Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 décembre 1862 15 décembre 1862
Description : 1862/12/15 (A7,N156). 1862/12/15 (A7,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033101
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MEËS. aS5
parce qu'il y a une centaine d'années un petit nom-
bre de marchands anglo-saxons se trouvèrent for-
cés, par la gravitation de leur race, de s'asseoir sur un
des plus grands trônes du monde, et de mettre une île
lointaine de l'Occident en connexion vivante avec un
grand empire asiatique. Tout cela parce que, entre deux
propriétés éloignées, il est nécessairement besoin d'une
route d'occupation ! C'est une phase étrange de l'his-
toire ; mais nous ne pensons pas que M. de Lesseps
puisse faire beaucoup pour la troubler. »
RÉPONSE AU TIMES.
Le Times aspire-t-il à conquérir la première place
parmi les créateurs des thèses excentriques? Ambi-
tionnerait-il la gloire de dépasser tous ses rivaux
dans les tours de force de ce genre d'esprit ? On
pourrait le craindre après la lecture de celui de
ses articles que nous venons de reproduire.
Le 28, ce journal publiait dans ses colonnes un
télégramme annonçant, d'Alexandrie, l'entrée de la
Méditerranée au lac Timsah, et arrivé à son corres-
pondant de Malte le 21 du même mois. A quel
fil les ailes de ce télégramme étaient-elles attachées
pour avoir mis sept jours à se rendre de Malte à
Londres?
La dépêche anglaise elle-mêoie signale cette nou-
velle comme un événement important !
Elle a raison. Qu'est-ce en effet que l'introduction
accomplie des eaux de la mer jusqu'en ce point de
l'isthme, à une distance de 75 kilomètres ? Ce n'est
non moins, comme nous l'avons d'avance et si sou-
vent démontré, que la solution du problème de la
possibilité de la jonction des deux mers, jusqu'à pré-
sent contestée par une partie de la presse anglaise
sur la simple parole de feu M. Robert Stephenson.
Il est certain que de Timsah à la mer Rouge le
canal a été pratiqué et a servi à la navigation dans
les temps anciens et dans le moyen âge. Nous avons
là-dessus le témoignage unanime d'Hérodote, de
Diodore de Sicile, de Strabon et des historiens arabes.
Hérodote, qui l'avait vu, nous apprend qu'à cette épo-
que ce canal aboutissait à la mer Erythrée, et qu'il
avait assez de largeur pour que deux trirèmes pussent
facilement s'y croiser; et suivant Strabon, il avait en
son temps une largeur de 100 coudées et une pro-
fondeur suffisante pour le passage des] plus grands
bâtiments.
Dans ses commentaires sur l'Egypte l'écrivain arabe
Ivlakryzy parle du même sujet en ces termes : « Ce
» canal est situé hors de la ville de Fostat et passe à
» l'occident du Caire. Il a été creusé par un ancien
» roi d'Egypte: dans la suite des temps il fut creusé
» une seconde fois par un des rois grecs qui régnèrent
» en Egypte après la mort d'Alexandre, Lorsque le
» Très-Haut accorda l'islamisme aux hommes, et qu'A-
» marou fit la conquête de l'Egypte, ce général, d'après
» les ordres d'Omar, prince des fidèles, s'occupa de
» faire recreuser le canal dans l'année de la mortalité.
» Il le conduisit jusqu'à la mer de Kolsom,d'où les vais-
» seaux se rendaient dans le Hedjaz, l'Yémen et l'Inde.
» On y passa jusqu'à l'époque où Mohammed-Ben-
» Aby-Thaleb se révolta dans la ville du prophète
» (Médine) contre Abou-Jafar-El-Mansour, alors calife
» de l'Iraq. Ce souverain écrivit à son lieutenant en
» Égypte pour lui ordonner de combler le canal de
» Kolsom, afin que l'on ne s'en servît pas pour por-
» ter des provisions à Médine. Cet ordre fut exécuté,
» et toute communication interrompue avec la mer
» de Kolsom. »
« Les vaisseaux, chargés de grains, dit un autre
» écrivain oriental, Schems-Eddin, descendaient par
» ce canal dans le. golfe Arabique. » Et il affirme
que sous les califes seulement cette voie navigable
fut ouverte pendant cent cinquante ans, après quoi
elle fut fermée par suite des circonstances que
Makryzy nous a déjà fait connaître.
