Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1864 15 février 1864
Description : 1864/02/15 (A9,N184). 1864/02/15 (A9,N184).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033153
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 121
un pur prétexte pour fermer un passage naturel et
exclure l'Europe des mers indiennes. Protéger l'Egypte
sans aller jusqu'à s'opposer au jcanal, telle a été la
conduite de sir Henry Bulwer. Nous pensons qu'il l'a
si complètement poussée à exécution, que quoique le
canal et les ouvrages à chacune de ses extrémités,
puissent devenir des forteresses réelles, ces forteresses
au moins resteront à la garde du gouvernement. C'est
tout ce qu'ont à désirer l'Angleterre et la Porte.
« L'acceptaiion par M. Lesseps des conditions portées
par Nubar-Pacha aurait libéré la Porte de ce qui aurait
pu devenir pour elle une difficulté financière. Après
s'être si récemment et si heureusement délivré elle-
même d'un papier de circulation forcée, l'obligation
de rembourser les 3 millions sterling déjà dépensés
par M. Lesseps aurait été onéreuse à la trésorerie
turque; et l'argent même eût-il été réalisé par la for-
mation d'une nouvelle Compagnie, ce résultat aurait été
suivi de beaucoup d'embarras en même temps que
menacé de querelles diplomatiques et de jalousies in-
ternationales.
» Le pacha d'Egypte n'est pas aussi heureux que le
sultan.- Il trouve son trésor, qu'on peut difficilement
isoler des engagements de Saïd-Pacha, obligé de payer
une quantité d'actions presque égale à la moitié du
capital social, somme dont Saïd-Pacha s'était rendu
responsable par l'excès de son bon naturel. Il lui reste,
en outre, une légion de soucis, de questions qui peu-
vent s'élever par suite de l'achèvement et de la garde
de ce canal, et qui doivent rendre la position du
pacha difficile loin d'être enviable. Pour échapper à
ces difficultés qui l'enveloppent au début de son
règne, Ismaïl s'est efforcé d'inféoder, pour ainsi dire,
de nouveau - son p.achalik à la Porte. Cela est très-
avantageux à un point de vue. Mais une dépendance
aussi extrême peut devenir amère à des pachas d'un
autre tempérament que le sien.
» Il ne nous appartient donc pas de trouver mauvais
que les puissances mahométanes se groupent et se
serrent ensemble pour leur commune sécurité. Cela
vaut certainement beaucoup mieux que le vieil anta-
gonisme entre Méhémet et Mahmoud, qui entraînèrent
l'Europe entière dans leurs querelles. Il n'en est que
plus nécessaire et plus certain que le canal de Suez,
s'il est exécuté, soit une source fertile de jalousies et
de conflits. La neutralisation du Bosphore et des Dar-
danelles n'était rien comparée à la difficulté d'imposer
la même règle au canal. »
DAILY TELEGRAPH.
Après des attaques et des personnalités d'un goût
plus que contestable contre le gouvernement fran-
çais et le prince Napoléon, et que nous écar-
tons parce qu'elles n'ont rien de sérieux à dé-
mêler avec la question, le Daily Telegraph- proteste
contre cette opinion exprimée par le prince qu'en
s'opposant à l'exécution du canal, les vieux hommes
d'Etat de l'Angleterre sont en désaccord avec la
volonté du peuple britannique. Il développe cette
thèse en ces termes:
« Son Altesse Impériale peut être bien convaincue
que l'aversion qu'éprouve notre cabinet contre le ca-
nal n'est pas seulement ressentie par le cabinet, mais
encore par notre pays. Un léger examen de la ques-
tion et un peu de respect pour l'histoire devraient lui
suffire sur ce point important. L'Egypte est la route de
l'Inde; l'Inde nous appartient et l'Egypte ne doit pas
appartenir à d'autres qu'à nous. Ce raisonnement peut
paraître singulièrement égoïste, mais il est facile à
comprendre. Il n'est pas de nation à laquelle il ne soit
permis de penser exclusivement à ses intérêts. Nous
n'irons pas ouvrir de nouveau la question de la possi-
bilité d'exécution du canal au point de vue pratique,
mais ce que nous savons parfaitement, c'est que ce
canal ne saurait être productif de bénéfices rémunéra-
teurs comme entreprise commerciale, et qu'alors nous
sommes conduits à conclure qu'il est entrepris dans un
but purement politique. Loin de nous de dire que les
Français ont tort d'essayer de s'établir en Egypte;
nous nous contenterons de répéter que notre intérêt
est diamétralement opposé au leur. Le prince est franc,
nous lui répondons avec une égale franchise. Admet-
tons un instant que le canal soit construit. Eh bien!
il en sera pour lui ce qu'il en est du passage du Nord-
Ouest; ce sera un fait géographique et rien de plus.
