Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1864 01 février 1864
Description : 1864/02/01 (A9,N183). 1864/02/01 (A9,N183).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203314p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 89
Tous ceux qui ont entendu Léon Laya se rappel-
leront la vibrante expression de sa parole vraiment
éloquente. Il était impossible d'exprimer en meilleurs
termes, et de dire>vec une sincérité plus pénétrante,
les sentiments éprouvés par tous les membres de la
réunion.
REVUE DE LA PRESSE.
L'abondance des matières nous oblige encore à
nous borner dans notre revue de la presse. Nous la
reprenons au point où nous l'avons laissée inachevée
dans notre dernier numéro. Mais nous nous faisons
un devoir de constater sommairement que la presse
de Paris comme celle des départements et de l'étran-
ger ne cesse de suivre avec l'intérêt le plus vif et le
plus sérieux les phases de la question telle que les
derniers incidents l'ont posée. E. D.
JOURNAL DE LA SAVOIE (CHAMBERY.)
6 janvier.
« Il n'y a qu'une voix en Europe sur les avantages
qu'aura pour le commerce et pour tous les intérêts en
général la jonction de la Méditerranée à la mer Rouge.
Cela n'est pas plus contesté à Londres qu'à Paris, à
Vienne, à Saint-Pétersbourg- : Lyon et Manchester n'en
doutent pas plus l'un que l'autre. En France, soixante-
seize conseils généraux ont réclamé, sollicité l'exécu-
tion de l'entreprise. En Angleterre, la plupart des
chambres de commerce et de nombreux meetings ont
manifesté la même adhésion. Mais il existe en Angle-
terre trois hommes d'Etat qui ont cru ou affecté de
croire que le canal de Suez serait défavorable aux inté-
rêts politiques de la Grande-Bretagne. Ces trois hommes
sont, le premier lord de la trésorerie, lord Palmerston;
lord Stratford de Redcliffe, ancien ambassadeur à Cons-
tantinople, et lord Clarendon, ancien ministre des af-
faires étrangères. Naturellement,' lord Palmerston s'est
chargé le premier d'agir sur l'opinion de la nation an-
glaise. Mais comme on n'avoue pas ^ouvertement des
motifs du genre de ceux qui dirigent le cabinet de
Londres en cette affaire, voici de quels prétextes il
jugea à propos de colorer son opposition.
» Après un article purement^commercial obtenu de
la Revue d'Edimbourg, et qui Lfut aisément réfuté, lord
Palmerston se décida à prendre la parolejen plein Par-
lement. Il prétendit que l'entreprise, dirigée au fond
contre les intérêts commerciaux de l'Angleterre dans
les Indes orientales, avait en outre pour but de rendre
plus profonde la séparation de l'Égypte et de la Tur-
quie, ce qui était inconciliable avec les traités qui assu-
rent l'intégrité de celle-ci. M. de Lesseps répondit lui-
même par écrit à cet étrange discours, et il le fit avec
un tel succès que, peu de temps après, dans la Chambre
des communes, M. Darby Griffith n'hésita pas à de-
mander au Parlement de mettre un terme à une oppo-
sition aussi contraire à la dignité de l'Angleterre qu'aux
intérêts de son commerce.
» Mais lord Palmerston ne se rebute pas aisément. Il
fit apparaitre un ingénieur d'un grand nom, M. R. Ste-
phenson, fils de l'illustre G. Stephenson, l'inventeur
des chemins de fer en Angleterre. L'opinion de cet in-
génieur nous semblerait aujourd'hui fort singulière. Il
avait reconnu, disait-il, que pour établir un tel canal
une différence de niveau de 32 pieds était indispensable
entre la Méditerranée et la mer Rouge.
» M. R. Stephenson est un des auteurs du chemin
de fer d'Alexandrie au Caire, chemin à une seule voie
et construit d'ailleurs dans des conditions assez peu
satisfaisantes, car il nécessite tous les ans des répara-
tions fort dispendieuses; mais M. R. Stephenson n'a
jamais creusé de canaux. La différence de 32 pieds lui
semblait exigée pour la circulation des eaux dans tout
le parcours du canal, sans quoi, disait-il, ce ne serait
pas un canal, mais un fossé de boue que les sables du dé-
sert ne tarderaient pas à combler. Or, il n'y avait aucune
différence de niveau, donc le projet était absurde.
