Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1864 15 février 1864
Description : 1864/02/15 (A9,N184). 1864/02/15 (A9,N184).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033153
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
100 L'ISTHME DE SUEZ,
Son Altesse Impériale. Pour nous donc comme pour
la plus grande partie des assistants, l'événement
avait le charme et l'inconnu de la nouveauté. Nous
savions par ses antécédents au sénat que le prince
avait les qualités de l'orateur, et si son auditoire at-
tendait beaucoup de lui nous ne serons que justes et
vrais en disant qu'il a complétement satisfait cette
attente. Sa voix) ample et sonore remplissait les
profondeurs de làTvaste enceinte ; son geste est sobre
et simple, et comme les esprits nourris aux bonnes
sources, c'est sur la pensée, c'est sur la connais-
sance des choses dont il parle et non sur le cliquetis
plus ou moins artificiel des mots qu'il fonde l'auto-
rité de son éloquence. Elle n'est ni pédantesque, ni
prétentieuse, ni recherchée? Elle semble jaillir de
l'abondance de la conviction. Elle sait être familière
et elle sait s'élever. Elle est incisive et substantielle,
spirituelle et solide. Beaucoup de traits et peu de
périodes, de la vigueur, de l'élan, de la franchise et
un accent persuadé qui persuade.
Si la forme est simple, à en juger par ce que nous
avons entendu, le fond n'est jamais vulgaire. Il
est plein, au contraire, et découvre de nouveaux aper-
çus dans des questions qui semblent épuisées. Il
discute et ne dogmatise pas. Il cause et il ne prêche
pas. C'est en un mot. l'orateur d'action qui paraît
n'avoir aucun goût pour le rôle d'orateur pompeux.
C'est ainsi du moins qu'il nous a paru dans cette
allocution du banquet où pendant une heure un quart,
le prince Napoléon a tenu seize cents personnes pal-
pitantes et enthousiasmées sous sa parole. Le succès
qu'il a obtenu a été éclatant, unanime, et il s'est
manifesté par des interruptions presque continues
d'applaudissements. Un journal du soir a dit que si
la cause du canal de Suez était à gagner, après ce
discours, elle serait gagnée. Nous sommes tout à
fait de cet avis, car jamais le bon sens, la vérité des
choses et le tact des affaires ne s'est fait entendre
dans un langage plus net et plus ferme en même
temps que plus conciliateur de tous les intérêts lé-
gitimes. C'est donc un service que le prince vient
de rendre au canal de Suez, et nous osons ajouter
que c'est une belle et une bonne action qu'il vient de
faire. Par nous ne savons quel prestige le sens na-
tional semblait s'être tout à coup perverti ou évanoui
dans le jugement de quelques hommes qu'on croyait
devoir en être les gardiens naturels. L'opinion pu-
blique n'en avait pas été ébranlée, mais elle en avait
été affligée et déconcertée. Le prince Napoléon vient
de relever les principes, de rendre au patriotisme
français l'intégrité de son auréole, de replacer les
questions sur le terrain de la sincérité et du droit.
Voilà ce que nous pensons de son discours, et il
ne nous reste plus qu'à le soumettre à nos lecteurs
pour qu'ils puissent, à leur tour, prononcer sur la
justesse de notre jugement.
Discours de S. A. 1. le Prince Napoléon.
Messieurs,
Je propose un toast que vous fporterez avec autant de
plaisir, avec autant d'enthousiasme que moi : A la Compa-
gnie de l'isthme de Suez 1 (Applaudissements.)
Permettez-moi, messieurs, d'entrer dans quelques déve-
loppements ; je m'y crois autorisé par le caractère même
de notre réunion ; je la considère presque comme une fête
de famille.
Vous venez d'obtenir votre premier et grand succès
matériel : le canal d'eau douce du Nil à Suez est terminé.
Ces rivages arides viennent, par l'intelligente activité des
agents de la Compagnie, de recevoir l'eau qui leur man-
quait; c'est non-seulement un bienfait immense pour un
des ports où doit aboutir le canal maritime ; mais la Com-
pagnie y trouve un instrument indispensable pour l'achève-
ment de la grande œuvre qu'elle a entreprise : le canal
d'eau douce est le préliminaire nécessaire du canal ma-
ritime.