Le véritable danger, et par suite le véritable motif
pour lequel nous n'avons cessé de nous opposer au
projet, c'est qu'il donnerait à la France le moyen d'ac-
quérir une influence prédominante en Egypte. Acre et
Aboukir, ce sont là des preuves que l'Angleterre con-
sidère une pareille éventualité avec une aversion très-
prononcée. Aussi prions-nous l'orateur de croire que
l'Angleterre n'a aucunement changé de disposition sur
ce point, comme sur beaucoup d'autres de la politique
impériale, et qu'il existe une complète unanimité d'o-
pinion entre nos ministres et notre pays. »
EXAMINER.
« Le prince Napoléon et M. Dupin ont eu leur franc
parler au banquet du canal de Suez.
a Tous deux, quoique doux envers Rome et la Russie,
et muets à l'égard des puissances allemandes, ont pensé
pouvoir lancer quelques fusées contre l'Angleterre. Ils
ont représenté avec toute justice l'exécution du canal
de Suez comme une entreprise d'un haut intérêt, et
toute tentative de s'y opposer ou de la contrarier, comme
un manque total de sentiment. Le prince Napoléon a pris
à partie lord Palmerston et lord Russell, et de plus toute
la Chambre des pairs, car cette désirable qualité, le
sentiment, n'est pas à son avis uniquement essentiel^-,
aux bonnes dispositions de l'âme, elle l'est jmltéi àv
l'art civil de l'ingénieur.
Si lord Palmerston voit avec mauvaise h
verture de l'isthme, c'est parce qu'il est oc
qu'il a le cœur glacé. Ce qu'il faut à l'Angletl^
un pur prétexte pour fermer un passage naturel et
exclure l'Europe des mers indiennes. Protéger l'Egypte
sans aller jusqu'à s'opposer au jcanal, telle a été la
conduite de sir Henry Bulwer. Nous pensons qu'il l'a
si complètement poussée à exécution, que quoique le
canal et les ouvrages à chacune de ses extrémités,
puissent devenir des forteresses réelles, ces forteresses
au moins resteront à la garde du gouvernement. C'est
tout ce qu'ont à désirer l'Angleterre et la Porte.
« L'acceptaiion par M. Lesseps des conditions portées
par Nubar-Pacha aurait libéré la Porte de ce qui aurait
pu devenir pour elle une difficulté financière. Après
s'être si récemment et si heureusement délivré elle-
même d'un papier de circulation forcée, l'obligation
de rembourser les 3 millions sterling déjà dépensés
par M. Lesseps aurait été onéreuse à la trésorerie
turque; et l'argent même eût-il été réalisé par la for-
mation d'une nouvelle Compagnie, ce résultat aurait été
suivi de beaucoup d'embarras en même temps que
menacé de querelles diplomatiques et de jalousies in-
ternationales.
» Le pacha d'Egypte n'est pas aussi heureux que le
sultan.- Il trouve son trésor, qu'on peut difficilement
isoler des engagements de Saïd-Pacha, obligé de payer
une quantité d'actions presque égale à la moitié du
capital social, somme dont Saïd-Pacha s'était rendu
responsable par l'excès de son bon naturel. Il lui reste,
en outre, une légion de soucis, de questions qui peu-
vent s'élever par suite de l'achèvement et de la garde
de ce canal, et qui doivent rendre la position du
pacha difficile loin d'être enviable. Pour échapper à
ces difficultés qui l'enveloppent au début de son
règne, Ismaïl s'est efforcé d'inféoder, pour ainsi dire,
de nouveau - son p.achalik à la Porte. Cela est très-
avantageux à un point de vue. Mais une dépendance
aussi extrême peut devenir amère à des pachas d'un
autre tempérament que le sien.
