Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1864 15 février 1864
Description : 1864/02/15 (A9,N184). 1864/02/15 (A9,N184).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033153
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 109
céder, et s'il veut vous opprimer sous la menace de la
Porte, alors adressez-vous au gouvernement de l'Empereur. -
Il faut que tout cela passe par la voie régulière et officielle
du ministère des affaires étrangères, et non par ceux qui
sont étrangers à vos affaires.
Agissez en plein soleil. Qu'est-ce que c'est que ces arbi-
tres, que ces avis, que ces interventions dont on fait tant
de bruit? Je n'en sais rien, et je n'en veux rien savoir.
Ne vous occupez pas de cela, tout ce qui ne se fait pas au
grand jour officiel, tout ce qui affecte l'ombre est mau-
vais. (Bruyants applaudissements.)
Encore une fois, vous n'avez rien à craindre, marchez
en avant, marchez au grand jour de l'opinion publique.
Exposez, développez vos idées, vos projets, ne cachez rien;
mais marchez régulièrement, honnêtement, comme vous
l'avez toujours fait.
Permettez-moi de déclarer, en terminant ce trop long dis-
cours, que vous ne devez attribuer aucune attache officielle
à ce que je viens de vous dire. Si j'ai un défaut, je l'ai,
et il me sera difficile de m'en corriger, c'est celui d'une
extrême franchise. Tout ce que je vous ai dit, c'est mon
opinion individuelle, personnelle; elle n'engage que moi
seul. Cependant, je suis tellement convaincu de la bonté
de la cause que je viens de défendre, de la justesse des idées
que je viens d'émettre, que si l'opinion publique les adopte,
j'aime à espérer que le gouvernement les approuvera aussi.
J'ai confiance dans le gouvernement de l'Empereur, pro
tecteur naturel des droits des citoyens français à l'étranger.
(Applaudissements prolongés.)
Toutes les relations de la presse sont d'accord
pour constater le profond effet produit sur l'assem
blée entière par cette improvisation. La vérité est
qu'à peine le dernier mot en était-il prononcé, la
salle éclatait en une puissante et unanime acclama-
tion qui,, après s'être prolongée plusieurs minutes, ne
s'arrêtait que pour recommencer, et d'après ce que
nous avons dit de sa composition, certes les bons juges
et les juges compétents ne manquaient pas dans cet
auditoire.
Ces émotions un peu calmées, M. Ferdinand de
Lesseps a répondu au prince en ces termes :
Discours de M. Ferdinand de Lesseps,
Monseigneur, Messieurs,
Après les éloquentes et généreuses paroles que
nous venons d'entendre, ce n'est point sans embar-
ras que je me lève, même pour remplir un devoir,
le devoir d'exprimer au nom du Conseil d'adminis-
tration et de son président l'hommage de remercî-
ments et de reconnaissance qu'ils vous adressent
du fond du cœur. (Applaudissements.)
Mais ceux auxquels vous décernez les honneurs de
cette imposante manifestation savent se rendre jus-
tice, ils n'en acceptent que la plus humble part.
Une pensée plus haute les domine.
En parcourant du regard cette vaste assemblée,
ils se disent : Il y a ici l'attestation d'un fait moral
immense ; ici apparaît la preuve que notre pays n'a
rien perdu de ce vieux sens national qui l'a tou-
jours rallié autour du drapeau du progrès et de la
civilisation des peuples.
Ici se trouve le plus puissant encouragement,
dans le présent et dans l'avenir, pour les hommes
de dévouement et de bonne volonté qui veulent se
consacrer aux œuvres du bien public. (Nouveaux
applaudissements).
Ici est l'esprit de la France, le secret de son action
expansive. (Très-bien! très-bien!)
Le 29 décembre dernier, une fête pacifique, la fête
du travail, se célébrait à Suez. Un fleuve s'élançait
à travers des solitudes condamnées à une désolation
séculaire. Les populations musulmanes accourues
au passage de l'eau douce y plongeaient leurs
mains, y mouillaient leurs lèvres pour se convaincre
que c'était bien le Nil béni. Au milieu de ses core-
ligionnaires un vieillard s'écriait : « Les chrétiens
sont donc aussi les enfants de Dieu! Ils sont nos
frères! »
La fraternité des races et des croyances se révélait
à la foule étonnée, et, le même jour, l'aile de l'élec-
tricité répandait en Europe cette nouvelle : «les deux
mers sont réunies! le Nil est à Suez ! »
Le Nil à Suez! c'est pour l'Egypte une province
ajoutée à son riche territoire. C'est la vie, c'est la
prospérité du port oriental de l'Egypte, que vous
avez affranchi de l'étreinte aride du désert.
Ainsi, lerpremier résultat de votre entreprise a été
un bienfait pour le pays auquel vous aviez, avec
tant de confiance, apporté vos épargnes et vos capi-
taux.
Vous avez répondu à l'acclamation égyptienne
par une manifestation digne de la pensée universelle
qui a créé notre œuvre.
Où pourrions-nous trouver une expression plus
complète du sentiment public? (Acclamations.)
Nous avons ici des représentants de toutes les
opinions, de toutes les intelligences, de toutes les
professions.
Vous avez, par le concours de vos adhésions iso-
lées, formé un ensemble qui est le résumé de notre
société française.
De nombreuses députations départementales ont
voulu venir joindre leurs voix à celles de Paris.
