JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. '77
Manifestations individuelles.
J1. H propriétaire.
Noyon, 17 janvier 1864.
Si le Conseil d'administration avait eu la faiblesse
de se soumettre aux propositions ruineuses de Nubar-
Pacha, c'eût été le cri de sauve qui peut, poussé
par l'état-major; et dans la déroute, de même que
l'artilleur coupe les traits et abandonne le canon, j'au-
rais cherché à me débarrasser de mes actions. Mais
la réponse digne et ferme qui a été faite avec tant
d'à-propos et de convenance, démontre que nos admi-
nistrateurs sont hommes de cœur, et qu'ils savent
parfaitement comprendre les intérêts et surtout l'hon-
neur de la Compagnie. Ils ont fait leur devoir; cela
m'a engagé à faire le mien. Je viens donc d'acheter
cinq nouvelles actions, pour avoir le droit d'aller, au
lpr mars, défendre les intérêts français contre les
manœuvres immorales des Turcs et des Anglais. C'est,
selon moi, la meilleure réponse qu'un actionnaire
puisse faire à leur mauvaise chicane.
Ce n'est pas sans surprise que l'on voit trois avocats
français, qui ont la prétention de vouloir en remon-
trer au gouvernement et de connaître mieux que lui
les intérêts de la France, prendre la défense de cette
cause antifrançaise.
Chacun, à ce qu'il parait, comprend les intérêts
de son pays à sa manière. Mais en attendant, si les
avocats qui attaquent, avec tant de passion, une
Compagnie dans laquelle tant d'intérêts français sont
engagés, parvenaient à gagner leur triste cause ; ce
qu'il y aurait, surtout, de bien pénible pour les vingt-
cinq mille familles qui seraient victimes de cette spolia-
tion, c'est de savoir que leur ruine aurait été causée
par le talent de quelques-uns de leurs compatriotes.
Tout le monde est d'accord sur ce point : c'est que
le caractère si honorable de M. de Lesseps ne peut,
à la suite de ces attaques, que grandir encore dans
l'opinion, par suite de la comparaison que l'on ne
peut s'empêcher de faire entre lui et ses adversaire::.
De son côté est la droiture française ; de l'autre côté
la chicane et la ruse britanniques.
M. P. , architecte.
Paris, rue Saint-Georges, 20 janvier.
Les adversaires de M. de Lesseps n'ont pas com-
pris qu'en voulant le renverser, ils l'élevaient d'aulant
plus. Les moyens employés pour amener la ruine de
la Société sont de ceux que réprouvent la justice et
la raison. Ils se retourneront un jour contre ceux qui
les ont préparés.
A qui, en effet, ces attaques peuvent-elles pro-
nter ?
Ce n'est pas à la science, évidemment, puisque
l'un des problèmes les plus vastes et les plus étendus
de l'art moderne s'y trouve recevoir une solution
déjà réalisée.
Ce n'est pas à la civilisation, puisque la multipli-
cité et la facilité des rapports internationaux déve-
loppent de plus en plus les richesses du commerce et
de l'industrie, apportant spécialement au sol égyp.
tien l'abondance et la vie.
Ce n'est pas, enfin, aux actionnaires, puisque cette
œuvre, entreprise en grande partie par les capitaux
français, est Je résultat des souscriptions de fortunes
modestes et d'hommes ayant au plus haut degré la
susceptibilité de l'esprit national, et qui, par cela
même, méritent d'autant plus d'être protég'és.
Ces attaques, nous le répétons, ne peuvent, en
France, profiter à personne.
Si, au contraire, l'esprit d'envie se trouve mis en
éveil par les sourdes menées d'un gouvernement
jaloux de la France, au risque de froisser les suscep-
tibilités nationales de deux grands peuples, n'y a-t-il
pas quelque triste malentendu à leur opposer les sub-
tilités de l'interprétation des textes?
Un traité a été fait, et franchement accepté, entre
la Société et Saïd-Pacha; ce traité a été confirmé et
modifié d'un commun accord avec Ismaïl-Pacha et
M. de Lesseps ; ces modifications, soumises à l'as-
semblée générale, ont été votées par elle. Pourquoi
le sultan voudrait-il apporter des entraves à cette
grande œuvre, qui doit faire la gloire de son règne
et de celui des vice-rois d'Egypte qui y auront con-
couru. lorsque l'exécution se trouve tellement avan-
cée que les bienfaits, d'abord pour l'Egypte et ensuit
pour le monde entier, se trouvent aujourd'hui à re-
cueillir? Non, le sul tan et le vice-roi, se plaçant au point
de vue élevé d'un tel sujet, se dégageant de pressions
étrangères, acceptant les traités dans leur esprit,
comme il convient à des souverains, ne voudront pas
que les auteurs et coopérateurs à la grande œuvre
qui, par leur courage et leur persévérance, ont obtenu
de tels résultats, soient déshérités de la part légitime
qui leur est attribuée.
Au nom des intérêts français , au nom des garan-
ties de la conscience publique , comme l'un des action-
naires que les considérations d'intérêt n'ont pas in-
fluencé dans sa participation à cette grande œuvre,
je me joins à mes coassociés pour protester hautement
contre l'opposition systématique et déloyale adoptée
jusqu'à ce jour, ne doutant pas que si justice ne leur
était pas rendue, le gouvernement français saurait,
le cas échéant, couvrir de sa protection les intérêts de
ses nationaux.
M. L à Louviers.
21 janvier.
Je regrette sincèrement, Monsieur, que l'occasion
Manifestations individuelles.