» Il ne nous appartient donc pas de trouver mauvais
que les puissances mahométanes se groupent et se
serrent ensemble pour leur commune sécurité. Cela
vaut certainement beaucoup mieux que le vieil anta-
gonisme entre Méhémet et Mahmoud, qui entraînèrent
l'Europe entière dans leurs querelles. Il n'en est que
plus nécessaire et plus certain que le canal de Suez,
s'il est exécuté, soit une source fertile de jalousies et
de conflits. La neutralisation du Bosphore et des Dar-
danelles n'était rien comparée à la difficulté d'imposer
la même règle au canal. »
DAILY TELEGRAPH.
Après des attaques et des personnalités d'un goût
plus que contestable contre le gouvernement fran-
çais et le prince Napoléon, et que nous écar-
tons parce qu'elles n'ont rien de sérieux à dé-
mêler avec la question, le Daily Telegraph- proteste
contre cette opinion exprimée par le prince qu'en
s'opposant à l'exécution du canal, les vieux hommes
d'Etat de l'Angleterre sont en désaccord avec la
volonté du peuple britannique. Il développe cette
thèse en ces termes:
« Son Altesse Impériale peut être bien convaincue
que l'aversion qu'éprouve notre cabinet contre le ca-
nal n'est pas seulement ressentie par le cabinet, mais
encore par notre pays. Un léger examen de la ques-
tion et un peu de respect pour l'histoire devraient lui
suffire sur ce point important. L'Egypte est la route de
l'Inde; l'Inde nous appartient et l'Egypte ne doit pas
appartenir à d'autres qu'à nous. Ce raisonnement peut
paraître singulièrement égoïste, mais il est facile à
comprendre. Il n'est pas de nation à laquelle il ne soit
permis de penser exclusivement à ses intérêts. Nous
n'irons pas ouvrir de nouveau la question de la possi-
bilité d'exécution du canal au point de vue pratique,
mais ce que nous savons parfaitement, c'est que ce
canal ne saurait être productif de bénéfices rémunéra-
teurs comme entreprise commerciale, et qu'alors nous
sommes conduits à conclure qu'il est entrepris dans un
but purement politique. Loin de nous de dire que les
Français ont tort d'essayer de s'établir en Egypte;
nous nous contenterons de répéter que notre intérêt
est diamétralement opposé au leur. Le prince est franc,
nous lui répondons avec une égale franchise. Admet-
tons un instant que le canal soit construit. Eh bien!
il en sera pour lui ce qu'il en est du passage du Nord-
Ouest; ce sera un fait géographique et rien de plus.
Le véritable danger, et par suite le véritable motif
pour lequel nous n'avons cessé de nous opposer au
projet, c'est qu'il donnerait à la France le moyen d'ac-
quérir une influence prédominante en Egypte. Acre et
Aboukir, ce sont là des preuves que l'Angleterre con-
sidère une pareille éventualité avec une aversion très-
prononcée. Aussi prions-nous l'orateur de croire que
l'Angleterre n'a aucunement changé de disposition sur
ce point, comme sur beaucoup d'autres de la politique
impériale, et qu'il existe une complète unanimité d'o-
pinion entre nos ministres et notre pays. »
EXAMINER.
« Le prince Napoléon et M. Dupin ont eu leur franc
parler au banquet du canal de Suez.
a Tous deux, quoique doux envers Rome et la Russie,
et muets à l'égard des puissances allemandes, ont pensé
pouvoir lancer quelques fusées contre l'Angleterre. Ils
ont représenté avec toute justice l'exécution du canal
de Suez comme une entreprise d'un haut intérêt, et
toute tentative de s'y opposer ou de la contrarier, comme
un manque total de sentiment. Le prince Napoléon a pris
à partie lord Palmerston et lord Russell, et de plus toute
la Chambre des pairs, car cette désirable qualité, le
sentiment, n'est pas à son avis uniquement essentiel^-,
aux bonnes dispositions de l'âme, elle l'est jmltéi àv
l'art civil de l'ingénieur.
Si lord Palmerston voit avec mauvaise h
verture de l'isthme, c'est parce qu'il est oc
qu'il a le cœur glacé. Ce qu'il faut à l'Angletl^
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.82%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.82%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 25/48
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62033153/f25.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62033153/f25.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62033153/f25.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62033153
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62033153
Facebook
Twitter