Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1864 01 février 1864
Description : 1864/02/01 (A9,N183). 1864/02/01 (A9,N183).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203314p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
92 L'ISTHME DE SUEZ,
» L'administration de la Compagnie n'était pas libre
d'accepter de telles propositions ; elle n'en avait pas le
droit. Aussi les a-t-elle repoussées péremptoirement
dans une délibération fortement motivée, et dont les
considérants peuvent se résumer ainsi :
« Ces propositions sont autant de dérogations au
» contrat sur la foi duquel vingt-cinq mille souscrip-
» teurs ont répondu à l'appel du prince, et la Compa-
» gnie a été constituée.
» Le Conseil ne pourrait accepter de telles déroga-
» tions qu'autant qu'elles seraient justifiées par des
» nécessités et des avantages évidents, et si elles n'é-
» taient pas contraires aux intérêts de l'œuvre du per-
» cement de l'isthme ; mais ces dérogations ne se justi-
» fient par aucune nécessité, et elles sont, en outre, in-
» compatibles avec la poursuite efficace des travaux de
» la Compagnie. »
» Ce refus aurait dù clôre le débat. Mais Nubar-Pa-
cha n'a pas cru sa mission terminée. Pour mieux la
remplir, il s'est d'abord rapproché d'une partie de la
presse parisienne, jusqu'alors unanime dans l'appui
qu'elle prêtait à la Compagnie, et il s'est adressé à
quelques journaux qui, subitement éclairés d'une lumière
nouvelle, ont pris parti contre l'administration de Les-
seps, qu'ils attaquent maintenant avec une violence
tout à fait inattendue. Ensuite, Nubar-Pacha a provo-
que des mêmes jurisconsultes qui, en 1860, s'étaient
prononcés contrairement à leurs confrères de Paris,
une seconde consultation plus développée que la pre-
mière, mais conçue dans le même esprit, et sous une
forme acrimonieuse qui étonne.
» Ici nous suspendrons notre examen.
), L'affaire est devenue judiciare. En lisant les arti-
cles publiés contre elle, en examinant les bases de la
nouvelle consultation, l'administration de la Compa-
gaie s'est aperçue que les unes et les autres reposaient
sur des textes visiblement altérés. Convaincue de la
déloyauté de ses adversaires, elle les a déférés aux
tribunaux. Nubar-Pacha aura à expliquer devant le
tribunal civil de Paris les documents imparfaits ou
tronqués qu'il a communiqués à MM. Jules Favre.
Dufaure et Odilon-Barrot, et dont l'appréciation néces-
sairement erronée a pu entraîner l'opinion de ces émi-
nents jurisconsultes. Quant aux journaux , les uns
prétendaient exprimer la pensée du gouvernement
français, et ils ont été désavoués par le Moniteur ; les
autres ont déjà subi une condamnation ou attendent
leur jugement.
» Nous devons laisser parler lia justice.
» Qu'il nous soit permis cependant de déplorer l'er-
reur fâcheuse où nous semblent être tombés d'hono-
rables jurisconsultes et des publicistes, ordinairement
mieux inspirés. Nous avons lu attentivement leurs ar-
ticles et leur consultation. Tous y traitent la question
au point de vue litigieux des droits supposés du su-
zerain et des obligations qui en dérivent. Aucun d'eux
ne s'est mis en présence de la position toute spéciale
faite à la France et à ses nationaux par cette longue
suite de traités qui, sous le nom de capitulations, re-
montent au commencement du xvie siècle, sous le
règne de François Ier, car c'est bien ce prince, et non
Henri IV, comme on l'a dit par méprise, qui signa
avec le sultan Soliman la première de ces capitula-
tions. Elle est datée de fevrier 1535 et fut renouvelée
par Henri IV en 1591. De nouvelles clauses y furent
ajoutées sous les règnes de Louis XIII, de Louis XIV
et de Louis XV, et enfin en 1802, sous le consulat de
N-apoléon le', par le traité de paix du 25 juin qui
confirma l'ensemble de nos priviléges dans toute l'é-
tendue des Etats ottomans. Il suffit d'étudier ces impor-
tantes stipulations, en les rapprochant de ce que nous
savons maintenant du véritable mobile des hostilités
dirigées contre l'entreprise de Suez, pour comprendre
que ce ne sont pas seulement les intérêts d'une Com-
pagnie commerciale qui sont mis en jeu.