Vos ennemis ont voulu faire coïncider un échec moral
avec votre succès matériel. (Oui ! oui ! c'est vrai !) C'est pour
répondre à cette attaque que nous nous réunissons ici.
Pour ma part, je le déclare : j'aime ces errements, ces
habitudes d'un pays libre, où l'on vient parler de ses af-
faires à-la face de tous, au grand jour, pour les exposer
devant ses ennemis comme devant ses amis, et appeler
sur elles les manifestations de l'opinion publique.
Vous m'avez fait, messieurs, votre comité m'a fait le
grand honneur de me proposer la présidence de cette as-
semblée, et je l'ai acceptée avec reconnaissance. Mais per-
mettez-moi de vous dire tout mon sentiment, car je crois
qu'ici nous ne devons rien dissimuler. (Non! non! -
Bravo !)
Avant de visiter l'Egypte, un sentiment sympathique
m'attachait à votre entreprise. J'étais bien disposé pour
elle. Aujourd'hui que je l'ai vue de près, je lui suis com-
plètement acquis. Il y a quelques mois, je suis allé en
Egypte ; j'ai voulu étudier de près l'exécution de vos tra- -
vaux et les apprécier par moi-même. Avant d'avoir vu, j'es-
pérais, maintenant, je crois. Ce qui n'était qu'un espoir
est devenu une certitude. Permettez-moi de m'en féliciter
avec vous. (Applaudissements.)
Comme je crois que chacun doit parler avec une en-
tière franchise, j'aime à dire toute ma façon de penser.
Je ne blâme pas ceux qui, ayant des positions élevées
dans l'Etat, prennent un intérêt dans les affaires indus-
trielles qu'ils peuvent être appelés à juger ; je ne jette pas
un blâme sur eux, mais je tiens à constater que je ne les
imite pas; ce qui, assurément, n'ôte rien aux sympathies
qu'elles m'inspirent, mais me rend plus indépendant vis-à-
vis de mes convictions. Je ne suis intéressé dans aucune en-
treprise d'aucun genre (bravo ! bravo !) ; je ne le suis même
pas dans la vôtre, qui m'est si sympathique.
Il y a quelques années, dans l'héritage de celui qui fut
Son Altesse Impériale. Pour nous donc comme pour
la plus grande partie des assistants, l'événement
avait le charme et l'inconnu de la nouveauté. Nous
savions par ses antécédents au sénat que le prince
avait les qualités de l'orateur, et si son auditoire at-
tendait beaucoup de lui nous ne serons que justes et
vrais en disant qu'il a complétement satisfait cette
attente. Sa voix) ample et sonore remplissait les
profondeurs de làTvaste enceinte ; son geste est sobre
et simple, et comme les esprits nourris aux bonnes
sources, c'est sur la pensée, c'est sur la connais-
sance des choses dont il parle et non sur le cliquetis
plus ou moins artificiel des mots qu'il fonde l'auto-
rité de son éloquence. Elle n'est ni pédantesque, ni
prétentieuse, ni recherchée? Elle semble jaillir de
l'abondance de la conviction. Elle sait être familière
et elle sait s'élever. Elle est incisive et substantielle,
spirituelle et solide. Beaucoup de traits et peu de
périodes, de la vigueur, de l'élan, de la franchise et
un accent persuadé qui persuade.
Si la forme est simple, à en juger par ce que nous
avons entendu, le fond n'est jamais vulgaire. Il
est plein, au contraire, et découvre de nouveaux aper-
çus dans des questions qui semblent épuisées. Il
discute et ne dogmatise pas. Il cause et il ne prêche
pas. C'est en un mot. l'orateur d'action qui paraît
n'avoir aucun goût pour le rôle d'orateur pompeux.