» Pour toute réponse, M. Conrad, ingénieur du Wa-
terstaat à la Haye et président de la commission inter-
nationale de 1855, invita M. R. Stephenson à se rendre
en Hollande : il y verrait fonctionner sans le moindre
embarras des canaux à grandes sections avec des eaux
parfaitement limpides, quoique partout au niveau de
l'Océan. Ainsi, loin de nuire au canal de Suez, la con-
cordance de niveau de la mer Rouge et de la Méditer-
ranée permettra de l'établir sans écluses, avantage
inappréciable et tout à fait exceptionnel dans la cir-
constance.
» Lord Palmerston ne se tint pas encore pour battu.
Il suscita ou plutôt ressuscita une vieille conception
anglaise, le projet d'un chemin de fer parallèle à l'Eu-
phrate, lequel débouchant dans le golfe Persique, de-
vait rendre parfaitement superflu l'établissement du
canal de Suez, ou lui faire une concurrence ruineuse.
» La Compagnie, elle, en eut une autre opinion. Elle
jugea que ce chemin de fer de 400 lieues dans 1e dé.
sert, et dont le prix de construction atteindrait au moins
le chiffre de 300 millions, ne serait pas d'une exécution
facile; qu'il exigerait un transbordement au [point ex-
trême de Shalt-el-Arab, et une navigation côtière assez
longue pour traverser le détroit d'Ormus et la mer d'O-
man ; que si néanmoins il pouvait jamais s'exécuter,
il favoriserait peut-être les communications postales et
personnelles avec les contrées de l'extrême Orient, sans
nuire en quoi que ce soit aux relations commerciales
par le canal de Suez. En conséquence, au lieu de le com-
battre, elle l'appuya de tout son pouvoir. C'était de bon
goût. Malheureusement pour lord Palmerston, les condi-
tions de cette entreprise réclamaient une subvention
gouvernementale de 6 0/0. On essaya de l'obtenir de la
Porte Ottomane en lui imposant une garantie de 18 mil-
lions en minimum. La Porte, qui refuse tout au canal,
consentait en faveur du chemin de fer une garantie de
1,500,000 francs. Mais cela parut insuffisant, et les capi-
talistes anglais retirèrent leurs écus.
» Ce sont là les campagnes ostensibles du cabinet de
Londres contre l'entreprise de la Compagnie de Lesseps.
Quant aux campagnes secrètes, elles se résument tou-
Tous ceux qui ont entendu Léon Laya se rappel-
leront la vibrante expression de sa parole vraiment
éloquente. Il était impossible d'exprimer en meilleurs
termes, et de dire>vec une sincérité plus pénétrante,
les sentiments éprouvés par tous les membres de la
réunion.
REVUE DE LA PRESSE.
L'abondance des matières nous oblige encore à
nous borner dans notre revue de la presse. Nous la
reprenons au point où nous l'avons laissée inachevée
dans notre dernier numéro. Mais nous nous faisons
un devoir de constater sommairement que la presse
de Paris comme celle des départements et de l'étran-
ger ne cesse de suivre avec l'intérêt le plus vif et le
plus sérieux les phases de la question telle que les
derniers incidents l'ont posée. E. D.
JOURNAL DE LA SAVOIE (CHAMBERY.)
6 janvier.
« Il n'y a qu'une voix en Europe sur les avantages
qu'aura pour le commerce et pour tous les intérêts en
général la jonction de la Méditerranée à la mer Rouge.
Cela n'est pas plus contesté à Londres qu'à Paris, à
Vienne, à Saint-Pétersbourg- : Lyon et Manchester n'en
doutent pas plus l'un que l'autre. En France, soixante-
seize conseils généraux ont réclamé, sollicité l'exécu-
tion de l'entreprise. En Angleterre, la plupart des
chambres de commerce et de nombreux meetings ont
manifesté la même adhésion. Mais il existe en Angle-
terre trois hommes d'Etat qui ont cru ou affecté de
croire que le canal de Suez serait défavorable aux inté-
rêts politiques de la Grande-Bretagne. Ces trois hommes
sont, le premier lord de la trésorerie, lord Palmerston;
lord Stratford de Redcliffe, ancien ambassadeur à Cons-
tantinople, et lord Clarendon, ancien ministre des af-
faires étrangères. Naturellement,' lord Palmerston s'est
chargé le premier d'agir sur l'opinion de la nation an-
glaise. Mais comme on n'avoue pas ^ouvertement des
motifs du genre de ceux qui dirigent le cabinet de
Londres en cette affaire, voici de quels prétextes il
jugea à propos de colorer son opposition.
