Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1864 01 février 1864
Description : 1864/02/01 (A9,N183). 1864/02/01 (A9,N183).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203314p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
90 L'ISTHME DE SUEZ,
tes dans les intrigues de l'ambassade anglaise à Cons-
tantinople et dans la mission qu'accomplit en ce mo-
ment à Paris un personnage {égyptien nommé Nubar-
Pacha, envoyé du vice-roi actuel Ismaïl-Pacha.
» On peut affirmer, sans crainte de se tromper, que
pendant la vie du dernier vice-roi Mohammed-Saïd,
l'idée d'une pareille mission ne serait venue à personne.
Nous n'avons aucune raison d'attaquer son successeur.
Ismaïl est sans doute un homme bien intentionné, pro.
priétaire de domaines considérables en Égypte, il y a
fait des améliorations agricoles, il a même créé des ma-
nufactures. Cependant, un an après la mort de Saïd,
on l'a vu avec surprise ouvrir l'oreille aux suggestions
contraires à la grande œuvre que son prédécesseur ho-
norait d'une si haute protection. A quels motifs attri-
buer ce revirement imprévu? Est-ce à l'influence an-
glaise qui se serait étendue de Constantinople à Alexan-
drie de manière à y supplanter entièrement la nôtre ?
Est-ce à toute autre considération politique ou écono-
mique ? Nous ne savons, et ici le champ des conjectu-
res est sans limites. Toujours est-il que vers la fin du
mois de septembre dernier, le fonctionnaire égyptien
dont nous venons de parler, est venu d'Alexandrie à Pa-
ris, en passant par Constantinople, avec charge de pré-
senter à la Compagnie universelle du canal les propo-
sitions suivantes ; nous les extrayons textuellement du
journal le Temps, qui les a insérées dans son numéro du
21 décembre dernier.
» 1° Réduction du nombre actuel des ouvriers au
» chiffre de six mille hommes, le nombre actuel des
» contingents étant, sous tous les rapports, préjudiciable
» au pays et aux intérêts de l'agriculture. Ce contin-
» gent de six mille hommes serait fourni pour con-
» courir aux travaux d'une manière permanente ;
» 2° Augmentation du salaire actuel, qui n'est point
» rémunérateur ; le vice-roi croit juste, équitable et
nécessaire que ce salaire soit fixé à 2 francs par jour.
D Il considère ce chiffre comme rémunérant le fellah
» de son travail et de son absence forcée de son village
et de son champ.
» 3° Suppression de la concession des terrains : le
» vice-roi offre, comme compensation, de prendre pour
» compte de son gouvernement tout le canal d'eau
D douce, ainsi que cela a déjà eu lieu pour la partie
du Caire au Ouadi, de rembourser à la Compagnie
» les frais qu'elle a faits pour la partie creusée de ce
D canal et de le terminer jusqu'à Suez, en se confor-
» mant aux dimensions de largeur établies.
» Signé: NUBAR-PACHA.
» 12 octobre 1863. »
» Les propositions présentées par Nubar-Pacha avaient
été précédées d'une lettre du vice-roi à M. F. de Lesseps,
conçue dans les termes les plus amicaux comme toutes
celles qui ont été échangées entre eux jusqu'à présent.
Mais malgré la gracieuseté du préambule, la première
impression que l'on éprouve à la lecture de ces étran-
ges propositions, n'en est pas moins celle d'une pro-
fonde surprise. Dans toute affaire quelconque, grande ou
petite, gouvernementale ou particulière, les parties
contractantes ne sont admises à exiger ou même à
solliciter des modifications importantes aux contrats
signés et en voie d'exécution, que, lorsqu'elles ont à
faire valoir des motifs sérieux ; le dol, le manque de
foi, l'inexécution fortuite ou calculée d'un engagement,
l'abus de conditions léonines, l'allégation d'un préju-
dice notable, quelque dérogation enfin à l'esprit et à-la
lettre de l'acte constitutif; voilà ce qui explique ordi-
nairement ces sortes de demandes. Existe-t-il en ce
moment, a-t-il jamais existé rien de semblable entre
l'Égypte et la Compagnie? Les faits-prouvent le con-
traire d'une manière éclatante : rappelons-en la suite.
» Dès que la Société de Suez est constituée finan-
cièrement dans la forme qui lui est imposée, c'est le
vice-roi lui-même qui la presse d'organiser le travail.
