Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
60 L'ISTHME DE SUEZ,
» Mais, dit-on, la corvée est une chose abominable,
que la Porte ne peut autoriser plus longtemps dans un
État qui relève de sa suzeraineté. La conscience de
tous et de chacun répondra que la morale n'est point
une question d'arithmétique, et que si la corvée est de-
venue une chose odieuse aux yeux de l'islamisme, qui
en a toléré ou patronné bien d'autres, il faut réduire à
néant et non pas seulement à 6,000, les 20,000 tra-
vailleurs que le gouvernement égyptien s'est engagé
à fournir à la Compagnie. »
» On dit encore que si le vice-roi veut que la Compa-
gnie renonce aux terrains qui lui ont été concédés, il
n'entend point faire acte d'insigne spoliation, et qu'au
contraire il indemnisera pécuniairement la Compagnie.
Mais là encore il y a à répondre que la probité n'est
point une question de quantité, qu'il n'est pas plus
honnête de reprendre partie seulement que la totalité
de ce qu'on a donné, même à titre gratuit, et à plus forte
raison à titre onéreux.
» Toutes ces considérations morales ou judiciaires qu'on
invoque pour rompre le contrat synallagmatique qui lie
l'Egypte à la Compagnie ne sont évidemment que de
misérables prétextes. Les mêmes considérations mili-
taient pour et contre du temps de Saïd-Pacha, et si
l'influence anglo-ottomanne a été plus puissante depuis
lors, c'est qu'elle a su trouver l'argument de circons-
tance qui avait manqué jusque-là. Cet argument c'est
le présent et l'avenir cotonnier dé l'Égypte.
» L'Égypte a pu récolter cette année 600,000 balles
de coton; la culture du coton en Égypte, comme en
Algérie, comme en Amérique, comme partout, est une
question de bras. Si le gouvernement égyptien n'ac-
corde plus que 6,000 travailleurs à la Compagnie, il en
aura 14,000 de plus à employer à la culture du coton.
Mais l'ancienne portion cultivable de la terre des Pha-
raons est peu de chose en comparaison de la vaste
étendue territoriale que le canal d'eau douce est entrain
de conquérir à la culture.
» L'espace qui s'étend du Caire à Suez n'est point un
désert de pur sable ; c'est une terre arable, une terre de
riches alluvions, desséchée séculairement par le soleil.
Au fur et à mesure que le désert s'imbibe de l'eau
salutaire du Nil, il se couvre d'une végétation luxu-
riante. Que sera-ce quand des deux flancs du canal s'é-
chapperont des irrigations qui rayonneront dans tous les
sens? Tout le désert sera cultivable plus ou moins
dans chacune de ses parties ; mais évidemment la plus
florissante en récolte sera celle qui, des deux côtés,
bordera le canal, et cette double zone est celle qui se
prêtera le plus efficacement à la culture du coton.
» Voilà pourquoi l'intérêt du gouvernement égyptien
de marie ici à l'intérêt anglais pour ne pas vouloir que
ces richesses cotonnières restent entre les mains de la
Compagnie française à laquelle on est redevable de
l'ouverture du canal d'eau douce.
c » Oh ! on ne comprend que trop maintenant le mobile
qui pousse le gouvernement égyptien à déposséder de
ces terrains la Compagnie, quand il devrait les lui
payer au prix coûtant et même un peu plus.Pour entrer
en pleine possession de toute la vie végétale versée par
la Compagnie .dans le désert, le gouvernement égyp-
tien consentirait volontiers à lui payer tous ses débours,
même avec une petite commission; et au besoin les
capitalistes anglais avanceraient tous les millions né-
cessaires à l'intégral rachat, sauf à prendre hypo-
thèque sur le tout.
» L'œuvre ne s'en achèverait pas moins, mais elle
s'achèverait dans les conditions que lui imposerait ce
que l'Angleterre croit être son intérêt. Elle a vociféré
contre l'impossibilité de l'œuvre, tant qu'elle était
problématique ; maintenant que l'œuvre a marché,
l'Angleterre n'a plus qu'une visée, c'est qu'elle soit
sienne et non pas nôtre.