Nous nous répétonspeut-être en insistant sur ces
d étails ; mais leur reproduction était nécessaire à „
l'objet de cette discussion, et, de plus, nous sommes
bien aise de les soumettre au Times, qui semble
les ignorer.
Ainsi donc, il n'est pas douteux que du lac
Timsah un grand canal de navigation aboutissant
à la mer, n'ait permis anciennement à l'Egypte de
communiquer avec tous les pays situés au-delà de
l'isthme.
Mais jamais jusqu'ici cette communication n'avait
été ouverte du lac Timsah à la Méditerranée, l'an-
cien canal, à Timsah, se détournant vers le Nil par
la vallée de Gessen et allant rejoindre ce fleuve.
Pour le projet moderne, le percement de cette se-
conde partie de l'isthme qui n'avait jamais été atta-
quée était-il praticable ? C'était là toute la ques-
tion.
Là se présentaient une difficulté et une incertitude
qui avaient leur importance. Sans doute, sur un espace
de 52 kilomètres, en partant de Port-Saïd, les lacs
Menzaleh et Ballah, placés au-dessous du niveau de
la mer, offraient à l'établissement du canal d'heu-
reuses facilités ; sans doute, une première communi-
cation avait été créée entre la Méditerranée et le pied
des dunes de Ferdane ; sans doute l'événement a
prouvé par la construction des berges dans le
Menzaleh sur une largeur de 56 mètres, largeur dé-
finitive du canal, et par l'exécution préalable d'un
double chenal, maintenant achevé, que de ce .côté
les obstacles étaient d'une nature peu inquiétante ;
mais entre les lacs Ballah et Timsah s'élevait la vé-
ritable barrière qu'il fallait franchir, Cette barrière,
parce qu'il y a une centaine d'années un petit nom-
bre de marchands anglo-saxons se trouvèrent for-
cés, par la gravitation de leur race, de s'asseoir sur un
des plus grands trônes du monde, et de mettre une île
lointaine de l'Occident en connexion vivante avec un
grand empire asiatique. Tout cela parce que, entre deux
propriétés éloignées, il est nécessairement besoin d'une
route d'occupation ! C'est une phase étrange de l'his-
toire ; mais nous ne pensons pas que M. de Lesseps
puisse faire beaucoup pour la troubler. »
RÉPONSE AU TIMES.
Le Times aspire-t-il à conquérir la première place
parmi les créateurs des thèses excentriques? Ambi-
tionnerait-il la gloire de dépasser tous ses rivaux
dans les tours de force de ce genre d'esprit ? On
pourrait le craindre après la lecture de celui de
ses articles que nous venons de reproduire.
Le 28, ce journal publiait dans ses colonnes un
télégramme annonçant, d'Alexandrie, l'entrée de la
Méditerranée au lac Timsah, et arrivé à son corres-
pondant de Malte le 21 du même mois. A quel
fil les ailes de ce télégramme étaient-elles attachées
pour avoir mis sept jours à se rendre de Malte à
Londres?
La dépêche anglaise elle-mêoie signale cette nou-
velle comme un événement important !
Elle a raison. Qu'est-ce en effet que l'introduction
accomplie des eaux de la mer jusqu'en ce point de
l'isthme, à une distance de 75 kilomètres ? Ce n'est
non moins, comme nous l'avons d'avance et si sou-
vent démontré, que la solution du problème de la
possibilité de la jonction des deux mers, jusqu'à pré-
sent contestée par une partie de la presse anglaise
sur la simple parole de feu M. Robert Stephenson.