» En 1860, quelques doutes lui sont suggérés sur la
légalité de l'entreprise autorisée par lui dans l'exer-
cice de ses droits régaliens. Il demande une consulta-
tion à trois célébrités du barreau de Paris : MM. Du-
faure, Odilon Barrot et J. Favre. La Compagnie, de son
côté, en demande une à plusieurs avocats non moins
célèbres: MM. Senard, Crémieux, Ploque, Marie, Vati-
mesnil, Paul Fabre. La première consultation se trouve
contraire à l'entreprise ; la seconde lui est favorable.
Toutes deux sont soumises en même temps à l'appré-
ciation du vice-roi par M. de Lesseps, qui se déclare
prêt à y déférer quelle qu'elle puisse être. Le vice-roi
examine et c'est la seconde qu'il adopte.
D Les travaux s'organisent définitivement; ils entrent
en voie d'exécution, ils marchent.
» L'année suivante un autre scrupule préoccupe le
gouvernement égyptien. On a signalé à son attention
le grand nombre d'étrangers que la Compagnie se dis-
pose à cantonner sur la ligne des travaux. Pour exécu-
ter le canal dans le terme qu'elle s'est proposé elle-
même, d'accord avec le vice-roi, il lui faut de vingt
à vingt-cinq mille travailleurs. N'est-ce pas une grave
imprudence que de livrer l'Egypte à une telle masse
d'ouvriers qui ne peuvent manquer d'être Français
pour la plupart? Et si ces hommes allaient tout à coup
échanger la pioche contre le fusil ? Si au lieu d'un ca-
nal ils allaient se mettre à construire des forteresses,
à former une armée avec son matériel, et son état-
major, sous le commandement de M. F. de Lesseps,
ancien ministre plénipotentiaire de France, dont on
connaît l'humeur belliqueuse ! Quel péril pour l'équi-
libre européen ! et que deviendrait l'Egypte elle-même?
» L'alarme est grave, comme on voit; les agents
anglais l'exploitent. Une grande mesure de salut est
adoptée d'urgence par le vice-roi qui se charge de four-
nir lui-même les travailleurs. Il passe avec la Compa-
gnie un traité supplémentaire par lequel il doit mettre
vingt mille fellahs à la disposition des ingénieurs
jusqu'à l'entière exécution des travaux. Ces fellahs seront
amenés et maintenus par voie de roulement mensuel,
et sous l'autorité civile de leurs cheiks, comme cela se
pratique en Orient dans toutes les entreprises de grands
travaux publics. De son côté, la Compagnie doit veiller
à la nourriture des fellahs, à leur entretien sanitaire,
tes dans les intrigues de l'ambassade anglaise à Cons-
tantinople et dans la mission qu'accomplit en ce mo-
ment à Paris un personnage {égyptien nommé Nubar-
Pacha, envoyé du vice-roi actuel Ismaïl-Pacha.
» On peut affirmer, sans crainte de se tromper, que
pendant la vie du dernier vice-roi Mohammed-Saïd,
l'idée d'une pareille mission ne serait venue à personne.
Nous n'avons aucune raison d'attaquer son successeur.
Ismaïl est sans doute un homme bien intentionné, pro.
priétaire de domaines considérables en Égypte, il y a
fait des améliorations agricoles, il a même créé des ma-
nufactures. Cependant, un an après la mort de Saïd,
on l'a vu avec surprise ouvrir l'oreille aux suggestions
contraires à la grande œuvre que son prédécesseur ho-
norait d'une si haute protection. A quels motifs attri-
buer ce revirement imprévu? Est-ce à l'influence an-
glaise qui se serait étendue de Constantinople à Alexan-
drie de manière à y supplanter entièrement la nôtre ?
Est-ce à toute autre considération politique ou écono-
mique ? Nous ne savons, et ici le champ des conjectu-
res est sans limites. Toujours est-il que vers la fin du
mois de septembre dernier, le fonctionnaire égyptien
dont nous venons de parler, est venu d'Alexandrie à Pa-
ris, en passant par Constantinople, avec charge de pré-
senter à la Compagnie universelle du canal les propo-
sitions suivantes ; nous les extrayons textuellement du
journal le Temps, qui les a insérées dans son numéro du
21 décembre dernier.
» 1° Réduction du nombre actuel des ouvriers au
» chiffre de six mille hommes, le nombre actuel des
» contingents étant, sous tous les rapports, préjudiciable
» au pays et aux intérêts de l'agriculture. Ce contin-
» gent de six mille hommes serait fourni pour con-
» courir aux travaux d'une manière permanente ;
» 2° Augmentation du salaire actuel, qui n'est point
» rémunérateur ; le vice-roi croit juste, équitable et
nécessaire que ce salaire soit fixé à 2 francs par jour.
