Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1862 01 décembre 1862
Description : 1862/12/01 (A7,N155). 1862/12/01 (A7,N155).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203309c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 369
prix modéré, tout ce dont ils peuvent avoir besoin, de-
puis le simple bonnet de coton jusqu'au paletot et à la
vareuse, depuis la cuiller de fer battu jusqu'aux.
(deux mots illisibles); linge, outils, rien n'a été oublié,
et l'on est vraiment surpris de tout ce qu'il a fallu de
prévision pour arriver à monter quelque chose d'aussi
complet. Bientôt ces beaux et spacieux magasins vont
être abandonnés et évacués sur la ligne même du canal,
à Port-Saïd et à Timsah.
» Le 10, au matin, deux chameaux portèrent nos ba-
gages sur deux barques que la Compagnie avait mises
à notre disposition. Le lac Menzaleh est une vaste la-
gune d'eau salée, plus salée que la mer même, et qui
n'est en communication avec la Méditerranée que par
deux coupures : une espèce de chaussée de sable l'en
sépare sur presque toute sa longueur. Il y a fort peu
d'eau. à peine 2 mètres dans les endroits les plus
profonds, et souvent beaucoup moins. On le dit parfois
assez dangereux, les vents soulevant des vagues qui
laissent certaines parties du sol à nu, pendant que les
autres acquièrent une profondeur inaccoutumée, mais
suffisante pour noyer les équipages des barques qui se
laissent surprendre par la tempête. A cette époque de
l'année, il n'y a rien de semblable à craindre. Chaque
jour, sur toute la terre d'Égypte, il s'élève, vers les
9 ou 10 heures du matin, une jolie brise du nord qui
favorise également ceux qui se dirigent à l'est ou à
l'ouest. La longue et triste lagune sur laquelle nous na-
vigâmes tout le temps à la voile, est peuplée de troupes
innombrables de flamands aux ailes roses, de pélica s
blancs et d'une foule d'oiseaux navigateurs. J'allais ou-
blier les poissons qui ont une grande réputation dans
tout le Delta, et qui sont en telle abondance qu'on les
voit s'ébattre tout autour de soi et se livrer à des exer-
cices gymnastiques dont l'issue est souvent de les faire
tomber sur le pont des barques. Après quelques heures
d'une navigation facile, nous entrevîmes Port-Saïd, et
nous arrivâmes en suivant une partie du chenal tracé
dans le lit même du lac, et indiqué par une espèce d'es-
tacade qui se garnit d'une levée en terre, au fur et à
mesure de l'approfondissement du chenal.
» Nous étions annoncés et attendus à Port-Saïd, grâce
à l'aimable prévenance du comte X., représentant de
M. de Lesseps. On avait préparé pour nous recevoir un
chalet bâti pour les sœurs, mais encore inoccupé. Un
restaurateur, ou plutôt le restaurateur du lieu, car je
crois bien qu'il n'y en a qu'un, nous avait préparé un
diner fort passable, de sorte qu'il ne manqua rien au
confort de notre séjour. Le lendemain dimanche, après
la messe entendue dans une salle d'école qui sert de
chapelle en attendant la construction de l'église, l'ingé-
nieur en chef de la Compagnie eut la bonté de nous
montrer lui même tous les travaux, les chantiers et les
magasins. Seulement, aucun de nous ne voulut tenter la
fortune de la mer un peu agitée pour aller voir l'extré-
mité de la digue projetée. Nous nous contentâmes d'en
parcourir la portion à peu près terminée qui se rattache
au rivage, et que l'on utilise provisoirement comme quai
de déchargement pour les approvisionnements de toute
nature, charbon, bois, briques, etc., qui arrivent par
mer. Une trentaine de bâtiments étaient mouillés sur
rade, et des chalands venaient verser à quai les objets
déchargés des grands navires. Un phare provisoire en
bois éclaire le rivage, en attendant le phare en maçon-
nerie que l'on doit plus tard élever à l'extrémité de la
digue.
» Si tu as une carte d'Égypte un peu détaillée tu n'y
trouveras point Port-Saïd, à moins que la carte ne soit
de l'année dernière. Mais tu y trouveras le lac Menza-
leh, et en tirant une ligne parfaitement droite sur la
mer, en partant de Kantara dans l'intérieur des terres,
tu mettras le doigt sur Port-Saïd, entre les ruines de
Péluse et la ville de Damiette, tout à fait à l'extrémité
est du lac Menzaleh. Ce n'est pas tout de bâtir une ville,
il faut encore l'abreuver. Or, pas une goutte d'eau po-
table, pas un puits ou une citerne aux entours de la
nouvelle cité, non plus que sur tout le parcours du
canal jusqu'à la mer Rouge, sauf, près de Suez, quel-
ques puits d'eau saumâtre. Le premier soin a été de
pourvoir à une si grande nécessité. On l'a fait pour
Port-Saïd au moyen de caisses en fer qui prennent l'eau
douce à Damiette et l'amènent par le lac Menzaleli,
voie facile depuis que le canal est en communication
directe avec le lac. L'eau n'est pas la seule chose qui
manque en Égypte, je veux dire là où le Nil n'est pas.
