache gouvernementale;
c'est là ce qui m'a surtout séduit. (Très-bien ! très-bien!)
Je me plais à constater avec quelle honnêteté elle a été
conduite. (Applaudissements redoublés.)
Est-ce que je trouve mauvais qu'on cherche à s'enrichir
dans les affaires? Non, mais il faut gagner sur les affai-
res elles-mêmes, et jamais sur ceux qui les font. (Très bien !
très-bien !) Eh bien, c'est ce qu'il y a de profondément
honnête, c'est ce qu'il y a de beau, de remarquable, c'est
ce qu'il y a d'incontestable et de spécialement louable dans
la grande et magnifique entreprise dont il s'agit; nous ne
l'avons pas vue, depuis sept à huit ans que vous vous en
occupez, donner lieu à ces fortunes scandaleuses faites
en un jour, que la morale publique réprouve, et réprouve
à juste titre. (Longs applaudissements.)
Quoi qu'on en puisse dire, il faut que les capitaux se
gagnent par un travail sérieux, par le temps et non par
des spéculations, trop souvent au détriment de ceux qui
entrent dans les affaires et n'ont pas l'avantage de savoir
les faire eux-mêmes (Très-bien! très-bien!)
Je vais vous dire aujourd'hui ce que j'ai vu par moi-
même. Je vous demande pardon, je crains d'être un
peu long. (Non, non ! Parlez ! parlez !)
Eh bien, qu'est-ce que j'ai vu?. J'aime à donner avant
tout un éloge, et un éloge bien mérité, à mon ancien ami,
à celui qui a été le fondateur, le propagateur, et surtout
l'habile directeur de cette grande œuvre, à mon ancien e.
bon ami, M. Ferdinand de Lesseps. (Bravo! bravo! — Quel-
ques cris : Vive M. de Lesseps !)
J'ai vu, en Egypte, messieurs, ce que souffrent vos agents,
combien leur œuvre est difficile et pénible. — Ici, mes-
sieurs, il est très-facile de causer de l'isthme de Suez,
nous sommes bien assis dans de bons fauteuils, nous avons
bien dîné, un peu froidement peut-être (rires), mais enfin
ce n'est pas la faute de la Compagnie, c'est la faute du
temps (nouveaux rires), — mais quand je suis allé sur
les lieux, quand j'ai vu vos agents, — c'est-à-dire nos
agents, car ils ne sont pas les agents de la Compagnie seu-
lement, ce sont ceux de la France, ces ingénieurs du
corps impérial des ponts et chaussées, momentanément mis
à votre disposition, — quand je les ai vus diriger les tra-
vaux avec cette habileté qui n'appartient qu'à eux, quand
je les ai vus, par 40 et 45 degrés de chaleur, buvant de
l'eau saumâtre, mangeant du biscuit, couchant dans le sa-
ble brûlant ; quand je les ai vus souffrir ce qu'ils souf-
fraient (et cela, non pas dans l'intérêt de l'affaire, car vous
les payez bien ; mais vous ne les payez pas d'une manière
exagérée, sans doute; vous faites vos affaires convenable-
ment), j'ai reconnu que ce qui les soutenait, c'était cet es-
prit, ce sentiment qu'on rencontre toujours chez les Fran-
çais, quand il s'agit d'une grande œuvre ; c'était le moral
qui soutenait le physique. Ces hommes dévoués, je me
plais à leur rendre ici un éclatant hommage.
Ah ! parce qu'ils sont loin de nous, ne les oublions pas,
messieurs. (Vive sensation.) J'ai trouvé parmi eux les Voisin,
les Sciama, les Laroche, les Larousse, et tant d'autres qui
illustrent la France sur cette terre d'Egypte; j'y ai trouvé
non-seulement les ingénieurs, mais les contre-maîtres,
mais tous ces ouvriers dévoués qui mettent tout leur cœur,
tous leurs bons sentiments au service de leurs devoirs
Ah ! messieurs, parce que vous êtes ici, et que vous êtes à
la tête de ces hommes, ne les oubliez pas, et qu'un souve-
nir de Paris, de la patrie éloignée, aille réchauffer leur
cœur, bien que leur cœur n'ait pas besoin d'être réchauffé.
(Sensation, vifs applaudissements.)
Si je vous rappelle ce qui se passe en Egypte, messieurs,
c'est que la plupart d'entre vous n'y sont pas allés. Qu'ils
veuillent bien me permettre de leur dire ce que j'ai vu. Je
ne saurai peut-être pas vous en faire un tableau assez
frappant.
Quand j'ai vu les travailleurs égyptiens, qu'on vous re-
présente si faussement comme maltraités par nous ; quand
j'ai vu cette fourmilière d'hommes, grands, élancés, mai-
gres, bruns de peau, sous un soleil ardent, un peu dé-
charnés, pour la plupart très-jeunes, montant sur des but-
tes de sable pour creuser le canal, je me suis rappelé
l'ancienne Egypte, et je lui ai comparé le présent avec
orgueil, et cet orgueil, vous le partagerez. Je me disais :
Cette terre d'Egypte est bien curieuse, elle est bien singu-
lière! Non-seulement elle conserve les monuments, mais
on dirait d'un climat conservateur par excellence, conser-
vateur des mœurs presque autant que des monuments. Eh
bien ! mon âme se réjouissait, mon esprit s'agrandissait à
la pensée que ce pays qui pour le despotisme avait construit
de beaux monuments, qui s'appelaient les tombeaux des
roi:" les Pyramides, monument de vanité et de tyrannie
autant que de grandeur; que ce pays, aujourd'hui qu'il
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