» La France laissera-t-elle faire ? Peut-elle permettre
que cette Égypte, que nous avons arrosée et fécondée
de notre sang, avant de l'arroser et de la féconder de
son Nil, devienne purement et simplement une colonie
anglaise, et que nous en soyons réduits à nous en-
tendre jeter à la face, par tous les peuples méditerra-
néens, les fameux vers du grand poëte romain, dont
un frelon s'était imprudemment approprié le miel : Sic
Vo's non vobis ? GUSTAVE GAZAVAN. »
LE GLANEUR DE SAINT-QUENTIN.
3 janvier.
« Les journaux sont saisis depuis quelque temps
d'une polémique très-grave engagée entre le repré-
sentant du vice-roi d'Égypte et le comité de direction
de la Compagnie universelle du canal maritime de
Suez.
» Tous les hommes de bonne foi voient où l'on veut
en venir: à paralyser l'impulsion donnée aux travaux
par le courageux directeur de la Compagnie, M. de
Lesseps, afin d'ajourner indéfiniment l'ouverture du
canal des deux mers.
,, Nul n'agit en ce monde sans qu'il y soit poussé par
un intérêt ou par une passion. Nous ne sommes pas de
ceux qui croient naïvement aux pudeurs tardives et aux
scrupules rétrospectifs.
» Quel intérêt fait agir, dans cette question, la Porte
et le vice-roi d'Égypte ?
i Le percement de l'isthme de Suez, le canal neutre
qui doit réunir la Méditerranée à la mer Rouge, l'Eu-
rope aux vastes et féconds territoires de l'Inde et de
l'extrême Orient, mettent-ils en péril la puissance du
vice-roi et la suzeraineté du sultan ?
» Ce courant de civilisation, de commerce, d'hommes
et de marchandises à travers un désert, ne deviendra-
t-il pas une source certaine et inépuisable de richesse
et de prospérité pour le pays qu'il doit traverser ?
» Il suffit de poser ces questions pour les résoudre.
» Qui donc aurait intérêt à voir les travaux du canal
de Suez pour toujours interrompus?
» Ce ne seraient ni la Turquie, ni l'Égypte, ni la
France, ni l'Europe. Tout le monde n'a-t-il pas intérêt
à ce que le voyage de l'Inde dure six semaines au lieu
de durer six mois?
» Mais, dit-on, la corvée est une chose abominable,
que la Porte ne peut autoriser plus longtemps dans un
État qui relève de sa suzeraineté. La conscience de
tous et de chacun répondra que la morale n'est point
une question d'arithmétique, et que si la corvée est de-
venue une chose odieuse aux yeux de l'islamisme, qui
en a toléré ou patronné bien d'autres, il faut réduire à
néant et non pas seulement à 6,000, les 20,000 tra-
vailleurs que le gouvernement égyptien s'est engagé
à fournir à la Compagnie. »
» On dit encore que si le vice-roi veut que la Compa-
gnie renonce aux terrains qui lui ont été concédés, il
n'entend point faire acte d'insigne spoliation, et qu'au
contraire il indemnisera pécuniairement la Compagnie.
Mais là encore il y a à répondre que la probité n'est
point une question de quantité, qu'il n'est pas plus
honnête de reprendre partie seulement que la totalité
de ce qu'on a donné, même à titre gratuit, et à plus forte
raison à titre onéreux.
» Toutes ces considérations morales ou judiciaires qu'on
invoque pour rompre le contrat synallagmatique qui lie
l'Egypte à la Compagnie ne sont évidemment que de
misérables prétextes. Les mêmes considérations mili-
taient pour et contre du temps de Saïd-Pacha, et si
l'influence anglo-ottomanne a été plus puissante depuis
lors, c'est qu'elle a su trouver l'argument de circons-
tance qui avait manqué jusque-là. Cet argument c'est
le présent et l'avenir cotonnier dé l'Égypte.
» L'Égypte a pu récolter cette année 600,000 balles
de coton; la culture du coton en Égypte, comme en
Algérie, comme en Amérique, comme partout, est une
question de bras. Si le gouvernement égyptien n'ac-
corde plus que 6,000 travailleurs à la Compagnie, il en
aura 14,000 de plus à employer à la culture du coton.
Mais l'ancienne portion cultivable de la terre des Pha-
raons est peu de chose en comparaison de la vaste
étendue territoriale que le canal d'eau douce est entrain
de conquérir à la culture.