Nulle part on ne trouve de bois de construction. Il a
fallu tout faire venir d'Europe et de Turquie. Port-Saïd
est donc en entier construit avec des bois étrangers.
On a dû, pendant quelque temps, loger sous la tente,
jusqu'à ce que l'on eût construit des baraques en plan-
ches. Maintenant celles-ci se convertissent à leur tour
en constructions moins éphémères, mais qui n'ont rien
de monumental : ce sont de grands chalets bâtis en
partie de bois, avec remplissage en briques, entourés à
chaque étage par des vérandas ou balcons fort bien
appropriés à la température du pays. Presque tout le
terrain de la ville, de même que celui du port intérieur,
qui est vaste et très-sûr, a été emprunté au lac que
l'on drague, et dont les déblais serviront à former les
quais dudit port. Du reste, excepté les constructions
qui sont menées rapidement, les travaux ont peu d'ac-
tivité à Port-Saïd même. Tous les efforts de la Compa-
gnie se portent avec raison sur l'intérieur, et si tu as
la patience de continuer la lecture de cette espèce de
volume, tu en verras facilement la raison.
» Le 13, de bonne heure, nous nous remîmes en route,
toujours sur des embarcations de la Compagnie, et nous
allâmes coucher à Kantara, lieu marqué sur toutes les
cartes, car c'est l'une des couchées des caravanes qui,
du Caire, se rendent à Jérusalem par El-Arich. Pendant
tout ce parcours nous n'avons pas quitté le lac Menza-
leh, mais dans une partie ordinairement à sec durant
l'été. Le canal n'a rien à craindre de cette sécheresse,
attendu qu'il emprunte ses eaux, non pas au lac, mais
à la Méditerranée elle-même. Jusqu'à Kantara, le ca
nal, ainsi que je l'ai déjà indiqué plus haut, forme une
ligne parfaitement droite ; il n'est creusé que sur une
médiocre largeur, 20 mètres environ sur 2 de profon-
deur, quelquefois un peu moins. Tous les déblais sont
mis du même côté pour former l'une des levées défini-
tives ; plus tard, il sera porté à ses dimensions normales
prix modéré, tout ce dont ils peuvent avoir besoin, de-
puis le simple bonnet de coton jusqu'au paletot et à la
vareuse, depuis la cuiller de fer battu jusqu'aux.
(deux mots illisibles); linge, outils, rien n'a été oublié,
et l'on est vraiment surpris de tout ce qu'il a fallu de
prévision pour arriver à monter quelque chose d'aussi
complet. Bientôt ces beaux et spacieux magasins vont
être abandonnés et évacués sur la ligne même du canal,
à Port-Saïd et à Timsah.
» Le 10, au matin, deux chameaux portèrent nos ba-
gages sur deux barques que la Compagnie avait mises
à notre disposition. Le lac Menzaleh est une vaste la-
gune d'eau salée, plus salée que la mer même, et qui
n'est en communication avec la Méditerranée que par
deux coupures : une espèce de chaussée de sable l'en
sépare sur presque toute sa longueur. Il y a fort peu
d'eau. à peine 2 mètres dans les endroits les plus
profonds, et souvent beaucoup moins. On le dit parfois
assez dangereux, les vents soulevant des vagues qui
laissent certaines parties du sol à nu, pendant que les
autres acquièrent une profondeur inaccoutumée, mais
suffisante pour noyer les équipages des barques qui se
laissent surprendre par la tempête. A cette époque de
l'année, il n'y a rien de semblable à craindre. Chaque
jour, sur toute la terre d'Égypte, il s'élève, vers les
9 ou 10 heures du matin, une jolie brise du nord qui
favorise également ceux qui se dirigent à l'est ou à
l'ouest. La longue et triste lagune sur laquelle nous na-
vigâmes tout le temps à la voile, est peuplée de troupes
innombrables de flamands aux ailes roses, de pélica s
blancs et d'une foule d'oiseaux navigateurs. J'allais ou-
blier les poissons qui ont une grande réputation dans
tout le Delta, et qui sont en telle abondance qu'on les
voit s'ébattre tout autour de soi et se livrer à des exer-
cices gymnastiques dont l'issue est souvent de les faire
tomber sur le pont des barques. Après quelques heures
d'une navigation facile, nous entrevîmes Port-Saïd, et
nous arrivâmes en suivant une partie du chenal tracé
dans le lit même du lac, et indiqué par une espèce d'es-
tacade qui se garnit d'une levée en terre, au fur et à
mesure de l'approfondissement du chenal.