» Après un article purement^commercial obtenu de
la Revue d'Edimbourg, et qui Lfut aisément réfuté, lord
Palmerston se décida à prendre la parolejen plein Par-
lement. Il prétendit que l'entreprise, dirigée au fond
contre les intérêts commerciaux de l'Angleterre dans
les Indes orientales, avait en outre pour but de rendre
plus profonde la séparation de l'Égypte et de la Tur-
quie, ce qui était inconciliable avec les traités qui assu-
rent l'intégrité de celle-ci. M. de Lesseps répondit lui-
même par écrit à cet étrange discours, et il le fit avec
un tel succès que, peu de temps après, dans la Chambre
des communes, M. Darby Griffith n'hésita pas à de-
mander au Parlement de mettre un terme à une oppo-
sition aussi contraire à la dignité de l'Angleterre qu'aux
intérêts de son commerce.
» Mais lord Palmerston ne se rebute pas aisément. Il
fit apparaitre un ingénieur d'un grand nom, M. R. Ste-
phenson, fils de l'illustre G. Stephenson, l'inventeur
des chemins de fer en Angleterre. L'opinion de cet in-
génieur nous semblerait aujourd'hui fort singulière. Il
avait reconnu, disait-il, que pour établir un tel canal
une différence de niveau de 32 pieds était indispensable
entre la Méditerranée et la mer Rouge.
» M. R. Stephenson est un des auteurs du chemin
de fer d'Alexandrie au Caire, chemin à une seule voie
et construit d'ailleurs dans des conditions assez peu
satisfaisantes, car il nécessite tous les ans des répara-
tions fort dispendieuses; mais M. R. Stephenson n'a
jamais creusé de canaux. La différence de 32 pieds lui
semblait exigée pour la circulation des eaux dans tout
le parcours du canal, sans quoi, disait-il, ce ne serait
pas un canal, mais un fossé de boue que les sables du dé-
sert ne tarderaient pas à combler. Or, il n'y avait aucune
différence de niveau, donc le projet était absurde.
» Pour toute réponse, M. Conrad, ingénieur du Wa-
terstaat à la Haye et président de la commission inter-
nationale de 1855, invita M. R. Stephenson à se rendre
en Hollande : il y verrait fonctionner sans le moindre
embarras des canaux à grandes sections avec des eaux
parfaitement limpides, quoique partout au niveau de
l'Océan. Ainsi, loin de nuire au canal de Suez, la con-
cordance de niveau de la mer Rouge et de la Méditer-
ranée permettra de l'établir sans écluses, avantage
inappréciable et tout à fait exceptionnel dans la cir-
constance.
» Lord Palmerston ne se tint pas encore pour battu.
Il suscita ou plutôt ressuscita une vieille conception
anglaise, le projet d'un chemin de fer parallèle à l'Eu-
phrate, lequel débouchant dans le golfe Persique, de-
vait rendre parfaitement superflu l'établissement du
canal de Suez, ou lui faire une concurrence ruineuse.
» La Compagnie, elle, en eut une autre opinion. Elle
jugea que ce chemin de fer de 400 lieues dans 1e dé.
sert, et dont le prix de construction atteindrait au moins
le chiffre de 300 millions, ne serait pas d'une exécution
facile; qu'il exigerait un transbordement au [point ex-
trême de Shalt-el-Arab, et une navigation côtière assez
longue pour traverser le détroit d'Ormus et la mer d'O-
man ; que si néanmoins il pouvait jamais s'exécuter,
il favoriserait peut-être les communications postales et
personnelles avec les contrées de l'extrême Orient, sans
nuire en quoi que ce soit aux relations commerciales
par le canal de Suez. En conséquence, au lieu de le com-
battre, elle l'appuya de tout son pouvoir. C'était de bon
goût. Malheureusement pour lord Palmerston, les condi-
tions de cette entreprise réclamaient une subvention
gouvernementale de 6 0/0. On essaya de l'obtenir de la
Porte Ottomane en lui imposant une garantie de 18 mil-
lions en minimum. La Porte, qui refuse tout au canal,
consentait en faveur du chemin de fer une garantie de
1,500,000 francs. Mais cela parut insuffisant, et les capi-
talistes anglais retirèrent leurs écus.
» Ce sont là les campagnes ostensibles du cabinet de
Londres contre l'entreprise de la Compagnie de Lesseps.
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