» Quelque grande que soit l'œuvre de cette Compa-
gnie, la question est plus haute encore. On poursuit
deux buts qui se confondent dans une seule pensée :
on veut tout à la fois ébranler la position de la France
en Orient, notamment en Egypte où son influence porte
le plus d'ombrage, et amoindrir, la situation politique
du vice-roi en aggravant pour lui les liens d'une vas-
salité qui ne devait être que nominale. On veut, en un
mot, même au moyen d'une évidente iniquité envers
une noble et utile entreprise, réduire les pouvoirs du
vice-roi à ceux d'un simpte pacha, afin d'asseoir en
même temps sur l'abaissement moral de la France
l'omnipotence de l'Angleterre en Egypte, cette terre
indépendante qui est aussi la route des Indes orien-
tales.
» Mais c'est précisément la hauteur de cette préten-
tion qui nous fait présager son complet insuccès et
nous rassure sur le sort des actionnaires du canal de
Suez. Leurs intérêts sont trop intimement Hés à ceux de
la politique française, les attaques auxquelles ils sont
en butte s'adressent trop évidemment à la dignité, à
l'honneur du pays pour que le drapeau national ne les
couvre pas de sa protection. On a attribué à lord Pal-
merston, il y a environ vingt ans, un mot qui a con-
tribué à la chute de Louis-Philippe peut-être plus que
toutes les fautes du ministère Guizot. Mais le temps
est passé de ces joyeusetés britanniques, et si le pre-
mier lord de la trésorerie conserve encore ses vieilles
idées de 1840, il s'apercevra bientôt que ce n'est pas
sous le règne actuel qu'on fait passer la France par le
trou d'une aiguille.
» C. BARBE. »
POST-SCRIPTUM.
Au moment de mettre sous presse, nous trouvons
dans la France du 31 janvier, l'article suivant, que
nous nous empressons de reproduire :
I/Istlime de Suez.
« Dans un précédent article, nous avons cherché
à définir quelle est la limite des droits du sultan
» L'administration de la Compagnie n'était pas libre
d'accepter de telles propositions ; elle n'en avait pas le
droit. Aussi les a-t-elle repoussées péremptoirement
dans une délibération fortement motivée, et dont les
considérants peuvent se résumer ainsi :
« Ces propositions sont autant de dérogations au
» contrat sur la foi duquel vingt-cinq mille souscrip-
» teurs ont répondu à l'appel du prince, et la Compa-
» gnie a été constituée.
» Le Conseil ne pourrait accepter de telles déroga-
» tions qu'autant qu'elles seraient justifiées par des
» nécessités et des avantages évidents, et si elles n'é-
» taient pas contraires aux intérêts de l'œuvre du per-
» cement de l'isthme ; mais ces dérogations ne se justi-
» fient par aucune nécessité, et elles sont, en outre, in-
» compatibles avec la poursuite efficace des travaux de
» la Compagnie. »
» Ce refus aurait dù clôre le débat. Mais Nubar-Pa-
cha n'a pas cru sa mission terminée. Pour mieux la
remplir, il s'est d'abord rapproché d'une partie de la
presse parisienne, jusqu'alors unanime dans l'appui
qu'elle prêtait à la Compagnie, et il s'est adressé à
quelques journaux qui, subitement éclairés d'une lumière
nouvelle, ont pris parti contre l'administration de Les-
seps, qu'ils attaquent maintenant avec une violence
tout à fait inattendue. Ensuite, Nubar-Pacha a provo-
que des mêmes jurisconsultes qui, en 1860, s'étaient
prononcés contrairement à leurs confrères de Paris,
une seconde consultation plus développée que la pre-
mière, mais conçue dans le même esprit, et sous une
forme acrimonieuse qui étonne.
» Ici nous suspendrons notre examen.