C'est ainsi du moins qu'il nous a paru dans cette
allocution du banquet où pendant une heure un quart,
le prince Napoléon a tenu seize cents personnes pal-
pitantes et enthousiasmées sous sa parole. Le succès
qu'il a obtenu a été éclatant, unanime, et il s'est
manifesté par des interruptions presque continues
d'applaudissements. Un journal du soir a dit que si
la cause du canal de Suez était à gagner, après ce
discours, elle serait gagnée. Nous sommes tout à
fait de cet avis, car jamais le bon sens, la vérité des
choses et le tact des affaires ne s'est fait entendre
dans un langage plus net et plus ferme en même
temps que plus conciliateur de tous les intérêts lé-
gitimes. C'est donc un service que le prince vient
de rendre au canal de Suez, et nous osons ajouter
que c'est une belle et une bonne action qu'il vient de
faire. Par nous ne savons quel prestige le sens na-
tional semblait s'être tout à coup perverti ou évanoui
dans le jugement de quelques hommes qu'on croyait
devoir en être les gardiens naturels. L'opinion pu-
blique n'en avait pas été ébranlée, mais elle en avait
été affligée et déconcertée. Le prince Napoléon vient
de relever les principes, de rendre au patriotisme
français l'intégrité de son auréole, de replacer les
questions sur le terrain de la sincérité et du droit.
Voilà ce que nous pensons de son discours, et il
ne nous reste plus qu'à le soumettre à nos lecteurs
pour qu'ils puissent, à leur tour, prononcer sur la
justesse de notre jugement.
Discours de S. A. 1. le Prince Napoléon.
Messieurs,
Je propose un toast que vous fporterez avec autant de
plaisir, avec autant d'enthousiasme que moi : A la Compa-
gnie de l'isthme de Suez 1 (Applaudissements.)
Permettez-moi, messieurs, d'entrer dans quelques déve-
loppements ; je m'y crois autorisé par le caractère même
de notre réunion ; je la considère presque comme une fête
de famille.
Vous venez d'obtenir votre premier et grand succès
matériel : le canal d'eau douce du Nil à Suez est terminé.
Ces rivages arides viennent, par l'intelligente activité des
agents de la Compagnie, de recevoir l'eau qui leur man-
quait; c'est non-seulement un bienfait immense pour un
des ports où doit aboutir le canal maritime ; mais la Com-
pagnie y trouve un instrument indispensable pour l'achève-
ment de la grande œuvre qu'elle a entreprise : le canal
d'eau douce est le préliminaire nécessaire du canal ma-
ritime.
Vos ennemis ont voulu faire coïncider un échec moral
avec votre succès matériel. (Oui ! oui ! c'est vrai !) C'est pour
répondre à cette attaque que nous nous réunissons ici.
Pour ma part, je le déclare : j'aime ces errements, ces
habitudes d'un pays libre, où l'on vient parler de ses af-
faires à-la face de tous, au grand jour, pour les exposer
devant ses ennemis comme devant ses amis, et appeler
sur elles les manifestations de l'opinion publique.
Vous m'avez fait, messieurs, votre comité m'a fait le
grand honneur de me proposer la présidence de cette as-
semblée, et je l'ai acceptée avec reconnaissance. Mais per-
mettez-moi de vous dire tout mon sentiment, car je crois
qu'ici nous ne devons rien dissimuler. (Non! non! -
Bravo !)
Avant de visiter l'Egypte, un sentiment sympathique
m'attachait à votre entreprise. J'étais bien disposé pour
elle. Aujourd'hui que je l'ai vue de près, je lui suis com-
plètement acquis. Il y a quelques mois, je suis allé en
Egypte ; j'ai voulu étudier de près l'exécution de vos tra- -
vaux et les apprécier par moi-même. Avant d'avoir vu, j'es-
pérais, maintenant, je crois. Ce qui n'était qu'un espoir
est devenu une certitude. Permettez-moi de m'en féliciter
avec vous. (Applaudissements.)
Comme je crois que chacun doit parler avec une en-
tière franchise, j'aime à dire toute ma façon de penser.
Je ne blâme pas ceux qui, ayant des positions élevées
dans l'Etat, prennent un intérêt dans les affaires indus-
trielles qu'ils peuvent être appelés à juger ; je ne jette pas
un blâme sur eux, mais je tiens à constater que je ne les
imite pas; ce qui, assurément, n'ôte rien aux sympathies
qu'elles m'inspirent, mais me rend plus indépendant vis-à-
vis de mes convictions. Je ne suis intéressé dans aucune en-
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