Il est certain que de Timsah à la mer Rouge le
canal a été pratiqué et a servi à la navigation dans
les temps anciens et dans le moyen âge. Nous avons
là-dessus le témoignage unanime d'Hérodote, de
Diodore de Sicile, de Strabon et des historiens arabes.
Hérodote, qui l'avait vu, nous apprend qu'à cette épo-
que ce canal aboutissait à la mer Erythrée, et qu'il
avait assez de largeur pour que deux trirèmes pussent
facilement s'y croiser; et suivant Strabon, il avait en
son temps une largeur de 100 coudées et une pro-
fondeur suffisante pour le passage des] plus grands
bâtiments.
Dans ses commentaires sur l'Egypte l'écrivain arabe
Ivlakryzy parle du même sujet en ces termes : « Ce
» canal est situé hors de la ville de Fostat et passe à
» l'occident du Caire. Il a été creusé par un ancien
» roi d'Egypte: dans la suite des temps il fut creusé
» une seconde fois par un des rois grecs qui régnèrent
» en Egypte après la mort d'Alexandre, Lorsque le
» Très-Haut accorda l'islamisme aux hommes, et qu'A-
» marou fit la conquête de l'Egypte, ce général, d'après
» les ordres d'Omar, prince des fidèles, s'occupa de
» faire recreuser le canal dans l'année de la mortalité.
» Il le conduisit jusqu'à la mer de Kolsom,d'où les vais-
» seaux se rendaient dans le Hedjaz, l'Yémen et l'Inde.
» On y passa jusqu'à l'époque où Mohammed-Ben-
» Aby-Thaleb se révolta dans la ville du prophète
» (Médine) contre Abou-Jafar-El-Mansour, alors calife
» de l'Iraq. Ce souverain écrivit à son lieutenant en
» Égypte pour lui ordonner de combler le canal de
» Kolsom, afin que l'on ne s'en servît pas pour por-
» ter des provisions à Médine. Cet ordre fut exécuté,
» et toute communication interrompue avec la mer
» de Kolsom. »
« Les vaisseaux, chargés de grains, dit un autre
» écrivain oriental, Schems-Eddin, descendaient par
» ce canal dans le. golfe Arabique. » Et il affirme
que sous les califes seulement cette voie navigable
fut ouverte pendant cent cinquante ans, après quoi
elle fut fermée par suite des circonstances que
Makryzy nous a déjà fait connaître.
Nous nous répétonspeut-être en insistant sur ces
d étails ; mais leur reproduction était nécessaire à „
l'objet de cette discussion, et, de plus, nous sommes
bien aise de les soumettre au Times, qui semble
les ignorer.
Ainsi donc, il n'est pas douteux que du lac
Timsah un grand canal de navigation aboutissant
à la mer, n'ait permis anciennement à l'Egypte de
communiquer avec tous les pays situés au-delà de
l'isthme.
Mais jamais jusqu'ici cette communication n'avait
été ouverte du lac Timsah à la Méditerranée, l'an-
cien canal, à Timsah, se détournant vers le Nil par
la vallée de Gessen et allant rejoindre ce fleuve.
Pour le projet moderne, le percement de cette se-
conde partie de l'isthme qui n'avait jamais été atta-
quée était-il praticable ? C'était là toute la ques-
tion.
Là se présentaient une difficulté et une incertitude
qui avaient leur importance. Sans doute, sur un espace
de 52 kilomètres, en partant de Port-Saïd, les lacs
Menzaleh et Ballah, placés au-dessous du niveau de
la mer, offraient à l'établissement du canal d'heu-
reuses facilités ; sans doute, une première communi-
cation avait été créée entre la Méditerranée et le pied
des dunes de Ferdane ; sans doute l'événement a
prouvé par la construction des berges dans le
Menzaleh sur une largeur de 56 mètres, largeur dé-
finitive du canal, et par l'exécution préalable d'un
double chenal, maintenant achevé, que de ce .côté
les obstacles étaient d'une nature peu inquiétante ;
mais entre les lacs Ballah et Timsah s'élevait la vé-
ritable barrière qu'il fallait franchir, Cette barrière,
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