» Nous étions annoncés et attendus à Port-Saïd, grâce
à l'aimable prévenance du comte X., représentant de
M. de Lesseps. On avait préparé pour nous recevoir un
chalet bâti pour les sœurs, mais encore inoccupé. Un
restaurateur, ou plutôt le restaurateur du lieu, car je
crois bien qu'il n'y en a qu'un, nous avait préparé un
diner fort passable, de sorte qu'il ne manqua rien au
confort de notre séjour. Le lendemain dimanche, après
la messe entendue dans une salle d'école qui sert de
chapelle en attendant la construction de l'église, l'ingé-
nieur en chef de la Compagnie eut la bonté de nous
montrer lui même tous les travaux, les chantiers et les
magasins. Seulement, aucun de nous ne voulut tenter la
fortune de la mer un peu agitée pour aller voir l'extré-
mité de la digue projetée. Nous nous contentâmes d'en
parcourir la portion à peu près terminée qui se rattache
au rivage, et que l'on utilise provisoirement comme quai
de déchargement pour les approvisionnements de toute
nature, charbon, bois, briques, etc., qui arrivent par
mer. Une trentaine de bâtiments étaient mouillés sur
rade, et des chalands venaient verser à quai les objets
déchargés des grands navires. Un phare provisoire en
bois éclaire le rivage, en attendant le phare en maçon-
nerie que l'on doit plus tard élever à l'extrémité de la
digue.
» Si tu as une carte d'Égypte un peu détaillée tu n'y
trouveras point Port-Saïd, à moins que la carte ne soit
de l'année dernière. Mais tu y trouveras le lac Menza-
leh, et en tirant une ligne parfaitement droite sur la
mer, en partant de Kantara dans l'intérieur des terres,
tu mettras le doigt sur Port-Saïd, entre les ruines de
Péluse et la ville de Damiette, tout à fait à l'extrémité
est du lac Menzaleh. Ce n'est pas tout de bâtir une ville,
il faut encore l'abreuver. Or, pas une goutte d'eau po-
table, pas un puits ou une citerne aux entours de la
nouvelle cité, non plus que sur tout le parcours du
canal jusqu'à la mer Rouge, sauf, près de Suez, quel-
ques puits d'eau saumâtre. Le premier soin a été de
pourvoir à une si grande nécessité. On l'a fait pour
Port-Saïd au moyen de caisses en fer qui prennent l'eau
douce à Damiette et l'amènent par le lac Menzaleli,
voie facile depuis que le canal est en communication
directe avec le lac. L'eau n'est pas la seule chose qui
manque en Égypte, je veux dire là où le Nil n'est pas.
Nulle part on ne trouve de bois de construction. Il a
fallu tout faire venir d'Europe et de Turquie. Port-Saïd
est donc en entier construit avec des bois étrangers.
On a dû, pendant quelque temps, loger sous la tente,
jusqu'à ce que l'on eût construit des baraques en plan-
ches. Maintenant celles-ci se convertissent à leur tour
en constructions moins éphémères, mais qui n'ont rien
de monumental : ce sont de grands chalets bâtis en
partie de bois, avec remplissage en briques, entourés à
chaque étage par des vérandas ou balcons fort bien
appropriés à la température du pays. Presque tout le
terrain de la ville, de même que celui du port intérieur,
qui est vaste et très-sûr, a été emprunté au lac que
l'on drague, et dont les déblais serviront à former les
quais dudit port. Du reste, excepté les constructions
qui sont menées rapidement, les travaux ont peu d'ac-
tivité à Port-Saïd même. Tous les efforts de la Compa-
gnie se portent avec raison sur l'intérieur, et si tu as
la patience de continuer la lecture de cette espèce de
volume, tu en verras facilement la raison.
» Le 13, de bonne heure, nous nous remîmes en route,
toujours sur des embarcations de la Compagnie, et nous
allâmes coucher à Kantara, lieu marqué sur toutes les
cartes, car c'est l'une des couchées des caravanes qui,
du Caire, se rendent à Jérusalem par El-Arich. Pendant
tout ce parcours nous n'avons pas quitté le lac Menza-
leh, mais dans une partie ordinairement à sec durant
l'été. Le canal n'a rien à craindre de cette sécheresse,
attendu qu'il emprunte ses eaux, non pas au lac, mais
à la Méditerranée elle-même. Jusqu'à Kantara, le ca
nal, ainsi que je l'ai déjà indiqué plus haut, forme une
ligne parfaitement droite ; il n'est creusé que sur une
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deur, quelquefois un peu moins. Tous les déblais sont
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