» L'espace qui s'étend du Caire à Suez n'est point un
désert de pur sable ; c'est une terre arable, une terre de
riches alluvions, desséchée séculairement par le soleil.
Au fur et à mesure que le désert s'imbibe de l'eau
salutaire du Nil, il se couvre d'une végétation luxu-
riante. Que sera-ce quand des deux flancs du canal s'é-
chapperont des irrigations qui rayonneront dans tous les
sens? Tout le désert sera cultivable plus ou moins
dans chacune de ses parties ; mais évidemment la plus
florissante en récolte sera celle qui, des deux côtés,
bordera le canal, et cette double zone est celle qui se
prêtera le plus efficacement à la culture du coton.
» Voilà pourquoi l'intérêt du gouvernement égyptien
de marie ici à l'intérêt anglais pour ne pas vouloir que
ces richesses cotonnières restent entre les mains de la
Compagnie française à laquelle on est redevable de
l'ouverture du canal d'eau douce.
c » Oh ! on ne comprend que trop maintenant le mobile
qui pousse le gouvernement égyptien à déposséder de
ces terrains la Compagnie, quand il devrait les lui
payer au prix coûtant et même un peu plus.Pour entrer
en pleine possession de toute la vie végétale versée par
la Compagnie .dans le désert, le gouvernement égyp-
tien consentirait volontiers à lui payer tous ses débours,
même avec une petite commission; et au besoin les
capitalistes anglais avanceraient tous les millions né-
cessaires à l'intégral rachat, sauf à prendre hypo-
thèque sur le tout.
» L'œuvre ne s'en achèverait pas moins, mais elle
s'achèverait dans les conditions que lui imposerait ce
que l'Angleterre croit être son intérêt. Elle a vociféré
contre l'impossibilité de l'œuvre, tant qu'elle était
problématique ; maintenant que l'œuvre a marché,
l'Angleterre n'a plus qu'une visée, c'est qu'elle soit
sienne et non pas nôtre.
» La France laissera-t-elle faire ? Peut-elle permettre
que cette Égypte, que nous avons arrosée et fécondée
de notre sang, avant de l'arroser et de la féconder de
son Nil, devienne purement et simplement une colonie
anglaise, et que nous en soyons réduits à nous en-
tendre jeter à la face, par tous les peuples méditerra-
néens, les fameux vers du grand poëte romain, dont
un frelon s'était imprudemment approprié le miel : Sic
Vo's non vobis ? GUSTAVE GAZAVAN. »
LE GLANEUR DE SAINT-QUENTIN.
3 janvier.
« Les journaux sont saisis depuis quelque temps
d'une polémique très-grave engagée entre le repré-
sentant du vice-roi d'Égypte et le comité de direction
de la Compagnie universelle du canal maritime de
Suez.
» Tous les hommes de bonne foi voient où l'on veut
en venir: à paralyser l'impulsion donnée aux travaux
par le courageux directeur de la Compagnie, M. de
Lesseps, afin d'ajourner indéfiniment l'ouverture du
canal des deux mers.
,, Nul n'agit en ce monde sans qu'il y soit poussé par
un intérêt ou par une passion. Nous ne sommes pas de
ceux qui croient naïvement aux pudeurs tardives et aux
scrupules rétrospectifs.
» Quel intérêt fait agir, dans cette question, la Porte
et le vice-roi d'Égypte ?
i Le percement de l'isthme de Suez, le canal neutre
qui doit réunir la Méditerranée à la mer Rouge, l'Eu-
rope aux vastes et féconds territoires de l'Inde et de
l'extrême Orient, mettent-ils en péril la puissance du
vice-roi et la suzeraineté du sultan ?
» Ce courant de civilisation, de commerce, d'hommes
et de marchandises à travers un désert, ne deviendra-
t-il pas une source certaine et inépuisable de richesse
et de prospérité pour le pays qu'il doit traverser ?
» Il suffit de poser ces questions pour les résoudre.
» Qui donc aurait intérêt à voir les travaux du canal
de Suez pour toujours interrompus?
» Ce ne seraient ni la Turquie, ni l'Égypte, ni la
France, ni l'Europe. Tout le monde n'a-t-il pas intérêt
à ce que le voyage de l'Inde dure six semaines au lieu
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