J1. H propriétaire.
Noyon, 17 janvier 1864.
Si le Conseil d'administration avait eu la faiblesse
de se soumettre aux propositions ruineuses de Nubar-
Pacha, c'eût été le cri de sauve qui peut, poussé
par l'état-major; et dans la déroute, de même que
l'artilleur coupe les traits et abandonne le canon, j'au-
rais cherché à me débarrasser de mes actions. Mais
la réponse digne et ferme qui a été faite avec tant
d'à-propos et de convenance, démontre que nos admi-
nistrateurs sont hommes de cœur, et qu'ils savent
parfaitement comprendre les intérêts et surtout l'hon-
neur de la Compagnie. Ils ont fait leur devoir; cela
m'a engagé à faire le mien. Je viens donc d'acheter
cinq nouvelles actions, pour avoir le droit d'aller, au
lpr mars, défendre les intérêts français contre les
manœuvres immorales des Turcs et des Anglais. C'est,
selon moi, la meilleure réponse qu'un actionnaire
puisse faire à leur mauvaise chicane.
Ce n'est pas sans surprise que l'on voit trois avocats
français, qui ont la prétention de vouloir en remon-
trer au gouvernement et de connaître mieux que lui
les intérêts de la France, prendre la défense de cette
cause antifrançaise.
Chacun, à ce qu'il parait, comprend les intérêts
de son pays à sa manière. Mais en attendant, si les
avocats qui attaquent, avec tant de passion, une
Compagnie dans laquelle tant d'intérêts français sont
engagés, parvenaient à gagner leur triste cause ; ce
qu'il y aurait, surtout, de bien pénible pour les vingt-
cinq mille familles qui seraient victimes de cette spolia-
tion, c'est de savoir que leur ruine aurait été causée
par le talent de quelques-uns de leurs compatriotes.
Tout le monde est d'accord sur ce point : c'est que
le caractère si honorable de M. de Lesseps ne peut,
à la suite de ces attaques, que grandir encore dans
l'opinion, par suite de la comparaison que l'on ne
peut s'empêcher de faire entre lui et ses adversaire::.
De son côté est la droiture française ; de l'autre côté
la chicane et la ruse britanniques.
M. P. , architecte.
Paris, rue Saint-Georges, 20 janvier.
Les adversaires de M. de Lesseps n'ont pas com-
pris qu'en voulant le renverser, ils l'élevaient d'aulant
plus. Les moyens employés pour amener la ruine de
la Société sont de ceux que réprouvent la justice et
la raison. Ils se retourneront un jour contre ceux qui
les ont préparés.
A qui, en effet, ces attaques peuvent-elles pro-
nter ?
Ce n'est pas à la science, évidemment, puisque
l'un des problèmes les plus vastes et les plus étendus
de l'art moderne s'y trouve recevoir une solution
déjà réalisée.
Ce n'est pas à la civilisation, puisque la multipli-
cité et la facilité des rapports internationaux déve-
loppent de plus en plus les richesses du commerce et
de l'industrie, apportant spécialement au sol égyp.
tien l'abondance et la vie.
Ce n'est pas, enfin, aux actionnaires, puisque cette
œuvre, entreprise en grande partie par les capitaux
français, est Je résultat des souscriptions de fortunes
modestes et d'hommes ayant au plus haut degré la
susceptibilité de l'esprit national, et qui, par cela
même, méritent d'autant plus d'être protég'és.
Ces attaques, nous le répétons, ne peuvent, en
France, profiter à personne.
Si, au contraire, l'esprit d'envie se trouve mis en
éveil par les sourdes menées d'un gouvernement
jaloux de la France, au risque de froisser les suscep-
tibilités nationales de deux grands peuples, n'y a-t-il
pas quelque triste malentendu à leur opposer les sub-
tilités de l'interprétation des textes?
Un traité a été fait, et franchement accepté, entre
la Société et Saïd-Pacha; ce traité a été confirmé et
modifié d'un commun accord avec Ismaïl-Pacha et
M. de Lesseps ; ces modifications, soumises à l'as-
semblée générale, ont été votées par elle. Pourquoi
le sultan voudrait-il apporter des entraves à cette
grande œuvre, qui doit faire la gloire de son règne
et de celui des vice-rois d'Egypte qui y auront con-
couru. lorsque l'exécution se trouve tellement avan-
cée que les bienfaits, d'abord pour l'Egypte et ensuit
pour le monde entier, se trouvent aujourd'hui à re-
cueillir? Non, le sul tan et le vice-roi, se plaçant au point
de vue élevé d'un tel sujet, se dégageant de pressions
étrangères, acceptant les traités dans leur esprit,
comme il convient à des souverains, ne voudront pas
que les auteurs et coopérateurs à la grande œuvre
qui, par leur courage et leur persévérance, ont obtenu
de tels résultats, soient déshérités de la part légitime
qui leur est attribuée.
Au nom des intérêts français , au nom des garan-
ties de la conscience publique , comme l'un des action-
naires que les considérations d'intérêt n'ont pas in-
fluencé dans sa participation à cette grande œuvre,
je me joins à mes coassociés pour protester hautement
contre l'opposition systématique et déloyale adoptée
jusqu'à ce jour, ne doutant pas que si justice ne leur
était pas rendue, le gouvernement français saurait,
le cas échéant, couvrir de sa protection les intérêts de
ses nationaux.
M. L à Louviers.
21 janvier.
Je regrette sincèrement, Monsieur, que l'occasion
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