Sans mot d'ordre, sans projet préconçu, vous
voilà tous groupés dans ce palais de l'industrie uni-
verselle. Vous donnez ainsi une preuve spontanée
céder, et s'il veut vous opprimer sous la menace de la
Porte, alors adressez-vous au gouvernement de l'Empereur. -
Il faut que tout cela passe par la voie régulière et officielle
du ministère des affaires étrangères, et non par ceux qui
sont étrangers à vos affaires.
Agissez en plein soleil. Qu'est-ce que c'est que ces arbi-
tres, que ces avis, que ces interventions dont on fait tant
de bruit? Je n'en sais rien, et je n'en veux rien savoir.
Ne vous occupez pas de cela, tout ce qui ne se fait pas au
grand jour officiel, tout ce qui affecte l'ombre est mau-
vais. (Bruyants applaudissements.)
Encore une fois, vous n'avez rien à craindre, marchez
en avant, marchez au grand jour de l'opinion publique.
Exposez, développez vos idées, vos projets, ne cachez rien;
mais marchez régulièrement, honnêtement, comme vous
l'avez toujours fait.
Permettez-moi de déclarer, en terminant ce trop long dis-
cours, que vous ne devez attribuer aucune attache officielle
à ce que je viens de vous dire. Si j'ai un défaut, je l'ai,
et il me sera difficile de m'en corriger, c'est celui d'une
extrême franchise. Tout ce que je vous ai dit, c'est mon
opinion individuelle, personnelle; elle n'engage que moi
seul. Cependant, je suis tellement convaincu de la bonté
de la cause que je viens de défendre, de la justesse des idées
que je viens d'émettre, que si l'opinion publique les adopte,
j'aime à espérer que le gouvernement les approuvera aussi.
J'ai confiance dans le gouvernement de l'Empereur, pro
tecteur naturel des droits des citoyens français à l'étranger.
(Applaudissements prolongés.)
Toutes les relations de la presse sont d'accord
pour constater le profond effet produit sur l'assem
blée entière par cette improvisation. La vérité est
qu'à peine le dernier mot en était-il prononcé, la
salle éclatait en une puissante et unanime acclama-
tion qui,, après s'être prolongée plusieurs minutes, ne
s'arrêtait que pour recommencer, et d'après ce que
nous avons dit de sa composition, certes les bons juges
et les juges compétents ne manquaient pas dans cet
auditoire.
Ces émotions un peu calmées, M. Ferdinand de
Lesseps a répondu au prince en ces termes :
Discours de M. Ferdinand de Lesseps,
Monseigneur, Messieurs,
Après les éloquentes et généreuses paroles que
nous venons d'entendre, ce n'est point sans embar-
ras que je me lève, même pour remplir un devoir,
le devoir d'exprimer au nom du Conseil d'adminis-
tration et de son président l'hommage de remercî-
ments et de reconnaissance qu'ils vous adressent
du fond du cœur. (Applaudissements.)
Mais ceux auxquels vous décernez les honneurs de
cette imposante manifestation savent se rendre jus-
tice, ils n'en acceptent que la plus humble part.
Une pensée plus haute les domine.
En parcourant du regard cette vaste assemblée,
ils se disent : Il y a ici l'attestation d'un fait moral
immense ; ici apparaît la preuve que notre pays n'a
rien perdu de ce vieux sens national qui l'a tou-
jours rallié autour du drapeau du progrès et de la
civilisation des peuples.
Ici se trouve le plus puissant encouragement,
dans le présent et dans l'avenir, pour les hommes
de dévouement et de bonne volonté qui veulent se
consacrer aux œuvres du bien public. (Nouveaux
applaudissements).
Ici est l'esprit de la France, le secret de son action
expansive. (Très-bien! très-bien!)
Le 29 décembre dernier, une fête pacifique, la fête
du travail, se célébrait à Suez. Un fleuve s'élançait
à travers des solitudes condamnées à une désolation
séculaire. Les populations musulmanes accourues
au passage de l'eau douce y plongeaient leurs
mains, y mouillaient leurs lèvres pour se convaincre
que c'était bien le Nil béni. Au milieu de ses core-
ligionnaires un vieillard s'écriait : « Les chrétiens
sont donc aussi les enfants de Dieu! Ils sont nos
frères! »
La fraternité des races et des croyances se révélait
à la foule étonnée, et, le même jour, l'aile de l'élec-
tricité répandait en Europe cette nouvelle : «les deux
mers sont réunies! le Nil est à Suez ! »
Le Nil à Suez! c'est pour l'Egypte une province
ajoutée à son riche territoire. C'est la vie, c'est la
prospérité du port oriental de l'Egypte, que vous
avez affranchi de l'étreinte aride du désert.
Ainsi, lerpremier résultat de votre entreprise a été
un bienfait pour le pays auquel vous aviez, avec
tant de confiance, apporté vos épargnes et vos capi-
taux.
Vous avez répondu à l'acclamation égyptienne
par une manifestation digne de la pensée universelle
qui a créé notre œuvre.
Où pourrions-nous trouver une expression plus
complète du sentiment public? (Acclamations.)
Nous avons ici des représentants de toutes les
opinions, de toutes les intelligences, de toutes les
professions.
Vous avez, par le concours de vos adhésions iso-
lées, formé un ensemble qui est le résumé de notre
société française.
De nombreuses députations départementales ont
voulu venir joindre leurs voix à celles de Paris.
Sans mot d'ordre, sans projet préconçu, vous
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