D Il considère ce chiffre comme rémunérant le fellah
» de son travail et de son absence forcée de son village
et de son champ.
» 3° Suppression de la concession des terrains : le
» vice-roi offre, comme compensation, de prendre pour
» compte de son gouvernement tout le canal d'eau
D douce, ainsi que cela a déjà eu lieu pour la partie
du Caire au Ouadi, de rembourser à la Compagnie
» les frais qu'elle a faits pour la partie creusée de ce
D canal et de le terminer jusqu'à Suez, en se confor-
» mant aux dimensions de largeur établies.
» Signé: NUBAR-PACHA.
» 12 octobre 1863. »
» Les propositions présentées par Nubar-Pacha avaient
été précédées d'une lettre du vice-roi à M. F. de Lesseps,
conçue dans les termes les plus amicaux comme toutes
celles qui ont été échangées entre eux jusqu'à présent.
Mais malgré la gracieuseté du préambule, la première
impression que l'on éprouve à la lecture de ces étran-
ges propositions, n'en est pas moins celle d'une pro-
fonde surprise. Dans toute affaire quelconque, grande ou
petite, gouvernementale ou particulière, les parties
contractantes ne sont admises à exiger ou même à
solliciter des modifications importantes aux contrats
signés et en voie d'exécution, que, lorsqu'elles ont à
faire valoir des motifs sérieux ; le dol, le manque de
foi, l'inexécution fortuite ou calculée d'un engagement,
l'abus de conditions léonines, l'allégation d'un préju-
dice notable, quelque dérogation enfin à l'esprit et à-la
lettre de l'acte constitutif; voilà ce qui explique ordi-
nairement ces sortes de demandes. Existe-t-il en ce
moment, a-t-il jamais existé rien de semblable entre
l'Égypte et la Compagnie? Les faits-prouvent le con-
traire d'une manière éclatante : rappelons-en la suite.
» Dès que la Société de Suez est constituée finan-
cièrement dans la forme qui lui est imposée, c'est le
vice-roi lui-même qui la presse d'organiser le travail.
» En 1860, quelques doutes lui sont suggérés sur la
légalité de l'entreprise autorisée par lui dans l'exer-
cice de ses droits régaliens. Il demande une consulta-
tion à trois célébrités du barreau de Paris : MM. Du-
faure, Odilon Barrot et J. Favre. La Compagnie, de son
côté, en demande une à plusieurs avocats non moins
célèbres: MM. Senard, Crémieux, Ploque, Marie, Vati-
mesnil, Paul Fabre. La première consultation se trouve
contraire à l'entreprise ; la seconde lui est favorable.
Toutes deux sont soumises en même temps à l'appré-
ciation du vice-roi par M. de Lesseps, qui se déclare
prêt à y déférer quelle qu'elle puisse être. Le vice-roi
examine et c'est la seconde qu'il adopte.
D Les travaux s'organisent définitivement; ils entrent
en voie d'exécution, ils marchent.
» L'année suivante un autre scrupule préoccupe le
gouvernement égyptien. On a signalé à son attention
le grand nombre d'étrangers que la Compagnie se dis-
pose à cantonner sur la ligne des travaux. Pour exécu-
ter le canal dans le terme qu'elle s'est proposé elle-
même, d'accord avec le vice-roi, il lui faut de vingt
à vingt-cinq mille travailleurs. N'est-ce pas une grave
imprudence que de livrer l'Egypte à une telle masse
d'ouvriers qui ne peuvent manquer d'être Français
pour la plupart? Et si ces hommes allaient tout à coup
échanger la pioche contre le fusil ? Si au lieu d'un ca-
nal ils allaient se mettre à construire des forteresses,
à former une armée avec son matériel, et son état-
major, sous le commandement de M. F. de Lesseps,
ancien ministre plénipotentiaire de France, dont on
connaît l'humeur belliqueuse ! Quel péril pour l'équi-
libre européen ! et que deviendrait l'Egypte elle-même?
» L'alarme est grave, comme on voit; les agents
anglais l'exploitent. Une grande mesure de salut est
adoptée d'urgence par le vice-roi qui se charge de four-
nir lui-même les travailleurs. Il passe avec la Compa-
gnie un traité supplémentaire par lequel il doit mettre
vingt mille fellahs à la disposition des ingénieurs
jusqu'à l'entière exécution des travaux. Ces fellahs seront
amenés et maintenus par voie de roulement mensuel,
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