), L'affaire est devenue judiciare. En lisant les arti-
cles publiés contre elle, en examinant les bases de la
nouvelle consultation, l'administration de la Compa-
gaie s'est aperçue que les unes et les autres reposaient
sur des textes visiblement altérés. Convaincue de la
déloyauté de ses adversaires, elle les a déférés aux
tribunaux. Nubar-Pacha aura à expliquer devant le
tribunal civil de Paris les documents imparfaits ou
tronqués qu'il a communiqués à MM. Jules Favre.
Dufaure et Odilon-Barrot, et dont l'appréciation néces-
sairement erronée a pu entraîner l'opinion de ces émi-
nents jurisconsultes. Quant aux journaux , les uns
prétendaient exprimer la pensée du gouvernement
français, et ils ont été désavoués par le Moniteur ; les
autres ont déjà subi une condamnation ou attendent
leur jugement.
» Nous devons laisser parler lia justice.
» Qu'il nous soit permis cependant de déplorer l'er-
reur fâcheuse où nous semblent être tombés d'hono-
rables jurisconsultes et des publicistes, ordinairement
mieux inspirés. Nous avons lu attentivement leurs ar-
ticles et leur consultation. Tous y traitent la question
au point de vue litigieux des droits supposés du su-
zerain et des obligations qui en dérivent. Aucun d'eux
ne s'est mis en présence de la position toute spéciale
faite à la France et à ses nationaux par cette longue
suite de traités qui, sous le nom de capitulations, re-
montent au commencement du xvie siècle, sous le
règne de François Ier, car c'est bien ce prince, et non
Henri IV, comme on l'a dit par méprise, qui signa
avec le sultan Soliman la première de ces capitula-
tions. Elle est datée de fevrier 1535 et fut renouvelée
par Henri IV en 1591. De nouvelles clauses y furent
ajoutées sous les règnes de Louis XIII, de Louis XIV
et de Louis XV, et enfin en 1802, sous le consulat de
N-apoléon le', par le traité de paix du 25 juin qui
confirma l'ensemble de nos priviléges dans toute l'é-
tendue des Etats ottomans. Il suffit d'étudier ces impor-
tantes stipulations, en les rapprochant de ce que nous
savons maintenant du véritable mobile des hostilités
dirigées contre l'entreprise de Suez, pour comprendre
que ce ne sont pas seulement les intérêts d'une Com-
pagnie commerciale qui sont mis en jeu.
» Quelque grande que soit l'œuvre de cette Compa-
gnie, la question est plus haute encore. On poursuit
deux buts qui se confondent dans une seule pensée :
on veut tout à la fois ébranler la position de la France
en Orient, notamment en Egypte où son influence porte
le plus d'ombrage, et amoindrir, la situation politique
du vice-roi en aggravant pour lui les liens d'une vas-
salité qui ne devait être que nominale. On veut, en un
mot, même au moyen d'une évidente iniquité envers
une noble et utile entreprise, réduire les pouvoirs du
vice-roi à ceux d'un simpte pacha, afin d'asseoir en
même temps sur l'abaissement moral de la France
l'omnipotence de l'Angleterre en Egypte, cette terre
indépendante qui est aussi la route des Indes orien-
tales.
» Mais c'est précisément la hauteur de cette préten-
tion qui nous fait présager son complet insuccès et
nous rassure sur le sort des actionnaires du canal de
Suez. Leurs intérêts sont trop intimement Hés à ceux de
la politique française, les attaques auxquelles ils sont
en butte s'adressent trop évidemment à la dignité, à
l'honneur du pays pour que le drapeau national ne les
couvre pas de sa protection. On a attribué à lord Pal-
merston, il y a environ vingt ans, un mot qui a con-
tribué à la chute de Louis-Philippe peut-être plus que
toutes les fautes du ministère Guizot. Mais le temps
est passé de ces joyeusetés britanniques, et si le pre-
mier lord de la trésorerie conserve encore ses vieilles
idées de 1840, il s'apercevra bientôt que ce n'est pas
sous le règne actuel qu'on fait passer la France par le
trou d'une aiguille.
» C. BARBE. »
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Au moment de mettre sous presse, nous trouvons
dans la France du 31 janvier, l'article suivant, que
nous nous empressons de reproduire :
I/Istlime de Suez.
« Dans un précédent article, nous avons cherché
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